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6 mars 2010 6 06 /03 /mars /2010 22:48
chapitre 22 - prom


Point de vue de Tabatha Taylor

   La vie est nulle. Et ça serait le bien le plus précieux de chaque être vivant ? Laissez-moi rire. La procréation devrait être interdite. C’est vrai, en mettant des enfants au monde on ne fait que leur promettre une vie de souffrances intolérables et, maintenant, un monde pourri, complètement pollué. La vie est nulle. On ne fait que survivre dans un monde nul. Mais il existe des jours où j’ai vraiment envi de sauter par la fenêtre. Celui du bal de fin d’année en fait parti. Quel dommage que je retombe systématiquement sur mes pattes ! Quoique, je suis sûre que même en morceau, il me traînerait jusqu’à la fête, histoire de m’embêter jusqu’au bout.

   Comment ça : " qui c’est il " ? N’est-ce pas une évidence ? Il s’agit évidemment de cet ignoble Stanislas Preston ! Cette ordure ! Ce monstre ! Ce cafard ! Je le revois encore, le sourire aux lèvres, m’annonçant que, pour donner une forme tangible à l’alliance entre la Knight Guild et la Rook Guild, ils (on avait refusé de me donner leur nom) avaient décidé de nous faire participer au bal de promo de mon lycée. Je m’étais empressée de téléphoner à Alice, qui m’avait confirmer la nouvelle. J’avais menacé de tout casser, d’étriper Stanislas, de quitter la Knight Guild mais rien n’avait marché. J’avais juste réussi à me faire convoquer par le Grand Chef.
-    Vous ne m’ordonnez quand même pas de me rendre au bal de promo avec Stanislas accrochée à son bras ? De sourire ? De poser à ses côtés sur les photos que voudront prendre des lycéens envieux ?
-    Non seulement tu iras au bal de promo avec Stanislas, mais en plus tu t’accrocheras à son bras et tu te feras prendre en photo par des lycéens envieux, m’avait répondu le Grand Chef. Et tu souriras autant qu’il est possible de le faire.
   Il avait ajouté que si je refusais, il mettrait son nez dans mes affaires. C’est ce qui m’avait poussé à capituler. S’il découvrait toutes mes activités, il ruinerait des années de travail. Il n’en était pas question. J’avais donc commandé à Shannon une robe et commencé à me préparer mentalement pour la séance de torture qui m’attendait le 22 mai.

   La robe était splendide. " A mon image " m’avait assuré Shannon. J’osais espérer qu’elle plaisantait. Un être humain normalement constitué ne pouvait pas me trouver belle. Rien que mes yeux me répugnaient.
-    Le vert … la couleur de l’enfer …, chuchotai-je à mon miroir.
   Aussitôt, l’envie de me les crever me reprit. Si les yeux étaient le reflet de l’âme, comme la mienne devait être abominable ! Oh que oui elle l’était ! Tellement noire ! Tellement méprisable ! Tellement affreuse qu’elle sortait par tous les pores de ma peau, rendant mon corps aussi affreux qu’elle !

   Pitié ! Ne me laissez pas toute seule !

   Malcolm ! Alexandre !

   Mes jambes me lâchèrent, m’obligeant à me traîner jusqu’au téléphone. Alexandre et Malcolm … oui … eux ils ne me laisseraient pas toute seule … Mais mon cœur me cloua au sol avant. Comme il pesait lourd ! Comme il me faisait mal ! S’il vous plaît, qu’on me l’arrache !
-    AAAAAAAAAAAH ! EMPECHEZ-LE DE BATTRE !
   Les seuls sons que je réussis ensuite à émettre ressemblèrent plus à des râles qu’à autre chose.

 


   Quelle heure était-il ? Je me relevais en m’appuyant sur un meuble et attrapai mon réveil. J’étais en retard. Tss … Je regagnai ma chambre, époussetai ma robe et me dépêchai de l’enfiler. Je me peignai rapidement les cheveux et leur accrochai une rose. Je mis ensuite mes chaussures et quittai la maison. J’avais en effet refusé que ce vermisseau de Stanislas pose un cm² de sa peau sur ma pelouse. Nous avions donc convenu de nous retrouver en bas de l’immeuble où se trouvait ma porte à Denver. J’osais espérer qu’il avait une voiture convenable pour me conduire au bal !

   Le roi m’attendait bien devant l’entrée de l’immeuble, au moins ne me faisait-il pas l’offense de me faire attendre ! Stanislas portait un traditionnel smoking noir, bien coupé, l’habituelle chemise blanche et la cravate usuelle assortie au costume. En fait, il aurait tout eu du cavalier parfait s’il n’avait pas oublié de rentrer sa chemise dans son pantalon. Mais bon … Disons que ça allait bien avec sa personnalité. Apparemment parfait mais en réalité … Non pas que je l’ai trouvé à un moment parfait ! Je le détestais. Rien que le fait qu’il soit un rook le rendait aussi monstrueux que moi. En me voyant, il écarquilla les yeux.
-    Tu as un problème ? lui sifflai-je en guise de salutation.
-    Non … Pas aujourd’hui.
-    Pourquoi cet air béat alors ?
-    Je sais que tu as dû l’entendre plus d’une centaine de fois mais … tu es vraiment splendide !
   Chose étonnante, il avait l’air sincère. Une preuve de plus qu’il était complètement fou. Moi ? Splendide ? Je sentis les coins de mes lèvres se retrousser en un sourire moqueur.
-    Passons. Tu as une voiture ?
-    Bien sûr.
   Il se retourna et me désigna la merveille qui attendait derrière lui.
-    Une Mercedes classe C ? m’écriai-je.
   Il acquiesça d’un signe de tête.
-    J’ai entendu que tu appréciais les belles et élégantes voitures noires …
-    Jusqu’à quelle vitesse peut-elle aller ? m’enquis-je en tâchant de contrôler les trémolos de ma voix dus à la joie.
-    231 km/h. Tu es contente ?
   Je me raidis.
-    Absolument pas.
-    Tu es d’une mauvaise foi incroyable ! s’esclaffa Stanislas.
-    Tss … Même si je l’étais, contente, ça serait à cause de la voiture. Te fréquenter ne me procure aucun plaisir.
-    J’avais cru comprendre.
-    Je peux conduire ?
   Il eut l’air surpris, air qui se mua rapidement en une expression un peu sadique.
-    Ce n’est pas au cavalier de le faire normalement ?
-    Normalement, la fille n’est pas obligée de venir au bal. Je peux conduire ?
-    Non. Nous devons tout faire ce soir comme un couple de lycéens normaux.
-    Personne ne le saura, prétextai-je.
-    Je ne crois pas, non. Depuis que tu as menacé d’attenter à ma vie pour échapper au bal, il a été décidé que des knights et des rooks nous surveilleront pendant toute la fête.
-    C’est une blague ?
-    Bien sûr que non.
   Ce n’était pas possible … J’avais prévu de tout faire pour écourter le plus possible la soirée et de m’éclipser avec Malcolm et Alex … Et on allait me surveiller pour que je ne le fasse pas ? C’en était trop ! On me traitait comme une gamine ! Alice allait avoir de mes nouvelles ! Dès la fin de ma corvée, je l’appelais !

   Devant mon air énervé, et craignant qu’il ne subsiste durant toute la soirée, le rook me proposa une alternative à ma situation.
-    Tu sais … Il faut que tu considères que m’accompagner au bal n’est qu’une mission comme une autre. Et ton attitude laisse supposer que tu la refuses …
   Je voyais parfaitement où il voulait en venir. Aucune mission avec mon équipe n’avait jamais échoué et il devait le savoir. Ne pas l’accompagner au bal marquerait mon premier échec … Il n’en était pas question. Je refusais de lui laisser le plaisir de se voir attribuer comme le responsable de ma première défaite.

" Pense aux cruches des séries télé … "

   Je lui offris mon plus beau sourire puis, avec une voix ridiculement fluette, lui minaudais un risible :
-    Je suis ravie d’aller au bal avec toi, Stanislas.
   Je conclu ma déclaration de quelques battements cils. Mon partenaire avait l’air à la fois satisfait et amusé.
-    Tout l’honneur est pour moi.


-    Regardez ! C’est Tabatha Taylor !
-    Ce qu’elle est belle !
-    Tu as vu sa robe ?
-    La voiture est super !
-    Le garçon qui l’accompagne est trop beau !
-    Est-ce qu’il est à notre lycée ?
-    Je ne l’ai encore jamais vu !
-    Je le connais ! C’est un mannequin étranger célèbre !
   Pff … Tout se passait exactement comme je l’avais prévu. Tout le monde sortait son appareil photo pour immortaliser la venue de Tabatha Taylor et du " mannequin étranger célèbre " avec lequel elle sortait. Heureusement, malgré mon sourire béat, personne n’osait s’approcher pour nous demander la permission de nous prendre en photo. De toute manière, le premier qui osait le faire, je lui dévissais la tête. Purement, simplement et sans me salir.

   A peine avais-je posé un pied à l’intérieur que j’eus avant de partir. On se trémoussait, se collait les uns aux autres … C’était d’un mauvais goût affreux. Tous ses couples me donnaient envie de vomir. On souriait, on riait … J’allais finir par avoir un terrible mal de crâne si je m’attardais trop. Finalement, le bras de Stanislas m’était utile : il m’empêchait de tomber par terre.
-    Tu veux danser ? me chuchota-t-il.
   Ma première réaction fut de lui dire qu’il en était hors de question avant de me souvenir que j’étais en mission.
-    Avec plaisir.
   Malheureusement, la chanson qui passait était un peu trop lente à mon goût et je me trouvais un peu trop collé à mon cavalier. Je continuais à lui sourire mais, en parallèle, lui écrasais les pieds avec mon talon. Excepté quelques crispations de douleur toutefois, il n’en laissa rien paraître. Impressionnant. J’augmentais encore un peu plus ma force.
-    Ca t’amuse ? me chuchota-t-il.
-    Je ne vois pas de quoi tu parles.
   J’accentuai mon sourire et il soupira.
-    Tu as soif ? s’enquit-il.
-    Oui.
   Nous arrêtâmes de danser et commençâmes à nous diriger vers le buffet.

   A peine mon verre en main, j’en renversais une partie malencontreusement sur la veste de costume de mon partenaire.
-    Oh ! Stanislas ! Je suis tellement désolée ! Tellement confuse !
   Le regard qu’il m’accorda me montra que j’avais vraiment fini par l’énerver. Les secondes qui suivraient lui seraient particulièrement pénibles.

   Je parlais pour deux tout en faisant de grands gestes qui ne manquaient jamais de blesser Stanislas : une fois dans les côtes, dans le bras … L’animosité qu’il dégageait m’était particulièrement agréable. Du coup, je m’amusais.
-    Ca suffit, finit-il par lâcher.
-    Pardon ?
   Je lui adressais un regard innocent qui parut accentuer un peu plus sa mauvaise humeur. Il soutint pendant quelques secondes mon regard avant de s’éloigner.
-    Hé ! l’apostrophai-je. Où vas-tu ?
-    Je pars.
   Comment ? J’osais espérer qu’il plaisantait.
-    Pardon ? répétai-je.
   Il se retourna vers moi.
-    Je déclare que tu as tout bonnement échoué à ta mission ! Tu as été incapable de faire rester ton cavalier !
   Je le rejoignis en trottinant sur mes talons hauts.
-    Ma mission était de t’accompagner au bal ! lui murmurai-je.
-    Pas que, il me semble. Nous devions passer toute la soirée ensemble. Mais tu es tellement exécrable que je me barre. Tu as échoué, ajouta-t-il.
    Et il recommença à s’éloigner.

   Je n’en croyais pas mes oreilles. Il partait ? ! Il me laissait sur place ? ! Je sentis nettement la colère s’infiltrée dans mes veines. De plus, on n’abandonnait pas une jeune fille – même comme moi – en plein milieu d’une fête ! J’étais vexée ! Tellement vexée que je me souciais à peine de savoir que son attitude compromettait ma mission !
-    Ca ne va pas se passer comme ça, promis-je à voix basse, autant pour moi que pour lui.
   Je reconnus alors la musique qui passait : " Hot N Cold ", de Katy Perry.

Je décidais de m’en servir. Je me mis à la poursuite de Stanislas qui, à cause de la foule, ne s’était pas échappé bien loin. Je l’empoignais par un pan de sa veste.
-    Quoi ? grogna-t-il en se retournant.
-    " Tu changes d'avis, Comme une fille change d'habits ", déclamai-je en grimaçant de dégoût, pour bien lui faire comprendre ce que je pensais de son comportement – abandonner une fille en plein bal !
-    C’est ton nouveau jeu ? persifla-t-il.
   J’ignorais sa remarque et poursuivis :
-    " Je devrais le savoir, Que tu n'est pas bien pour moi ".

   Je le fixais dans les yeux.
-    " Parce que tu es chaud puis tu es froid, Tu dis oui puis tu dis non, Tu es dedans puis tu es dehors, Tu es en forme puis tu es déprimé, Tu as tort quand c'est juste, C'est noir et c'est blanc, On se dispute, on se sépare, On s'embrasse, on se réconcilie ", récitai-je en adoptant une attitude dédaigneuse. 
   Stanislas me regardait, ébahi. Il faut dire que quelques instants plus tôt je ne pensais qu’à partir et que maintenant je le suppliais de rester.
-    " Tu, tu ne veux pas vraiment rester mais tu ne veux pas vraiment partir, Parce que tu es chaud puis tu es froid, Tu dis oui puis tu dis non, Tu es dedans puis tu es dehors, Tu es en forme puis tu es déprimé ", continuai-je en le pointant du doigt.
    Katy Perry allait poursuivre, et j’allais faire de même, quand Stanislas m’en empêcha.
-     Je ne te comprends pas. Tu veux que je reste ? Tu voulais partir, il me semble.

   Il paraissait incrédule.
-    Je veux partir. Mais j’ai une mission à accomplir. Et je te préviens, je n’ai pas l’intention de m’ennuyer.
   Stanislas soupira.
-    Tu veux qu’on discute ?
" Maintenant tu es totalement … "
-    … " ennuyeux " !, lui répondis-je. " J'aurais dû le savoir, Que tu n'allais pas changer ".

   Je lui souris, d’une manière que je voulais malicieuse.

   J’attrapais une de ses mains et la collais contre ma taille. Je me serrais ensuite contre lui et le poussais à danser, en rythme avec la chanson.
" Parce que tu es chaud puis tu es froid
    Tu dis oui puis tu dis non
    Tu es dedans puis tu es dehors
    Tu es en forme puis tu es déprimé
    Tu as tort quand c'est juste
    C'est noir et c'est blanc
    On se dispute on se sépare
    On s'embrasse on se réconcilie

  Tu, tu ne veux pas vraiment rester

    mais tu ne veux pas vraiment partir
    Parce que tu es chaud puis tu es froid
    Tu dis oui puis tu dis non
    Tu es dedans puis tu es dehors
    Tu es en forme puis tu es déprimé "

  Si mon cavalier, pendant le refrain, fut un peu coincé – étonné par ma démarche –, il se rattrapa pendant le pont. Il m’attira un peu plus contre lui.
-    Tu es franchement surprenante, m’avoua-t-il. 
 -    Pas plus que toi. 
   Il leva les yeux au ciel. Ensuite, il me sourit.
-    Tu veux vraiment danser ?
-    J’adore ça, lui confiai-je. Mais sais-tu seulement danser ?

   Stanislas me défia du regard.
-    Tu me sous-estimes.
   Ainsi, après :

" Que quelqu'un appelle le docteur
    J'ai un cas d'amour bipolaire
    Coincé sur des montagnes russes
    Et je ne peux pas sortir de ce tour de manège " 
  … et après un dernier regard complice et encore après que j’eus prononcé :
-    " Tu changes d'avis, Comme une fille change d'habits ".

   … je remontais le bas de ma robe et me collais de dos à mon cavalier en me frottant contre lui. Je me retournais ensuite et il me décolla du sol. Je passais mes jambes dans son dos, pour me maintenir puis lui exhibais, sans la moindre gêne, mon bustier. Il me prit de nouveau par la taille et me porta à bout de bras. Stanislas me reposa ensuite au sol où il me fit prit la main puis me fit tourner tout en me faisant passer sous son bras. Je souriais mais, cette fois, je ne jouais pas. Je m’amusais, un peu. Un tout petit peu. Si peu par rapport à ce que j’avais pu connaître ! Mais un peu tout de même. Et c’était déjà bien dans la mesure où je me trouvais en face d’un rook, ces êtres que je haïssais tant.
" Tu, tu ne veux pas vraiment rester, non

    Tu, mais tu ne veux pas vraiment partir

    Parce que tu es chaud puis tu es froid

    Tu dis oui puis tu dis non

    Tu es d'accord puis tu ne l'es plus

    Tu es en forme puis tu es déprimé "
   La chanson était finie et je lâchais la main de Stanislas. A cet instant, une foule d’applaudissements retentirent, provenant des lycéens qui avaient assisté à la scène entre Stanislas et moi. Je regrettais aussitôt d’avoir fait ce que j’avais fait.   Je n’avais pas le droit.

   Je n’eus qu’un regard glacial pour nos spectateurs et exhortais Stanislas à se dépêcher de s’éloigner.


-    Je vais aux toilettes, je reviens tout de suite.
   J’avais abandonné mon masque de lycéenne nunuche, qui m’épuisait. Je traitais donc Stanislas avec autant de mépris que me le permettait ma mission.

   Je pestais contre les danseurs quand je reconnus la tête blonde d’Alex. Enfin une présence amicale ! Je me précipitais à sa rencontre avant de m’apercevoir qu’il n’était pas seul.

   Jade Takano.

   J’entrais dans une rage folle.

   Elle n’avait pas le droit ! Alexandre était à moi !

   J’écartais deux ou trois couples de danseurs avant d’être vraiment à côté d’eux. Alexandre eut l’air particulièrement surpris de me voir. Avait-il oublié jusqu’à mon existence au profit de l’autre cruche ? La cruche cligna des yeux en me remarquant. A croire qu’il y avait un problème à ce que je sois là ! D’accord, je n’étais pas censée être là ce soir mais elle non plus !
-    Je croyais que tu ne devais pas venir au bal, sifflai-je à son intention.
-    Je … je ne voulais pas …
-    Alexandre ! Tu avais prévu de la rejoindre ? la coupai-je en la pointant du doigt.
-    Non, c’est de la faute de Shannon. C’est elle qui l’a amené au bal. De force, précisa Alexandre.
-    Je m’en fiche, crachai-je, je …
-    Chut, m’intima-t-il. Nous ne sommes pas seuls.
   Effectivement, nous n’étions pas seuls. Des knights et des rooks traînaient un peu partout dans cette pièce. Je ne pouvais pas me permettre de me laisser aller.
-    Nous en parlerons plus tard, conclu-je.
   Mon regard passa d’Alexandre à Jade. Comme il aurait été facile de la tuer … Si facile … Je m’imaginais très bien détacher sa tête du reste de son corps. Je n’aurais plus eu à supporter ses yeux en permanence apeurés. Craignant de céder à la tentation, je tournais les talons.

   Je croisais ensuite Malcolm. Lui, au moins, eut l’air content de me voir.
-    Tu t’amuses bien ? plaisanta-t-il. Très jolie performance avec Stanislas …
   Je lui donnais une tape sur la tête.
-    Ne dis pas de bêtises.
   Il rit et cela me détendit.
-    Ne t’attarde pas trop, me conseilla-t-il. C’est bientôt l’heure des slows, je ne voudrais pas te priver d’une occasion de danser avec Stanislas.
-    Tu es vraiment décider à m’énerver !
-     Je ne vois pas pourquoi ! Je ne danse avec personne moi !
   Je tiquais.
-    Tu sais qu’Alexandre … et Jade … ?
-    Ils n’ont pas été très discrets.
   Je grognais, involontairement.
-    Ce n’est pas ce que tu penses ! se reprit Malcolm. Disons qu’eux aussi ont fait une belle démonstration de danse sur Thriller.
-    Ah ? C’est tout ?
   Malcolm hocha la tête.
-    Bon, et bien, je vais rejoindre mon cavalier. Je …
   Cette musique … Malcolm se raidit lui aussi.
" Elle était plus comme une reine de beauté tirée d’une scène de film … "

   Mon cœur s’arrêta de battre. Avant de reprendre. De nouveau tellement lourd ! Tellement douloureux ! Tellement vite !
" Les gens m'ont toujours dit de faire attention à ce que je fais

   Et de ne pas circuler en brisant les cœurs des jeunes filles

   Et ma mère m'a toujours dit de faire attention à qui j'aime

   Et de faire attention à ce que je fais car le mensonge devient la vérité "

" Billie Jean n'est pas mon amoureuse

   Elle est juste une fille qui prétend que je suis le bon

   Mais le gosse n'est pas mon fils

   Elle dit que je suis le bon, mais le gosse n'est pas mon fils "

 


" Voyons chaton … Ne t’énerve pas ! "

 
   Je connaissais chaque parole, chaque note. Cette chanson n’avait aucun secret pour moi. Je l’avais tellement entendu …

   Je fermais les yeux et me concentrais sur les battements de mon cœur. Je haïssais cette source de vie un peu plus à chaque pulsation. Il aurait dû cesser de battre depuis longtemps.

   Quand je les rouvris, je constatais que Malcolm avait eu la même réaction que moi. Je posais ma main sur sa joue.
-    Je t’aime.
-    Moi aussi.
   Puis je partis rejoindre Stanislas.


-    Et maintenant le moment que vous attendiez tous ! clama l’un des élèves organisateurs, monté sur un podium. L’élection du roi et de la reine de la soirée !
    La foule s’écria et des sifflements retentirent un peu partout dans la salle.
-    Cette année, le choix a été particulièrement difficile … Il faut dire que la qualité des membres de notre cher lycée a énormément augmenté cette année.
    Pourquoi donc tout le monde se retourna vers moi ?
-    Mais il ne peut y avoir qu’un seul roi et reine par an !
   De nouveau, des cris de joie. Ne pouvaient-ils pas se taire, qu’on en finisse ? Stanislas m’avait promis de me raccompagner chez moi après cette satanée tradition. Qu’est-ce que c’était bête ! Le roi et la reine de la soirée ! Pff !
-    Du calme ! ordonna le présentateur. Sinon je ne pourrais jamais vous dévoiler les heureux élus !
   Alexia Hilton, qui était devant moi, commençait déjà à serrer les mains de gens venant lui présenter leurs félicitations. J’avais en effet cru comprendre qu’elle avait été toujours sacrée reine du bal depuis sa première année de lycée. Cette fois-ci, c’était la dernière année et elle devait vouloir finir en beauté.

   Un silence quasi religieux accueillit les dernières secondes avant le moment fatidique. Alexia commençait déjà à s’approcher de l’estrade.
-    Cette année … après maintes délibérations … ont été élus roi et reine de la soirée … Miss Tabatha Taylor et son mystérieux cavalier !
   Mes yeux s’écarquillèrent de stupeur. Une à une, toutes les têtes de l’assemblée se tournèrent vers moi. Alexia me fixait, l’air vide. Elle n’avait pas encore réalisé que j’avais été promue reine de la soirée. Moi non plus d’ailleurs.
-    Qu’est-ce que tu fais ? chuchotai-je à Stanislas alors qu’il commençait à se rapprocher de l’estrade.
-    Nous sommes les rois, non ? Nous devons aller chercher nos prix.
-    Il n’en est pas question. Partons.
-    Miss Taylor ? se risqua le présentateur.
   Il se congela sur place en croisant mon regard. Je jetais ensuite un coup d’œil circulaire autour de moi. Soucieuse de ne plus être l’attention du monde, je trottinais jusqu’à l’estrade, au bras de Stanislas. Je montais ensuite aux côtés du présentateur – j’étais plus grande que lui. Il me tendit un sceptre et une couronne en plastique et leur réplique parfaite à mon partenaire.
-    Un petit mot ? me demanda-t-il d’une voix chevrotante.
   Je pris le micro qu’il me tendait ainsi que mes " prix ".
-    Tu peux simplement dire " merci " …, me conseilla-t-il.
-    Tss …
   Réalisant que je venais d’émettre un son dans le micro, et que tout le monde s’attendait à une suite maintenant, je le rendis à son propriétaire.
-    On peut y aller ? demandai-je à Stanislas.
-    Bien entendu.
   On se retourna sur notre passage pour regagner la sortie. Personne ne s’était attendu à une élection pareille. Quelle idée de m’élire aussi !

   Nous montâmes rapidement dans la Mercedes Classe C. Un coup d’œil dans le rétroviseur m’informa que tout le lycée était sorti pour savoir ce que nous allions faire.

   Stanislas démarra en trombe et je jetais par la fenêtre mes attributs royaux plastifiés. Je fis de même avec ceux de mon partenaire.

 


   Le soulagement que j’éprouvais en distinguant la façade de mon immeuble me fit frémir. Enfin, j’allais être seule et pouvoir oublier cette affreuse soirée.

   Stanislas se gara. Je rassemblais mes jupons et m’apprêtais à quitter le véhicule quand mon cavalier d’un soir me posa une étrange question :
-    Avons-nous fait la paix ce soir ?
   Ma réponse fusa.
-    Non.
   Voyant qu’il semblait attendre quelque chose de ma part, des explications peut-être, je poursuivis :
-    Si demain, l’alliance entre nos deux camps est rompue je n’aurais pas la moindre hésitation à te tuer. Pas la moindre.
   Mon ton était particulièrement froid.
-   Je te remercie de ta franchise, me dit simplement Stanislas.
-    Je peux donc te poser une question à laquelle tu répondras toi aussi franchement ?
-   C’est la moindre des choses.
-    … Tu as fait exprès de te mettre en colère au bal ? Tu avais deviné que je te pousserais à rester ?
   Il sourit.
-   Comment l’as-tu compris ?
-    Tu ne fais rien sans rien. C’est pour ça que tu es si détaché et si calme. Te mettre en colère était donc forcément calculer.
-    Tu m’as bien cerné.
-    Je regrette de ne pas l’avoir compris avant.
   Il rit.
-    Moi pas.
   J’avais l’intention de sortir de la voiture mais je crus bon de clarifier la situation, une dernière fois.
-    Je te préviens Stanislas, ne crois pas que nous sommes " amis ". Dès que je pourrais te tuer, je le ferais.
   Il parut méditer ma question puis me sourit encore.

-    Si cela me donne une occasion de te revoir, je m’arrangerais pour t’échapper …

Tabatha


Voilà ! Le bal de promo est fini ! J'ose espérer que ce chapitre vous a plu !
La prochaine fois que nous nous reverrons, ce sera à Miami ! Sortez les bikinis ;)
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commentaires

F
<br /> <br /> bonjour, voila, j'en suis la de ton histoire. Toujours aussi fascinantes, elle me plait beaucoup. Cependant, je suis decu sur un point, on debut de ton recit lorsque tu parle de liliane, on se<br /> l'imagine être une battante, et puis on decouvre que c'est une pleunicheuse, je trouve que ca ne colle pas au personnage, et je l'aime de moins en moins. La relation qu'elle as avec anthony est<br /> superflu et l'a mets à l'ecrat des deux autres. ce n'est que mon point de vu salut.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
R
<br /> je vois trop Tabatha danser sur Hot'n Cold!XD<br /> super bien décrit Félicitation!=D<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Merci !<br /> <br /> <br />
L
<br /> Contrairement au autres, j'ai bien aimé ce chapitre.<br /> Il montre a quel point l'héroine est torturé.<br /> J'attends la suite maintenant!!!<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Haha ! Bien vu Lydie ! L'héroïne de Chess c'est Tabatha !<br /> <br /> <br />
M
<br /> Ce chapitre est vraiment très bien !! Mais je préfère les précédants, je les trouve plus joyeux. Mais il est très bien, grâce à ça on comprend beaucoup de choses !! Pourquoi la tour et les<br /> cavaliers étaient présent, etc...<br /> Mais il y a une chose qui me turlupine: Thriller est passé avant ou après Hot'n Cold ? Parce qu'on dirait que les deux chansons sont passées en même temps.<br /> J'ai adoré la performance de Tabatha !! XD Tout aussi marrante que celle d'Alexandre !! ^^<br /> Je voudrais savoir, Malcolm aime Tabatha ??? Et inversement ??? Aime-t-elle Alexandre ou Malcolm ?? <br /> Vivement la suite !! Le chapitre à Miami promet d'être tordant !! XD <br /> <br /> <br />
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C
<br /> Et bien, Hot N' Cold est passée juste avant Thriller, le laps de temps entre les deux chansons étaient donc très courts ^^<br /> Ah ... Malcolm ... Alexandre ... Tabatha ... Que de mystères ! Peut-être obtiendrez-vous des réponses UN JOUR.<br /> Quant à Miami ... Oui, ce sera un chapitre amusant !<br /> <br /> <br />
M
<br /> J'ai pas trop aimé ce point de vue car Tabatha voit tout en noir. Mais sa m'a bien amusé la petite scène avec Stanislas.<br /> La musique est bien choisi, et ton dessin et super.<br /> En résumé, ils ont tous passé une bonne soirée au bal chacun avec leurs cavaliers sauf Tabatha qui a quand même admis s'amuser au bras de Stanislas. Que va-t-il se passé ensuite ente les<br /> "couples"? Comment vont passer les vacances à Miami?  <br /> <br /> Me tarde la suite au soleil ;)<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> ... Tabatha n'est pas effectivement une fille très optimiste ^^ Moi même j'ai eu beaucoup de mal à écrire ce point de vue et ce n'est pas mon préféré ! Toutefois, il était essentiel, ne serait-ce<br /> que pour comprendre comment le personnage fonctionne.<br /> D'ailleurs, tu dis qu'elle voit tout en noir mais te rappelles-tu la couleur de ses vêtements, la plupart du temps, au quotidien ?<br /> A-t-elle passé une bonne soirée ? Non. Les autres oui. Par contre, peut-on les appeler des "couples" ? Je ne sais pas.<br /> Et je me suis aperçu d'une erreur, le chapitre au soleil sera le 24. En effet, il me manque le chapitre 23 pour conclure la première partie de l'histoire. Mais Miami est tout près !<br /> <br /> <br /> <br />

Présentation

  • : Chess-Moonless Night
  • : Lilian Stevens, Morgan Jones et Jade Takano sont trois lycéennes américaines, se rendant au même lycée. Elles ne se connaissent pas, ou peu, mais vont être amenées à se rapprocher suite à l'arrive de la splendide et mystérieuse Tabatha Taylor ... Ce qu'elles ne savent pas encore, c'est qu'elles vont être emportées dans des aventures qu'elles n'avaient jamais imaginé ... Prêt à franchir le point de non-retour avec elle ?
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