(...)
Nous étions donc dix huit rooks et deux knights en tenue de plongée (affreuses au passage, ces foutues tenues), tractés sous l’eau à l’aide d’engins à moteur.
« Encore heureux que les paparazzis ne traînent pas dans le coin … »
Nous communiquions entre nous par signes – comme quoi le prof qui m’avait enseignée le langage des signes n’était pas qu’un « gros con » –, en général pour se demander combien de temps il restait jusqu’à la base ace. J’avais beau savoir que nous ne pouvions que nous en rapprocher, j’avais l’impression que la distance entre elle et nous ne faisait qu’augmenter.
Néanmoins, nous finîmes par discerner la base, une grosse boule sombre posée au fond de l’océan. Je m’étais préparée à ce que l’on nous envoie le service d’accueil mais rien ne vint, nous arrivâmes au bord de la base sans le moindre problème. Nous longeâmes la surface métallique – que Stanislas disait être également de la matière douée – pour arriver à son pied. Là, Tucker usa de son don pour faire fondre le métal, qui se révéla être à l’origine du sable.
L’eau s’engouffra dans la pièce dans laquelle nous avions pratiqué un trou pendant le temps que Tucker prit à le refermer. Un autre rook ouvrit ensuite la porte de la pièce à coups de pied. Quand nous entrâmes dans le couloir, il était toujours vide. Quelqu’un aurait pourtant dû se déplacer.
- Nuaha avait raison, lâcha Stanislas. L’Ace Guild était tellement sûre d’elle qu’elle a emmené tout son effectif prendre d’assaut la base.
- Ça veut dire que cette base est vide ? m’étonnai-je.
- Non, probablement pas. Des aces ont dû rester, ne serait-ce que pour surveiller Tabatha.
- D’ailleurs … comment est-ce qu’on est censé la retrouver, avec les Trois Immortelles ?
Le roi me désigna deux membres de notre expédition. Comme c’était une fille et un mec, je supposais que c’était les knights. Voyant que je la guignais, la knight se rapprocha, suivie de son toutou.
- Il y a un problème ?
- Absolument aucun, lui assura Stanislas. J’allais expliquer à ma congénère comment nous allions retrouver Tabatha. Je te présente Luna et Rey, ajouta-t-il ensuite pour moi.
La fille se tourna vers moi.
- Mon cavalier a le don de se transformer en n’importe quel animal qu’il a déjà vu. Nous connaissons tous les deux Tabatha et ses cavaliers depuis longtemps, lorsque Rey se sera métamorphosé, nous les retrouverons tout de suite à l’odeur.
Bon Dieu … Le toutou allait vraiment se transformer en chien. On atteignait des sommets.
- Le jour va se lever dans peu de temps …, nous apprit un rook après avoir consulté sa montre. Il serait bon que l’on ait fini de faire ce qu’on a à faire avant que la population de Miami ne se réveille.
Mon frère et Stanislas acquiescèrent. Luna fit signe à Rey qu’il pouvait y aller. Il ferma les yeux et, une seconde plus tard, un loup se trouvait dans le couloir.
- Plus discret, y’avait pas ?
- Plus efficace surtout, me rétorqua du tac au tac la knight tandis que la bête commençait à humer l’air alentour.
Les oreilles du loup se dressèrent sur sa tête. Il tourna sa gueule vers le visage de sa partenaire, qu’il fixa quelques secondes.
- Par-là ! s’écria-t-elle ensuite en pointant du doigt la direction à prendre.
- C’est ce qui s’appelle faire entrer le loup dans la bergerie …, grognai-je.
- Quand est-ce qu’on arriiiiiive ?
- April ! La discrétion, tu connais ?
Je pestais intérieurement. Je ne supportais pas cette Luna ! Dès que j’ouvrais la bouche, elle trouvait quelque chose à me répondre ! Et à chaque fois, Killian pouffait.
- C’est ici, indiqua alors la peste.
Personne ne se réjouit de la nouvelle en voyant la tâche de sang qui trônait au milieu de ce cul-de-sac.
- A … a qui appartient ce sang ? demanda Killian, devenu un peu pâle.
- A Alexandre, lui répondit Luna, blanche elle-aussi.
- Il doit être mort, supposa quelqu’un. Une telle quantité de sang …
- S’il était encore vivant quand le Piège a été désactivé, son don aura fait le nécessaire, réfuta Stanislas.
Alexandre … Était-ce le type qui se relevait en rigolant après s’être pris une balle ?
La reine knight se pencha près du loup pour lui parler à l’oreille.
- Rey dit que Tabatha était ici également, ainsi que deux des Trois Immortelles, finit-elle par ajouter.
- Et Malcolm ? s’étonna Killian.
Luna secoua négativement la tête.
- Peut-être est-il avec la dernière des Immortelles, imagina Luna.
- Rey peut-il nous conduire dans la direction qu’on emprunté ensuite Alexandre, Tabatha et les filles ? l’interrogea Stanislas.
- Sans problème.
Et nous poursuivîmes notre quête du Graal.
Nous venions de dépasser un bête couloir plongé dans le noir quand il me sembla y distinguer une silhouette.
« Quelqu’un est en train de nous suivre ? »
Voulant en avoir le cœur net, je retournais sur mes pas et avançais dans le couloir. Pas question que les quelques âmes qui étaient encore dans cette base commencent à nous tendre des pièges foireux !
Je me raidis cependant en sentant sur ma nuque le canon froid d’un pistolet.
- Tu ne hurles pas.
- HIIIII ! !
Mon ennemi étant surpris, j’en profitais pour passer dans son dos avec l’intention de le foutre à terre avec une clef de bras. Il fut néanmoins plus rapide et c’est moi qui me retrouvais la face contre le sol.
- KILIIIIIAN ! !
Alors que je croyais que mon adversaire allait m’achever, mon frère arriva. Il se jeta sur lui et ils tourneboulèrent tous les deux. Stanislas m’aida à me relever.
- M … Malcolm ?
Mon amou …, le partenaire de mon frère plutôt, se préoccupa enfin du combat que menait Killian.
- Killian ? Stanislas ?
Les deux combattants se relevèrent. Je reconnus tout de suite le visage de mon agresseur : c’était celui qui m’avait tirée dessus la nuit où j’avais kidnappé les Trois Immortelles.
- Mais … mais c’est un knight alors ! m’écriai-je. Connard ! ajoutai-je. On est là pour vous sauver la peau et tu t’apprêtais à me tirer dessus !
- Je ne t’avais pas identifiée comme une rook. On ne s’est pas déjà rencontré, maintenant que j’y pense ?
- Pas qu’un peu. Tu m’as collée une balle dans le bras.
Il eut un sourire gêné.
- Malcolm !
Je me retournais : Luna se précipitait sur Malcolm. Elle lui sauta dans les bras.
- Si tu savais comme je suis contente de savoir que tu es en vie !
- Je suis ravi de te voir ici mais … que fais-tu là, justement ?
Il me sembla entendre le loup grogner.
La knight se chargea de briefer le cavalier de la quatrième reine sur nos dernières aventures. Il fit de même mais fut surpris lorsqu’on évoqua la dernière des Immortelles que Rey n’avait pas senti sur la scène de carnage – le sniper devint d’ailleurs tout blanc à la mention de la flaque de sang de son partenaire.
- C’est Morgan, l’Immortelle qui vous manque, murmura-t-il. Mais elle n’est pas avec moi. Nous étions justement en route pour aller la chercher, avec Tabatha et … Alexandre.
Je crus qu’il allait tomber dans les pommes.
- Vous … vous ne savez pas où ils sont ? chuchota-t-il ensuite encore plus doucement à Luna.
- Malcolm, calme-toi. Je suis sûre qu’ils sont en vie. Tabatha est coriace.
- Mais Alexandre …
Il haletait et transpirait comme un malade. Il nous faisait une crise ou quoi ?
- Si … si Alex était encore en vie lorsque le Piège a été désactivé, il pète la forme en ce moment, lui assura Luna, plagiant ce qu’avait dit Stanislas tout à l’heure.
C’était possible d’être aussi blanc ? Il fallait qu’il se ressaisisse !
Je lui assénais une bonne gifle qui eut pour effet de le faire sortir de son état comateux.
- Toi, tu vas m’écouter, l’avertis-je. Je te connais pas et tu ne me connais pas. Je ne sais pas non plus à quel point tu es attaché à tes deux potes, okay ? Mais en tout cas, je peux t’assurer que tu les sauveras pas en pleurnichant ! Alors tu arrêtes de faire le gamin, tu serres le cul et tu avances !
- April ! s’étrangla Killian.
- Mais quoi ! C’est vrai ! S’il suffisait de pleurer pour réussir, on n’en serait pas là !
- Ce n’est pas le problème ! Tu pourrais faire preuve d’un peu plus de …
- Ne t’énerve pas, Killian, le coupa Malcolm. La petite a raison.
- La quoi ? ! Je vais le buter ce sale type ! m’exclamai-je.
- Plus tard, d’accord ? me pria le cavalier.
Et comme il était vachement mignon, je me la bouclais.
Au même moment, nous entendîmes des hurlements.
- C’est … c’est Lilian ! constata Malcolm.
Sans même avoir besoin de se concerter, toute l’expédition ainsi que le cavalier se ruèrent vers la source des braillements, guidés par le loup.
- Les cris viennent de cette pièce.
- Que fait-on ? s’enquit un rook. Doit-on …
- On rentre dans le tas !
Et sans plus de manière, je poussais les deux battants de la porte.
C’était une gigantesque salle voûtée, avec au centre une estrade surplombée de quatre fauteuils. Une gigantesque installation circulaire était dressée, comme si les aces avaient voulu faire un remix de Stargate. Je compris toutefois qu’il s’agissait d’une Porte géante. Devant, se trouvaient la bouffonne en robe rose et escarpins assortis ainsi que des aces tâchant d’amener jusqu’à la Porte les deux Immortelles. Lilian Stevens et Jade quelque-chose. C’étaient d’elles que provenaient les beuglements. Elles se débattaient comme des diables mais avec trois aces sur le dos chacune, elles ne pouvaient pas faire grand chose.
En me voyant, la pouffe tira une tronche pas possible.
- Dépêchez-vous ! ordonna-t-elle à ses subordonnés.
Les Immortelles se démenèrent et gueulèrent un peu plus. J’ouvris la marche en me précipitant sur la pouffe, suivie du reste de l’équipe, qui se préoccupa des acolytes. La meringue me vit venir et elle sortit une dague effilée, coincée dans sa jarretière, sous sa robe.
« Ben ? Elle utilise pas son don ? »
Tant pis pour elle, je n’allais pas faire dans la dentelle. De nouveau, je concentrais mon don sur mes bras, avec l’intention de lui donner un coup de jus. D’un pas sur le côté, j’évitais son coup et en profitais pour l’attraper par le bras. Je fis passer le courant électrique de mon corps au sien et, au cri qu’elle poussa, j’en déduisis qu’elle l’avait bien senti passer. Je voulus lui donner un coup de genoux dans les côtes mais la Barbie grandeur nature m’empoigna des deux mains le bras et me fit faire une vol plané au-dessus de sa tête. C’était pourtant une maigrichonne ! Comment avait-elle pu accomplir une chose pareille ? Je m’écrasais sur le sol – décidément, aujourd’hui, c’était mon jour – mais la blonde m’attrapa par les épaules avant de me balancer violemment dans le mur.
Je me mis à pisser le sang par le nez et, à moitié sonnée, je dus lutter pour ne pas m’évanouir. Heureusement, j’avais une volonté suffisante pour résister. Par contre, me battre, je n’en étais plus capable. Je me laissais tomber à terre.
« Merde, April ! C’est pas le moment de jouer les petites choses fragiles ! Debout ! »
Mais mon corps ne réagissait pas, comme si j’avais été une ridicule poupée de chiffons incapable de bouger.
« Allez ! DE-BOUT ! »
Rien n’y faisait. J’avais beau me traiter de tous les noms, je restais immobile et ce qui m’entourait devenait de plus en plus vague ou flou. Un énième hurlement toutefois me permit de ne pas me relâcher.
La pouffe s’était précipitée sur les Immortelles, qui avaient profité de la panique générés par mon frère et ses collègues pour s’éloigner de la scène. Elle les traînait par les bras, décidée à leur faire passer le seuil de la Porte pour les emmener je-ne-sais-où. Enfin, vu les plans que nourrissait l’Ace Guild au sujet de ces filles, cet endroit n’allait pas leur apporter de bonnes choses.
« Reste pas comme ça, April … Il faut que tu te lèves … »
Et ce sang qui ne s’arrêtait pas ! Il fallait pourtant que j’aille régler son cas à la blonde !
« Il faut que je me sorte les doigts du cul ! Debout ! »
Mes camarades peinaient. Ils avaient beau dévisser les têtes, tirer des balles en plein cœur, mordre – et oui, le loup était de la partie –, les gardes, tels des zombies, ne mouraient pas. Mes collègues ne faisaient que s’épuiser.
« Apriiiil … lève-tooooi … »
Tout ce que j’avais entrepris depuis le début avait réussi. Je ne m’étais pas cassée le cul pour crever ici !
C’est à ce moment précis que Tabatha Taylor entra en scène. Avec fracas en plus. Comme une vraie star.
Elle arriva par une porte située à l’exact opposé de là où j’agonisais. Il me sembla voir la blonde se raidir un court instant mais elle continua à tirer ses proies jusqu’à la Porte, plus rapidement qu’avant. Je m’aperçus que quelqu’un se trouvait derrière la reine knight. Un blond.
« Ça doit être lui, Alexandre … oui … c’est celui qui s’était pris une balle et s’était relevé en rigolant … En tout cas, il est en forme. Pâlichon mais en forme. C’est son pote qui va être content … »
Voilà que je me réjouissais ! Je devais vraiment être mal en point.
Tabatha se jeta sur les Immortelles et fit lâcher prise à la Barbie. Elle les confia à son cavalier et commença son combat contre la meringue. Il allait peut-être être plus équitable que le mien, vu qu’elle sortit également un couteau pointu d’une poche de sa combinaison et qu’elle était elle aussi dotée d’une force phénoménale.
L’ace tenta de lui porter un coup mais la knight la bloqua sans peine et lui asséna un terrible coup de pied dans le ventre. La blonde décolla pour s’écraser des mètres plus loin. Tabatha semblait avoir bien plus de force et de techniques dans l’art du combat qu’elle. La reine se précipita de nouveau sur son adversaire qui, quand la knight fut suffisamment proche, l’agrippa et entreprit de la faire passer par-dessus sa tête, comme pour moi. Cependant, contrairement à la dernière fois, Tabatha prévit la chose et devança l’ace : elle effectua un saut périlleux, retomba sur ses jambes sans le moindre déséquilibre puis fit subir à son ennemi ce qu’elle voulait lui faire faire. Sans rien comprendre, la blonde passa par-dessus la knight et se retrouva de nouveau à terre. Tabatha la retourna comme une crêpe, de sorte à ce que la Barbie soit allongée sur le ventre. Pour éviter qu’elle ne se débatte, la reine lui fit une clef de bras avant de poser sa main sur le sommet de la tête, sûrement avec l’intention de lui briser la nuque et de mettre fin au combat. Ouais, « sûrement » parce que là, la fouine de tout à l’heure débarqua, par une autre porte de la salle – un vrai gruyère, ce truc.
Il courut à toute berzingue sur sa collègue. Le malade mental ! Il croyait vraiment que la quatrième reine ne s’était jamais battue contre deux pecnots en même temps ? La bonne blague ! Il fut réceptionné par la knight qui lui décocha un Ushiro Mawashi Geri dans les côtes. Le chauve valsa à l’autre bout de la pièce.
Profitant de la demie seconde inattention de Tabatha, la blonde en profita pour lui coller à son tour un coup de talon dans le creux du coude. La knight desserra légèrement sa poigne, ce qui suffit à l’ace pour se relever. La meringue voulut égorger son adversaire avec sa dague mais il fit un pas de côté, ne se voyant couper qu’une petite mèche de cheveux. La reine ne se loupa pas, elle. Voulant faire paniquer un peu plus l’ace, elle ne prit pas la peine de lui trancher la gorge mais de couper sa tignasse blonde. Les boucles de la chevelure tombèrent avec volupté sur le sol. Une sorte de sourire naquit au coin des lèvres de Tabatha. Pendant une seconde ou deux d’ailleurs, mon regard se focalisa sur elle. Je la trouvais d’une beauté redoutable, avec les deux émeraudes qui lui servaient d’yeux, ses cheveux châtains longs et souples, les traits de son visage et les courbes de son corps vraisemblablement dessinée par une main divine ou presque. Et puis il y avait cette aura irrésistible qu’elle dégageait, qui ne devait pas attirer que moi. Pour peu, j’aurais volontairement tourné lesbienne si j’avais été certaine de pouvoir me mettre en couple avec cette fille-là.
Je sortis de mon état végétatif pour suivre de nouveau l’évolution des combats. Rien de bien neuf du côté de Killian : les aces avaient beau être en pièces, déchiquetés, ils revenaient à la charge et il me semblait même qu’ils se recomposaient. Notre équipe n’avait pas fini … Alexandre surveillait la fouine, apparemment évanouie. Pas bien résistant, le chauve. Le cavalier semblait aussi un peu réconforter les deux Immortelles (où était passée la troisième d’ailleurs ?). Du côté du combat féminin, le visage étrange de la blonde – trop parfait, trop lisse, trop travaillé – était affreusement déformé par un rictus de haine. Elle ne cessait d’attaquer la knight avec son couteau miniature tout en poussant des cris de rage. Tabatha l’évitait sans problème et je me demandais dans combien de temps elle mettrait un terme à ce petit jeu.
Elle n’en eut pas le temps.
Quelque part dans la base, quelque chose sauta.
J’aurais bien aimé pouvoir aller voir moi-même ce qui avait explosé mais je ne pouvais toujours pas bouger.
« Corps merdique. »
Je tâchais de déterminer ce qui avait bien pu exploser. Hum … La première idée qui me vint à l’esprit fut celle des canaux qui puisaient l’eau salée de l’océan pour la rapatrier à l’intérieur de la base afin que, une fois potable, elle puisse être consommée par les aces. Lors de la préparation de cette expédition de sauvetage, nous avions un instant pensé à entrer par là mais Nuaha nous l’avait déconseillé car c’était des installations fragiles.
« Minute, minute … Si c’est bien ça qui a pété … Ça veut dire que … que la base va être inondée ? »
Héééé ! Si c’était bien ça, il ne fallait pas rester là ! Sinon, nous allions tous mourir noyer ! Il fallait que je me remue !
Mais j’avais beau me sentir moins « éteinte » que tout à l’heure, j’étais toujours incapable de remuer les orteils.
« PU-TAIN DE MER-DE ! IL FAUT QUE JE BOOOOOUGE ! »
Et autant mon cerveau s’agitait dans tous les sens, autant le reste de mon anatomie ne suivait pas. Mon anxiété ne se lisait-elle pas sur mon visage ? ! Personne ne remarquait que j’étais paniquée, même si je ne bougeais pas ? ! Bordel ! Bien sûr que les autres risquaient leur peau en se battant mais nous allions tous y rester !
Un bruit d’eau se fit entendre. Cette fois, j’en étais sûre : c’était bien ces foutus canaux qui avaient sauté ! Mais pourquoi ? ! Ils ne pouvaient pas attendre que l’on déguerpisse ? ! Fuck ! Nous allions tous y passer ! Et tout le monde était tellement absorbé dans son combat qu’il ne devait rien entendre !
Je percevais parfaitement que l’eau montait et se rapprochait de nous. Mais je ne pouvais prévenir personne ! Je ne pouvais pourtant pas mourir ici !
C’est là que le loup dressa une oreille. Puis la deuxième. Il se figea un instant puis se mit à aboyer.
« C’est ça ! Bon chien ! »
Luna le fixa droit dans les yeux et se figea aussi avant de se tourner dans la direction d’où provenait le bruit. Elle délaissa son adversaire et siffla à l’aide de ses deux doigts. Toute l’équipe se retourna.
- Quelque chose fuit ! hurla-t-elle. La base est en train d’être inondée ! Il faut partir d’ici !
Les escarmouches cessèrent de suite.
- Repli ! s’écria alors la blonde.
Elle porta un dernier coup à Tabatha et s’apprêtait à aller chercher la fouine, toujours évanouie, lorsque les portes se situant de mon côté de la pièce s’ouvrirent.
Pour laisser entrer une vague.
Elle submergea la salle, m’emportant au passage. Je ne recouvris l’usage de mon corps qu’à ce moment-là, peut-être sous la nécessité. Je ne fus pas la seule toutefois à me faire entraîner sous la puissance des eaux : chacune des personnes présentes le fut.
Le sel me piquait horriblement les yeux mais je devais les garder ouvert pour me tenir au courant de la situation. Tous les combattants étaient éparpillés dans un coin de la salle même si le punk s’était chargé de garder auprès de lui les Immortelles, afin d’éviter qu’elles ne se retrouvent du côté des aces. La blonde avait d’ailleurs profité de se retrouver à proximité du chauve, à cause de la vague, pour l’attraper et elle nageait maintenant en direction de la Porte, devant avoir compris qu’elle ne l’emporterait pas sur Tabatha. Cette dernière s’était lancée à sa poursuite, décidée à l’achever ici et maintenant. Je jetais un autre coup d’œil rapide autour de moi : le loup avait repris forme humaine – Dieu merci, avec tous ses vêtements – et se dirigeait vers sa reine. Mon frère s’occupait de rassembler chaque membre de l’expédition. Tous sauf … Stanislas. Je me lançais à sa recherche parmi les eaux. Je le vis finalement en train de battre frénétiquement des bras et des jambes pour ne pas s’enfoncer plus – le niveau des eaux montait – plutôt que de nager vers la surface. Il était pourtant impossible qu’il ne sache pas nager … La Rook Guild nous faisait passer notre brevet de natation avant de nous confier nos premières missions. Le neuvième roi devait savoir nager ! Et pourtant, les faits étaient là : il n’avait aucune technique de natation hormis celle qu’il pratiquait déjà.
« Il va se noyer ! »
Les nôtres étaient déjà remontés à la surface et reprenaient leur respiration. Moi, j’étais trop loin, il serait mort avant que je n’arrive. Mais Tabatha était à sa portée. Il fallait qu’elle aille le sauver ! Il fallait qu’elle abandonne sa course poursuite pour l’aider !
Je la vis ralentir quand elle remarqua Stanislas en train de se noyer et je crus qu’elle allait s’arrêter. Pourtant, elle n’en fit rien et continua à courir (enfin, à nager) derrière les aces, dont les premiers avaient déjà emprunté la Porte.
« Mais arrête-toi merde ! Il va mourir ! »
Désespérée, je me mis à nager dans la direction de Stanislas. Je ne pouvais pas le laisser !
Je m’aperçus alors que Tabatha s’était arrêtée. Elle tourna la tête vers le roi et, après un dernier regard pour les aces, nagea vers lui. La knight le prit sous les aisselles et commença à remonter vers la surface pendant que la blonde passait la Porte.
J’inspirais un grand coup en sortant la tête de l’eau et vérifiais que tout le monde était là. C’était le cas.
- Je vais ouvrir cette porte, prévint Tabatha en désignant la seule de cette pièce qui ne s’était pas ouverte sous la puissance de l’onde pendant que Stanislas crachait l'eau contenue dans ses poumons. Nous allons devoir aller jusqu’aux espèces de port de la base pour emprunter les mini-sous-marins qui s’y trouvent. C’est avec eux que nous regagnerons Miami.
- Et Morgan ? s'écria Luna. Personne ne sait où elle est ! On ne peut pas partir sans elle !
- Nous n'avons pas le choix. Nous n'avons pas le temps de la chercher.
- Mais … ! C'est pourtant pour ça que tu es venue !
- Pas seulement pour elle ! Pour Lilian et Jade aussi. Et si nous nous attardons un peu plus, nous nous noierons. C'est peut-être déjà le cas pour Morgan.
Elle marqua une pause, au cas où il y aurait d'autres des protestations, mais personne ne s'opposa à abandonner Morgan, trop pressée de sauver sa peau. Après que Tabatha ait confié son boulet à quelqu’un d’autre, nous entamâmes notre voyage. Et il allait falloir se dépêcher : l’eau montait et bientôt, nous n’aurions plus aucun moyen de reprendre notre souffle.
La porte fut ouverte en moins de temps qu'il ne faut pour le dire – en même temps, avec sa force démoniaque, Tabatha Taylor n'avait pas beaucoup de mérite. Toujours est-il que j'eus l'impression d'être dans la cuvette des W.C au moment où l'on tire la chasse.
Pour ne pas se retrouver éparpiller dans la base ace au fur et à mesure que la vague rencontrait de nouveaux couloirs, nous dûmes former une chaîne humaine en se tenant par le bras, ce qui était on ne peut plus ridicule mais néanmoins efficace (bien que Stanislas soit un poids mort pour cette tâche puisque flotter relevait déjà de l'exploit pour lui).
Nous arrivâmes à ce que Tabatha appelait « le port », il s'agissait de l'endroit où les mini sous-marins chargés de ravitailler cette base en bouffe débarquaient. On devait passer une porte hermétique pour embarquer dans l'un des engins avant d'ouvrir le sas pour se rendre dans l'océan. Le seul problème était que le tableau de commande permettant d'ouvrir le sas se trouvait de l'autre côté de la porte hermétique, pas dans la partie inondable. Je fis part de ma remarque à la knight aux yeux verts, qui avait déjà une solution.
- Il est possible d'être jusqu'à trois dans les sous-marins. Mes cavaliers prendront le dernier et je me chargerai d'ouvrir le sas avec le tableau puis briserai la porte hermétique. Je nagerai ensuite jusqu'au sous-marin et y monterai.
Effectivement, tant que le tableau de commande détecterait un véhicule dans le « garage », il n'ouvrirait pas la porte permettant d'y accéder. Et elle était la seule à avoir la force nécessaire pour passer outre. Je ne protestais pas.
Je montais dans le même engin que Luna et Rey, tandis que mon frère et Stanislas prenait une des Immortelles avec eux. Fuck. Les autres se répartirent la deuxième et, rapidement, tout le monde était prêt à décoller. Comme prévus, Alexandre et Malcolm prirent le dernier sous-marin. Ce furent eux qui adressèrent le signal d'envoi à leur reine, restée de l'autre côté de la porte hermétique. Elle mit en route la machine et des feux apparurent au-dessus du sas. D'abord, le feu rouge s'alluma. Puis l'orange. Et pour finir le vert. Dans un horrible bruit de rouages qui s'enclenchent, la porte du « garage » s'ouvrit.
L'eau montait déjà sur plusieurs dizaines de centimètres de hauteur, à cause de la partie de la vague qui s'était infiltrée dans la partie du port prévue à l'embarcation. Là, elle fut entièrement remplie.
Le premier véhicule de la file s'actionna et, accompagné du son du moteur, quitta la base. Il fut suivi de tous les autres. Le fonctionnement des ces petits sous-marins était semblable à celui des voitures minuscules que l'on pouvait louer pour se déplacer sur un terrain de golf : on mettait le contact avec une clef puis on se servait des deux pédales mises à disposition, une pour accélérer, une pour freiner. Quand arriva notre tour, Luna me laissa l'honneur de tourner la clef dans l'emplacement prévu à cet effet mais elle réserva la conduite de l'engin à son partenaire. Ça puait le favoritisme à plein nez.
Au moment de nous élancer dans les profondeurs marines, j'eus un dernier regard pour ceux qui attendaient encore leur tour et, plus particulièrement, pour Blanche-Neige et ses deux nains, bien que je ne réussisse pas à les voir.
J'avais confiance en Tabatha Taylor et ses fabuleuses capacités mais je n'étais pas sans savoir que même le plan le plus infaillible avait des chances de rater. Alors, au fur et à mesure que je voyais s'éloigner, ou plutôt que je m'éloignais de la base, je ressentais une légère angoisse. Par-dessus tout, j'étais malade à l'idée que l'on laissait peut-être la dernière Immortelle dernière nous. « Peut-être » parce qu'il était possible qu'elle soit déjà crevée et que je n'accordais pas la moindre valeur aux cadavres.
Mais ni la perspective de n'avoir perdu aucun membre de l'expédition ni celle de savoir que notre combat contre l'Ace Guild était un match nul ne réussit à me réjouir.
Mai Lan, pourtant peu démonstrative, laissa exploser sa joie en nous voyant revenir sain et sauf, avec en prime la quatrième équipe knight et deux des Trois Immortelles. D'ailleurs, elle se calma aussitôt en constatant qu'il en manquait une.
- Où … où est Morgan Jones ?
A nos tronches de déterrés, elle se la ferma. Heureusement pour elle car j'allais finir par lui coller une beigne sinon. Les cris de bienvenue de la part de nos camarades restés à terre s'arrêtèrent aussi. Nuaha ne fit aucun commentaire, elle se contenta de prévenir les vieux knights que les leurs étaient bien vivants.
Des responsables nous indiquèrent des médecins, visiblement, nous étions censés aller les voir pour un chek-up. Je leur crachais à la figure.
J'étais affreusement déçue et me sentais atrocement responsable. Les larmes me montaient aux yeux et c'était comme si on avait un double nœud avec mes tripes.
Je cherchais mon frère du regard et le trouvais : il était en train de se faire examiner. Pas grave, j'attendrai qu'il ait fini.
Je m'accroupis dans un coin et observais les consultations. Certains membres de mon expédition était transporté à l'hôpital par ambulance, à cause de blessures qu'on ne pouvait pas soigner sur place. Alexandre en faisait parti – il était tombé dans les vapes à peine arrivé. Son partenaire se faisait désinfecter de méchantes estafilades qui n'étaient pas si horrible qu'elles le laissaient supposer. Un infirmer bandait les pieds de Lilian qui, pour une raison qui m'échappait, était dans un état misérable.
Tabatha se tenait à l'écart, elle non plus ne semblait pas vouloir que l'on l'examine. Elle assistait à la consultation de Malcolm. A sa vue, je bouillonnais de colère : c'était de sa faute si Morgan était morte ! Oui, parce que là, la base devait être complètement inondée et si l'Immortelle n'était pas déjà morte quand nous étions partis, là, le doute n'était plus permis.
Je me relevais et me précipitais sur la knight avec l'intention de lui coller une baffe magistrale. Sans même me regarder cependant, elle stoppa mon bras.
- Qu'est-ce que tu veux ? lâcha-t-elle en daignant se tourner vers moi.
- C'est … c'est de ta faute ! hurlai-je. C'EST A CAUSE DE TOI QUE MORGAN EST MORTE !
Elle eut l'air surprise. Cela m'énerva un peu plus.
- P-POURQUOI EST-CE QUE VOUS NE NOUS AVEZ PAS AIDER PLUS TOT, TON CAVALIER ET TOI ?! QU'EST-CE QUE VOUS FOUTIEZ ?! VOUS JOUIEZ A LA DINETTE ?! LE TEMPS QU'ON AURAIT GAGNE, ON AURAIT PU LE PASSER A CHERCHER MORGAN !
- Tss … Alexandre a été blessé en voulant nous protéger, Lilian, Jade et moi, quand son don ne faisait plus effet. Je …
Elle paraissait mal à l'aise.
- J'ai réglé leur compte aux aces et … la femme blonde de tout à l'heure est arrivée. Elle nous a enfermé dans une cellule avec mon cavalier et a emmené les filles avec elles. Je n'ai pu me libérer que quand mon don est revenu et qu'Alexandre s'est à peu prêt remis. Nous avons voulu aller chercher Malcolm et nous avons mis du temps avant de passer devant la salle où vous vous trouviez. Mais ensuite, nous sommes intervenus immédiatement.
Elle avait marqué une pause dans sa longue tirade et je comprenais ce qu'elle cachait : quand le punk avait été touché, elle avait dû piquer sa crise et s'était retrouvée incapable de faire quoi que ce soit, comme son autre cavalier.
- Tu es pitoyable, lui dis-je. Killian m'a dit que tu étais obsédée par ton travail mais je ne suis pas d'accord ! TU AS PRIVILEGIE TES CAVALIERS A TA MISSION, CE QUE TU N'ES PAS CENSEE FAIRE ! TU NE POUVAIS RIEN FAIRE POUR ALEXANDRE, TU AURAIS DU LE LAISSER ET ALLER CHERCHER MORGAN, ESPECE DE CONNE !
Tabatha affichait une expression indéchiffrable, je ne savais pas si elle se foutait de ce que je lui racontais ou si elle faisait ça au contraire pour cacher que je mettais le doigt sur ce qui faisait mal. En tout cas, lui hurler dessus me faisait du bien. Il fallait que je me défoule.
- JE TE DETESTE ! ESPECE DE SALOPE !
J'allais tenter de lui fracturer son joli minois en lui collant un point dans sa gueule mais on me retint une nouvelle fois. C'était Stanislas.
- Viens, April.
Il me traîna par le bras et je me mis à chialer. En fait, crier sur Tabatha n'avait pas été aussi bon que ce que j'aurais souhaité.
Nous quittâmes rapidement les abords de notre base et marchâmes jusqu'à la plage. Là, Stanislas s'assit dans le sable. Pour ne pas passer pour une cruche, je l'imitais et continuais mes lamentations, la tête enfoncée dans mes bras et collée à mes genoux. Je ne voulais pas que lui me voit pleurer, c'était ridicule.
Stanislas ne dit rien et ce fut à moi de faire le premier pas. Si on peut considérer ma merdique tentative comme une avancement.
- Moi aussi, je suis triste, finit-il tout de même par m'avouer. Et responsable. J'aurais dû me rendre plus tôt directement auprès du Piège. Si j'avais su ce qu'il faisait, j'aurais pu prévenir Tabatha et ses cavaliers et la fin aurait été différente.
- Ce … ce n'est pas ta faute ! protestai-je. C'est celle de Tabatha !
« Connasse », grognai-je dans ma barbe.
- Plutôt que de s'occuper de ses cavaliers, elle aurait dû continuer ! Je … je ne lui pardonnerai … jamais ! hoquetai-je.
- Parce que toi, tu m'aurais laissé derrière, si j'avais été ton partenaire ?
J'arrêtais de faire l'autruche et fixais Stanislas dans les yeux. Je ne réussis pas pour autant à lire en lui.
- Ce n'est pas pareil …, murmurai-je. Tu sais bien que moi … je … je t' …
N'arrivant pas à terminer ma phrase et me sentant affreusement ridicule, je détournais le regard. Stanislas aussi.
- La situation est la même pour Tabatha.
- Quoi ?! Elle est … enfin, tu vois quoi … de ses cavaliers ?
- Je ne sais pas si on peut appeler ça de l'amour mais ça n'en est pas loin.
Je n'en croyais pas mes oreilles. Tabatha amoureuse de ses cavaliers ? Et duquel ? Pas les deux, non plus … Enfin, peu importe.
- Tabatha a beau être une vraie machine de guerre, elle n'est pas infaillible. Elle aussi ses faiblesses, reprit Stanislas.
Trop fière pour admettre que je pouvais me tromper ou avoir porter un jugement trop vite, je restais muette comme un carpe. Ou une morue.
- Et puis, c'est toujours plus facile de se dire qu'il y a quelqu'un de responsable de nos erreurs, non ? continua-t-il.
J'acquiesçais d'un mouvement de tête.
- Elle a fait du mieux qu'elle pouvait, conclut-il. Et au final, c'est quand même elle qui nous a sauvé. Je ne sais pas comment nous aurions quitter la base sans elle, je n'étais pas au courant qu'il y avait des sous-marins.
Je regardais le soleil qui se levait, point rouge au-dessus de l'océan. Stanislas rit.
- Quoi ? m'inquiétai-je.
- Je me disais qu'on ne faisait pas plus romantique pour une scène de baiser …
Que … que racontait-il ? Pourquoi maintenant voulait-il bien m'em … enfin, voilà.
- Avoue, ajouta-t-il. Tu m'as toute cette scène rien que pour m'émouvoir ?
Rouge comme une pivoine, je tournais la tête.
- Nan !
Nouveau rire.
- Calculatrice, va !
- Je n'ai pas fait tout ça pour … enfin, quoi !
Il s'esclaffa et je compris qu'il n'accepterait pas de m'embrasser de sitôt. Même l'aube, soi disant signe d'espoir, ne me réconfortait pas. Quelle merde …
- Pardon ?
A la tête de Stanislas, j'avais dû délirer tout haut.
- Rien … rien du tout !
C'est alors que je remarquais un long truc sombre derrière son épaule, un peu plus loin sur la plage.
- S … Stanislas ! Il y a a quelque chose d'échoué sur le sable !
Il se retourna précipitamment.
- Et je dirais même plus … Quelqu'un.
Lexique
Ushiro Mawashi Geri : nom d’une technique utilisée pour le karaté (art martial japonais). Il s’agit d’un coup de pied circulaire arrière. De part sa grande amplitude, cette technique génère une très grande puissance.
Ce chapitre était le dernier avec de l'action. Celui qui suit est la conclusion du devenir d'une partie des personnages. En tout cas, écrire du point de vue d'April a été difficile au début car elle est beaucoup plus ... "directe" dirons-nous, que tous les autres personnages-narrateurs. Mais au final, cela m'a amusée et j'ai eu du mal à reprendre le style "normal" pour le dernier chapitre et l'épilogue ^^
Qu'en avez-vous pensé ? J'attends vos impressions !
) utiliser vos - futurs - textes lorsque je me fais un peu de pub, ici et ailleurs ... (Peut-on être plus rouge que moi au moment où j'écris ces lignes ?)
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