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1 mai 2010 6 01 /05 /mai /2010 15:12

 

chapitre 28 - toile d'araignée

 

 

  • Arrête de gigoter !
  •  

  • Ce n’est pas de ma faute si le vent me pousse !
  •  

  • Tss …
  •  

Je réprimais un frisson, dû à un énième coup de vent.

  •  

  • Et puis, il serait quand même temps d’y rentrer, dans cet immeuble ! Ca fait une semaine que l’on note les mouvements des gardiens, le temps entre chaque relève, le…
  •  

  • Je sais. Mais Stanislas ne veut pas.
  •  

Malcolm parut surpris.

  •  

  • Stanislas ? C’est une blague ! On n’a pas besoin de son accord !
  •  

  • Bien sûr que si. Nous travaillons ensemble, qu’on le veuille ou non. Et c’est un spécialiste de l’infiltration.
  •  

  • Nous aussi.
  •  

  • On ne peut pas se permettre de négliger son avis. C’est une question de sécurité.
  •  

Mon cavalier se renfrogna.

  •  

  • Et donc ? Qu’est-ce qui le gêne ?
  •  

  • Je ne sais pas exactement. Cet après-midi, il devait justement vérifier ses hypothèses. Si elles se confirment, il nous en parle ce soir. Dans le cas contraire, nous agirons dès demain, quand Alex aura bien récupéré et que nous aurons mis au point un plan.
  •  

Malcolm n’ajouta rien et recommença à compléter notre fiche de renseignements. Pour ma part, je continuais à élaborer mentalement un plan d’infiltration en prenant en compte toutes les données que nous avions pu récupérer jusqu’à maintenant. Je me demandais ce qui poussait Stanislas et Killian à repousser l’opération : Malcolm avait raison, après une semaine de travail il était temps de passer à l’action. Mon biper sonna à ce moment précis et je le consultais : c’était le roi rook qui nous priait de regagner l’hôtel. Il devait en avoir fini avec ses tests.

  •  

  • On rentre, ordonnai-je à Malcolm.
  •  

 ***

 

 

Alex n’était pas dans notre suite quand nous la regagnâmes, je supposais donc qu’il était soit à la plage soit dans la chambre des filles. A cette dernière solution, la colère m’échauffa un peu – je commençais à avoir l’habitude, aussi, elle ne me saisissait plus aussi violemment qu’avant. Je regardais par la baie vitrée la plage mais ne l’y vis pas, je me dirigeais donc vers la suite des supposées " Trois Immortelles ".

Ce qui me frappa d’abord quand j’entrais, ce fut l’air paniqué de Morgan. Toutefois, comme celle-ci était une froussarde de première catégorie, je ne pouvais pas me baser uniquement sur son attitude à elle. Cependant, les autres personnes présentes ne valaient pas beaucoup mieux : Lilian paraissait elle aussi paniquée tandis que Jade semblait plus coupable qu’autre chose. Cette dernière était pourtant la plus sage du lot. Mon regard se posa sur Alex – il arborait également un air fautif.

  •  

  • Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
  •  

  • C’est entièrement de ma faute ! s’écria Jade, ce qui me surprit. Je suis la seule responsable !
  •  

  • Mais de quoi ?
  •  

Mon cavalier punk se releva et marcha jusqu’à moi.

  •  

  • Jade est sortie de l’hôtel …
  •  

J’écarquillais les yeux.

  •  

  • Comment ? ! Mais … Alexandre ! Je t’avais dit de ne pas faire de … !
  •  

  • Ce n’est pas de sa faute ! reprit celle qui se considérait comme la coupable. Je … !
  •  

  • Bien sûr que non, Jade ! Si je n’avais pas … ! la coupa Alex.
  •  

  • Non ! C’est moi qui suis sortie dans la rue !
  •  

  • Mais c’est moi qui t’ai poussée à sortir !
  •  

  • J’ai eu une réaction totalement disproportionnée ! Si je n’avais pas … !
  •  

A chaque hurlement, Lilian et Morgan se recroquevillaient et avaient l’air d’être un peu plus sur le point de pleurer.

  •  

  • Tu n’es pas responsable de cette situation !
  •  

  • N’essaye pas d’endosser la responsabilité de … !
  •  

  • TAISEZ-VOUS !
  •  

Les deux adversaires s’arrêtèrent et me dévisagèrent

  •  

  • Plutôt que de vous disputer, ce qui ne mènera à rien, racontez-moi ce qui s’est passé. Et objectivement.
  •  

Maintenant qu’elle avait été coupée dans son élan, Jade ne semblait plus être sur le point de dire quoi que ce soit. Aussi, ce fut Alex qui prit la parole.

  •  

  • J’étais sur la plage avec Jade …
  •  

Voilà qui commençait bien. J’avais beau être moins sensible qu’avant à la proximité entre mes cavaliers et mes trois protégées, je n’étais pas totalement immunisée.

  •  

  • … et pour plaisanter, je l’ai prise dans mes bras.
  •  

Morgan ouvrit en grand les yeux.

  •  

  • Je lui ai ensuite dit que j’agissais ainsi par pur intérêt sexuel.
  •  

Cette fois, ce fut à Lilian de faire une grimace. Pour ma part, je me représentais très bien la scène et la trouvais très amusante, bien que ses conséquences le soient moins.

  •  

  • Ca n’a pas plu à Jade, qui m’a donné un gros coup de coude dans le ventre puis s’est relevée en me criant – je cite – : " Sombre crétin, espèce de larve, ne m’approche plus jamais ". Elle s’est ensuite enfuie en courant. Seulement, elle ne pouvait pas retourner dans sa suite car elle avait perdu sa clef sur la plage. Je me suis lancé à sa poursuite et, pour m’échapper, elle a couru dans la rue. Je lui ai demandé de retourner à l’hôtel immédiatement, ce qu’elle a fait, puis elle a récupéré Morgan et Lilian aux jacuzzis. Nous sommes remontés ensemble ici. Pour finir, tu es arrivée.
  •  

J’inspirais un grand coup.

  •  

  • Je ne sais pas pourquoi les rooks ne veulent pas les filles sortent, c’est à Stanislas et à Killian d’évaluer les dommages. Ils ne devraient pas tarder, ajoutai-je après un coup d’œil à ma montre.
  •  

Alex hocha la tête. Malcolm arriva à ce moment-là dans la suite et, voyant toutes les têtes d’enterrement qui s’y trouvaient, s’empressa de me demander de lui expliquer le problème. Il afficha, après que je lui ai résumé la situation, une face mi-figue mi-raisin. Sans aucun doute parce qu’il avait envie de rire alors qu’il savait que ça nous plongeait dans une situation dangereuse. Malcolm finit toutefois par s’approcher d’Alex et par lui chuchoter :

  •  

  • Tu gères, vieux.
  •  

  • Je ne te le fais pas dire.
  •  

Ils s’entrechoquèrent les poings puis les paumes. Je levais les yeux au ciel avant de les reporter sur les trois filles.

" Quelle idée de participer à ce fichu stage en forêt … "

Je n’aurais pas été là et aurais eu plus de temps pour me consacrer à mes différentes activités, qui souffraient du temps que je devais consacrer à la protection des filles. Et on ne m’aurait peut-être pas obligé à travailler avec Stanislas et Cie.

Stanislas … La colère infiltra chaque particule de mon corps, de l’extrémité de chacun de mes cheveux aux bouts de mes orteils. Son don, associé à un Q.I de 140, m’inquiétait. Il était parfaitement capable de retenir pendant une durée conséquente chaque détail de mon comportement puis, au bon moment, de s’en resservir. De plus, comme si ça ne suffisait pas, je m’étais relâchée devant lui. Je haïssais une fois de plus mes insomnies répétées qui livraient à l’immonde personnage des indices sur un plateau d’argent. Je ne supportais pas de sentir son regard me suivre en permanence, dans l’attente de la moindre faille de ma part. Et puis, lui aussi était étrange.

" Tu es vraiment splendide "

C’était ce qu’il m’avait dit lors de notre premier vrai contact. Déjà à ce moment, il m’avait fixé, de ses yeux bleus aussi froids que les miens. Pourtant, il ne me connaissait pas. Il savait juste l’essentiel : il n’était pas bon d’affronter Tabatha Taylor en duel. Pourquoi alors était-il sorti du 4x4 en laissant Jade sans protection ? Certainement pas pour me faire un compliment – le premier depuis longtemps. Il fallait être stupide pour agir ainsi. Ou bien avoir un coup de fou …

  •  

  • Tss …
  •  

  • Un problème, Tabatha ?
  •  

Je tressaillis, ce n’était cependant que Malcolm.

  •  

  • Non. Je commence à trouver que Stanislas et Killian mettent du temps à revenir.
  •  

  • Ils sont peut-être tombés sur des aces … Entre Stanislas qui en tue un et Jade qui sort dehors … L’Ace Guild s’est peut-être doutée de quelque chose …
  •  

Mon cavalier avait dit la chose de manière neutre, sans chercher à blesser quiconque ou faire des reproches mais Jade se recroquevilla sur elle-même. Bien fait.

  •  

  • Ouvrez ! tonna une voix.
  •  

Je me précipitais sur la porte et l’ouvris : les rooks étaient derrière.

  •  

  • Qu’est-ce qu’il se passe ? m’inquiétai-je.
  •  

Stanislas et Killian haletaient, preuve qu’ils s’étaient dépêchés.

  •  

  • Venez dans notre suite, il faut qu’on vous parle de ce que nous avons découvert.

*** 

 

 

Killian débarrassa la table basse des affaires qu’il avait entreposé dessus avec son partenaire puis Stanislas disposa un petit appareil électronique avec des liasses de papier.

  •  

  • Qu’est-ce que c’est ? lui demandai-je en pointant du doigt l’appareil.
  •  

     

  • Un capteur à sons.
  •  

Je fronçai les sourcils. Je connaissais l’objet de nom mais je ne voyais pas ce qu’il pouvait avoir d’intéressant dans notre situation.

  •  

  • Pourquoi faire ? demanda à ce propos Alex.
  •  

     

  • La grande majorité de nos missions, avec Killian, sont de l’espionnage, lui expliqua le roi rook. Par conséquent, nous nous servons beaucoup de ce capteur, qui possède des facultés intéressantes si on sait bien s’en servir.
  •  

     

  • Lesquelles ? m’enquis-je.
  •  

     

  • Tu dois savoir que les sceaux, les barrières ou encore les Portes, par exemple, émettent des sons.
  •  

J’acquiesçai d’un mouvement de tête.

  •  

  • Seulement, l’oreille humaine n’est pas assez développée pour les percevoir, même chez les animaux, peu y arrivent. Encore moins pour les différencier, étant donné que la fréquence de ces sons n’est pas la même selon son émetteur. Cet appareil, m’apprit Stanislas en s’en emparant, est non seulement capable de les capter mais de bien les distinguer.
  •  

     

  • Nous savons déjà tout ça, le coupa Malcolm. Nous sommes quand même la quatrième équipe.
  •  

Même quand il ne savait pas, il ne pouvait pas s’empêcher de se mettre en valeur.

  •  

  • Je comprends que l’appareil puisse être utile mais je n’ai rien perçu, alors que je possède des attributs animaux. Je peux t’affirmer qu’il n’y a pas d’ultrasons aux alentours de la base ace.
  •  

     

  • Ce ne sont pas des ultrasons qu’émettent ce genre de choses, me révéla Killian. Sinon, tu penses bien que personne n’aurait songé à inventer ce truc.
  •  

Je fus un peu vexée devant l’air dédaigneux que la tour avait adopté en me faisant remarquer mon erreur mais je devais reconnaître ne pas être très calée dans ce domaine.

  •  

  • Votre capteur de sons a donc " entendu " quelque chose ? les interrogea Alex.
  •  

     

  • Oui, lui répondit Stanislas. Nous ne l’avons pas amené les premiers jours de notre observation parce que la Rook Guild ne met quasiment jamais en place d’installation douée dans des Q.G comme des aces à Miami, sous peine de se faire repérer. Et comme tu l’as fait remarquer, Tabatha, l’Ace Guild a un fonctionnement proche du notre. C’est par acquis de conscience que je m’en suis servi. J’ai bien fait : le capteur nous a informé qu’il y avait " quelque chose ". Seulement, nous ne l’avions pas programmé, nous avions donc dû remettre nos projets au lendemain. Nous avons testé avec les logiciels appropriés si ce " quelque chose " pouvait être une Porte, une barrière, un sceau … Ca m’a prit plusieurs jours pour écarter les possibilités les plus probables.
  •  

     

  • Tu n’as donc pas tout cherché ?
  •  

     

  • Non, c’est impossible en une semaine. Mais l’Ace Guild n’a pas tout copié de notre technologie, j’ai donc écarté tout ce que je savais qu’elle ne possédait pas.
  •  

     

  • Ce n’est pas " quelque " chose de courant alors ? poursuivit Malcolm.
  •  

     

  • Oui, sans aucun doute. Je me suis par conséquent servi d’un logiciel dit " d’apprentissage ", c’est-à-dire qu’il n’a aucune référence.
  •  

     

  • Pourquoi faire ?
  •  

     

  • Il me permet d’afficher la fréquence des sons perçus sans qu’elle soit influencée par d’autres données. Par la suite, je peux faire des recoupements.
  •  

     

  • Tu as réussi ? m’informai-je.
  •  

     

  • Et bien … Je ne suis pas sûr mais … je pense ne pas être loin de la vérité.
  •  

Mais oui, mais oui … Voilà qu’il me faisait le coup du " J’ai un Q.I de 140 mais je dois avoir tort, parce que, vous comprenez, il y a des gens qui sont plus intelligents que moi et que 140 ce n’est rien du tout, sauf pour vous, pauvres crétins dotés d’un Q.I moyen ". Il allait rapidement arrêter ça.

  •  

  • Et ?
  •  

     

  • Il vaut mieux que vous voyiez par vous-même.
  •  

Killian nous montra alors les papiers qu’il avait posés sur la table : des dizaines et des dizaines de courbes étaient imprimées, de nombreuses annotations ayant été écrités sur les bords des feuilles. N’étant pas spécialisée dans ce domaine, je n’étais cependant pas en mesure de comprendre la signification de ces courbes. Stanislas dut saisir mon problème car il s’empressa de me prendre les copies pour me les expliquer.

  •  

  • Il y a beaucoup de données car j'ai placé le capteur à différents endroits, dans un périmètre que j'avais défini au préalable. Je me suis ainsi aperçu que le " quelque chose " est composé de plusieurs " choses ".
  •  

     

  • Comment ? m'étonnai-je.
  •  

     

  • Ce qui signifie que ce n'est pas des émetteurs dont nous devons nous occuper en priorité mais de ce qu'ils alimentent, conclut Killian.
  •  

Je fronçai les sourcils.

  •  

  • Ils alimentent quelque chose ?
  •  

     

  • Oui. Regarde.
  •  

Le roi rook me tendit la dernière feuille du tas et me la mit sous les yeux. Ce que je vis finit me stupéfia – si l'on traçait des lignes pour montrer le sens de propagation du son, le dessin obtenu formait une sorte de toile d'araignée, dont les fils se croisaient tous au centre.

  •  

  • Qu'est-ce que c'est ? s'inquiéta Alex.
  •  

     

  • Ce qu'on appelle communément un Piège, lui répondit simplement Stanislas. Du coup, je suis bien incapable de dire de quoi il s'agit vraiment.
  •  

 ***

 

 

Je me retournais une fois de plus dans mon lit en repoussant mon drap. J'adoptais la pose dite de la " planche ", position de yoga censée favoriser le sommeil, comme toutes les nuits, en espérant que le sommeil finirait par me gagner. Je pressentais néanmoins qu'une fois de plus, il me fuirait. J'inspirais puis expirais profondément afin de me calmer. Je finis cependant par me retourner en direction d'Alex – cette nuit, c'était à lui et moi de se partager le lit double. J'aimais le voir dormir. Je trouvais ça reposant. Sa respiration était régulière, son visage paisible. Je me collais contre lui en espérant m'endormir en sentant l'odeur de ses vêtements, la même depuis que je le connaissais car il s'agissait de celle de la lessive qu'utilisait sa mère. J'avais l'impression de me retrouver des années auparavant, lorsque nous passions les étés chez Shannon. Je pouvais presque entendre le bruit si particulier des grillons, sentir l'odeur de toutes les fleurs qui abondaient en ce lieu. Ces moments me parurent tellement idylliques que je craignis un instant de les avoir seulement rêvés. Je savais pourtant que non.

Pourquoi le sommeil ne me gagnait-il plus aussi facilement qu'avant ? Pourquoi mon corps avait-il besoin d'aller au-delà de ses limites pour qu'enfin je sombre dans le domaine des rêves ? Je ne comptais plus le nombre de jours de cours que j'avais loupé à cause de ça, à cause de ses matins où ouvrir les yeux m'était impossible. Ne plus être conscient était pourtant si agréable ! Je ne ressentais plus rien, comme les morts. De toute manière, si je n'avais pas eu à cœur d'exterminer la Rook Guild, j'aurais fait en sorte de trépasser depuis longtemps. La vie était trop dure pour moi. Je souhaitais seulement qu'elle s'arrête. Que tout s'arrête : le désespoir, les regrets, la colère, la fatigue, la solitude – la nuit sans lune.

 

*** 

 

 

Je détestais les regards lubriques des vieillards à la plage, aussi je me débrouillais pour que, sur le chemin de la mer, mon matelas gonflable cache autant de parcelles de peau que possible. Nonobstant, je ne pouvais pas les empêcher de me mater les fesses quand je montais dessus. Et pas question de monter n'importe comment : je ne voulais pas avoir affaire avec l'eau froide de l'océan. Très peu pour moi.

  •  

  • Euh … Tu devrais peut-être regonfler ton matelas, Juliet …
  •  

J'eus un regard pour Jade puis pour mon matelas. Effectivement, elle avait raison. Je m'assis donc à côté d'elle puis me mis à l'œuvre.

  •  

  • Tu plaisantes ? Je ne le ferais pas.
  •  

Je tendis l'oreille, me demandant quelles raisons poussaient Killian à chuchoter.

  •  

  • Tu as peur ? murmura Malcolm avec des accents moqueurs.
  •  

     

  • Froussard ! renchérit Alex, à voix toujours aussi basse.
  •  

     

  • Matt, tu me fais honte, soupira Stanislas.
  •  

     

  • Tu tiens vraiment à te baigner une seconde fois, toi …, grogna la tour. Et je ne vois pas pourquoi ça serait à moi de le faire !
  •  

     

  • Je suis allergique à l'eau, se défendit le roi.
  •  

     

  • Ce n'est pas vrai ! Je propose que l'on décide de ça à pierre feuille ciseaux, proposa son partenaire.
  •  

     

  • Je suis pour ! accepta mon cavalier punk.
  •  

     

  • J’ai toujours eu une chance fabuleuse à ce jeu !
  •  

Malcoolm …

  •  

  • Allez … Pierre, feuille, ciseaux !
  •  

Déclaration qui fut suivie d’un grand blanc puis de :

  •  

  • Finalement, c’est bien à toi de t’y coller !
  •  

     

  • Je veux que l’on fasse une autre partie ! protesta Killian.
  •  

     

  • Et l’honneur alors ? répliqua Stanislas.
  •  

     

  • Tu ne devrais même pas avoir le droit de prononcer ce mot alors ne m’en parle pas ! répliqua la tour.
  •  

     

  • C’est toi qui a proposé que l’on joue ça à pierre-feuille-ciseaux ! lui rappela Alex.
  •  

     

  • J’ai compris ! Je vais le faire ! Mais ne vous avisez pas de faire en sorte que je me fasse choper !
  •  

Si je pouvais savoir de quoi ils parlaient, tous les quatre ! J’envisageai un instant d’envoyer les filles aux nouvelles mais, ne voulant pas leur adresser la parole, je n’en fis rien.

J’étais tranquillement couchée sur mon matelas, les yeux fermés, bercée par les vagues quand je perçus une présence. Un être vivant – animal ou homme, j’étais à ce stade incapable de le préciser – se rapprochait de moi. Il ralentit un instant, arrivé relativement près de moi, ce qui me fit croire qu’il devait s’agir d’un poisson.

" Tabatha … Un poisson, si près de la berge ? "

Décidant d’en avoir le cœur net, j’enfilai mes lunettes de plongée et mis la tête sous l’eau suffisamment pour voir ce qui se trafiquait sous la surface. Je ne vis rien. Rassurée, je retirai mes lunettes et me recouchai … pour sentir de nouveau la présence se rapprocher … puis mon matelas basculer ! Je ne pus retenir un hurlement quand je compris que je tombais de mon matelas puis quand mon corps fut englouti sous les flots. J’ouvris brièvement les yeux sous l’eau, assez pour distinguer cette fois-ci la silhouette de Killian. Ma tête sortie de l’eau, j’entendis immédiatement les rires provenant de la plage : mes cavaliers, les filles et Stanislas. Killian aussi riait, seulement, à la différence des autres (dont une partie avait, je le comprenais maintenant, conspiré contre moi), il était tout proche. Quand son regard croisa le mien, il comprit qu’il aurait dû se dépêcher de partir. Trop tard ! Je poussai un cri de rage et me jetai sur lui. Cependant, une fois sous l’eau, son corps se désagrégea immédiatement pour devenir de l’eau et se mêler au reste de l’océan. Voilà pourquoi je ne l’avais pas vu au début, son don était bien pratique pour ce genre de farce. Il réapparut quelques mètres plus loin et s’empressa de rejoindre le reste de la bande, me laissant seule avec ma honte et ma colère.

Je jurai intérieurement de lui rendre la monnaie de sa pièce, que ce soit demain ou dans plusieurs mois.

 

 

 

 ***

  •  

  • Où en êtes-vous ? chuchotai-je à mon oreillette.
  •  

     

  • Nous y sommes presque …, me répondit une voix couverte par des grésillements.
  •  

Il y eut un silence.

  •  

  • C’est bon, vous pouvez y aller.
  •  

     

  • On y va.
  •  

Je fis signe à Malcolm et Alex que l’opération commençait. Stanislas et Killian s’étaient infiltrés les premiers dans la base ace afin de neutraliser des gardiens et, en cas où mon équipe se retrouverait en mauvaise posture, d’attirer l’attention ailleurs. Par contre, seul Alex m’accompagnerait à l’intérieur de la base, Malcolm devant rester dehors pour réceptionner toutes les donnés que l’on pouvait nous envoyer au cours de la mission et nous transmettre celles qui lui paraissaient importantes. Le garder à l’extérieur pouvait également permettre de surprendre les aces en cas de confrontation, étant donné qu’ils ne soupçonnaient pas sa présence. Et puis, sans lui, nous étions déjà quatre à s’infiltrer, nous ne pouvions pas permettre une présence étrangère supplémentaire, comme Killian et Stanislas ne pouvaient pas se séparer et que j’avais besoin d’Alex en cas de bataille pour me protéger, il avait été décidé que celui qui resterait serait Malcolm. Nous avions pris le risque de laisser les filles seules mais nous allions rentrer tôt, pour le moment où les barrières de leur chambre faiblissaient, car c’était bien pendant la nuit que les protections étaient les plus efficaces : il était impossible pour l’Ace Guild de les forcer, leurs connaissances sur le sujet étant minces d’après ce qu’avait prouvé les derniers rapports de la Rook Guild.

Les informaticiens de la Rook Guild s’était chargé de déconnecter les alarmes et les caméras que nous leur avions indiquées, aussi, j’ouvris avec ma seule force la fenêtre par laquelle nous avions décidé d’entrer. A l’intérieur, je consultai le plan de la base, via mon agenda électronique, et indiquai aussitôt à mon cavaliers le chemin à suivre avant d’envoyer un message à l’équipe rook pour les informer de notre progression.

Nous parcourions les couloirs aussi facilement que si nous avions été des ombres, sans un bruit et sans que l’on nous oppose la moindre résistance – les quelques personnes que nous avions eu l’occasion de croiser ne nous avaient pas remarqué. Tout s’enchaînait comme prévu.

"  C’est trop simple "

Je pouvais compter sur le bout des doigts le nombre de missions de ce niveau qui s’étaient déroulées sans accroc, autant dire qu’elles n’étaient pas nombreuses. Il était impossible de tout prévoir à l’avance, le facteur " hasard " entrant systématiquement en jeu.

Je chassais cette idée de mes pensées, ne pouvant pas être au maximum de mes capacités sur ma mission si ma tête était ailleurs. Nous approchions en plus de la zone que Stanislas pensait susceptible d’abriter ce que les " quelques choses " alimentaient. Nous allions devoir tout fouiller. Les rooks devaient s’occuper, eux, de chercher dans les petits papiers, à savoir : qui séjournaient en permanence dans cette base, qui y travaillaient, quelles affaires ou types d’affaires y étaient traités. Cette nuit allait être chargée.

 

 

 ***

  •  

  • Il va falloir songer à rentrer …, me grésilla dans l’oreille Killian.
  •  

Je jetai un coup d’œil à ma montre, qui me confirma ce que m’avait dit la tour : le soleil n’allait pas tarder à se lever, ce qui rendrait notre sortie de la base plus dangereuse, et la barrière qui protégeait les filles n’allait pas tarder à perdre de son intensité.

  •  

  • Très bien. Encore une demi-heure et nous partirons.
  •  

     

  • Bien.
  •  

Je prévins Malcolm de l’avancé de nos projets et m’apprêtais à poursuivre mes recherches quand Alex revint du couloir qu’il avait exploré. Il secoua la tête pour m’indiquer qu’il n’avait rien trouvé, une fois de plus. Mais, en même temps, nous ne savions même ce que nous devions trouvé ! Ni sa forme, ni sa couleur, ni sa taille. Cela pouvait être n’importe quoi.

  •  

  • Tabatha … Cette porte …
  •  

Je me retournais vers mon cavalier puis dans la direction qu’indiquait son doigt.

  •  

  • Oui ?
  •  

     

  • Je l’ai vue plusieurs fois au cours de mes explorations.
  •  

C’était pourtant une porte toute simple, que rien ne permettait de distinguer de ses semblables.

  •  

  • Tu en es sûr ?
  •  

     

  • Je reconnais le trou de serrure.
  •  

Je l’examinais d’un peu plus près et m’aperçus que la serrure n’était pas si simple que ce qu’on aurait pu croire au premier abord : le trou présentait en effet une caractéristique que l’on retrouvait sur des portes transportables. Leur propriété était de se déplacer à intervalles de temps régulier dans un périmètre délimité, ce qui rendait leur localisation difficile. Idéal pour empêcher d’éventuels ennemis de trouver certains secrets … Cette serrure avait la marque que laissait inévitablement la pose d’un sceau.

  •  

  • Sors le briseur de sceau, ordonnai-je à Alex, il faut que nous allions voir ce qui se trouve de l’autre côté de cette porte … avant qu’elle ne parte.
  •  

Mon cavalier s’exécuta aussitôt et sortis d’une des poches de sa ceinture l’appareil, qui possédait la même force qu’un tire-bouchon. Il plaça l’extrémité pointu dans la serrure, ce qui provoqua un grésillement indiquant à coup sûr qu’un sceau était bien là, puis poussa le levier. Nouveau grésillement. Il dut répété l’opération une nouvelle fois, ainsi qu’une autre, pour que le sceau soit brisé.

  •  

  • Leur sceau ne sont pas terribles, commenta Alex. Ils se brisent comme rien !
  •  

     

  • Tant mieux pour nous. Avançons.
  •  

Le punk retira le briseur de sceau de la serrure, ouvrit la porte et me laissa entrer la première.

La porte ne cachait, pour le moment, qu’un étroit escalier en colimaçon qui partait vers le bas. J’envoyai l’info à Malcolm puis commençai ma descente avec Alex.

L’escalier ne semblait pas avoir de fin et j’envisageai un instant qu’un sceau lui ait été imposé pour nous faire descendre éternellement. Cela me semblait néanmoins invraisemblable, étant donné que l’entrée de l’escalier avait été la première installation douée que nous ayons rencontré et qu'il fallait bien que les aces mettent à l’écart de leur entreprise – qui embauchait des gens normaux – tout ce qui concernait leurs affaires spéciales.

Au bout d’une dizaine de minutes, d’après ma montre, nous arrivâmes à la fin de l’escalier. J’entendis immédiatement des voix et fis signe à Alex que nous allions devoir être très prudents, les couloirs n’allaient pas être aussi vide que tout à l’heure. Je consultai ensuite mon agenda électronique mais m’aperçus que cette partie de la base ne figurait pas sur ma carte. Il allait falloir se déplacer à l’aveuglette tout en gardant à l’esprit que nous allions devoir repartir dans vingt minutes. Une autre infiltration allait être indispensable pour percer tous les secrets de cet endroit.

  •  

  • Tabatha … Par ici !
  •  

     

  • Quoi ?
  •  

     

  • Regarde !
  •  

Nous nous engageâmes dans une impasse entre ce qui semblaient être deux bureaux mais qui se terminait par une vitre. Sur quoi donnait-elle ? Mes yeux s’écarquillèrent sous la surprise.

  •  

  • Qu … Qu’est-ce que c’est ? balbutia Alex.
  •  

La vitre surplombait une vaste salle dans laquelle était aligné, comme dans un cimetière, des rangées entières de caissons transparents qui abritaient des humains, apparemment endormis et reliés à des appareils à côté de leur espèce de cercueil par des tubes en plastique.

  •  

  • Je ne sais pas … Mais Stanislas et Killian seront peut-être capable de nous le dire … Dans tous les cas, ne nous attardons pas, il faut trouver le " quelque chose ".
  •  

Après encore quelques coups d’œil, nous nous éloignâmes de la vitre et poursuivîmes notre exploration.

Je finis par comprendre que l’organisation de cet étage sous-terrain était circulaire et déduisis que si le " quelque chose " était bien ici, il devait être au centre. Cependant, s’y rendre allait nécessiter d’emprunter les couloirs les plus passants. Je pesais un instant le pour et le contre puis me décidais à avancer autant que je le pourrais sans attirer l’attention. Alex envoya un message à Malcolm pour lui demander de mettre les rooks au courant de l’avancé de notre progression tout en leur spécifiant de ne pas nous contacter, hormis en cas d’extrême urgence. Nous étions au cœur de la base ace et je ne tenais pas à perdre cette chance unique que nous avions de dénicher le " quelque chose ".

Collée à la paroi des couloirs, j’observais cette étrange pièce cylindrique qui semblait trôner au centre de l’étage. Je retins ma respiration quand un ace passa devant le couloir où je me trouvais avec mon cavalier. Heureusement, il ne nous remarqua pas – une chance. Néanmoins, un coup d’œil à ma montre m’apprit qu’il était temps de rentrer. Au diable l’heure ! J’étais sur le point de découvrir le but de notre expédition. Mon seul soucis était les deux colosses qui gardaient l’entrée de la pièce : si je les assommais, les aces allaient savoir que des espions étaient rentrés et cela, combiné avec la sortie de Jade, finirait de les alerter, nous obligeant à repartir à Denver pendant que l’Ace Guild renforcerait ces mesures de sécurité. Je regagnais un couloir plus éloigné pour éviter que les aces ne nous entendent et exposais à Alex la situation et le plan que je venais d’élaborer.

Il consistait à attirer l’attention des aces dans les étages supérieurs de l’immeuble, suffisamment pour que les deux gardes quittent provisoirement leur poste. Je comptais pour cela sur Stanislas et Killian, qui avaient terminé leurs investigations aux dernières nouvelles. Pendant ce temps, nous – Alex et moi – pénétrerions dans la salle anciennement gardée, prendrions des photos puis placerions une bombe. Pour ressortir, j’optais pour l’improvisation totale, ce qui nous avait toujours bien réussi jusqu’à présent.

  •  

  • Tu es complètement folle !
  •  

Visiblement, l’idée ne plaisait pas à mon cavalier.

  •  

  • Nous n’avons pas le temps de faire plus élaboré, contrai-je. Et nous l’avons déjà fait.
  •  

     

  • D’habitude, nous avons des plans plus précis que ça ! C’est du suicide ! Surtout la fin !
  •  

     

  • Tu es libre de remonter à l’étage. Moi, en tout cas, je vais le faire.
  •  

Alex se renfrogna.

  •  

  • Tu sais bien que je ne peux pas t’abandonner comme ça.
  •  

     

  • Evidemment.

 

  ***

 

 

Les alarmes commencèrent à retentir une dizaine de minutes plus tard mais il fallut quelques minutes supplémentaires pour que les cerbères reçoivent l’ordre de quitter leur poste. Je ne me décollais du plafond qu’une fois que le bruit de leurs pas montant l’escalier me soit parvenue, avant de me diriger vers la porte qui m’intéressait. Elle était, bien entendu, fermée à clef. Je la défonçais d’un coup de pied et m’engouffrais dedans, suivie par Alex.

Sur les murs, se trouvaient des sceaux, plutôt petits – les récepteurs de l’énergie qu’envoyaient les différentes installations dont Stanislas avait perçu les sons. Le " quelque chose " que nous recherchions était pour sa part sous nos pieds et il s’agissait d’un sceau gigantesque, tracé sur toute la surface au sol de la pièce. Je me mis à l’instant même à tâcher de le déchiffrer, pour découvrir ses caractéristiques et ce à quoi il servait.

  •  

  • C’est un sceau d’espace, conclut mon cavalier, mais … il ne permet pas de se déplacer…
  •  

J’en étais arrivée à la même conclusion, moi aussi sans arriver à vraiment comprendre sa particularité. Enfin, de toute manière, il allait bientôt être détruit. Alex me sortit une bombe à retardement, que je programmais pour sauter dans quarante minutes. Je la plaçais au centre de la pièce et m’apprêtais à la mettre en route quand mon partenaire m’en empêcha :

  •  

  • Non ! Tabatha !
  •  

Il m’empoigna par le bras et se dirigea vers la sortie. Je me dégageais et lui demandais des explications :

  •  

  • Ca ne va pas, non ? Qu’est-ce qui te prend ?
  •  

     

  • Ce n’est pas un vrai sceau, Tabatha ! C’est une copie ! Cette salle est un piège !
  •  

Je fronçai les sourcils.

  •  

  • Quoi ? Tu plaisan …
  •  

Mais, à cet instant, débarquèrent comme par magie dans la salle Stanislas et Killian, légèrement amochés. Tous les sceaux se désagrégèrent au même moment, ne laissant rien derrière eux que quatre prisonniers tandis que la salle se métamorphosait – la porte que je venais de démonter rentra dans ses gongs, entre autre, les murs parurent s’épaissir. Un bruit de serrure se fit entendre en parallèle : on venait de nous enfermer de l’extérieur.

  •  

  • Ils avaient tout prévu depuis le début …, souffla Stanislas. Les aces ont dû repéré l’un d’entre nous au début de l’infiltration et ils ont mis en place ce piège …
  •  

     

  • Comment ? ! Et pourquoi êtes-vous là ? m’écriai-je.
  •  

     

  • L’un des aces devait avoir un don de téléportation … Nous nous sommes retrouvés dans cette pièce sans rien comprendre …, m’expliqua Killian.
  •  

     

  • Je … je vais nous sortir de là ! leur assurai-je. Je …
  •  

J’avais démonté cette porte une fois, je pouvais bien le faire une seconde fois !

  •  

  • Le vrai problème, Tabatha, c’est l’heure ! me coupa le roi rook. La barrière qui protège les filles ne va pas tarder à faiblir !
  •  

Je regardais ma montre, qui me confirma son diagnostic.

  •  

  • Et les aces savent qu’il n’y a personne pour les défendre …, termina la tour.
  •  

     

  • Ce n’est pas vrai ! protesta Alex. Malcolm est toujours dehors !
  •  

Sous le coup de la panique, j’avais oublié la présence de mon deuxième cavalier. Les aces aussi, sans doute. Pourtant, il était notre dernière chance.

 

 

 

 

Subject : No subject

From : Tabatha Taylor

" Malcolm, dépêche-toi de retourner à l’hôtel, nous sommes pris au piège et l’Ace Guild va en profiter pour s’emparer des filles ! Dépêche-toi ! "

-------------------------------------------------------------------

--> Message envoyé via le service messagerie de KPDA (Knight Personnal Digital Assistant)

 

 

Lexique :

"Subject" : sujet, en anglais

"From" : indique l'expéditeur

"Knight Personnal Digital Assistant" : assistant numérique personnel, "knight" ayant été rajouté pour montrer qu'il s'agit d'un modèle provenant de la Knight Guild.

 

Voilà le dernier tournant de l'histoire, qui devrait prendre fin dans au grand maximum 10 chapitres ! Je ne vous raconte pas l'émotion (pour moi) ... Les évènements vont s'accélérer pour finalement s'arrêter ... et reprendre dans le volume 2 !

J'espère que vous, mes chers lecteurs, me suivrez jusqu'au bout de ce premier volume !

Et désolée pour la très longue attente entre le chapitre 27 et celui-ci, je ne le referai plus !

N'oubliez pas de voter pour moi sur legendesetverites.over-blog.com

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27 avril 2010 2 27 /04 /avril /2010 18:49

Les votes pour les Manuscrits Awards ont commencé ! Vous n'aurez même pas besoin de laisser un commentaire, il vous suffira de répondre à un sondage comme je l'ai fait pour les miens !

Alors n'hésitez pas !

legendesetverites.over-blog.com

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23 avril 2010 5 23 /04 /avril /2010 20:55

Cet article (et non, toujours pas de nouveaux chapitres mais ça ne devrait plus tarder) pour vous faire part de ma participation aux Manuscrits Awards, organisé par la communauté "Manuscrits des futurs auteurs". Le modérateur a eu l'excellente idée de mettre en place ce concours, qui ne comptera qu'un gagnant.

Pourquoi donc, devez-vous vous demander, est-ce que je sollicite mes chères lectrices ? (Si malgré tout il y avait des hommes, qu'ils se dénoncent !) Tout simplement parce que ce concours désignera son gagnant selon les votes des ... lecteurs des histoires en lice pour le concours !

J'ai besoin de votre aide !

Les inscriptions se terminent le dimanche 25 Avril (donc cette semaine !) et les votes commencent dès le lendemain ! C'est pourquoi je vous supplie de voter pour moi à partir de lundi pour tenter de me faire remporter les Manuscrits Awards en vous rendant sur le site du modérateur de la communauté : legendesetverites.com ! Mais n'oubliez pas, seulement à partir de lundi ! Pour les lecteurs qui n'oseraient pas, sachez qu'il vous suffira de poster un commentaire en précisant que vous votez pour "Chess Moonless Night", de Clo# ! Vous n'êtes pas obligées de mettre votre adresse e-mail, vous ne recevrez aucune pub ni rien du tout !

S'il vous plaît ! Et merci d'avance !

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18 avril 2010 7 18 /04 /avril /2010 16:15

Cliquez sur les liens !

 

http://www.pixule.com/sondage.swf?key=103995405185"

 

http://www.pixule.com/sondage.swf?key=103996085201

 

http://www.pixule.com/sondage.swf?key=103996524234

 

http://www.pixule.com/sondage.swf?key=103997620842

 

 

N'hésitez pas à donner votre avis avec un commentaire !

Un grand merci à Mélissa, ma copine de délires chtarbés et mon épouse chérie ;)

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17 avril 2010 6 17 /04 /avril /2010 11:22

Coup de coeur n°2

 

New Dawn 1.Versus

 

pub-new-dawn.jpg

 

Quatrième de couverture :

Lira a quinze ans. Elle et son frère Matt ont perdu leurs parents et depuis n'ont jamais réussi à retrouver une vie normale. Ils décident repartir à zéro et s'installent dans une petite ville calme... du moins en apparence. Car là, vit Kya, une belle et mystérieuse vampire de 200 ans et James.
   Découvrez la naissance d'une amitié improbable entre deux âmes que tout oppose, leurs espoirs, leurs combats... et leurs amours dans un monde où la nuit cache bien des choses ténébreuses et violentes...."
"Dans un monde inspiré de Twilight et Underworld, suivez ce récit à deux voix de ces jeunes filles qui ne manquent pas de romance et d'humour..."

 

Tout comme moi, l'histoire est raconté de deux points de vue : celui de Kya et de Lira, les héroïnes, ce qui permet de plonger dans deux univers différents puisque l'une d'elle est un vampire et l'autre une humaine. On a ainsi deux visions différentes sur les situations que traversent les personnages. Le style d'écriture est agréable et les quelques fautes ne gênent pas la lecture. Je me suis rapidement plongée dans l'histoire, que les points de vue s'alternent donnent à chaque fois envie de savoir ce qu'à penser l'autre personnage ! Certains pourraient penser qu'il ne s'agit que d'un remix de Twilight et de Underworld, néanmoins les auteurs (Eve et Raphaëlle) ont bien su développer un univers à part, malgré quelques scènes twilightiennes et underworldiennes qui seront effacées lors de la réécriture de ce premier volume. Plutôt qu'un remix, je parlerai de mix !

N'hésitez pas à vous faire vampiriser !

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12 avril 2010 1 12 /04 /avril /2010 11:17

Cet article pour vous prévenir, chers et bien aimés lecteurs, que je pars chez mes grands-parents aujourd'hui et que je ne reviendrais pas avant ... vendredi (je refuse de louper sur Arte "Nausicaä de la vallée du vent", comme je refuse de louper ce soir "Le château Ambulant" - oui, je suis fan du Studio Ghibli).

Comme vous l'aurez deviner, je ne publierai pas de chapitre pendant cette période. Néanmoins, comme je compte bien emmener mon ordinateur portable, je serais en mesure de continuer à taper Chess pendant cette période - sachant que je ne peux écrire que sur ordinateur : le bruit des touches me berçent ^^

Je vous dis donc "A bientôt !" et "J'ai hâte de vous retrouver sur le blog pour la suite et fin du premier volume de Chess !".

Clo#

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11 avril 2010 7 11 /04 /avril /2010 13:25

 chapitre-27---horizon-mer.jpg

 

   Le silence. Une sensation de paix impossible à éprouver sur Terre … Les hautes herbes qui me caressent la joue … Je sais où je suis. Dans le monde de la Femme. J’ouvre les yeux et relève mon buste. Comme je l’ai imaginé, elle est devant moi. En apesanteur.

" Jade … Cela faisait longtemps que nous ne nous étions vues … "

   Elle porte son habituelle robe blanche, qui flotte au gré du vent.

" Je suis ravie que tu l’ais rencontrée … "

  La dernière fois que je me suis retrouvée dans ce monde, je ne savais pas de qui elle parlait. Pourtant, cette fois, la réponse me paraît évidente. Cependant, je n’arrive toujours pas à émettre un son.

" Ne la trouves-tu pas belle ? "

   Sa question confirme mon hypothèse. C'est bien de Tabatha qu'elle parle. Mais quel rapport ?

" Ne te précipite pas, Jade … Chaque chose arrive en son heure. "

Lit-elle dans mes pensées ? Après tout, c’est son monde.

Elle se rapproche et finit par se trouver tout contre moi. A ce moment, elle se laisse tomber avec grâce au sol puis pose ses mains sur mes joues. Sa peau translucide tranche avec ma couleur d’orientale.

" As-tu vu les chaînes ? "

Ne pouvant parler, je secoue la tête. Non, je ne sais toujours pas de quoi elle parle. Les traits de la femme se serrent.

" Il faudra les rompre pour l’ultime bataille … Les chaînes entravent ses mouvements … "

   Quelle bataille ? Ce qu’elle me dit commence à m’effrayer.

" Je vous ais choisi pour les briser … Vous avez été désignées par votre sang … Il me fallait l’Ennemie, la Rêveuse et l’Etrangère … "

   Je ne comprends pas. " Vous " ? Je ne suis donc pas la seule à la voir ?

" Je vous ai donné toutes les clefs pour triompher des épreuves … Votre première mission consiste à la libérer de ses chaînes … Sinon, elle ne viendra pas … "

  Elle attend quelqu’un ? Et cette personne est prisonnière de chaînes ? Le visage de Tabatha apparaît de nouveau dans ma tête. Mais quel rapport entre elle et les chaînes ? Pourquoi serait-elle attendue par la Femme ? Elle pose alors un de ses doigts sur ma bouche.

" C’est un secret. Il ne faut pas en parler. "

   Mais comment faire dans ce cas pour comprendre ? Pour remplir ma mission ?

" Je ne peux pas beaucoup vous aider … Je suis trop faible pour intervenir directement dans votre monde … Ma dernière apparition m’a épuisée … Mais je peux vous donner un indice … "

   Je ne suis pas sûre de la réaction que je dois adopter : dois-je me réjouir d’en apprendre un peu plus ou m’inquiéter d’être plongée dans une intrigue dont je ne comprends pas les enjeux ? Elle ne me donne pas l’occasion de me mettre d’accord – elle approche sa tête de mon oreille et me murmure :

" La neige … Tout commence et tout finit avec la neige … "

   Je fronce les sourcils. La neige ? J’entrouvre ma bouche et, comme par miracle, me sent la force de parler :

-    Quel .. Quel est ton nom ? 

   Le vent se lève, couchant l’herbe. Et m’emportant loin de la sérénité du monde de la Femme.

 

 

   Je me réveillais brusquement, le souffle court. Cela faisait quelques temps que la Femme ne m’était pas apparue. Pourquoi maintenant d’ailleurs ? La dernière fois, c’était avant l’arrivée de Killian et d’April, avant mon kidnapping. Qu’allait-il se passer ?

   Je sortis du lit et me dirigeai vers la baie vitré, que nous avions décidé de ne jamais fermer, avec Morgan et Lilian : voir le point de l’horizon où semblaient se réunir le ciel et l’océan était magique. Je collai mon front contre la vitre et réfléchis à tout ce que m’avait dit la Femme. Si ce que je supposais était vrai, la personne que je devais attendre depuis mon plus jeune âge était Tabatha. Et j’étais sensée la libérer de " chaînes " pour qu’elle puisse avoir une liberté totale de mouvement lors de " l’ultime bataille ". De plus, j’avais été vraisemblablement choisie à cause de mon " sang " pour triompher d’épreuves … que devrait affronter Tabatha ? La Femme m’aurait donné tous les moyens de la faire triompher. Mais dans quel but ? Je devais être épaulée par deux autres personnes. Je pensais être " l’Etrangère ", me manquait " l’Ennemie " et " la Rêveuse ". Pour finir, la Femme m’avait donné un indice pour " rompre les chaînes ".

" Tout commence et tout finit avec la neige "     

Je ne comprenais rien à ce qui m’arrivait. Ni pourquoi je devais faire ce que me demandait la Femme, ni pour quoi. Je ne savais même pas qui elle était ! Je ne voyais pas son visage mais il me semblait qu’elle ne vieillissait pas …Immédiatement, mon esprit pensa à l’un des Trois Immortels, que les rooks et les aces me soupçonnait d’être, mais le mot qui s’échappa de ma bouche fut tout autre :

-   Loreleï …

 

 

 

-    Nash restera ici aujourd’hui.

   La décision de Tabatha paraissait irrévocable mais Alexandre rechigna :

-    Puisque je te dis que je vais très bien !

-    Tu vas trop bien justement. Tu resteras au Setaï.

-    Je …

   Sa reine lui lança un regard menaçant et il se tut. Elle avala ensuite une poignée de cachets sortis d’une boîte de médicaments en plastique blanc, qu’elle prenait tous les matins sans exception, tout comme Stanislas, au petit-déjeuner. L’air dépité du punk me fit sourire, ce qu’il ne manqua pas de remarquer. En guise de réponse, il me tira la langue, amusé. Tabatha me jeta un regard incendiaire, ainsi qu’à son cavalier, tout en mâchant des céréales.

-   C’est quand même dingue, lâcha Killian.

   Surprise, je lui demandais de quoi il parlait. J’étais en parallèle en train de m’appliquer de la crème solaire, assise sur ma serviette au bord de la plage.

-    Elle n’est pas en sucre, elle pourrait supporter qu’une goutte effleure son épiderme délicat, poursuivit-il en faisant de grands gestes.

   Il désignait Tabatha, une fois de plus en train de monter sur son matelas géant gonflable en tâchant de ne pas se mouiller.

-    Enfin, au moins, elle, elle profite de l’océan, répliquai-je, moqueuse. Ian (Stanislas) ne s’est pas baigné une seule fois, si je me souviens bien.

   Je m’étonnais chaque jour un peu plus de la décontraction avec laquelle je parlais à chaque doué, hormis Tabatha. Ce voyage me permettait de me rapprocher d’eux malgré ma timidité légendaire. Killian ne faisait pas exception, bien qu’il m’ait intimidé au début, de par son caractère bougon et changeant. Il se révélait maintenant un compagnon agréable. Ses réactions m’amusaient toujours beaucoup, son visage adoptant une multitude d’expressions différentes en très peu de temps. Après ma remarque, il avait d’ailleurs froncé les sourcils, n’ayant sans aucun doute jamais réalisé l’absence de Stanislas dans l’eau. Il se retourna vers son partenaire et l’apostropha :

-    Mauviette !

   Stanislas, qui réfléchissait, le dévisagea, interloqué.

-    Pardon ?

-    Tu as bien passé ton diplôme de natation, non ?

-    Bien entendu. Comme chaque rook.

-    Alors pourquoi tu ne piques pas un petit plongeon ?

   Le roi fit la grimace.

-    L’eau … Très peu pour moi.

   La tour sourit et se leva, un sourire malin aux lèvres. Tout comme moi, Stanislas comprit le sort qui l’attendait et il leva le bras, en signe défensif.

-    Non, Matt (Killian). Ne fais pas ça. Je te l’interdis.

-    Un peu de sport ne te fera pas de mal !

-    Non ! Matt ! Non !

-    Qu’est-ce qui se passe ?

   Malcolm, dégoulinant, s’assit à côté de moi, laissant Alexandre, Lilian et Morgan dans l’eau.

-    Matt veut mettre Ian à l’eau, lui expliquai-je.

-    J’en suis !

   Il se releva et aida Killian à traîner le roi jusqu’à l’extrême limite de la plage. Le cavalier blond et Morgan les encourageaient à grands cris tandis que Lilian applaudissait. Même Tabatha regardait la scène, perchée sur son matelas, l’air vaguement réjoui.

-    Vous faîtes ça, je jure que … Matt, je le dirais à Apri … !

-    Tant pis !

   Sans plus de manière, Stanislas fut jeté à l’océan. Alexandre se jeta sur lui et lui colla la tête dans l’eau. La victime se dégagea et s’éloigna.

-    Et bien voilà ! J’y suis ! Maintenant, je peux ressortir !

   Il avait croisé les bras sur son torse, mécontent. Pour ma part, j’étais pliée en deux, ainsi que tous les spectateurs de la scène.

 

 

-    Ne fais pas de bêtises. Laisse les filles tranquilles. Ne sors pas de l’enceinte de l’hôtel. Ne …

-    J’ai compris, Juliet ! s’exclama Alexandre. Je m’enfermerai dans un placard et y resterai jusqu’à ton retour.

-    Je ne t’en ai pas demandé autant. Contente-toi de rester calme.

   Puis, comme s’il avait été son chien, Tabatha lui tapota gentiment le haut du crâne. Au même moment, une main s’abattit sur mon épaule : Stanislas. Il souriait de manière exagérée, ce qui m’inquiéta.

-     Viens ici, trente secondes.

   Nous nous éloignâmes un peu. Que pouvait bien me dire le roi rook qui nécessita que personne ne nous entende ?

-     J’aurai … un service à te demander.

   Sachant que Stanislas avait un côté calculateur, je me raidis. J’avais beau bien m’entendre avec lui, il m’inquiétait tout de même. Je ne savais pas trop ce qui se passait dans sa tête. J’étais sur mes gardes.

-    Lequel ?

-    Hum … Il faut que tu me promettes de n’en parler à personne.

-    Ca dépend. Parle d’abord.

-    Il parut évaluer les risques avant de me faire part de sa demande :

-    Je voudrais que tu énerves Alexandre.

-    Pourquoi faire ? m’enquis-je, soupçonneuse.

   Il grimaça.

-    Je ne te demande pas de le faire sortir de ses gonds. Juste de … le fâcher un peu.

-    Mais je ne veux pas me disputer avec lui.

-    Je ne veux pas que tu te disputes …

-    Et puis, je ne vois pas comment je ferais, le coupai-je.

-    Médit sur Tabatha …

   Notre conversation prenait vraiment des allures de conspiration.

-    Mais pour quoi faire ? insistai-je.

-    Tu pourrais lui faire des remarques sur son mauvais caractère ou bien …, continua-t-il comme si je n’étais pas intervenu.

-     Ecoute, Stanislas, je … je n’ai pas envie de le faire. Désolée.

   J’avais toujours du mal à refuser quelque chose aux gens, même quand l’idée ne me plaisait vraiment pas. Mais pour le coup, je pressentais de gros ennuis si je suivais le roi dans son petit jeu. Cela ne l’empêcha pas, malgré mon refus, de serrer le poing en levant le pouce, avec un sourire complice accompagné d’un clin d’œil quand il rejoignit ses collègues, au moment de partir.

" Je m’en fiche, je ne ferai rien. "

 

 

 

   Nous étions en plein milieu d’après-midi. Je jouais avec Morgan et Lilian à un jeu de cartes dans notre suite – à la bataille, plus précisément. Alexandre était dans sa suite lui aussi. Pendant un temps, il s’était amusé à nous envoyer des SMS aux connotations douteuses que nous avions tâché d’ignorer, dans la mesure du possible, mais nous n’avions plus de ses nouvelles depuis un moment. De sa part, ça devenait même étrange, bien qu’un peu de calme soit agréable.

-     J’arrête, il faut que j’écrive une lettre à mes parents, nous prévint Lilian en laissant tomber son paquet de cartes. Sinon, ils vont s’inquiéter et me mener la vie impossible.

-     D’accord.

   Morgan s’affala dans le canapé et mit en marche la télé. Je m’installais à côté d’elle avant de décider de rendre visite au cavalier, histoire de vérifier qu’il n’était pas en train de causer involontairement un incendie – l’une des choses envers laquelle Tabatha l’avait mis en garde. Ma camarade brune me fit une réflexion du genre " Tu t’inquiètes pour lui ? " avec une expression équivoque sur le visage, à laquelle je ne réagis pas, ce qui dans le cas contraire l’aurait incité à poursuivre ses remarques.

   Je sortis de la suite et me dirigeai vers celle d’Alexandre, la clef de ma chambre et de la sienne en main. En effet, chacune de mes deux compagnes ainsi que moi possédait la clef des suites des doués, pour qu’en cas de danger nous puissions nous y réfugier. Néanmoins, arrivée devant le pas de la porte, je me sentis gênée. Qui sait ce qu’un énergumène tel qu’Alexandre était capable de faire derrière cette porte ? Il pouvait également être en train de prendre sa douche ou bien de … Je collais mon oreille à la porte, ne perçue pas le bruit de l’eau, ni celui de la télévision ou d’une quelconque musique. Inspirant un grand coup, je frappais à la porte. Personne ne m’invita à entrer, j’envisageais un instant que le punk ait pu descendre à la plage ou bien soit en train de profiter du spa, par exemple. J’entrais tout de même, en faisant le moins de bruit possible.

   D’emblée, je fus surprise par le silence qui régnait – ce qui alimentait ma théorie selon laquelle le cavalier était parti profiter des avantages de l’hôtel. Je jetais cependant un coup d’œil au salon, où je ne vis personne, avant de me diriger vers l’espace " chambre ". Je m’arrêtais net. Allongé sur le lit, torse nu, dormait Alexandre. Il portait juste ce qui devait être son bas de pyjama. Cette scène provoqua chez moi diverses réactions. La première fut l’étonnement : pour moi, le punk pouvait être le cousin d’un poi sauteur, une énergie continue semblant les habiter toute la journée. Aussi, le voir sans la moindre énergie me perturba, ça ne cadrait pas avec l’image que j’avais de lui. La seconde … je n’aurais su dire ce que c’était. Si j’avais du décrire les symptômes, j’aurais parlé de battements de cœur beaucoup trop de rapides et bruyants, comme si mon cœur avait déménagé derrière mes oreilles. Toujours est-il que je me trouvais de trop dans cette pièce. J’entrepris donc de me retirer. Malheureusement, ma chaussure accrocha le parquet, provoquant un terrible grincement dans la suite. Je me statufiais, espérant que l’ignoble son ne tirerait pas Alexandre de son profond sommeil. Il gémit, comme quand une personne qui n’a rien demandé est dérangé dans son sommeil par une fille un peu bête (de surcroît qui est entrée dans la chambre de ladite personne sans y être invitée), et se tortilla. Après de très longues secondes, sa respiration reprit toutefois un rythme régulier. Je soupirais d’aise intérieurement et me mis sur la pointe des pieds afin d’éviter tout bruit perturbateur.

-    Jade ? geignit une voix.

   Je me stoppais.

-   Je venais juste voir ce que tu faisais. Ne t’inquiète pas, je sors. Dors.

-    Pff … C’est pas la peine. Je ne me rendormirai pas.

   Je me retournais et constatais qu’Alexandre s’était relevé à l’aide de ses coudes.

-    Désolée … Je ne voulais pas te …

-    C’est pas grave.

    Il se frotta les yeux et s’assit sur le rebord du lit.

-    Qu’est-ce que tu voulais ? Il y a un problème ?

-    Non, non, non … Je … venais juste voir comment tu allais, chuchotai-je.

-    Quoi ?

   Je crus qu’il le faisait exprès mais à son air à moitié endormi je compris qu’il ne m’avait vraiment pas entendu.

-    Je venais voir comment tu allais.

   Le dire à haute (et intelligible) voix augmenta mon nombre de pulsations cardiaques.

-    C’est gentil.

   Il eut alors un sourire inédit. Venant d’Alexandre, il avait bien entendu un côté enfantin mais … ce n’était pas le même que d’habitude. Ce sourire était beaucoup plus … doux. Je me sentis rougir. Il n’y avait pas que son sourire, c’était tout Alexandre qui paraissait transformer. Cela avait beau être les mêmes yeux, le même visage, ils me semblaient différemment, emprunt d’une beauté inhabituelle. Peut-être celle de l’innocence, étant donné que le punk n’avait pas encore mis en marche sa machine à vannes. Quand il m’avait dit " C’est gentil ", aucune moquerie, aucun double sens n’était venu défaire la " pureté " de sa phrase. Ses mots me touchèrent en plein cœur, qui était déjà bien affolé. Je craignais que le cavalier ne finisse par en percevoir les battements, tellement la suite était silencieuse.

-    Euh … Je ne vais pas te déranger plus longtemps …

-    Non, c’est bon … De toute manière, je vais descendre à la plage. Si tu veux, on peut y aller ensemble ?

   Cette sorte de douceur qui émanait d’Alexandre suintait de chaque mot qu’il prononçait, me perturbant un peu plus à chaque syllabe. Je me devinais rouge comme une pivoine.

-    Ah … euh … d’accord …

-    Je m’habille et j’arrive.

   Il se leva, farfouilla dans son sac de voyage placé de l’autre côté du lit, et se rendit dans la salle de bain tandis que je l’attendais près de la porte d’entrée. Quand il fut prêt, il attrapa son mp3 et me rejoignit.

-    Je vais prévenir les filles que je descends avec toi … Tu n’as qu’à m’attendre dans le hall.

   Alexandre approuva d’un mouvement de tête et se dirigea vers le hall pendant que je rejoignais ma suite. Quand j’entrais, Morgan et Lilian se préparaient, pour quoi, je ne savais pas.

-    Ah ! Jade ! On voulait faire un tour aux jacuzzis, tu veux venir ? me proposa Lilian.

-    Non, merci. Je venais vous dire que je suis avec Alexandre, on va à la plage.

-    O-oh ! C’est vrai qu’il n’y a personne à cette heure, susurra Morgan. Vous allez être seuls sur cette plage … face à l’océan … on ne peut plus romantique, commenta-t-elle. Qui sait ? Vous allez peut-être finir par vous embra …

-    Morgan !

-    … par vous embra …

   Je sortis de la pièce en claquant la porte, ce qui ne m’empêcha pas d’entendre les rires de mes camarades. J’étais au bout du couloir quand j’entendis une porte se rouvrir. Je tournais la tête et constatais qu’il s’agissait bien de la porte de ma suite. Morgan avait passé sa tête dans l’entrebâillement.

-    Morgan ! protestai-je.

-    Ce n’est pas pour t’embêter ! se défendit-elle. C’est juste …que …

   Elle parut se raviser mais finit tout de même par me demander :

-    Tu ne comptes pas quitter l’hôtel ?

   Je me demandais ce qui l’amenait à me poser cette question mais devant son air inquiet je lui répondis franchement :

-     Non, pourquoi ?

   Elle détourna son regard du mien, gênée.

-     … Pour rien … Oublie ma question …

   Et elle referma la porte.

   Comme l’avait dit Morgan, la plage était vide de monde, ce qui ne dérangea pas Alexandre. Il étendit une serviette, ne se préoccupant pas des fauteuils en osier préparés à l’intention des clients, et se coucha dessus. Je m’aperçus que je n’avais pas pensé à en prendre une.

-     Tu comptes rester debout ? finit-il par me demander.

-     Non, mais … j’ai oublié de prendre une serviette … mais ne t’inquiète pas ! Je vais m’installer dans l’un des fauteuils et …

-     Je te le déconseille. A être exposé au soleil comme ça, ils vont être brûlants.

   Force m’était de constater qu’il devait avoir raison.

-    Bon, je vais remonter chercher …

-    Ne t’embête pas. Je vais te faire de la place sur la mienne.

-    Quoi ?

-    Mais oui, regarde. Le plus important, ce sont tes cheveux, il ne faudrait pas qu’ils se retrouvent plein de sable. Donc, on tourne la serviette comme ça (il s’exécuta) et hop ! Ainsi, on a de la place pour nos deux cerveaux.

   Sur ce, il se réinstalla puis replaça les écouteurs de son lecteur de musique dans ses oreilles, comme si de rien n’était. Moi, je n’étais pas franchement à mon aise. Je décidais néanmoins de faire fi de ma gêne et de m’installer à côté de lui, raide comme un bout de bois – les mains le long du corps, les jambes tendues. Je jetais à intervalle régulier des coups d’œil à mon voisin qui, loin d’être perturbé, avait fermé les yeux et croisé les bras sous sa nuque. L’attitude même de la nonchalance. Je tentais de me décontracter, en vain.

" Arrête de respirer aussi fort ! " me sermonnai-je. " Et décrispe-toi un peu ! "

   Mes remontrances intérieures ne m’aidant pas, je tâchais de penser à autre chose, de plus important qu’Alexandre à côté de moi : la neige. Je devais trouver une particularité de la neige susceptible d’avoir un rapport avec Tabatha afin que je puisse la " libérer de ses chaînes ". Quelles chaînes d’abord ?

" Non, Jade. La neige. Occupe-toi seulement de la neige "

   Alors … Je savais que la neige était de l’eau congelée. Et qu’elle tombait des nuages sous forme de flocons, pendant la période hivernale. Après, que dire d’autre ? Je ne connaissais pas suffisamment Tabatha pour faire le moindre rapprochement. Par contre, quelqu’un qui la connaissait mieux … Mon regard se porta de nouveau sur le cavalier, couché à côté de moi. Lui, peut-être pouvait-il m’apporter un indice …

-    Na … Nash ? balbutiai-je.

-    Hum ?

-    Tu … tu connais Juliet depuis longtemps ?

-    Oui. Depuis que j’ai quatre ans. Pareil pour Justin.

   Mes yeux s’ouvrirent en grand. Ils se connaissaient depuis autant de temps ? Mon sentiment de satisfaction, né du fait que je me pensais la seule à avoir vu Alexandre aussi innocent, s’écroula. Aucun doute que Tabatha l’avait déjà vu ainsi, depuis le temps. Mon cœur arrêta son rythme effréné et se serra.

-    Vous … vous êtes toujours aussi bien … entendu ?

   Alexandre rouvrit les yeux, sans me regarder.

-    Tu trouves que l’on s’entend bien ?

   Je ne m’étais pas attendue à cette question. Le regard du punk, fixé sur l’horizon, semblait perdu à des années lumières de là où nous étions.

-    Euh … et bien … oui. Tu ne trouves pas ?

-    Non.

   L’expression de son visage me faisait penser à celle qu’il avait eu lors du bal de promo. Cela me donna d’ailleurs l’envie d’éclaircir ce mystère.

-    Au fait … Qu’est-ce qui t’es arrivé pendant le bal de fin d’année ? Tu détestes à ce point Billie Jean ?

-    Le problème n’est pas là …

-    Ca … te rappelle des mauvais souvenirs ?

   Il secoua la tête.

-    Non … justement, des bons.

   Je ne le suivais plus. Mais puisque nous abordions le thème des souvenirs, je m’exhortais à lui poser ma question :

-    Qu’est-ce que cela t’évoque … la neige ?

    Son regard se perdit un peu plus et il ferma les paupières.

-    Le blanc …

   Effectivement, la neige était blanche mais … Des flots de souvenirs revinrent à la surface : la première fois que j’avais vu Tabatha, la première fois que j’étais allée chez elle, toutes les fois qui avaient suivies, toutes les fois où je l’avais vu …

" Elle ne porte jamais de vêtements blancs. "

   La réalité de la chose me frappa. Je n’avais jamais vu Tabatha vêtue de blanc et, plus encore, jamais vu touché le moindre objet de cette couleur. Il n’y en avait pas dans sa maison. Pourtant : " … Tout commence et tout finit avec la neige … ".

-    Pourquoi cette question ?

   Je sursautais, ramenée à la réalité par Alexandre.

-   Ah … J’ai … euh … La neige est blanche et … je n’ai jamais vu Juliet avec des vêtements blancs alors … je voulais savoir pourquoi … je suis curieuse …

-    Tu n’as pas besoin de savoir ça. Ca ne te regarde pas.

   Si ! Si, ça me regardait. Je voulais savoir. Je voulais tout savoir ! Je voulais comprendre tout ce qui entourait Alexandre, comment il fonctionnait, ce qu’il avait vécu sans moi ! Mon cœur recommença à battre trop vite. Je m’en voulais de penser ça. Je n’avais pas le droit de le forcer à me révéler des secrets. Comme il le disait, ça ne me regardait pas. Mais j’en avais terriblement envie. L’idée que Tabatha sache plus de chose sur lui que moi me blessait. Je ne voulais pas qu’elle soit la plus proche de lui.

" Voyons, Jade, ça ne va vraiment plus dans ta petite tête ! Qu’est-ce qui te prend ? "

   Après tout, hein, qu’est-ce qu’il avait de plus que les autres ? D’accord, il se " réparait " plus vite que la moyenne. Mais après ? Il n’avait rien fait qui justifie un attachement pareil. Rien. Bon, il m’avait sauvé la vie. Plusieurs fois. Mais dans ce cas, pourquoi ne tenais-je pas autant à Malcolm ? Je ne me l’expliquais pas. Et puis, Alexandre, de son côté ? J’étais la seule qu’il ait cherché à embrasser, alors que Morgan était bien plus attirante que moi. J’étais la seule qu’il prenait dans ses bras à tout bout de champs. La seule à qui il faisait des remarques sur le maillot de bain qu’elle portait. La seule à qui …

" Minute. Ca fait beaucoup de " la seule ", tout ça. "

   Mon esprit s’emballa. Non, non, non. C’était le cavalier à Tabatha. Il lui était entièrement dévoué. Sa reine était bien plus belle que moi. A côté, je n’étais rien. Rien du tout. Je n’existais pas, en comparaison. Mais pourquoi étais-je toujours la première à subir ses blagues ? Je me rappelais parfaitement d’un type qui passait son temps à charrier Karen, quand nous étions encore au collège. Pendant un an, il n’avait pas arrêté et finalement, le dernier jour, il lui avait avoué qu’il l’aimait.

    L’aim …

" Non, Jade. Ne t’imagine pas des trucs pareils. Alexandre ne t’aime pas. Il ne t’aime pas. "

   Mais … Oh, non, non, non. Ce n’était pas possible. Ca ne pouvait pas être possible.

-    Je ne sais pas à quoi tu penses mais ça a l’air compliqué. Tu résous un exercice de maths de tête ?

   Je me tournais vers Alexandre.

-    Non, voyons … Voyons bien sûr que …

   A quoi pensais-je en tenant à le regarder dans les yeux ? En effet, il avait délaissé l’océan et me fixait maintenant moi. Par conséquent, j’étais bloquée. Incapable d’articuler un mot.

" Ne le regarde pas dans les yeux ! "

   Il m’était impossible de le faire. Je ne pouvais pas le lâcher.

-    … non …

   Et lui, alors ? Pourquoi me regardait-il ? Ne pouvait-il pas arrêter ? Je doutais d’être fascinante à ce point. Au prix d’un effort monumental, je réussis cependant à détourner mon regard.

-    Pourquoi es-tu aussi rouge, Mitsuki ? Tu as chaud ?

   Je cherchais quelque chose à lui répondre mais il prit les devants. Il me prit dans ses bras et se colla contre moi. Je me débattis aussitôt, comme une folle.

-    Lâche-moi !

-    Non, Mitsuki …

   Je voulais lui ordonner d’arrêter de me chuchoter des choses pareilles à l’oreille mais n’arrivais plus à parler.

-    Tu … tu as Juliet pour ça ! réussis-je finalement à hurler. Lâche-moi !

-    Pourquoi inclus-tu Juliet dans tout ça ? Je ne lui ferais pas ça, poursuivit Alexandre.

-    Parce que tu as trop peur !

-    Non … Tu n’es pas elle … et elle n’est pas toi.

   Quoi ? J’étais tellement stupéfaite que j’arrêtais de me démener. Noon … Il ne pouvait quand même pas … Non ! Ca ne pouvait pas être vrai !

-    Avec Juliet … c’est plus spirituel qu’autre chose … Toi …

   Je ne pouvais plus respirer !

-    Avec toi … c’est simplement …

   Non ! Je ne veux pas entendre ce qu’il va me dire !

-    Avec toi … c’est purement sexuel.

   Je ne réfléchis pas et lui assénais un monumental coup de coude dans le ventre, qui eut le mérite de le distraire et de lui faire lâcher prise. Il éclata d’un rire tonitruant, les larmes aux yeux. Je me relevais et lui donnais un coup de pied.

-    Sombre crétin ! Es … espèce de larve ! NE M’APPROCHE PLUS JAMAIS !

-    Mais, non Mitsuki … Attends …, hoqueta-t-il.

   Je pris une poignée de sable que je lui jetais à la figure avant de m’éloigner.

   Quel abruti ! Si cela avait été possible, j’aurais souhaité ne plus jamais voir sa sale face de rat. Sans que je m’en rende compte, l’Alexandre habituel avait refait surface, exilant le doux aux oubliettes. Je l’entendis se relever et accélérai le mouvement.

-    Allez Mitsuki … Ne sois pas fâchée !

-    NE M’ADRESSE PLUS LA PAROLE !

   Le bruissement de plus en plus rapide du sable me fit comprendre que le monstre s’était lancé à ma poursuite. Je me mis à courir.

-    Hé ! Reviens ! me héla-t-il tout en continuant à rire.

-    JE NE VEUX PLUS JAMAIS TE VOIR !

-    Ne me dis pas que tu as vraiment cru que j’allais te dire : " Je t’aaaime Mitsukiiii " !

   Humiliée, je ne lui répondis pas.

-    Arrête-toi ! me somma-t-il.

   J’étais enfin arrivée dans le hall de l’hôtel et avais l’intention de regagner ma chambre quand je m’aperçus que j’avais oublié la clef de ma suite sur la serviette de plage d’Alexandre. Et le vil personnage qui allait finir par me rattraper ! J’avisais la porte d’entrée de l’hôtel et m’y engouffrais. Une fois dehors, je tournais à gauche, sans raison particulière. Je ne savais même pas où j’allais ! Les passants me regardaient d’un drôle d’air (" Pourquoi cette fille est-elle aussi rouge et court aussi vite ? ") mais, pour une fois, je m’en fichais. Il fallait juste que le … la chose qui me courait après ne me rattrape pas. Seulement, le cavalier, bien plus rapide que moi, ne tarda pas à me rejoindre et à me retenir par le poignet.

-    NE ME … !

   Il posa sa main libre sur ma bouche et je remarquais, quand il me plaça face à lui, qu’il ne riait plus.

-    Mitsuki, je te promets de ne pas t’approcher pendant autant de temps que tu veux mais s’il te plaît, rentre à l’hôtel.

   Devant autant de sérieux, je décidais de lui obéir. Quitte à me cacher derrière le comptoir des réceptionnistes si je m’apercevais qu’il s’agissait d’une blague. Alexandre me relâcha et nous rentrâmes silencieusement au Setaï. Devant la porte de ma suite, il me rendit ma clef et entra avec moi.

-    Qu’est-ce qui s’est passé ? m’inquétai-je.

-    Tu es sortie de l’enceinte de l’hôtel …, souffla-t-il.

-    Oui mais … où est le problème ?

-    Tu te rappelles que, quand vous êtes arrivées à Miami, Tabatha vous a laissé dans la voiture ?

-    Bien sûr.

-    C’est parce que … tu ne t’es jamais demandé pourquoi les rooks pensaient que tu étais, et pas seulement toi, une Immortelle ?

-     Si …

-     Pendant les premiers jours de l’alliance, Alice et le Grand Chef ont demandé aux dirigeants de la Rook Guild ce qui les poussaient à le penser. Naturellement, ils n’ont pas voulu nous le dire. Mais, quand nous avons organisé le voyage, les rooks ont spécifié que vous ne devriez pas sortir de l’hôtel.

-     Pourquoi ?

-    Ils ont posé trois barrières : l’une d’elle sert à repérer des aces qui pénétreraient dans un certain périmètre autour du Setaï …

-    Je l’ai dépassée ? paniquai-je.

-    Non, ses limites sont bien plus éloignées. La deuxième englobe votre chambre et l’insonorise, c’est pour cela que nous pouvons nous appeler par nos vrais prénoms et parler, comme je suis en train de le faire, de nos moyens de protection. La troisième et dernière barrière comporte l’hôtel et sa plage.

-    Quel est son rôle ?

-    Les rooks n’ont pas voulu nous l’expliquer mais comme nous pensons, nous, les knights, que votre aura possède " quelque chose " qui vous rend spéciales et qui poussent les rooks à penser que vous êtes les Trois Immortelles, qu’elle permet de ne pas répandre votre aura dans la ville.

-    Oh ! Ce … cela signifie que …

   Alexandre acquiesça d’un signe de tête.

-    Oui. Les aces risquent de vous repérer. Plus tôt que prévu.

 

 

Bon, je sais, l'action se fait désirer mais dans le cadre actuel des choses, je ne peux pas en mettre puisque les filles sont, justement, à l'abri. J'en profite pour faire jouer les relations des personnages ^^ De plus, si je remettais de l'action, la fin de ce premier volume de Chess serait toute proche ! Et j'aimerai faire durer ce premier volume encore un peu. Encore un peu ...

En espérant que ce chapitre vous a tout de même plu, je vous quitte pour aller passer l'après-midi avec la véritable Jade (celle qui m'a inspiré le personnage !).

 

 

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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 14:07

J'ai décidé de faire part à mes lecteurs, dont certains sont peut-être en manque de lecture, de mes romans préférés de la blogosphère. J'en mettrai régulièrement en avant à l'aide d'articles tels que celui-ci, en vous donnant les raisons qui me poussent à le faire !

 

Coup de coeur n°1

 

Le blog de Agevalram

 

Vous trouverez deux histoires sur ce blog, l'une achevée et l'autre en cours d'écriture. Les deux sont aussi bien l'une que l'autre !

La première se nomme Revival (achevée) :

- résumé :

" Revival est une base de survie. Elle a été construite il y a une vingtaine d'années, quand le monde tel que nous le connaissions a été dévasté par les guerres nucléaires à répétition. Dans cette bulle de métal vivent 5000 personnes, rescapées de la catastrophe. Olive fait partie de ceux là. Elle vit avec sa mère dans ce monde clos et s'adapte à ses contraintes. Pourtant, certains évènements l'amènent à se poser de nouvelles questions sur son univers : n'y a t-il que ça ? Quel secret veut-on à tout prix nous cacher ? Et qui était ce petit garçon, que voulait-il dire avant de mourir ?

Ses interrogations seront le point de départ d'une nouvelle vie pour Olive, qui fera tout pour faire éclater la vérité."

La seconde n'a pas encore de nom et est en cours de publication :

- résumé :

Céleste se réveille un matin, à l'hôpital. Etrangement, elle ne se rappelle de rien, même pas de son prénom. Encore moins de sa présence en ce lieu. Petit à petit, au contact de ses parents et suite à son retour à la maison, les souvenirs refont surface. Mais ses sentiments, non. Elle ne ressent rien, n'a ni envie de manger ni envie de dormir. Céleste ne comprend pas. Elle sait qu'elle n'était pas comme ça avant. Pourquoi est-elle désormais comme ça ? Que s'est-il réellement passé lors de l'accident qui l'a conduite à l'hôpital ? Céleste va chercher des réponses à ses questions ...

 

Le style d'écriture est très fluide, un vrai plaisir pour les yeux ! Il y a (évidemment) quelques fautes mais globalement, l'orthographe est très bonne et la syntaxe est excellente ! Les histoires sont passionnantes, Agevalram arrive à nous garder en haleine jusqu'au bout !

A lire sans modération ! 

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4 avril 2010 7 04 /04 /avril /2010 17:47

chapitre-26---ordinateur-ace-guild.jpg

 

   Il faisait sombre dans la pièce, seulement occupée par le gigantesque ordinateur et ses multiples fils de connexion. Un homme était installé devant l’imposante machine, un autre se tenait debout derrière lui. Sur les différents écrans de l’appareil défilaient des listes d’informations, toutes plus confidentielles les unes que les autres. L’informaticien fit éclaté une bulle de chewing-gum, ce qui lui valut un reproche de la part de son collègue.

-    Arrêtez un peu. Ce que nous sommes en train de faire est sérieux.

-    Oui, oui, oui …, souffla le concerné tout en continuant à fixer les données qui apparaissaient sur ses écrans. Les infos ne vont pas s’enfuir.

   Bien qu’il parle anglais, son accent, typique des pays de l’Est, trahissait sa véritable nationalité.

-    Ah ! Voilà ce que vous vouliez !

   L’homme qui était debout, et se tenait jusqu’alors droit, se pencha sur le fauteuil de l’informaticien afin de voir de plus près.

-    Vous n’avez pas vos lunettes ? remarqua ce dernier.

-    Non. Que disent ces dossiers ?

-    Hum … L’un concerne l’équipe de la quatrième équipe de la Knight Guild, l’autre la neuvième équipe rook. Apparemment, ce seraient ces deux équipes qui seraient chargée de la protection des Trois Immortelles. Par laquelle voulez-vous commencer ?

-    L’équipe rook.

-    Alors …

   L’homme de la situation double cliqua sur plusieurs icônes avant de poursuivre :

-    Les deux membres ont dix-sept ans … Le roi s’appelle Stanislas Preston et sa tour, Killian Reese. Ils sont actifs depuis … deux ans, à peine.

-    Quels mérites ont-ils pour avoir accédé aussi rapidement à un poste aussi élevé ?

-    Le roi est doté d’une intelligence supérieure à la moyenne … Il est très ingénieux dans la conception de ses plans de bataille. Il utilise au maximum les capicités de son partenaire.

-    Capacité, le reprit son auditeur. Quels dons ont-ils ?

-    La tour fait adopté à son corps les caractéristiques et propriétés de n’importe quelle matière par simple contact physique. Le roi … est capable de voir les liens qu’entretiennent les gens entre eux. Cela lui confère vraisemblablement une puissance mentale étonnante, qu’il transmet ensuite à sa tour.

-    Aptitudes au combat ?

-    Il n’y a rien pour Mr. Preston … C’est une équipe au fonctionnement classique : le roi reste en retrait. Il n’est intervenu que rarement en plein combat, trop peu pour que l’on puisse le caractériser. Mr. Reese en revanche … Est de type défensif. Il dispose d’une endurance excellente et son don lui permet de neutraliser la plupart des coups qu’on lui porte. La plupart de leurs ordres de mission sont de l’espionnage.

-    Il faudra faire attention à eux, conclut l’homme-debout. Le moindre faux pas dans nos missions d’observation et ils le remarqueront. Parle-moi de l’équipe knight, maintenant.

   L’homme-assis effectua quelques manipulations puis reprit :

-     L’expéditeur des dossiers vous a laissé une note à l’intention des membres knights …

-     Que dit-elle ?

-     " Dangereux ".

   Après un instant de silence, l’informaticien continua :

-     … Incroyable !

-     Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il est dit ?

-    Je vois dans leur dossier que l’équipe numéro quatre de la Knight Guild est composée de deux cavaliers !

-    Que dîtes-vous ? C’est impossible.

-    Et pourtant si ! J’en avais déjà entendu parler mais … je ne pensais pas que c’était vrai !

   Nouveau silence.

-    C’est … extraordinaire !

-    Oui, bon. Enchaînez.

-    D’accord mais … c’est tout de même remarquable ! La reine a des qualités mentales impressionnantes !

-    Si je puis me permettre, il n’y a pas que ses qualités mentales qui le sont.

   Les deux hommes dans la pièce sursautèrent. Il n’avait pas entendu arriver le dernier arrivant. L’homme-assis se raidit dans son fauteuil matelassé et l’homme-debout ne se retourna pas plus, ayant reconnu l’identité de l’homme-qui-venait-d’arriver. Il le devinait nonchalamment adosser dans l’encadrement dans la porte.

-    Vous … vous la connaissez ? s’enquit-il.

-    Tabatha Taylor, précisa l’informaticien.

-    Je sais comment elle s’appelle, merci. Et oui, je la connais. Plutôt bien même. Mais poursuivez, je vous en prie.

   L’informaticien toussota. Il n’aurait jamais pensé avoir l’occasion de se trouver dans la même pièce que le Kjell Nordengen, le célèbre et le redouté Kjell Nordengen.

-   Donc … Tabatha Taylor … a dix-sept ans. Son don lui procure une force herculéenne et elle est pourvue d’attributs animaux – ceux du chat.

-    C’est une aristocrate ? s’étonna l’homme-debout.

-    Euh … Je n’ai pas accès à son arbre généalogique mais la chose n’est pas précisée.

   Du fond de la salle se fit entendre un ricanement, celui de Kjell Nordengen.

-     Vous savez … quelque chose ? s’étrangla l’homme-assis.

-     Peut-être. Mais qu’elle soit aristocrate ou pas, quelle importance ? Poursuivez.

-    Tabatha Taylor … est spécialisée dans le combat au corps à corps. Elle est considérée comme la meilleure combattante de la Knight Guild. Son membre le plus dangereux aussi.

-     Pourquoi n’est-elle pas la première reine, alors ? demanda l’homme-debout.

-    Parce que la Knight Guild n’a pas beaucoup changé de mentalité depuis sa création , lui expliqua Kjell Nordengen. Par conséquent, il est mal vu de mettre des femmes à des postes importants.

-     Pourtant, la Seconde de la Knight Guild est bien une femme ?

-    Alice Osborn est une exception. Et puis, il y a une autre raison à ce que Tabatha Taylor ne soit pas la première reine. 

-    Laquelle ?

-    Je vous le dirais quand sera venu le moment pour moi de partir, se déroba Kjell Nordengen. Continuez, plutôt.

-    Euh … Ses cavaliers sont Alexandre Evans et Malcolm Lewis, enchaîna l’informaticien. Mr Lewis a dix-sept ans et Mr Evans les aura bientôt.

-    Leur don ?

-   Mr Evans a un don à " effet de chaîne ". Son pouvoir premier est une cicatrisation ultrarapide mais il est également affublé d’une insensibilisation totale à la douleur. Par ailleurs, il ne peut pas être transpercé de part en part et est incapable d’infliger à son adversaire les dégâts corporels qu’il aurait dû subir, par simple contact physique. Il est chargé de la protection de sa reine en plein combat.

-    Cette équipe ne respecte pas le procédé classique ?

-    Non. La reine participe aux batailles de front. Le deuxième cavalier a une haute acuité visuelle, c’est un sniper professionnel. Il s’occupe de protéger ses partenaires de plus loin.

-     La quatrième équipe est donc offensive …, conclut l’homme-debout.

-     Principalement, mais pas que. On les a chargés de tous les types de mission possibles.

-     En résumé, les Trois Immortelles sont bien protégées … Deux rooks vérifient continuellement leur entourage et trois knights jouent les gardes du corps. Leur photo sont-elles fournies avec leur dossier ?

-     Non … L’équipe rook est une espionne, leurs photos ne sont donc pas converties en fichiers électroniques par la Rook Guild et l’équipe knight a toujours réussi à neutraliser les caméras. Les quelques photographies d’eux ne sont pas utilisables. Mais … Il est dit qu’on peut reconnaître Tabatha Taylor grâce à un détail physique particulier …

-     Un détail seulement ? C’est un euphémisme …, soupira Kjell Nordengen.

   L’homme-debout se retourna vers lui.

-     Vous connaissez cette particularité ?

   Kjell Nordengen sourit.

-     Tabatha Taylor est la plus belle fille de la planète. Il suffit de la voir pour le comprendre.

   L’homme-assis fronça les sourcils.

-     Comment savez-vous ça ? Vous l’avez déjà vue ? Il est pourtant précisé dans son dossier que personne qu’elle ait affronté ne soit revenu pour fournir d’elle une description détaillée …

-     Pourtant si. Je l’ai affrontée. Et même écrasée. A tel point qu’elle continue à pleurer, aujourd’hui encore. Mais vous ne le savez pas parce que vous ne regardez pas la bonne équipe …

-     Pardon ?

-     Peu importe. Il va être temps pour moi d’y aller.

-    Attendez ! le pria l’homme-debout. Vous aviez dit que vous nous révéleriez pourquoi Tabatha Taylor ne pouvait pas être la première reine.

   Il se mordit la langue à peine les mots sortis de sa bouche. Etait-il fou pour oser s’adresser à Kjell Nordengen de cette manière ? Il n’avait pas envie de mourir.

-    C’est vrai, je vous l’ai promis. Veuillez m’excuser.

   L’homme-debout n’en revenait pas que Kjell Nordengen le prenne aussi bien.

-     Et bien … Tabatha Taylor ne peut pas être la première reine de la Knight Guild car cette place est vacante.

-     Comment ? Mais si la place est vacante …

-    Comprenons-nous bien. La place n’est pas vacante dans le sens où personne ne l’occupe. Elle l’est car sa propriétaire n’est pas là actuellement …

-     Je croyais que les femmes n’avaient pas accès au pouvoir …

-     C’est le cas. Alice Osborn est la seule qui ait réussi, d’après certains.

-     Mais la première reine … et Tabatha Taylor …

   Kjell Nordengen eut un silence, qu’il ponctua d’un large sourire.

-     Pour certains knights, la première reine et la quatrième ne doivent leur place qu’à une seule personne.

-     Qui ?

-     Celui qu’ils appellent affectueusement " le Grand Chef ".

-     Pourquoi ?

-     Car la première reine aurait été sa maîtresse et Tabatha serait leur fille.

   L’homme-debout et l’homme-assis n’en croyaient pas leurs oreilles.

-    Mais les parents de Miss Taylor ne sont-ils pas …, objecta l’informaticien. Je n’ai pas accès à son arbre généalogique mais …

   Kjell Nordengen soupira, amusé.

-     Les mythes s’appuient toujours sur une part de vérité, non ? Et maintenant, je dois vraiment partir.

   Il tourna aussitôt les talons et sortit de la pièce.

-     Il a l’air de savoir bien plus de choses qu’il ne le dit, fit remarquer l’homme-assis à l’homme debout.

-     … Il y a quelque chose qui me chiffonne … Pouvez-vous me rappelez le nom du chef de la Knight Guild ?

-     Bien sûr … Quelques instants je vous prie … Mais pourquoi cette question ? l’interrogea l’informaticien.

-     Un détail dont je voudrais être sûr …

   L’homme-assis pianota quelques minutes sur son clavier avant de transmettre l’information :

-     Le " Grand Chef " se nomme …

   Il crut que ses yeux se trompaient.

-     Il s’appelle Torstein Nordengen.

 

 

 

Ah-Ah ! Alors ? Que pensez-vous de cet interlude ? Il est censé éveiller votre curiosité mais si ce n'est pas le cas ... Et bien désolée !

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1 avril 2010 4 01 /04 /avril /2010 21:59

chapitre 25 - repérage

 

   Killian paraissait tendu. Pourtant, il n’était même pas chargé de se rendre dans la gueule du loup, dans l’antre des aces.

-    Du calme, lui conseillai-je.

   Il me jeta un regard méprisant.

-    Laisse-moi deviner. Toi, tu l’es, calme ?

-    Bien évidemment.

   Les choses capables de me faire stresser étaient de toute manière très peu nombreuses sur cette planète. En dehors aussi, sans doute.

-    T’imagines s’ils se faisaient prendre …, poursuivit mon partenaire.

-    Ce ne sont pas des débutants, lui rappelai-je.

-    Tout de même … L’Ace Guild …

-    Ce n’est pas la première fois qu’ils l’espionnent.

-    La dernière fois, l’Ace Guild était composée de trois glandus.

   Soit. Il marquait un point. Je réfléchissais à ce que j’allais lui répondre quand on frappa à la porte. Killian ouvrit. Tabatha et ses cavaliers entrèrent, avec leur tenue de travail.

-    Quel est le plan ? m’enquis-je auprès de la reine.

-    Cette première sortie ne comporte que du repérage. Repérer les portes principales, de services, les fenêtres, les chemins menant au sous-sol, les sorties de secours, les entrées sur le toit … La liste est longue.

-    Un peu trop même, remarqua ma tour. Pour une base, elle comporte beaucoup trop de possibilités d’accès.

-    L’Ace Guild a quelques procédés en communs avec la Rook Guild. Entre autre, celui de se servir de ses lieux de commerce tout public comme base.

-    Même. Il y a trop de sorties possibles, insista Killian.

-    L’Ace Guild est encore une débutante, fit remarquer Malcolm. Elle ne cesse d’apprendre. Il y a encore peu, elle attaquait les filles dans des lieux publics !

   Tout le monde opina. Tabatha consulta sa montre.

-    Il est temps pour nous de nous retirer, nous informa-t-elle

-    Bonne chance.

   Le regard qu’elle posa sur moi me montra qu’elle avait perçu la connotation moqueuse de mon encouragement. Elle émit son désormais célèbre " Tss … " et tourna les talons.

-    Je vais devoir y aller moi aussi, me prévint mon partenaire.

-    Où vas-tu te poster ?

-    Là où il fera suffisamment sombre.

   Bien entendu. Je lui donnais une accolade amicale et le laissais partir. Pour ma part, je m’assis sur mon lit. Rien de mieux à faire. Je calais mon visage entre mes paumes et réfléchis.

   Tabatha Taylor … Un spécimen fascinant. Autant physiquement parlant que psychologiquement. Elle m’intriguait. Ses cavaliers aussi. J’avais beau m’y efforcer depuis le début, je n’arrivais pas à trouver la nature exacte du lien qui les unissait. Evidemment, il y avait l’inévitable lien de la reine aux cavaliers et des cavaliers à la reine. Quoique, à la réflexion, celui-là non plus n’était pas normal. Il était bien trop puissant. Il en arrivait presque à m’inquiéter (et ce malgré ma flegme légendaire). Et leur autre lien … Je m’étais attendu à ce que ce soit celui de l’amitié. Mais ça ne l’était pas. Lui me faisait vraiment froid dans le dos. Jusqu’à présent, tous les liens que j’avais pu observé revêtaient la même apparence : celle d’un fil que l’on aurait déroulé d’une pelote de laine. Leur deuxième lien ressemblait à une chaîne. Une chaîne monstrueuse qui paraissait peser lourd. De plus, au lieu de s’accrocher au niveau du poignet, comme les liens normaux, il leur transperçait le cœur. Tabatha n’était pas volontairement insensible. Elle ne pouvait rien ressentir. Pareil pour Alexandre et Malcolm. Morgan pouvait toujours rêver pour que le cavalier lui accorde la moindre importance, autre que professionnel (oui, j’étais au courant depuis un petit moment des sentiments particuliers qu’entretenait Morgan à l’encontre de Malcolm). Idem pour Jade. L’apparence parfaite des membres de l’équipe de la quatrième reine ne semblait qu’être une compensation pour toute la monstruosité qui émanait d’eux. Car un lien comme le leur était une preuve de monstruosité. Restait à savoir si cela résultait de leurs actions passées ou s’ils se l’imposaient eux même. Dans un cas comme dans l’autre, c’était inquiétant.

   Ce qui l’était au moins tout autant était que je cherche à en savoir plus. J’avais bien conscience d’être une personne relativement désagréable, voir même carrément insupportable. Je n’agissais jamais au hasard. Chacune de mes actions était minutieusement réfléchie à l’avance. Rien sans rien, tel était ma devise. Or, que m’apporterait de savoir ce qui reliait Tabatha, Malcolm et Alexandre ? Je connaissais la réponse : pas grand chose. Je n’espérais pas me servir de leur secret comme moyen de pression – qu’avaient-ils à m’offrir ? Je n’aimais pas être pris au dépourvu et ne plus tout à fait contrôler mes faits et gestes ces derniers temps m’était insupportable.

" Pourquoi me casser la tête pour ces secrets sans importances ? "

   La scène de mon vrai premier face à face avec Tabatha me revint en mémoire de plein fouet. J’étais dans le 4x4. Jade était à côté de moi. La reine me barrait la route. Pendant quelques millièmes de seconde, je m’étais inquiété de savoir comment j’allais m’échapper avec ma prisonnière. Mais à l’instant où mes yeux avaient rencontré ceux de Tabatha, rien d’autre n’avait plus compté hormis elle. Une véritable spirale infernale. Mon corps avait agi tout seul. Une force que je ne me connaissais pas m’avait poussé à aller à la rencontre de l’être à qui appartenait les deux puits profonds dans lesquels j’étais plongé. L’instant d’après, j’étais à ses côtés. La suite, je ne m’en rappelais pas. Encore maintenant, mon seul vrai souvenir était la magnifique paire d’yeux verts qui m’avait tant fasciné. Et qui continuait de hanter mes nuits, malgré les mois écoulés depuis cette scène.

   Je me rendis compte que le fil de ma pensée avait beaucoup trop dévié de son point de départ. Je secouais la tête, comme pour me débarrassé de mes mauvaises réflexions. Je consultais ensuite mon réveil : déjà une heure que je délirais. Je me levai et commençais à faire les cents pas. Que faire d’autre ? Je me rassis. Me relevai. Une véritable girouette. J’accordais un bref regard à mon portable. Peut-être pouvais-je envoyer un message à Killian ? Non. Ca risquait de le déconcentrer plus qu’autre chose.

-    Pff …

   L’ennui était un ennemi mortel. Il n’y avait rien de pire que de ne pas savoir quoi faire, ni quoi penser.

Danger !

   Je sortis immédiatement de mon état de somnolence. Il y avait un problème.

Danger !

   Mon alerte mentale provenait de la barrière posée par la Rook Guild avant notre arrivée à Miami afin de prévenir les attaques aces. Je tâchais de trouver le lieu exact où l’ennemi s’était infiltré. Les yeux fermés, je visualisais les limites de la protection invisible. Bien que " protection " soit un mot bien grand pour ce qu’il désignait. Mettre un véritable mur, même invisible, même réservé aux aces, aurait aussitôt alerté ces derniers. Non, il s’agissait plutôt d’une alarme.

   Je finis par déterminer d’où provenait l’alerte. L’ace ne devait pas être bien loin. Je m’emparais de mon portable avec l’intention d’envoyer Killian à ses trousses. Je réalisais cependant, alors que les horripilants bruits qui précédaient une communication s’enchaînaient, qu’il était dangereux d’envoyer ma tour seule. En effet, l’un de nous devait obligatoirement rester à l’hôtel afin d’assurer la protection des filles. Je ne pouvais donc pas accompagner Killian. Seulement, il avait besoin de moi pour atteindre ses capacités maximales au combat. A l’inverse, j’avais besoin de lui lors d’une bataille pour me protéger en parallèle. En envoyant mon partenaire en confrontation directe, il risquait gros. Et cela risquait d’attirer l’attention de l’Ace Guild. Il était sans aucun doute plus prudent que je me contente, à ma manière, de faire du repérage. Oui, il était plus intelligent que …

-    Stanislas ?

   Je tressaillis à l’entente de la voix de Killian, perdu dans mes pensées – une, décidément, très mauvaise manie.

-    Killian, un ace a franchi la barrière.

-    Tu en es sûr ? paniqua-t-il.

-    Non, je n’avais rien de mieux à faire que de t’appeler. C’est que, vois-tu, je m’ennuie. Comme tes réactions m’amusent toujours beaucoup, je me suis dit que tu accepterais peut-être de perdre ton temps avec moi et que je rigolerai bien. Je …

-    D’accord, d’accord ! J’ai compris ! Où est l’ace ? s’enquit-il après un soupir.

-    Là où je l’ai vu.

-    Je m’en doute ! Mais où …

-    Contente-toi de rentrer à l’hôtel. C’est moi qui vais me charger de le filer.

-    Toi ? Pourquoi ? Je suis déjà sur place. Et pourquoi seulement le suivre ?

-    Je ne pense pas que les aces soient encore au courant que leurs proies sont à Miami, ça doit être un hasard si l’un d’eux est dans le secteur. Il vaut mieux se contenter d’observer.

-    Et pourquoi ce serait toi qui t’en chargerais ?

-    Mon don a moins d’impact sur mon aura que le tien sur la tienne. Je suis moins repérable.

-    Hum … Bon, ça marche. Je rentre. Vas-y.

   Je raccrochais immédiatement et me dépêchais d’enfiler une tenue de travail.

 

 

 

   Je l’avais trouvé immédiatement. Il faut dire qu’il n’était pas très discret. En tout cas, j’avais vu mieux. Ce qui renforçait ma théorie. La proximité d’un ace près du Setaï n’était rien d’autre qu’une coïncidence. Sinon, je pouvais affirmer que cet élément n’allait pas faire long feu, avec son habilité de palourde.

   Ma cible tourna à l’angle d’une rue. A quelques mètres à peine de lui, autant au sol qu’en hauteur, je fis de même. Je m’arrêtais net en constatant qu’il n’était plus dans mon champ de vision. Je le cherchais mais ne le vis pas, malgré mes lunettes à vision nocturne. Ce n’était pas normal. Mes méninges se mirent aussitôt en marche, comme à chaque fois que je me retrouvais confronté à un problème. Je pris un peu plus de hauteur. Toujours pas de trace de l’ace. Je sortis d’une de mes poches mon radar miniature. Après quelques secondes de mise en marche néanmoins, il ne me révéla toujours pas la position de l’ace. Ce n’était pas possible.

   Mon corps réagit avant même d’en avoir conscience, m’évitant ainsi un projectile venu du ciel. Provisoirement sauvé, je regardais dans sa direction. Sur le toit de l’immeuble sur lequel j’étais accroché, une silhouette m’observait. J’appuyais immédiatement sur le creux de mes reins, là où se trouvait mon tatouage. Killian n’allait pas tarder à venir me prêter main forte. En attendant, je devais me mettre à l’abri. Si mon don me conférait une puissance mentale importante, me permettant de transmettre une énergie non négligeable à mon partenaire, en combat singulier, mes chances étaient bien plus minces.

   Non, je ne devais pas me mettre à l’abri. Il fallait que j’éloigne de l’hôtel où reposait le but de notre mission. Toutefois, m’enfuir dans la direction opposée au Setaï pouvait transmettre un indice à l’Ace Guild : celui qu’il ne fallait qu’elle aille dans le secteur dont je l’éloignais.

   Je me laissais tomber au sol (une chance que personne ne se soit trouvé là !) et me mis à courir en direction de la base de la Rook Guild, ce que j’aurais fait si j’avais été un simple rook en patrouille. Il fallait que je passe un maximum par des lieux fréquentés. Me retrouver seul était la situation à éviter à tout prix, si l’Ace Guild se conformait aux dernières habitudes qu’elle avait prises, elle ne m’attaquerait pas devant témoins.

   Des cris d’adolescents éméchés me parvinrent. Sans trop réfléchir, je fonçais dans leur sens en supposant tomber sur une discothèque. Un lieu sûr idéal ! La bande d’ados que j’avais entendu était composée de deux filles et deux garçons, chacun ayant ses bras passés sur les épaules de ses voisins. Je ne pus m’empêcher de jeter un coup d’œil rapide à leurs liens et fus un peu frustré de voir que la boisson les avait brouillés. L’une des filles ivres eut un sursaut lorsqu’elle me remarqua. Elle me fixait, l’air étonné, comme si j’avais été le premier représentant qu’elle ait vu d’une espèce extraterrestre. A ma grande surprise, elle trottina jusqu’à moi (j’avais arrêté de courir afin de ne pas retenir son attention ainsi que celle de ses amis) et s’agrippa à moi.

-    Hé ! Tu-tu-tu sais que … t’es va-va-vachement mignon, toi …

   Je fus tenté de lui répondre qu’effectivement elle n’était pas la première à me le dire mais me contentai de la faire lâcher prise.

-    Tu sors d’une boîte ?

-    Ben oui ! s’écria-t-elle.

-    Où est-elle ?

   Elle parut rassembler ses idées à grande peine avant de tendre le doigt dans le prolongement de la ruelle dans laquelle nous nous trouvions.

-    Par-là …

-    Elle est loin ?

-    Oh ben oui ! J’ai dû enlever mes chaussures parce qu’elles-qu’elles-qu’elles me fai-fai-faisaient trop mal !

   Je pris conscience de ce fâcheux détail et mon cerveau s’agita un peu plus. Un ace était à ma poursuite et j’étais seul dans cette ruelle mal éclairée avec les quatre ivrognes. Il n’aurait aucun scrupule à les tuer.

-    Ben ? Ca va pas ? s’inquiéta la fille, sa voix partant de plus en plus dans les aigus.

-    File ! Partez ! ordonnai-je au reste de la bande en leur désignant le sommet de la rue.

   Je poussais la fille dans la direction que je leur indiquais pour les exhorter à se dépêcher.

-    Dépêchez-vous !

   Malheureusement, ils étaient tous aussi réactifs que des vers de terre, ne devaient même pas avoir conscience que les sons qui sortaient de ma bouche avaient un sens.

   Une ombre se dessina dans la faible lumière émise par l’un des rares lampadaires de la rue. Je compris que je n’allais pas avoir le choix : j’allais devoir me battre pour de bon. Je ne pouvais pas me permettre d’abandonner les jeunes gens à l’humeur de l’ace. Je me retournai en serrant les poings et en me plaçant entre la menace et les potentielles victimes. On m’avait complimenté à de nombreuses reprises sur mes aptitudes au combat malgré mon don sans " effet " et je tâchais de me rassurer en y repensant. Malgré tout, la peur qui commençait à me nouer l’estomac ne disparaissait pas. La peur, le stress ou l’inquiétude me touchant peu à l’ordinaire, je ne ressentais que plus violemment ces sentiments lorsqu’ils me tenaillaient. Puis, d’habitude, il y avait Killian. Ou quelqu’un d’autre. Je tâchais de calculer depuis combien de temps je n’avais pas combattu seul. Je constatais que cela remontait à loin. Bien trop loin. Et que je ne défendais pas que ma peau sur ce coup. Quatre vies étaient entre mes mains. Les battements de mon cœur se firent plus douloureux : le stress. Voilà en quoi les relations humaines étaient gênantes.

" Je ne peux pas perdre … Ils vont mourir sinon … "

   Comme par miracle, mes douleurs s’atténuèrent un peu. Je savais qu’à partir du moment où je me fixais un objectif, je réussissais quasiment à chaque fois. Il n’y avait pas de raison que ça ne marche pas maintenant.

   Lentement, une silhouette émergea du coin de la ruelle. " Une femme ", réalisai-je. Plutôt petite et menue, de premier abord. Je savais que l’apparence physique n’était pas forcément un reflet de la puissance. Tout dépendait du don. Enfin, je pus voir les traits de mon adversaire. Je lus dans ses yeux qu’elle allait me tuer. Son regard s’attarda une seconde sur les personnes qui se tenaient derrière moi – leurs babillements m’indiquaient qu’elles ne comprenaient rien à ce qu’il se passait.

   La femme chargea sans prévenir. Je la bloquais à l’aide de mes bras et l’attrapais par la taille avec l’idée de la plaquer au sol en plongeant. Malheureusement, elle se dégagea et entreprit de se débarrasser des témoins. Je lui fis ce qu’on appelait traditionnellement un " croche-patte ", ce qui eut pour effet de la déstabiliser. J’en profitai pour placer mes mains ses épaules et y mis toute ma force et tout mon poids pour qu’elle tombe au sol. A terre, je tâchais de lui faire une clef de bras. Seulement, elle se dégagea et effectua un beau salto arrière, se retrouvant ainsi dans mon dos. Je me dépêchais de me retourner, me rappelant les conseils de mes entraînements passés : " Ne jamais avoir ton adversaire dans ton dos ". J’eus à peine le temps d’esquisser le moindre mouvement que l’ace me percuta de plein fouet. Son majeur et son index gauches, qu’elles avaient gardé levés et collés, s’enfoncèrent dans mon abdomen comme s’il avait été du beurre – la faute à son don, probablement. Mes muscles se contractèrent aussitôt, en même temps que le sang commençait à couler. Pour la première fois depuis le début de la bataille, l’une des filles soûle se mit à hurler. Je priais pour qu’elle continuât, du monde finirait bien par venir voir. Et si cela pouvait lui faire comprendre qu’il fallait qu’elle déguerpisse, c’était le top.

   Avec un sourire sadique, la femme retira ses doigts, avec l’intention de me les planter de nouveau. Il n’en était pas question. Je les lui attrapai et les lui tordis. Elle laissa échapper une plainte. Je sortis alors un couteau de ma poche. Elle l’aperçut et se recula immédiatement. Désormais, j’étais également capable de lui infliger des blessures importantes. Sa main gauche devant être désormais inutilisable, elle serra deux doigts de sa main droite et replia les autres. Elle fonça sur moi. Handicapé par ma blessure, je ne pus pas réagir à temps pour la contrer complètement, je me contentais de me projeter vers l’arrière, amortissant le choc de l’impact et évitant ainsi une seconde blessure. Je freinais avec les pieds pour ne pas qu’elle fusse trop près des " normaux " mais me retrouvais plus près d’eux que je ne l’aurais voulu. Cette fois, tous crièrent. Mon adversaire s’empressa de planter ses armes dans l’un de mes avant-bras. Mon bras droit perdit toute sa force et la guerrière appuya de ce côté. Ses doigts frôlèrent l’un des adolescents.

   Elle avait encore tellement de force que je crus que mon dernier bras valide allait me lâcher lui aussi. Et il le fit. L’ace s’engouffra dans la brèche pour tuer les fêtards. Dans son élan, elle me fit tomber au sol. A l’instant même, je remarquais la bouteille de bière que tenait l’un des garçons. Je lui arrachais des mains et l’écrasais sur le visage de la femme. Elle poussa un hurlement de douleur et recula. Pendant son mouvement de recul, je me redressais et lui tranchais la gorge.

   Elle s’écroula dans un bruit sourd.

   Sans que j’ai besoin de le leur dire, j’entendis les adolescents (que je venais de sauver au passage) s’enfuir en poussant de grands cris. J’avais envie de crier moi aussi. Je fixai mon arme, le liseré écarlate sur la lame. Du sang. Je réalisais avec horreur que j’avais retiré une vie.

   Une vie.

   Je lançais le couteau aussi loin que je le pus de moi.

   J’étais un assassin. La réalité de la chose me brisa. C’était bien la première fois que je tuais quelqu’un. J’avais assisté à de nombreux passages de la vie à la mort mais je n’en avais jamais été le responsable. Jamais. D’accord, j’étais un misanthrope : j’aimais étudier les relations humaines mais les vivre me révulsait littéralement. Les liens étaient des poids pour ceux qui préféraient suivre les ruisseaux sauvages aux sentiers tranquilles. L’espèce humaine avait beau être captivante, elle me répugnait. J’aurais préféré être une simple herbe ou un bête gravier. Ainsi, la vie était bien plus simple. Pourtant, s’il y avait une chose que j’admirais, idolâtrais et vénérais, c’était la vie. La notion même me fascinait. Il n’y avait à mon sens rien de plus beau. Et savoir que j’avais causé la mort d’une source de vie m’était intolérable. L’ace avait essayé de me tuer. Avait été à deux doigts. Mais cet acte exigeait-il que je la tue ? N’y avait-il donc pas une autre alternative ? Tout avait été si vite … Je n’avais même pas réfléchi en lui explosant la bouteille de bière sur le visage puis en l’égorgeant. Mon corps avait réagi tout seul – le fruit de mes nombreuses séances d’entraînement. Une raison de plus de détester ma race : l’instinct de survie. Le caillou n’en avait pas. Il se laissait marcher dessus, écraser, jeter dans un lac par des gamins inconscients.

-    Hé ! Ho ! Stanislas !

   Je remarquais qu’on agitait une main devant mes yeux. Je relevais la tête.

-    Killian ?

-    Je croyais que tu devais observer !

-    Les choses ont mal tourné …

   Mon regard se voila mais je vis mon partenaire se raidir.

-    C’est vrai … c’est la première fois que … enfin, tu vois quoi …

   Il y eut un silence pesant pendant quelques secondes. Suite à quoi, ma tour reprit :

-    Comment sont tes blessures ?

-    Ai pas regardé …

   Killian s’en occupa pour moi.

-    Il va falloir effacer les traces de la scène, me prévint-il.

   C’est ainsi que je vis mon compagnon récupérer toutes les traces de sang que mon combat avait laissé, avec un produit spécial, fourni par la Rook Guild, et fourrer dans une poubelle, dont le contenu était destiné à être brûlé sans être regardé au préalable, le cadavre de ma première victime. Une bien triste fin pour cet être que l’esprit sacré de la vie avait habité.

 

 

 

   Tabatha et ses cavaliers rentrèrent aux alentours de quatre heures du matin, épuisés. La reine devina tout de suite qu’il s’était passé quelque chose et me posa des questions. Je lui répondis de la manière la plus succincte, sans émettre de détails pour autant. Elle suivit sans rien dire le déroulement de ma pensée, voulant connaître le pourquoi de chacun de mes choix. Mes explications terminées, elle eut une seconde de silence avant de reprendre :

-    C’était bien pensé.

   En temps ordinaire, qu’elle me complimente aurait provoqué chez moi des réactions irrationnelles. Mais là, cela m’était indifférent.

-    Tu réfléchis toujours autant ? En si peu de temps ? poursuivit-elle.

   J’acquiesçai d’un hochement de tête.

-    C’est étonnant, conclut-elle.

   Je soupirai.

-    J’ai un Q.I. de 140.

   Il me sembla voir ses yeux s’écarquiller.

-    De … de 140 ?

   Nouveau mouvement de tête.

-    La moyenne se situe bien autour de 100 ?

-    Oui …

-    Tu es un véritable génie !

   Après un moment de perplexité, je compris que la remarque provenait d’Alexandre, et non pas de Tabatha.

-    Pas autant que moi, protesta Malcolm.

-    Tu n’as pas un Q.I. de 140, répliqua l’autre cavalier.

-    Et ? Le génie ne se mesure pas en données mathématiques.

-    Tes blessures ne te font pas trop mal ?

   Cette fois, l’observation venait bien de la reine. J’en fus surpris.

-    Bof … Non …

-    Pourquoi cet état amorphe alors ? insista-t-elle.

   Je ne répondis pas mais Killian – le traître – s’en occupa pour moi et lui chuchota à l’oreille l’origine de mon " état amorphe ". Tabatha fut surprise.

-    Et alors ? Ca n’a rien de surprenant pour des gens comme nous.

   Son ton avait été très froid en disant cela. Elle avait été jusqu’à soupirer et croiser les bras. La mort avait-elle donc aussi peu d’importance à ses yeux ? Je ne comprenais pas comment. Le souvenir de l’apparence de son lien avec ses cavaliers me revint et me fit comprendre que, pour elle, la mort devait avoir aussi peu de valeur que sa première dent de lait tombée. Il est vrai que c’était une tueuse professionnelle, après tout. Une donné essentielle dans son dossier.

-    Et vous ? lui demandai-je, détournant de moi l’attention. Comment ça s’est passé ?

-   Très bien. Personne ne nous a repéré et nous avons recueilli un nombre important de données. Je vous les exposerai demain. Pour le moment, il faut dormir.

   Alexandre et Malcolm sortirent en chahutant de ma suite et Killian se dirigea vers les toilettes. Tabatha allait elle aussi partir quand je m’enquis d’une dernière chose :

-    Tu … ne culpabilises pas pour … toutes les vies que tu prends ?

   Elle me répondit du tac au tac.

-    Non. Absolument pas. Tout le monde meurt de toute façon.

   Et elle me quitta.

 

 

 

   Il était huit heures du matin et je ne dormais toujours pas. Etendu sur un canapé, je songeais. Je refaisais encore et encore la scène finale de mon combat. Mais j’avais beau tout retourner dans tous les sens, quelqu’un finissait toujours par mourir. L’ace, les quatre adolescents ou moi. Il n’y avait pas d’autre issue. Je réalisais qu’en tuant mon adversaire, j’avais préservé quatre vies, en plus de la mienne. C’était toujours une vie de trop à sacrifier pour les autres. Néanmoins, cette pensée atténua un peu mon remord. J’avais toujours su qu’il me faudrait un jour en arriver à une extrémité comme celle-ci. J’avais cependant espérer qu’elle n’arriverait pas.

Incapable de fermer l’œil, je décidais de sortir.

   Je m’étais assis au bord de la piscine et fixais les reflets du soleil levant dans l’eau claire. Ma respiration était de nouveau régulière, et non plus hachée. Les remords finissaient donc bien par disparaître, ce qui n’était pas étonnant en soi. Tout change, tout évolue. Que l’on le veuille ou non. Le temps n’appartient pas aux hommes. Ni à personne d’autre.

   Je me relevai et marchai en direction de la plage. Arrivé, je constatais que quelqu’un s’y trouvait aussi, une femme. Ne voulant pas la déranger, je la dépassais en faisant le moins de bruit possible. Elle était assise à même le sol, les jambes repliées contre sa poitrine, ses longs cheveux châtains flottant au gré du vent. Quelle ne fut pas surprise de reconnaître Tabatha ! Sans un bruit, je m’assis à côté d’elle. La reine avait le regard fixé sur l’horizon, comme si elle cherchait quelque chose au loin. Les traits de son visage m’apprirent qu’elle ne devait pas avoir dormi non plus.

-    Tu ne dors pas beaucoup, n’est-ce pas ? lui demandai-je.

   Je ne savais pas si elle m’écoutait. Peu importe, je connaissais la réponse. Elle était régulièrement absente au lycée alors que ses cavaliers ne l’avaient séché que cinq fois depuis leur arrivée. Je me demandais ce qui l’empêchait de dormir. Eprouvait-elle des regrets, finalement, face à toutes ses victimes ? J’en doutais.

-    Qu’est-ce que tu fais là ? finit-elle par dire.

   Pour lui rendre la monnaie de sa pièce, je ne répondis rien.

-    C’est étrange, articulai-je après quelques minutes.

-    Quoi donc ?

-    Que tu me laisses m’asseoir à côté de toi. Tu voulais me tuer, au début, dès que tu me voyais.

-    Je le veux toujours. Mais j’ai reçu des ordres.

   Il existait donc quelqu’un susceptible de la contrôler un tant soit peu ? J’avais pourtant cru comprendre que sa grande loyauté à la Knight Guild ne la faisait pas se sentir obligée d’obéir à ses supérieurs.

-    Tu es franchement incroyable, lâchai-je.

   Elle daigna se tourner vers moi, les sourcils froncés.

-    Pourquoi ?

   Je réfléchis à ma réponse avec beaucoup de minutie. J’avais enfin l’occasion d’en apprendre plus sur elle et sur son étrange lien avec ses cavaliers.

-    Ta relation avec Malcolm et Alexandre … Sur quoi est-elle basée ?

   J’avais finalement opté pour la franchise. Tabatha se renfrogna.

-    Comment ça ?

-    Vous avez un long passé commun ?

-    Plutôt, oui.

-    Combien exactement ?

   Cette fois, elle explosa.

-    Et qu’est-ce que ça peut bien te faire, hein ? Tu comptes t’en servir pour assouvir tes désirs pervers ?

-    Mes désirs pervers ? m’étonnai-je.

-    Tu sais, celui de tout savoir sur tout le monde. Mais je te préviens, tu ne sauras rien de moi.

-    Tu as des choses à cacher ?

   Elle grogna.

-    Des choses à avouer ?

   Elle leva les yeux au ciel.

   Je continuais mon petit manège pendant un bon bout de temps, dans l’attente d’un mouvement de son lien.

-    Des choses à te faire pardonner ? soupirai-je, en désespoir de cause.

   La chaîne de son cœur se tendit brusquement. Je n’en revenais pas d’avoir touché juste.

-    Quoi comme …

   Je m’interrompis en voyant son expression. Je gardais de Tabatha Taylor une image d’adolescente trop mûre pour son âge, inébranlable et toujours énervée. Et bien trop belle pour vraiment être une créature terrestre. C’est pourquoi, la voir si soudainement effrayée me terrorisa. Les yeux grands ouverts, la bouche entrouverte, elle semblait être témoin d’une scène d’horreur. En cet instant, elle paraissait aussi fragile qu’une poupée de porcelaine. On devait pouvoir la briser simplement en l’effleurant. Ses yeux n’étaient plus des pierres froides mais de véritables marais où l’on perdait pied et s’engluait.

-    Tabatha !

   Alexandre et Malcolm couraient vers nous, complètement affolés, en tenue pour la nuit. Le punk n’avait pas de gel, ses cheveux étaient complètement raides et tombaient, ses oreilles étaient dépourvues du moindre bijou. Aux côtés de sa reine, le regard toujours aussi horrifié, le blond la prit dans ses bras. Malcolm me fixait d’un air mauvais.

-    Qu’est-ce qui s’est passé ? gronda-t-il.

-    Mais … rien ! m’écriai-je. On discutait !

-    De quoi est-ce que vous parliez ? s’énerva Alexandre.

   L’attitude de ce dernier me laissait croire que ce n’était pas la première fois que ce genre de chose arrivait. J’avais réussi à effleurer leur barrière, il était temps d’y causer une fissure. Le décryptage des mailles de la chaîne me paraissait plus simple.

-    Rien qui justifie son état ! me défendis-je.

-    ARRETE TON CINEMA !

   Pour la première fois depuis que je le connaissais, le cavalier blond était énervé. Voir complètement furieux. Il lâcha sa reine, qu'il confia aux bons soins de Malcolm, et m’empoigna par le col de ma chemise.

-    JE T’INTERDIS DE L’APPROCHER DESORMAIS ! TU M’ENTENDS ? ! TU M’AS BIEN COMPRIS ? ! NE L’APPROCHE PLUS !

   Je n’en revenais pas. Je ne m’étais jamais attendu à une telle réaction. Je savais la reine excessivement attachée à ses cavaliers mais je n’avais pas envisagé qu’ils puissent l’être autant avec elle en retour.

   Mes soucis oubliés, je retrouvais toutes mes capacités de réflexion et mon habilité à trouver les failles de mes adversaires. Le punk voulait me déstabiliser ? Très bien. Je savais jouer à ça, moi aussi. Et sans aucun doute mieux que lui. Je sentis un sourire en coin s’épanouir au coin de mes lèvres.

-    Je savais que tu ne t’habillais pas en punk seulement par coquetterie, commençai-je. Ton caractère … est beaucoup plus complexe que ce que tu veux faire croire …

   Je ne devais pas avoir complètement tort car je sentis Alexandre se raidir.

-    Mais … Je crois qu’il est très utile pour la protéger … Cela te permet de détourner très facilement l’attention… dès qu’elle est dans une situation périlleuse…

-    TAIS-TOI !

   Il me lâcha. Je remarquais que Tabatha le regardait. Ce que je vis dans son regard me pétrifia.

" De … l’amour ? "

   Jamais l’idée ne m’avait traversé l’esprit. Pourtant, l’admiration et le plaisir avec lesquels elle regardait son cavalier la défendre étaient typiques du sentiment amoureux. Oubliée, l’expression de film d’horreur. Tabatha adoptait maintenant celle de la princesse devant son cavalier servant.

-   Dégage ! me somma le punk, le doigt dans la direction de l’hôtel.

   Sonné, je ne répliquais rien et m’exécutais. Je regagnais ma chambre d’hôtel sous les regards courroucés des cavaliers.

   En rentrant dans ma suite, je trébuchais dans ma valise. Ma chute réveilla Killian.

-    Qu’est-ce que tu fiches à cette heure ? se plaint-il. J’ai sommeil !

-    Rendors-toi.

   Il ne me chercha pas des poux et se réinstalla sous sa couette. J’étais encore sous le choc de ma découverte. Je me précipitais à une fenêtre pour pouvoir observer les réactions de Tabatha et de ses cavaliers.

   Ils étaient toujours sur la plage, là où je les avais quittés. Tabatha semblait s’être jeté dans les bras d’Alexandre, encore une fois comme la princesse face à son sauveur. Pour un peu, ils allaient s’embrasser. Malcolm les regardait faire, je l’imaginais bien contemplant la scène le sourire aux lèvres. Etonnant d’ailleurs. Si les deux garçons étaient amoureux de leur reine, comment faisaient-ils pour s’entendre aussi bien ? Tabatha avait laissé entendre qu’ils se connaissaient tous les trois depuis longtemps …

   Décidément, leur lien n’allait pas être facile à trouver.

 

  

 

   Je continuais à les observer durant de longues minutes, en extase totale.

   Je venais de trouver un nouveau jouet. Absolument palpitant.

 

 

 

Ca faisait un moment que je voulais un chapitre avec Stanislas pour narrateur. Et maintenant, c'est fait ! J'espère qu'il vous plaira et vous permettra d'appréhender toute la complexité, non seulement du personnage, mais également de la relation entre Tabatha, Malcolm et Alexandre ...

J'attends vos avis !

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Présentation

  • : Chess-Moonless Night
  • : Lilian Stevens, Morgan Jones et Jade Takano sont trois lycéennes américaines, se rendant au même lycée. Elles ne se connaissent pas, ou peu, mais vont être amenées à se rapprocher suite à l'arrive de la splendide et mystérieuse Tabatha Taylor ... Ce qu'elles ne savent pas encore, c'est qu'elles vont être emportées dans des aventures qu'elles n'avaient jamais imaginé ... Prêt à franchir le point de non-retour avec elle ?
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