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16 mai 2010 7 16 /05 /mai /2010 16:01

chapitre 30 - à travers le temps

 

   Comment Morgan avait-elle réussi ce tour ? Je n’en croyais pas mes oreilles. Elle avait dit être capable de voir l’avenir mais … était-ce vrai ?

-   Je crois … que vous allez avoir des choses très intéressantes à nous raconter, Miss Jones.

   Une fois de plus, la voix de Mr.Nordengen me glaça le sang. Il paraissait bien trop jeune pour être vraiment mêlé à des activités telles que celles de l’Ace Guild.

  Je sursautais lorsqu’il tendit son doigt dans ma direction tout en s’adressant au garde qui l’accompagnait.

-   Changez-la de cellule. Si les knights et les rooks viennent vraiment pour les récupérer, autant ne pas leur faciliter la tâche en les laissant au même endroit.

-   Bien.

   C’est avec horreur que je vis l’employé se diriger vers moi.

-   N … non …, murmurai-je.

   Je voulais rester avec mes amies ! Où allaient-ils m’emmener ?

-   Où dois-je la conduire Mr.Nordengen ? s’enquit le subordonné tout en ouvrant ma cellule.

-   Peu importe.

   L’agent m’attrapa par le poignet afin de me forcer à sortir de la cellule puis fit de même avec Morgan. Je jetais un regard désespéré à cette dernière ainsi qu’à Jade, qui nous regarda partir, apeurée, en compagnie de Mr.Nordengen et de l’agent ace.

   Je fus séparée à un embranchement de ma camarade, qui partit avec Mr.Nordengen tandis que je restais avec l’employé. Nous croisâmes en chemin un autre ace avec lequel mon gardien discuta de l’endroit où il devait me placer.

-    Je sais pas … Je sais que la cellule 6-B est libre mais … il me semble qu’on devait la réparer …, lui suggéra-t-il.

-    Ca ira très bien. Elle n’y restera pas très longtemps de toute manière.

   Mon gêolier ponctua sa phrase d’un rire gras qui déclencha chez moi une série de pleurs que je tâchais de retenir jusqu’à présent. Cela en était trop pour une lycéenne qui, il y a de ça six mois, était persuadée de mener une vie toute tracée.

   La cellule 6-B se trouva être en réalité une cavité placée dans l’un des murs, que l’on ouvrait de l’extérieur en appuyant légèrement à la surface. Exiguë, elle nécessita que je m’accroupisse et se révéla humide. De plus, la seule lumière dont je disposais provenait de la fente pratiquée dans le mur pour y installer ma prison, autant dire que je n’en avais quasiment pas. Seule, je poursuivis mes épanchements pleuraux.

 

 

 

   Tout mon corps me faisait mal, à force d’être maintenu dans la position inconfortable qui était la mienne. Je ne supportais plus également cette boule de terreur dans mon ventre et la tension mentale permanente à laquelle faisait face mon esprit. Je réprimais un énième sanglot et bougeais légèrement, me lovant un peu plus dans le mur arrondi de la cavité.

   Ce qui commença par m’inquiéter furent les étranges bruits qui débutèrent suite à mon mouvement – comme si le mur commençait à s’émietter. Ensuite, la précision qu’avait donné à l’agent qui m’avait conduite ici son collègue : " … il me semble qu’on devait la réparer ".

   J’en étais là de mes réflexions quand, soudainement, je basculai en arrière : le mur venait de s’ébouler. Je glissais ainsi sur des gravas, la tête la première, sur une pente improvisée, pendant que le reste du mur continuait à me tomber dessus. Le tout en hurlant, pour faire bonne mesure.

   Je finis ma descente dans un pied de chaise, puis dans un pied de table. Je gémis sous le choc, mon corps ayant déjà été bien amoché par mon séjour prolongé dans la cellule 6-B.

-    Qui es-tu ? menaça une voix grave.

   Au même moment, un pied se posa sur le sommet de mon crâne. Je me retrouvais paralysée, incapable d’émettre le moindre son. Ma position ne me permettait pas de voir mon adversaire, ce qui m’angoissa un peu plus. Je songeais à cacher ma véritable identité, en espérant que l’on me laisserait partir sans me demander trop de compte, ce qui me permettrait d’aller libérer Jade.

-    A … Alexia Hilton …, finis-je par articuler.

   Mon ennemi se pencha au-dessus de ma tête, de sorte que je pus enfin voir à qui j’avais affaire.

Il s’agissait d’un homme, d’environ quarante ans, avec des cheveux grisonnants sur les tempes et des yeux de faucon. Quand il me vit en face, sa bouche se tordit en un sourire moqueur.

-    Lilian Stevens …

   Je me mordis la lèvre inférieure. Pendant ce temps, l’homme retira son pied et me tendit une main gantée.

-   Laissez-moi vous aider à vous relever, très chère …

   Je saisis en tremblant cette main qu’il me tendait et me redressais avec peine. Il me lâcha ensuite et remit en place les meubles que je venais de percuter.

-   Asseyez-vous, je vous en prie …

   Je ne cessais de jeter tout à tour des petits coups d’œil dans la direction de mon hôte et de la chaise. Que devais-je faire ? Je me voyais mal m’asseoir comme il me le conseillait. D’un autre côté, n’allait-il pas se fâcher si je refusais ? Je ne savais pas quelle attitude adopter.

   L’homme à la voix de ténor n’attendit pas ma réponse pour reprendre place derrière son bureau, celui dans lequel je m’étais cognée, et son travail. Profitant de ce qu’il ne me regarde pas, je tâchais de comprendre comment j’avais pu atterrir dans cette salle. Je finis par voir une tapisserie accrochée à l’un des murs et devinai que j’étais arrivée par-là. La cellule 6-B et cette pièce devaient être reliées.

-   Vous venez de la cellule 6-B ?

   Je me retournai dans la direction de mon voisin et acquiesçai d’un signe de tête.

-   Pendant quelques temps, une sorte de voie avait été créée pour m’envoyer des documents, quand nous ne maîtrisions pas encore bien les téléportations de fichiers informatiques. Maintenant que ce n’est plus un problème, la voie a été bloquée. Vous venez cependant de prouver qu’il faudra revoir la chose. Vous êtes sûre de ne pas vouloir vous asseoir ? enchaîna-t-il.

   Pour le moment, l’homme me paraissait plutôt civilisé et moins dangereux que Mr.Nordengen, ce qui était rassurant, dans ces circonstances. Je m’assis sans un bruit.

" Enfin, il possède tout de même son propre bureau, ce n’est pas n’importe qui … et il connaît mon nom … "

   Je triturai mes doigts afin de calmer mon angoisse et respirai profondément.

-    Quelle idée de mettre une personne telle que vous dans un lieu comme la cellule 6-B … C’est Kjell qui a eu cette idée ?

-    K … Kjell ? balbutiai-je.

   L’ace posa ses yeux sur moi, délaissant ses dossiers.

-   Kjell Nordengen, me précisa-t-il.

-   Oh ! Euh … non … c’est … c’est un employé, je crois …

-   Pourtant, c’est bien le genre de Kjell.

   Sa voix grave était engageante, m’incitant à poursuivre notre discussion. Il était primordial de savoir à qui j’avais affaire.

-   Qui … qui est Mr.Nordengen ?

   L’homme éclata de rire.

-   Vous ne le connaissez pas ? Vous devriez pourtant, miss, c’est votre pire ennemi !

   Je tressaillis et il me vrilla de son regard perçant.

-   Le Pique.

   Un souvenir bien précis se rappela à moi à cet instant. Ce que m’avait expliqué Stanislas après la bataille contre le Trèfle : " Du peu que l’on sache de l’Ace Guild, nous connaissons l’existence d’assassins à sa solde qui sont désignés comme le trèfle, le carreau, le cœur et le pique. Le trèfle est le moins fort, le pique le plus puissant ".

   Kjell Nordengen était donc le membre le plus dangereux de l’Ace Guild. Je frissonnais à la pensée que je m’étais trouvée proche d’une telle personne. Une autre me noua l’estomac : qui était la personne en face de moi ? Du premier coup d’œil, elle m’avait reconnue et elle appelait le Pique par son prénom, ce que ne faisait pas de " simples " gens comme l’employé qui m’avait mise en cellule. Assurément non. Je le soupçonnais même d’être un membre des " quatre familles ". Mais lequel ? Le Trèfle était hors jeu. Kjell Nordengen était le Pique. Il était donc le Carreau ou le Cœur.

   Mon voisin était de nouveau plongé dans son travail et ne me prêtait, en apparence, plus aucune attention. J’en profitais pour examiner le bureau : la seule source de lumière était émise par le feu qui brûlait dans la cheminée. Les murs de pierre étaient quasiment entièrement recouverts d’étagères en bois où étaient entreposés des dizaines et des dizaines de livres tandis que les quelques pans qui restaient étaient cachés derrière des tentures comme celle par laquelle j’étais arrivée. Le mobilier n’était composé que du bureau et des chaises sur lesquelles nous étions assis, l’ace et moi, et le sol était recouvert d’un tapis avec des motifs orientaux. Rien de très exceptionnel.

   Je sursautais lorsque le ténor repoussa sa chaise pour aller chercher un document dans sa bibliothèque. Je le suivis du regard avant de le reporter sur mes mains, calées entre mes cuisses.

" Je ne peux pas rester ici … Je dois sauver Jade … Je dois retrouver Tabatha et les autres … Mais comment faire ? L’ace ne voudra certainement pas me laisser partir … "

-   Lilian Stevens … Née le trois avril mille neuf cent quatre vint douze … Agée de dix-sept ans … Mesure un mètre soixante trois pour cinquante trois kilos …

   Je me retournais en direction de l’ace. Qu’énumérait-il donc ? Il tenait un feuillet, dont il tirait toutes ces informations.

-   Famille proche : Pierce et India Stevens, Thomas Stevens, Mary Stevens, …

   C’était le nom de ma grand-mère paternelle ! L’Ace Guild la connaissait aussi ! Ma grand-mère pouvait donc être prise pour cible par cette organisation …

-    Amis proches : Anthony Sellers, Diane Mooney, Ruby Strokes, Megan Boyle, …

   N’y avait-il donc personne que je connaisse qui ne soit pas répertorier par l’Ace Guild ?

-   Qualités : intelligente, gentille, …

   On avait même dressé mon profil ! Je n’en revenais pas, bien qu’au final ça ne soit pas si étonnant.

-   Défauts : manque de confiance en soi, curieuse …

   A peine le mot sorti de sa bouche, l’ace ouvrit ses yeux en grand avant de me regarder.

-   Miss Stevens est curieuse ?

   Je ne pouvais que le reconnaître. C’était une chose dont je n’étais pas très fière.

-   Jusqu’à quel point ? m’interrogea mon interlocuteur.

-   Oh, c’est … c’est très léger … Je sais me contenir …

-   Vraiment ? Vous n’en paraissez pas très sûre.

   Je ne savais pas quoi répondre.

-   Je déteste les gens imparfaits, lâcha l’ace.

   Que me racontait-il là ? Personne n’était parfait. Y compris lui.

-    Malheureusement, l’humanité ne compte que des imperfections. Elle ne mérite pas de peupler la Terre comme elle le fait. C’est d’ailleurs pour ça que je suis rentré chez l’Ace Guild.

   Je me rappelai de ce que m’avait expliquée Stanislas le jour où j’avais appri l’existence de l’Ace Guild et de l’alliance des deux guildes originelles : " L’Ace Guild quant à elle compte se servir du pouvoir de Loreleï pour faire sauter la planète ". Qu’un homme avec des idées pareilles ait rejoint l’Ace Guild ne me paraissait pas aberrant.

-   Néanmoins, vous m’êtes sympathique, Miss Stevens, aussi, je vous propose de vous corriger de votre vilain défaut.

-    De … de quelle manière ? m’inquiétai-je.

-    Sous la forme d’un jeu. Ne vous inquiétez, les règles sont très simples.

-    Mais en quoi consiste ce jeu ?

-    A me prouver que vous êtes réellement capable de retenir votre curiosité.

   Je ne voyais pas ce qu’il pouvait faire. De toute manière, il me suffisait de refuser de savoir, s’il me proposait des informations. Rien d’insurmontable.

 -    Je vais vous envoyer dans les mondes intérieurs de certaines personnes que vous connaissez.

-    Les … mondes intérieurs ?

-    Tout le monde en possède un. On peut y accéder en cas de comas ou lorsqu’on est très malade … Ce monde est à l’image de son propriétaire, vous n’en trouverez aucun identique. Et c’est dans ce lieu que l’on cache nos petits secrets.

   Je fronçais les sourcils.

-    Tout le monde a quelque chose à cacher, n’est-ce pas ?

   Je recommençai à triturer mes doigts.

-    Dans notre petit jeu, vous devrez chercher le secret de la personne mais … vous arrêtez à la dernière limite. Si vous le découvrez, vous me prouverez que vous êtes irrécupérable car vous aurez cédé à la curiosité. Si vous refuser d’avancer de peur de céder à votre défaut, vous m’indiquerez également que vous n’êtes pas capable de vous contrôler

-    Et … que m’arrivera-t-il ?

-    Je vous tuerai la première, une fois que vous nous aurez révélé le lieu où se cache le pendentif de Loreleï.

   Je déglutis difficilement.

-    Mais, comment … comment comptez-vous m’envoyer dans ces … mondes ?

-    Je suis un membre de l’Ace Guild, Miss Stevens. Vous devez vous douter que ce n’est pas pour rien.

   Sur ce, il retira ses gants et je pus voir son tatouage, dessiné sur toute sa main : un as de carreau, sous forme de carte à jouer, entouré de rubans.

" C’est le Carreau ! Il est donc le troisième membre le plus fort de l’Ace Guild … Il serait donc plus fort que Tabatha, qui n’est que quatrième dans sa propre guilde … "

   Le feu qui brûlait jusqu’à présent dans la cheminée s’éteignit d’un coup, plongeant le bureau dans le noir le plus complet.

   Des petites boules de lumières finirent par émerger des ténèbres, me permettant de distinguer une partie de la silhouette de l’ace. Il avait tendu sa main en direction des particules lumineuses, qui continuaient de s’agglutiner.

-   Je vous propose de commencer par vous, Miss Stevens, afin de vous montrer un aperçu, suggéra le Carreau.

   Aussitôt, les sphères incandescentes se dispersèrent pour former un cercle autour de nous. Pendant encore quelques secondes, les ténèbres régnèrent puis se mirent soudain à " fondre ", laissant place à un monde à la fois nouveau et proche …

 

 

 

   Il n’y avait que du verre. Partout, partout, partout. Le sol était en verre, le ciel était en verre. Un peu partout surgissait de terre des blocs de verre, me reflétant à l’infini.

-    Quel monde, Miss Stevens …, commenta l’ace.

   Je ne comprenais pas : je n’étais pas particulièrement attachée à mon apparence. Pourtant, il est vrai que me voir partout me mettait mal à l’aise.

-    Avançons, si vous le voulez bien …, me pria le Carreau.

   J’inspirai un grand coup et me mis en marche.

-    Que … que dois-je faire ? demandai-je au ténor.

-    Dans votre monde, rien. Je vous y ai conduite pour que vous puissiez voir à quoi je pensais en parlant de " monde intérieur ".

-    Je n’ai pas besoin de chercher mon secret, alors ?

-    Votre secret, non … mais peut-être aimeriez-vous vous voir ?

   Me voir ? De quoi parlait-il ? Devant mon air suspicieux, le Carreau m’expliqua :

-    Une réplique de nous reste toujours dans notre monde, où elle règne en maître.

    Je regardais autour de moi mais ne voyais que des reflets de ma personne et de l’ace.

" Pourquoi du verre ? "

   Je finis par entendre du bruit de verre brisé, ce qui me fit sursauter. Mon premier réflexe fut d’aller voir ce qu’il en était mais, me rappelant les règles posées par mon ennemi, je demandais des précisions :

-    Mon monde … fait bien exception à la règle ? Je … peux céder à la curiosité pour cette fois ?

-    Bien entendu. Mais dès le prochain monde, le jeu commencera.

   Je commençais donc à me diriger vers la source du bruit, le cœur battant à cent à l’heure, en compagnie de l’ace. Je craignais de voir ce à quoi je ressemblais vraiment.

   Quand je fus proche, j’entendis des petits cris, en plus du verre brisé. Je reconnus immédiatement cette voix : c’était la mienne.

   C’est au détour d’un énième bloc de verre que je me vis. Vêtue d’une robe blanche miséreuse, les cheveux épars, en larmes, mon " moi " intérieur courrait, la tête entre les mains. Cette vision me figea. Dès que je relevais la tête et voyais, immanquablement, mon reflet dans le verre, je hurlais et un bloc tombait en poussière. Pourquoi agissais-je ainsi ? Mes multiples reflets me gênaient, effectivement, mais ma réaction me paraissait extrême.

-    Vous ne vous aimez pas, Miss Stevens ?

   Mon cœur se serra.

-    Pour … pourquoi dîtes-vous ça ? demandai-je au Carreau, sans le regarder.

-    Simple hypothèse. Mais cela paraîtrait logique. Notre monde est à notre image … ou à celle de notre plus grande peur. A notre plus grand cauchemar parfois. Il peut également s’agir d’une réminiscence d’un souvenir … Je doute que vous vous soyez déjà retrouvée dans une salle entièrement recouverte de verre ou que vous soyez obnubilée par votre apparence.

-    Justement. Je ne vois pas pourquoi vous dîtes que je ne m’aime pas.

   Je me braquais, gênée que l’ace me voie sous ce jour.

-   Quand je parlais d’apparence, je pensais au physique. Quand je dis que vous ne vous aimez pas, je parle de l’image que vous renvoyez aux autres.

   L’image de soi … N’était-ce pas ce que renvoyait un miroir ? Ou du verre ? Je me sentis soudainement oppressée dans mon monde et je ne songeais plus qu’à une chose : partir.

-    Par … partons, s’il vous plaît …, suppliai-je l’ace.

-    Vous ne voulez pas voir votre secret ?

-    Non, non … Partons …

-    Puisque vous le voulez … Que le jeu commence, dans ce cas !

 

 

-   De nouveau dans les ténèbres, le Carreau me posa une simple question :

-    Si vous pouviez lire dans les pensées, sur qui vous serviriez-vous de ce pouvoir ?

   Je vis tout de suite où il voulait en venir et décidais de tricher :

-    … Jade Takano.

-    Pff … Soit vous manquez cruellement d’intelligence soit vous trichez.

   Je n’osais pas le regarder en face et il tira sa propre conclusion :

-    Vous trichez.

    Mais de qui aurais-je aimé lire les pensées ? La réponse fusa, d’un coin de ma tête :

" Tabatha et ses cavaliers "

   J’avais eu l’occasion de remarquer à plusieurs reprises qu’ils avaient une attitude étrange entre eux et ma curiosité naturelle aurait bien aimée obtenir des réponses. Jade m’avait raconté qu’Alexandre lui avait dit qu’ils se connaissaient tous les trois depuis qu’ils avaient quatre ans. Avaient-ils toujours eu une relation aussi spéciale ou était-ce récent ? Dans ce cas, je me demandais ce qui les avait rendu ainsi. Mais la chose était bien trop personnelle pour que j’ose m’y mêler. Aussi, une autre personne dont j’aurai aimé connaître les secrets était Killian. Au bal de promo, il m’avait avoué que sa méchanceté avec moi, au début, était dû à quelque chose qu’il voulait garder secrète. Là, j’aurai aimé savoir. Ca me concernait après tout ! Et puis, je me faisais confiance, sur ce coup-là, pour savoir me contenir.

   C’est d’une voix tremblotante que je murmurais mon choix au Carreau :

-    Ki … Killian Reese.

   L’instant d’après, le noir fondit pour laisser place à un étrange univers blanc. D’abord flou, les contours finirent par se préciser.

" Un hôpital ", réalisai-je.

-    Ce n’est pas étonnant, quand l’on connaît le passé de votre camarade, murmura l’ace.

   Ainsi, il le connaissait ? D’un côté, cela paraissait logique : l’Ace Guild n’avait pas dû se contenter de faire des recherches sur moi.

-    Vous avancez ?

   Je défiais le Carreau du regard. J’étais capable de m’arrêter. J’en étais capable.

   Mon hypothèse se confirma : il s’agissait bien d’un hôpital. L’odeur de désinfectant ne me permettait pas de douter. Cet étage du bâtiment était très calme, les patients ne devaient pas être très bruyants dans ce service. Ca en devenait même bizarre.

   Je regardais les petites étiquettes collées sur les portes des chambres : elles indiquaient l’identité des patients qui y séjournaient. Autant dire qu’ils étaient partis pour rester longtemps à l’hôpital …

   Je lisais chaque patronyme, dans l’espoir de reconnaître un nom capable de m’aiguiller sur la raison de ma présence en cet endroit. L’ace qui me suivait la connaissait, je me doutais donc que le monde intérieur de Killian était un souvenir. Avait-il demeuré dans un lieu tel que celui-ci ? Si oui, quelles raisons médicales l’y avaient contraint ?

   Deux infirmières discutaient, à quelques pas de moi et, visiblement, ne pouvaient pas me voir.

-   Quel gâchis … Une aussi jolie fille …, soupira l’une d’elles.

-   Elle l’a bien cherché, rétorqua l’autre. Toutes les saloperies qu’elle avait consommé … je n’en revenais pas quand j’ai reçu l’analyse toxicologique !

-    Oui mais … je me demande ce qui lui est arrivé pour qu’elle en prenne …, reprit la première.

-    Apparemment, c’est son petit ami qui lui a fait découvrir toutes les drogues disponibles sur le marché.

-    Son petit ami ? Tu parles du garçon qui vient tout le temps la voir ? s’étonna la compatissante. Il a pourtant l’air sain d’esprit …

-    Non, non, non, ce n’est pas lui. Enfin, je crois. Il me semble qu’il s’agit d’un ami à elle.

-    Il me fait de la peine, à chaque fois que je le vois … Il vient la voir tous les week-ends, non ?

-    Il n’en a pas manqué un seul depuis le début de l’hospitalisation. Et au début, il couchait là ! Il a l’air décidé à continuer comme ça jusqu’à ce qu’elle sorte du comas.

-    Pauvre petite … j’espère qu’elle se réveillera bientôt …

-    D’après le médecin, ce n’est pas gagné du tout. Pff … En plus de gâcher sa vie, elle risque de gâcher aussi celle de son ami.

   Son regard se détacha de celui de sa collègue pour fixer l’une des portes, entrebaîllée, située en face d’elle.

-    Si tu n’avances pas jusqu’à la dernière limite, tu perds le jeu …, me rappela le Carreau.

   J’inspirai profondément et me dirigeai jusqu’à la porte entrouverte. Le secret de Killian était juste derrière … Je posai ma main sur la poignée, sans l’ouvrir pour autant.

-    Que faîtes-vous ? m’interrogea l’ace.

   Le secret de Killian était juste derrière … La réponse à ma question était peut-être juste derrière …

" Après tout, la Knight Guild et la Rook Guild veillent à ce que l’Ace Guild ne nous tue pas … Même si je perds le jeu, on ne me tuera pas pour autant … "

   La tentation était forte. Il m’aurait été si agréable d’y céder …

   Le souvenir de ma sortie au cinéma avec Anthony me revint violemment en mémoire. Killian m’avait réconfortée, sans me poser la moindre question. Il m’en avait posé ensuite mais uniquement quand il avait senti que j’étais prête à tenir une conversation sensée. Et moi, juste pour assouvir ma curiosité, j’allais fouiller dans ses souvenirs ? Certainement pas. J’allais à mon tour attendre qu’il veuille bien m’en parler.

   Je relâchais la poignée.

-    Je m’arrête ici, annonçai-je.

   Le Carreau sourit.

-    Vous me voyez ravi de vous dire que vous avez réussi la première épreuve. Reste à savoir si vous serez aussi forte pour les suivantes.

   Et le noir reprit sa place.

 

 

 

   L’endroit avait l’air irréel, ce qu’il était peut-être, voir sûrement. Le vert des feuilles au soleil semblait avoir été choisi avec précaution, tout comme la couleur de la terre, d’un brun chaud.

-    Dans quel monde intérieur sommes-nous ? questionnai-je l’ace.

-    Vous verrez bien.

   Dans quelle direction aller ? Aucun repère au milieu du bois ne me permettait de savoir dans quelle direction me rendre. Je décidais, en désespoir de cause, d’avancer tout droit. Sans un mot, le Carreau me suivit.

   J’atteignis rapidement les limites du bois, me retrouvant ainsi face à une sorte de plaine, où les herbes étaient hautes, agrémentée de gerbes de fleurs colorées. Une vision parfaitement idyllique. Au loin se dressait une belle demeure, qui me fit penser au Petit Trianon, que j’avais eu l’occasion de voir en photos dans un magazine.

   Au milieu des gazouillis des oiseaux, un son se distingua.

" Des enfants ? "

   Ca y ressemblait en tout cas. Par contre, je n’étais pas en mesure de déterminer s’ils riaient ou pleuraient. Je tournais les talons et commençais à marcher dans la direction du chuchotis. Les enfants discutaient, tout du moins, c’était l’impression que j’avais, au fur et à mesure que je me rapprochais : il y avait deux voix.

   J’abaissais une dernière branche et découvris une clairière. Deux enfants se trouvaient au centre. Je reconnus l’un d’eux au premier coup d’œil : il avait des cheveux couleur d’or.

" Alexandre … "

   La clairière était très grande, aussi, je ne pouvais pas voir les visages pour confirmer ma supposition mais j’en étais presque sûre. Etais-je dans le monde intérieur du cavalier ? A moins que je sois dans celui de l’autre enfant ? Mais qui était-il ?

   Je finis par comprendre pourquoi je ne comprenais pas ce qu’ils se racontaient : ils ne parlaient pas anglais. L’enfant que je ne connaissais pas semblait néanmoins parler avec beaucoup plus d’aisance qu’Alexandre. Ils paraissaient très jeunes.

   Ce fut un coup de vent qui me fit penser à une éventualité pour l’identité du second enfant car il balaya ses longs cheveux châtains. C’était une fille.

" Tabatha ! "

   Ca ne pouvait être qu’elle !

-    Il est rare … que l’on accepte une autre personne dans son monde, susurra l’ace.

-    Nous sommes dans le monde … d’Alexandre Evans ?

-   Oui. Je vous avoue que je suis étonné. J’avais entendu parler que la quatrième équipe de la Knight Guild avait des liens spéciaux mais … je ne pensais pas que c’était au point d’être présent dans les mondes des partenaires.

-    Est-ce un souvenir ?

-    Pas tout à fait. Plutôt un souvenir idéalisé, je pense.

   Idéalisé … Cette scène avait donc vraiment eu lieu mais Alexandre omettait certains détails. Lesquels ?

-    Oh !

   Je sortis de mes pensées et prêtai de nouveau attention à la scène qui se déroulait sous mes yeux. Tabatha avait poussé une exclamation, à la fois de surprise et, me semblait il, de joie. En effet, j’avais l’impression qu’Alexandre lui tendait quelque chose. Mais quoi ?

" Son secret … "

   La curiosité recommença à me ronger.

" Ca ne me coûterait rien de regarder … Non, absolument rien … "

   Je bouillais littéralement d’excitation, éclipsant la présence du Carreau et les règles du jeu. Je devais m’approcher.

   Je m’apprêtais à le faire quand je remarquais une chose étrange : le liseré sombre qui bordait la clairière. Je m’accroupis un instant afin de voir de quoi il s’agissait. Je fus stupéfiée de constater qu’il s’agissait d’un gouffre, d’au moins vingt centimètres d’épaisseur.

-    Le cavalier semble vouloir se couper du monde … avec sa reine.

   Je sursautais, ayant oublié l’ace, puis examinais plus en détail le gouffre. Je m’aperçus que, de manière infime, il ne cessait de gagner un peu plus du terrain.

" Si ça continue comme ça, ils se retrouveront seuls …"

   Ce n’était pas normal. Il ne fallait pas que le gouffre poursuive son œuvre … il fallait l’en empêcher. Je compris à l’instant que la dernière limite du monde d’Alexandre était incarnée par cet abîme. S’il ne fallait pas que le cavalier et sa reine s’isolent, ce n’était cependant pas dans ce monde factice qu’il fallait arranger les choses. Ce monde ne changeait qu’en fonction des actions extérieures.

-    Je n’irai pas plus loin, prévins-je le Carreau.

   Le monde changea.

 

 

 

   Le lieu était étrangement mélancolique. Je me doutais que cela ne venait pas de moi mais de la personne à qui appartenait ce monde. J’étais dans une salle en pierre avec des meubles d’époque, très luxueux, dont la lumière provenait de la porte-fenêtre postée devant moi. Je m’approchais de la vitre et observais le paysage. Malgré l’épaisse couche de neige, je reconnus immédiatement le lieu où je me trouvais : c’était la demeure que j’avais observé dans le monde d’Alexandre. Devant moi, après la plaine, s’étirait le bois où je m’étais trouvé il y a de ça quelques secondes.

" Quel endroit … étrange … "

   Plus j’observais les flocons qui tombaient du ciel, plus je m’engourdissais dans une espèce de torpeur. J’avais envie de dormir mais de ne plus jamais me réveiller. Comme si ça n’en valait pas la peine.

   Je distinguais finalement des traces de pas dans la plaine, traces de pas qui n’allaient pas tarder à être recouvertes par la neige.

-    C’est un vrai piège …, chuchota l’ace, qui me parut également sur le point de dormir.

-    Pourquoi donc ? soufflai-je, ne tenant pas à rompre le silence de la pièce, tout en fermant mes paupières de moitié.

-    Si nous ne partons pas tout de suite, nous ne repartirons plus.

-    Pourquoi partir ?

-    Qu’est-ce que je disais, pesta-t-il.

   Le noir prit la place du blanc et nous quittâmes l’endroit. Je n’eus même pas le temps de demander qui était le propriétaire de ce monde.

 

 

-    Tu peux m’expliquer ce que fait Lilian Stevens dans ton bureau ? En train de dormir en plus !

   Je grimaçais. La femme qui parlait me cassait les oreilles.

-    La cellule où elle avait été placée s’est éboulée et elle a atterri ici. J’ai trouvé plus prudent de la garder ici. Au moins, je peux la surveiller.

-    C’est vrai.

   Il y eut un silence de quelques secondes, que le ténor rompit :

-    Pourquoi es-tu venue me voir, Barbie ?

-    Kjell nous appelle. Il veut mettre au point un plan contre les knights et les rooks.

-    J’arrive.

-    Et elle ?

   Je devinais qu’elle parlait de moi.

-    Pour le moment, elle dort, et je vais fermer à clef derrière moi, lui expliqua le Carreau.

-    Bon.

   Après un bruit de chaussures à talons qui s’éloignent, un bruit de porte et un bruit de clef, j’ouvris les yeux. Si je voulais aller sauver Jade, c’était le moment idéal.

    Je me précipitais sur la tenture qui cachait le trou par lequel j’étais arrivée et me mis à tâcher de le remonter. Evidemment, je glissais sur les gravas et me retrouvai illico presto à mon point de départ. Déterminée, je répétais cependant l’opération encore et encore, en obtenant à chaque fois le même résultat.

   Je ne m’y prenais pas de la bonne manière : j’étais sûre de pouvoir remonter mais je finissais toujours par glisser. Il fallait que je trouve quelque chose de susceptible de me maintenir en place. C’est alors que mon regard se posa sur les piquets posés près de la cheminée, dont l’on se servait pour bouger les tisons. Vu comme le mur s’était effritée dans la cellule 6-B, j’étais sûre de réussir à suffisamment les enfoncer dans la paroi du tunnel pour m’y accrocher …

 

 

 

   Ce fut une ascension longue, difficile et douloureuse. Si mes genoux étaient protégés des gravas pointus par mon pantalon de pyjama, je ne pouvais pas en dire autant de mes pieds, qui finirent en sang. Je réussis néanmoins à arriver dans la cellule 6-B. Mon problème était désormais d’en sortir. Je réalisais vite pourtant que mes piquets pouvaient me servir à autre chose qu’à l’escalade. Il suffisait d’une légère impulsion pour ouvrir l’entrée de la cellule mais la fente du bas, d’où je tirais ma lumière, était trop étroite pour y passer mes doigts. Pas pour y glisser le bout d’un piquet.

   Je me contorsionnais dans le petit espace afin de trouver une position me permettant, après avoir sorti l’extrémité du piquet, de le relever suffisamment pour appuyer sur la surface de la cellule. Mon cœur battit plus fort quand un faible " clic " parvint à mes oreilles. Je poussais la porte et sortis de la cavité. Il ne me restait plus qu’à retrouver Jade. Et je connaissais le chemin.

 

 

 

   Je ne vis que très peu de monde au cours de mon infiltration, ce qui pouvait s’expliquer par le fait que la base ace ne se pensait pas en danger, sous l’eau. Il était vrai qu’elle était quasiment indétectable.

   Il n’y avait personne devant l’épaisse porte qui gardait l’entrée de la prison. Cela m’ôtait une épine du pied, bien que je n’aurai eu aucun scrupule à planter mes piquets dans un garde pour me défendre, je n’étais pas sûre d’en avoir le courage. Il me restait néanmoins le douloureux problème de la serrure. Il ne s’agissait pas de serrure traditionnelle, que j’aurais pu essayer d’ouvrir avec l’un de mes outils. Je rechignais à abandonner, si près du but. Jade était de l’autre côté de cette porte.

   Je remarquais alors l’état de la serrure : elle penchait. Comme si elle était …

"  … cassée … "

   Je m’en emparais aussitôt et tirais : la porte s’ouvrit. Je ne réfléchis pas et m’engouffrais dans la prison, profitant de ce miracle. Je trottinais jusqu’à la cellule du Jade pour finalement m’apercevoir … qu’elle n’y était plus.

" Que .. que … comment ? "

   L’avait-on délogée ? Non … Ce n’était pas possible … Je prêtais finalement attention à l’étrange déformation de l’un des barreaux, comme si quelqu’un avait tiré dessus de toutes ses forces pour l’ouvrir. Mais personne n’était capable d’un tel exploit …

 

 

 

   Sauf Tabatha Taylor et sa force herculéenne.

 

 

Lexique

Le Petit Trianon : il s'agit d'un château construit dans le parc du château de Versailles sous Louis XV. Il est écrit en italique car, par conséquent, le nom est français.

 

Voilà longtemps que je voulais écrire ce chapitre! Reste à savoir s'il est à la hauteur de mes espérances ... J'espère qu'il vous plaira, en tout cas à vous, mes biens aimées lectrices ^^

La fin se rapproche ...

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commentaires

S
<br /> <br /> Bonour, bonjour, j'adore, beaucoup... =) très très impatiente de lire la suite !!! =)<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Une autre lectrice ! Rooh ! Je suis contente de l'apprendre ^^<br /> <br /> <br /> <br />
G
<br /> <br /> Petites questions: "est-ce que tu comptes continuer d'écire, ou peut-être devenir écrivain ?"<br /> <br /> <br /> et<br /> <br /> <br /> "Est-ce que tu comptes faire publier Chess ?"<br /> <br /> <br /> Merci. Bisous. Ginny.<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> --> rendez-vous sur l'article "Toutes vos questions trouveront une réponse ... ou presque" ^^<br /> <br /> <br /> <br />
G
<br /> <br /> Argh! Je croyais qu'on aurait une information, même minime, mais non! tu as vraiment le don de me faire impatienter :). Je n'aurai résisté à aucun des passés, Killian ou Alexandre. C'est que, moi<br /> aussi, je suis curieuse ! Pff ! Le carreau est vraiment un snob; personne n'est parfait, comme l'a dit Lilian. Mais est donc passée Jade ? Ne savait-elle pas attendre Lilian pour s'enfuir :P ! Je<br /> suis très impatiente de voir le prochain chapitre, car ce chapitre est toujours aussi bien.<br /> <br /> <br /> Ginny.<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Décidément ... mes lectrices sont de grosses curieuses ! Heureusement que je ne suis pas comme le Carreau parce que sinon ... enfin bref ^^<br /> <br /> <br /> "Mais où est Jade ?" O_O Quelque part ...<br /> <br /> <br /> <br />
V
<br /> <br /> Aie Aie Aie, je n'aurais pas résisté dans le monde de Killian moi, je l'aime bien ^^<br /> <br /> <br /> Alexandre, Tabatha et Malcolm sont tellement renfermés et enfermés entre eux !<br /> <br /> <br /> Vivement la suite! J'ai bien l'impressions que Lillian a raté le sauvetage des deux autres =p !<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Ouh, la curieuse !<br /> <br /> <br /> Effectivement, la quatrième équipe est complètement en marge du reste du monde ! Ce chapitre permet de donner une forme tangible à la chose.<br /> <br /> <br /> Lilian ... s'est plantée ... en beauté ^^<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> <br /> hé oui, é g tro adoré, tu publie chaque chapitre après combien de temp?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> J'en publie environ un par semaine (quand je ne traîne pas ^^')<br /> <br /> <br /> <br />

Présentation

  • : Chess-Moonless Night
  • : Lilian Stevens, Morgan Jones et Jade Takano sont trois lycéennes américaines, se rendant au même lycée. Elles ne se connaissent pas, ou peu, mais vont être amenées à se rapprocher suite à l'arrive de la splendide et mystérieuse Tabatha Taylor ... Ce qu'elles ne savent pas encore, c'est qu'elles vont être emportées dans des aventures qu'elles n'avaient jamais imaginé ... Prêt à franchir le point de non-retour avec elle ?
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