Quand je sortis de ma voiture, je constatais que l’on me tenait toujours rigueur de mes frasques de la semaine passée. J’étais seule. Des têtes se tournèrent néanmoins vers moi. Hé ! Je restais tout de même Morgan Jones !
J’avançais le sourire aux lèvres, sans hésitation, d’un pas décidé sous les murmures de mes congénères. Être libre était tellement agréable ! Je n’éprouvais absolument aucun regret. Adieu mensonge et superficialité !
Enfin … j’eus toutefois un pincement de cœur lorsque je croisais Lola Beck, sœur de Alana Beck – autre fille populaire. Tout le lycée devait savoir que c’était l’une de mes plus ferventes " disciples " et admiratrices, au grand dam d’Alana. Elle était rentrée cette année au lycée et m’avait suivi partout jusqu’à la semaine dernière.
Dès qu’elle me vit, ses traits fins se crispèrent et elle s’arrêta. Je devinais qu’elle était blessée dans son amour propre. Je ne savais pas comment réagir. Devais-je faire comme s’il ne s’était rien passé ? Ou l’ignorer ?
- Morgan …, dit-elle en serrant les poings, tu n’es qu’une sale traîtresse !
Je m’étais attendue à ce qu’elle me dise ça, aussi, je ne fus pas plus choquée que ça.
- Tu … tu as tourné le dos à tous tes amis ! Comme ça ! Sans aucune explication !
- Ce n’était pas mes "amis", Lola.
- Ah oui ? Quoi alors ? Ah mais oui, bien sûr. Tes faire-valoir !
- Ce n’est pas ça ! objectai-je. Si j’avais dit "non" à Alexia quand elle m’a demandé de rejoindre les cheerleaders l’année dernière, tu me snoberais comme les autres !
Lola eut l’air surprise, voir un peu indignée.
- Tu … tu ne voulais pas … rejoindre l’équipe ?
- Non. Je n’ai jamais voulu de toute cette popularité ridicule.
Elle baissa les yeux et serra les dents.
- Et … pourquoi maintenant ? Ca n’avait pas l’air de te déplaire d’être le centre de toutes les attentions. Alors pourquoi ? Pourquoi avoir décidé d’arrêter ?
Les larmes perlaient au coin de ses yeux. Voir son mentor dénigré tous ses efforts pour être aussi célèbre que lui et sa sœur lui était particulièrement pénible.
- Et bien …
Je n’avais encore jamais exprimé à voix haute mes motivations.
- Il .. il y a un garçon qui me plaît … beaucoup, bredouillai-je. Mais … si je veux qu’il me remarque … je ne veux pas que ce soit sous les traits de la "Morgan Jones" que j’étais il y a encore une semaine. Je veux qu’il voie comment je suis … pour de vrai.
Lola était devenue toute blanche.
- Tu as décidé de … de faire ce que tu as fait … pour un … garçon ?
- Pas seulement. Cela faisait déjà un moment que je voulais arrêter tout "ça". Ce n’était qu’une question de temps avant que je craque. J’ai jugé que c’était une bonne occasion.
Je lui adressais un petit sourire gêné. Elle pleurait maintenant. Je lui caressais l’épaule dans une tentative de réconfort.
- Si .. tu as vraiment envie d’être populaire … continue tes efforts, l’encourageai-je. Mais j’aimerai que tu saches que … ce n’est pas … à mon sens … la meilleure chose à laquelle il faut aspirer,. J’espère qu’un jour, tu feras la rencontre d’une chose ou de quelqu’un qui te le fera comprendre.
Je ne savais pas si elle m’écoutait.
- Lola …
- Ne me touche pas !
Elle dégagea ma main de son épaule. Je vis qu’elle pleurait pour de bon.
- Je te faisais confiance ! s’exclama-t-elle. Tu étais mon modèle ! Je voulais être comme toi ! Mais maintenant, si tu savais comme je regrette !
Je ne sus pas quoi lui répondre.
- Je voudrais ne jamais t’avoir connu ! conclut-elle.
Et elle s’éloigna en courant.
" Lola … "
J’espérais, qu’un jour, nous aurions l’occasion de nous reparler, quand sa rancœur se serait atténuée. Si cela ne devait pas arriver, je lui souhaitais simplement d’être heureuse. Je le pensais vraiment. Si cela revêtait une connotation de dernière volonté, c’était parce que je savais que cette discussion avec elle marquait ma définitive exclusion du cercle duquel j’avais toujours fait parti au lycée.
J’espérais juste que je n’aurais pas à regretter ma décision.
L’instant fatidique arriva. Le moment d’aller au self. La question était : " Avec qui manger ? ". Les autres filles de ma classe n’osaient pas me parler malgré mes efforts pour me rapprocher d’elles. J’osais espérer que j’allais retrouver Lilian ou Jade. Ou mieux encore, Malcolm.
" Je veux que vous me promettiez de ne jamais éprouver le moindre sentiment amoureux pour eux. Jamais. "
Je sais. Mais qui parlait d’amour ? Je pouvais tout de même être amie avec lui ! … Non ? J’avais l’impression d’être remontée dans l’estime de Tabatha suite à ma rébellion et je priais pour qu’elle me laisse manger avec eux aujourd’hui encore. Je finis par l’apercevoir, elle déposait des bouquins dans son casier.
Je me précipitai vers elle. La reine se retourna, aussi glaciale qu’à l’ordinaire.
- Salut. Je peux manger avec toi à midi ?
J’avais prononcé le tout à toute vitesse pour ne pas bafouiller. Elle soupira.
- Pourquoi ?
- Euh … et bien …
- Jade est un peu plus loin dans cette allée, à son casier. Si tu veux quelqu’un pour manger avec toi, demande-lui.
- … Euh … d’accord. Merci, ajoutai-je.
Elle grommela des paroles inintelligibles puis claqua la porte de son casier et s’éloigna. Je cherchais Jade du regard et la vis, elle semblait chercher quelque chose dans son casier et se trouvait avec une autre fille avec que je la voyais souvent. Cette même fille écarquilla d’ailleurs les yeux quand elle comprit que c’était bien elles que je me dirigeais.
- Jade, lui souffla-t-elle. Morgan Jones s’approche de nous. Jaaade.
Cette dernière leva la tête de son casier et parut surprise de me voir.
- Salut, commençai-je.
- Sa … salut.
- Ca vous dérange si je mange avec vous ? lui demandai-je.
- Non, pas du tout. Je … te présente Karen, me dit-elle tout en désignant la fille à côté d’elle.
- Enchanté Karen.
- Ah … euh, oui, moi de même.
Elle me tendit la main, réaction un peu maladroite mais à laquelle je réagis de manière spontanée en la lui serrant et riant.
Rapidement, Karen perdit sa réserve et me parla comme si nous étions des amies de longue date. Elle bavardait à la place de Jade et j’avais moi-même de la peine à placer trois mots. Mais j’étais ravie d’être enfin considérée comme une personne ordinaire.
" Tu ferais mieux de déguerpir. "
Je tressaillis à l’entente des voix, je n’en avais plus l’habitude. Elles m’indiquaient toutefois que l’un, au moins, des cavaliers se trouvaient à proximité. Je jetai de discrets coups d’œil autour de moi, espérant qu’il s’agisse de Malcolm mais j’eus beau me retourner, je ne le vis pas plus qu’Alexandre. Elles eurent également l’avantage de me faire penser aux pilules que je devais prendre à chaque repas.
- Qu’est-ce que c’est ? s’enquit Karen quand elle les vit.
- Des pilules contre le mal de gorge, mentis-je.
Pas question de lui dire qu’un médecin knight m’avait prescrit des médocs pour m’éviter d’attenter à la vie de chaque knight que je croisais.
Voir l’avenir ! Et puis quoi encore ! Le simple fait d’y repenser m’énervait. Il devait bien y avoir une autre raison qui expliquait les voix dans ma tête. Après tout, si j’étais vraiment douée, mon don aurait dû fonctionner depuis ma plus tendre enfance, ce qui n’était pas le cas. Oh, bien sûr, il y avait les drôles de rêve avec la belle jeune femme – dont je n’arrivais pas à parler – et cet étrange cauchemar avec Marilyn Monroe mais … voir l’avenir ? Être une rook ? Merci bien mais non. Très peu pour moi. O.K. les pilules de Maximilien marchait, je n’avais plus la moindre voix à l’encontre de Tabatha et c’est à peine si elles me conseillaient de ne m’approcher de ses cavaliers. Mais je n’étais pas une douée. J’étais normale. Une fille normale cernée d’êtres tout sauf normaux. Bien que certains d’entre eux ne soient pas déplaisants, voir même carrément mignons.
- Et toi Morgan ? Qu’est-ce que tu as prévu pour le bal de promo ?
Je sursautai, surprise par l’intervention de Karen. Plongée dans mes pensées, je ne suivais plus la conversation.
- Rien encore, avouai-je en souriant. Et toi ?
- Moi je vais peut-être y allé avec Alexandre Evans !
Elle l’avait dit à voix basse, pour ne pas être entendue dans tout le self. Moi, j’avais les yeux grands ouverts.
- Quoi ? … Tu lui as demandé ?
- Oui mais … il n’est pas encore certain de s’y rendre alors il ne m’a pas encore donné une réponse définitive.
- Et qu’est-ce qu’en dit Tabatha ?
Cette fois, ce fut au tour de Karen d’être surprise par ma question. Je réalisais que, n’étant pas aussi proche de la reine – non pas que je le sois énormément moi non plus au final –, elle ne devait pas avoir eu l’occasion de constater son attachement particulier à Alexandre et Malcolm.
- Ben … rien, pourquoi ?
- Pour rien. Oublie. En tout cas, tu as du courage d’avoir osé lui demander.
- N’est-ce pas ? insista-t-elle, plutôt fière.
Que Jade lève les yeux au ciel ne m’échappa pas.
- Merci de me prendre, me remercia Lilian en montant dans ma voiture.
- De rien, je devais passer prendre Jade aussi alors une de plus ou de moins …, plaisantai-je.
Elle boucla sa ceinture de sécurité puis resta silencieuse pendant quelques dizaines de secondes avant de reprendre :
- Je me demande quand même qu’est-ce que nous allons bien faire qui nécessite tout un après-midi.
Ah ça … Les cernes sous mes yeux n’étaient pas là pour rien. J’avais tellement angoissé depuis le message de Tabatha le mercredi – " Réservez-moi votre après-midi. RDV chez moi " - que je n’en avais pas dormi. Je ne comptais plus tous les cauchemars qui avaient découlé de cet SMS, j’en enchaînais parfois plusieurs par nuit. Je m’étais inquiétée de savoir si eux aussi allaient se réaliser mais j’avais rapidement compris que non, pour deux raisons. La première c’est qu’aucun n’avait été aussi réaliste que celui avec Marilyn Monroe, les sensations étaient les mêmes que celles d’un rêve normal. La seconde, aucun n’était plausible. Je doutais que Tabatha nous enchaîne réellement dans sa cave et encore moins qu’elle nous emmène en concert. En y repensant, je trouvais que mes rêves pouvaient vraiment se révéler étrange.
Terreur des Ténèbres semblait nous attendre, postée devant la maison tel un chien de garde. Lilian et Jade rirent beaucoup quand je leur révélais son nom, bien qu’elles dussent avouer que, bizarrement, il lui allait bien.
Je frappais à la porte et, aussitôt, on m’autorisa à entrer. Je fus surprise de constater que le salon de Tabatha avait repris son aspect d’antan, sans morceaux de canapé éparpillés aux quatre coins. La propriétaire des lieux n’étaient pas là mais Malcolm et Alexandre, oui. Le punk se précipita aussitôt sur Jade qui tenta de sortir de la maison. Malheureusement, le blond fut plus rapide qu’elle.
- Bonjour Malcolm.
C’était une salutation parfaitement normale pourtant je m’empourprais.
- Salut.
Je n’avais pas pu m’empêcher de soigner ma tenue, soupçonnant que Malcolm serait présent cet après-midi et, dans le miroir, je m’étais trouvée plutôt attirante. Et jusqu’à ce que Tabatha arrive, je continuais à le penser. Oui, parce qu’à partir du moment où la reine était descendue au rez-de-chaussée, je m’étais sentie ridicule. Tellement gamine. Avait-elle vraiment seize ans ?
Elle avait revêtu un bustier noir et un pantalon serré de la même couleur qu’elle avait rentré dans une paire de bottes sombres et brillantes. Autour de son cou, elle avait, évidemment, son habituel collier avec la clochette. Sa tenue mettait en évidence ses membres longs, graciles et joliment musclés, sa peau sans imperfection. Sa plastique irréprochable. Tabatha Taylor était splendide. J’étais passable.
Elle ne prit pas la peine de nous saluer, se contenta d’attraper les clefs de voiture qu’elle avait posé sur sa table basse.
- Levez-vous, bande de limaces, ordonna-t-elle aux garçons, à ce train-là on va finir par être en retard.
- C’est toi qui dit ça ? persifla Alexandre, qui était toujours pendu au cou de Jade. C’est toi qui a voulu changer de tenue ! Tu veux plaire à Stanislas ou quoi ?
La reine se raidit. Elle se tourna vers son cavalier et lui lança un regard plus que mauvais.
- Redis ça encore une fois, le menaça-t-elle, et je te tue.
J’avais beau savoir qu’elle tenait à Alexandre et Malcolm, je la crus capable de mettre ses menaces à exécution.
- Malcolm et Alexandre, je vais poser les filles à la gare. Vous vous occupez de réceptionner les … rooks. Je vous rejoindrai ensuite à l’endroit dont nous avons convenu tout à l’heure.
- Tu vas les laisser seules à la gare ? s’étonna Malcolm.
- Ann s’occupera d’elles.
Hé ho. Qu’est-ce que c’était que cette histoire de gare ? Je n’étais prête à partir nulle part qui nécessitait que j’emprunte le train. Tabatha ne me laissa pas l’occasion de protester néanmoins, les cavaliers se levèrent et nous sortîmes tous de la maison. Nous retournâmes à Denver grâce à la porte et descendîmes au sous-sol de l’immeuble qu’était censée occuper la reine. Nous y attendaient un beau 4x4 flambant neuf et une autre belle voiture, de toute évidence conçue pour atteindre des vitesses vertigineuses.
Tabatha se dirigea vers la Maserati – c’était tout du moins l’enseigne de cette marque qui était représentée sur le véhicule – tandis que les garçons montaient dans le 4x4.
- Fais gaffe Tabatha. Tu as des passagers ! se moqua Alexandre. Méfiez-vous les filles, c’est une vraie folle avec un volant entre les mains !
L’intéressée ignora la remarque et se contenta de nous demander :
- Entre vous trois, lesquelles sont les deux plus petites ?
Je compris pourquoi elle posait la question. Les voitures de luxe n’étaient pas réputées pour l’espace qu’offraient leurs places arrières. Autant notre conductrice et Jade pourraient se permettre d’étirer leurs jambes, autant Lilian et moi étions destinées à les plier. J’étais tellement préoccupée par la distance que nous allions parcourir ainsi que cela effaça mon excitation de monter dans une voiture pareille.
Tabatha s’arrêta à l’Union Station. Ce n’était pas étonnant en soi puisqu’elle avait parlé de gare mais … où comptait-elle nous emmener ?
Je n’avais été qu’une fois à la gare, quand j’avais été attendre l’une de mes tantes qui nous rendait visite, aussi je ne me rappelais avec précision l’intérieur du bâtiment. Jade et Lilian ne paraissaient pas rassurer et regardaient tout autour d’elles. Je faisais pareil.
La reine s’avança sans la moindre hésitation vers l’un des guichets et nous la suivîmes sans qu’elle ait besoin de nous le dire bien que je sois surprise par son choix. Ce guichet était celui avec la plus longue file d’attente. Je me permis de le faire remarquer à Tabatha qui n’émit qu’un "Tss" énervé.
Au bout de plusieurs minutes, nous arrivâmes, enfin, devant la guichetière. Étonnamment, quand elle nous vit, ses yeux s’illuminèrent. Il s’agissait d’une femme d’une cinquantaine d’année, avec des cheveux rouges absolument pas naturels, tout bouclés, attachés en un chignon d’où dépassaient la plupart des mèches, fardée et vêtue d’une veste sans manches en jean. Quand elle ouvrit la bouche, je sentis son haleine de fumeuse, d’ailleurs on l’imaginait aisément une clope au bec.
- Salut Ann, la salua Tabatha.
- Hé ! Tabatha ! Ca faisait longtemps ! Tu évitais la vielle Annie ? plaisanta la femme.
Tabatha rit sous cape, esquissant un semblant de sourire qui la rendait encore plus belle qu’à l’accoutumée.
- En fait, j’aimerai emprunter la ligne spéciale.
- Je m’en doute. On ne vient pas me voir pour résoudre un problème d’arithmétique. Alexandre et Malcolm sont là aussi ?
- Non, ils sont partis prendre nos partenaires … rooks.
- C’est vrai … ton équipe a été fondue avec une rook …
Elle marqua une courte pause avant d’ajouter :
- Je n'arrive toujours pas à me faire à l’idée qu’on s’est allié avec l’ennemi.
- Tss … Oui. Désolée mais je ne peux pas m’attarder plus longtemps. Tu peux te charger de leur expliquer comment ça marche ? Elles sont attendues au QG.
Elle nous désigna d’un mouvement de tête.
- Bien sûr mais … quelqu’un les réceptionne à l’arrivée ? s’inquiéta Ann.
- Oui, Alice m’a dit qu’elle s’en occuperait.
- Bon, ça marche alors. File maintenant, je ne veux pas que tu sois en retard !
Tabatha ne se fit pas prier et partit immédiatement, sans nous dire un mot. Sympa.
- Vous êtes bien Lilian Stevens, Morgan Jones et Jade Takano ? nous demanda la guichetière.
Nous hochâmes la tête.
- Venez par ici.
Elle nous fit signe d’entrer dans la cabine et s’excusa auprès de ceux qui attendaient derrière nous.
- Vous savez où vous êtes ? commença-t-elle quand elle se fut assurée que personne ne nous écoutait.
- A l’Union Station.
- Pas seulement, rit-elle. Cette gare abrite une station de la Ligne Spéciale.
- Qu’est-ce que c’est ?
- C’est un train souterrain mis en place par la Knight Guild. Il permet aux knights de se déplacer dans tous les Etats-Unis.
- Les humains normaux ne connaissent pas la Ligne Spéciale ? la questionna Lilian.
- Non, bien que la plupart des stations soient placées dans des gares tous publics, autrement dit, que les personnes normales utilisent.
Ann ouvrit un tiroir de son bureau et en sortit une boîte en fer blanc dont elle tira trois tickets blancs sur lesquels étaient inscrits en lettres dorées " LIGNE SPECIALE ". Elle pianota ensuite sur son clavier et nous donna des informations vitales.
- Alors, comme je vous l’ai dit, la Ligne Spéciale passe sous terre, il va donc falloir que vous descendiez. Seulement, la Knight Guild ne pouvait pas installer d’escalier sous peine de voir des gens normaux l’emprunter et la découvrir. Nous avons donc installé différents passages un peu partout dans la gare que nous utilisons à tour de rôle. Ecoutez-moi bien du coup sinon vous louperez votre train.
Elle garda le silence quelques secondes, histoire de s’assurer que nous étions attentives.
- Bon, vous allez vous rendre aux toilettes. En arrivant, vous vous laverez les mains puis utiliserez le sèche-mains. A ce moment-là, vous passerez le code barre de vos tickets dessous – un scanner a été installé dans le sèche-mains. Une fois que ce sera fait, vous entrerez dans des cabines, vous assiérez sur les cabinets puis appuierez sur la chasse d’eau. Comme ça, vous activerez une porte et serez ainsi téléportées dans une salle. Vous en sortirez, il n’y a qu’une seule sortie, et là vous serez sur le quai de la Ligne Spéciale. Vous me suivez jusque là ?
- Ca va.
- Tant mieux. Quand vous serez sur le quai, la moitié du travail sera fait. Vous verrez qu’il y a énormément de mondes alors faîtes attention à ne pas vous éloigner les unes des autres.
Du même tiroir où elle avait tiré la boîte en fer, elle sortit trois dépliants qu’elle nous tendit. Il s’agissait d’un plan qui indiquait toutes les destinations accessibles en utilisant la station de la Ligne Spéciale à l’Union Station, un peu comme les plans de métro.
- Vous devrez emprunter le "Stardust", c’est le nom du wagon.
Elle posa son doigt sur la ligne correspondante sur le dépliant.
- Ne perdez pas de temps, il est très demandé, il y aura un monde fou.
Je commençais à stresser.
- Pour finir, vous devrez descendre à l’arrêt "QG". Quelqu’un va vous attendre là-bas, pour le retrouver, dirigez-vous vers la sortie.
- Mais … comment fera-t-on pour reconnaître cette personne ? s’inquiéta Jade.
- Ne vous inquiétez pas. Alice vous trouvera.
Elle eut un sourire chaleureux puis nous invita à nous dépêcher.
- Le Stardust devrait arriver dans un quart d’heure. Bonne chance !
- Merci !
- Au revoir.
Nous sortîmes de la cabine avec un dernier regard pour Ann puis nous nous mîmes en quête des toilettes.
J’avais été sceptique quant à la présence d’un scanner dans un bête sèche-mains jusqu’à ce que je passe mon ticket dessous et qu’un "bip" discret retentisse. Là, j’avais commencé à envisager qu’il était possible qu’une chasse d’eau me propulse sous terre. Je passerai sous silence les pensées qui m’ont habité quand je me suis assise sur les cabinets. En tout cas, elles ne volaient pas bien hautes. J’étais plutôt gênée. J’ai fermé les yeux et, en tâchant de ne pas trop réfléchir ainsi qu’en serrant fermement mon ticket " LIGNE SPECIALE", j’ai appuyé sur la chasse d’eau.
Pendant encore quelques secondes j’ai entendu la conversation des deux femmes aux lavabos (" – Vraiment ? – Oui, Oui, je t’assure. Même qu’à ce moment-là, il lui a dit que… ") puis … il y a eut le brouhaha. Le type de brouhaha que produit habituellement une foule. Alors, j’ai rouvert les yeux.
Je me trouvais dans une salle de forme rectangulaire toute en pierre. Un banc suivait le mouvement des murs. J’étais assise sur ce même banc et, à côté de moi, se trouvait Jade. Et après Jade, Lilian. On était bien toute arrivé à la station de la Ligne Spéciale. On s’est regardé avant de se lever et de se diriger vers l’ouverture en forme de porte afin de rejoindre le quai.
Je n’en croyais pas mes yeux. Contrairement à ce que j’avais pu imaginer, l’endroit n’était pas exigu, plutôt haut de plafond au contraire. Toutes les gares de la Ligne Spéciale étaient-elles ainsi ? Cela me faisait drôle d’imaginer que des tas de gens marchaient au-dessus de lieux pareils. Des tas de personnes marchaient le long du quai, certaines en discutant avec une autre. Aucun train n’était là pour le moment. Je remarquais un panneau électronique indiquant les prochains à arriver, le Stardust comptaient parmi ceux-là. Il était censé arriver dans cinq minutes.
- Comment ils ont fait pour construire ça ? s’interrogea Lilian à voix haute.
- Bah … Ils ont dû utiliser un de leur super pouvoir, lâchai-je.
Tout comme moi, Jade et Lilian avaient le nez en l’air, occupées à scruter la moindre parcelle de la gare.
Je fus sortie de mes pensées par le bruit d’une alarme, indiquant qu’un train arrivait. Mon cœur recommença à augmenter son nombre de pulsations par minutes.
Le train était cylindrique et argenté, pourvu de fenêtres rondes. Quand il fut presque immobilisé, j’aperçus furtivement son nom, " Stardust ", écrit en lettres élégantes. A de petits portillons, placés à intervalles réguliers, de longues queues se formaient et, me souvenant des conseils d’Ann, j’exhortai les filles à se dépêcher de se mettre dans l’une d’elle.
Une fois le train parfaitement immobile, les portes du train – circulaires elles aussi – s’ouvrirent avant de laisser sortir pour chaque portillon deux employés du train vêtus d’un bel uniforme bleu et d’une solennelle casquette assortie.
- Bonjour, dirent-ils, parfaitement synchrones.
Ils sortirent, toujours en même temps, deux poinçons de la poche unique de leur veste et firent rentrer les premiers membres de la file. Arrivé mon tour, je tendis timidement à l’un d’eux mon ticket que l’on poinçonna machinalement.
L’intérieur du Stardust était aussi splendide qu’il le laissait suggérer. De la moquette rouge avait été posée au sol et les murs étaient de la même couleur argentée qu’à l’extérieur. Exactement comme dans un train, il y avait différents compartiments et des banquettes, d’un même tissu rouge que le sol. Je m’empressai d’en réserver une encore libre avant d’être rejointe par mes deux camarades. Je remarquais que quelques plantes vertes avaient été disposées dans l’habitacle.
Deux ou trois minutes plus tard, le Stardust repartait.
- HIAAARGH ! !
J’avais beau savoir qu’à chaque hurlement que je poussais, tous les membres de notre compartiment se retournaient vers moi avec un drôle d’air, je ne pouvais pas m’en empêcher. Comme si eux étaient habitués à voir des dinosaures leur faire coucou par le hublot accolé à leur banquette ! Car régulièrement, des cinématiques (ça ne pouvait être que des cinématiques, aucun don ne pouvait permettre d’avoir ramené un T-Rex à la vie et de le faire habiter dans une voie de métro, hein ? ) venaient distraire les passagers de la Ligne Spéciale durant leur voyage souterrain. J’avais ainsi eu l’occasion de croiser des licornes, des sirènes, des fées, une princesse orientale et, maintenant, des dinosaures. Jade était ravie et ne cessait de s’enthousiasmer à chaque créature surnaturelle que nous croisions, Lilian paraissait un peu plus inquiète mais était transportée par le spectacle. Etaient-elles bien conscientes qu’elles étaient passées à moins de cinq mètres d’un carnivore qui n’aurait fait qu’une bouchée d’elles ? En tout cas, moi, je l’étais. Peut-être un peu trop en fait. Je consultais ma montre, cela faisait déjà une demi-heure que nous roulions et nous allions descendre, enfin, à la prochaine station.
- Regardez ! Le kraken ! s’écria Jade.
- HIAAARGH ! !
"Arrêt du QG, arrêt du QG. Prière aux passagers descendant à l'arrêt de se préparer à la descente. Arrêt du QG, ..."
Bien décidée à ne plus jamais retomber sur un dinosaure ou une pieuvre géante, j’empoignai mon sac à main, me levai et, en m’accrochant aux poignées prévues à cet effet, regagnai les portes.
Le point sur le dépliant d’Ann correspondant à la gare du QG indiquait bien qu’il s’agissait d’une importante station. Et, comme j’aurais dû m’en douter, le luxe étant proportionnel à la taille, l’arrêt étincelait de partout. Par contre, dire si cela était le fait de la lumière, émanant de je-ne-sais-où, reflétée sur les lustres en cristal, les murs en cristal ou le sol en cristal, impossible pour moi. Une énorme horloge, en or pour changer, était suspendue au, grand, plafond et permettait d’indiquer l’heure, exacte, aux utilisateurs de la Ligne Spéciale. Par contre, un panneau indiquant la sortie, ça, il n’y avait pas. Quelqu’un l’avait peut-être volé (un panneau "Sortie" en cristal cela pouvait sans doute se vendre une fortune). Finalement, nous décidâmes de monter un gigantissime escalier – en cristal, pas de gaspillage surtout. L’endroit était étonnamment silencieux alors qu’il y avait foule et que ses dimensions auraient dû amplifier les bavardages. Pour peu, je me serais cru dans une église. Sous mes pas, chaque marche émettait un joli son cristallin et, accompagnés de ceux de Lilian et Jade, nous étions à l’origine du trois-quarts du bruit.
Arrivées en haut, toutefois, nous n’étions pas plus avancées. Au moins nous avions une superbe vue sur la gare.
- Hé, les filles, par ici.
Nous nous tournâmes comme une seule adolescente vers la voix.
La femme devait avoir vingt cinq ans tout au plus. Elle avait des cheveux très noirs coupés en un carré sévère qui contrastait avec le sourire amusé qui flottait sur son visage à ce moment-là. Sa peau très belle et brillante contrastait à merveille avec ses cheveux et ses beaux yeux bleus ourlés de noir. D’une manière générale, elle était maquillée discrètement mais efficacement. Elle devait être de taille moyenne mais les talons haut perchés qu’elle portait lui donnait une certaine prestance. En guise de vêtements, elle avait une salopette blanche très courte et dotée d’un décolleté qui dévoilait une partie de sa poitrine tout en restant convenable. Par-dessus, elle avait une veste blanche. Aux jambes, elle avait revêtu des jambières noires sans pied qui descendaient jusqu’en bas de ses chevilles et empiétaient un peu sur ses chaussures. Sexy et classe à la fois.
La femme nous tendit la main en souriant.
- Enchanté de faire votre connaissance. Je suis Alice Osborn, Seconde de la Knight Guild.
Je ne savais pas à quoi correspondait exactement le titre de "Seconde" mais qu’elle daigne le préciser laissait supposer que c’était un titre important.
- Enchanté … aussi. Je suis …
- Morgan Jones, me coupa-t-elle. Je sais qui vous êtes toutes les trois.
Elle eut un petit rire.
- Je vais vous conduire au QG, vous êtes très attendues.
Elle sourit de nouveau puis commença à marcher sans se préoccuper des têtes qui se tournaient vers elle sur son passage, ne s’arrêtant qu’une fois arrivée devant un bel ascenseur en verre. Les portes s’ouvrirent automatiquement et nous montâmes toutes à l’intérieur. Sans un bruit, nous commençâmes notre ascension.
Quelle ne fut pas ma surprise de voir l’appareil continuer à monter même quand nous eûmes dépassé tous les immeubles les plus haut de la ville ! Et ce, sans que personne ne semble s’en apercevoir ! J’avais beau ne pas avoir le vertige, savoir qu’une force invisible nous tractait vers des hauteurs invraisemblables me rendait malade. Oui, parce qu’il n’y avait pas de câbles (j’avais vérifié).
- A … Alice, où allons-nous ? balbutiai-je.
- Au QG, me répondit-elle tranquillement.
- Et il est encore loin ?
- Non. Plus qu’à quelques dizaines de mètres. Tiens, tu peux le voir en levant la tête.
- Ce n’est pas possible …, souffla Lilian.
Un imposant bâtiment en verre et en métal se tenait au-dessus de nos têtes, haut comme un immeuble de taille respectable. Il flottait. A notre approche, des battants s’ouvrirent, permettant à l’ascenseur de rentrer dans la structure volante.
L’intérieur du QG de la Knight Guild ne comportait aucune différence notable avec celui d’un bel immeuble a priori normal. Deux rangées d’ascenseurs en verre desservaient les différents étages, composés de bureaux avec de belles baies vitrées. Il y avait aussi des escaliers en métal.
L’ascenseur se posa sur une estrade prévue à cet effet avant d’ouvrir ses portes. Je sortis en tremblotant, éprouvée par ma rencontre avec un dinosaure et mon voyage dans les airs.
- Suivez-moi, nous ordonna Alice, toujours souriante.
Elle se dirigea vers un autre ascenseur, Lilian, Jade et moi sur ses traces. Je remarquais qu’il y avait moins de boutons que d’étages et en fis part à Alice, histoire de rompre le silence.
- Les derniers étages … ne doivent pas être accessibles à tout le monde, m’expliqua-t-elle.
Je m’en voulus de ne pas l’avoir deviné toute seule. Elle allait finir par me prendre pour une idiote.
Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent sur le dix-huitième étage et nous nous engouffrâmes hors de l’habitacle de l’appareil. Cet étage avait beau présenter les mêmes caractéristiques que les autres – structure métallique, murs de verre, moquette noire –, ici, tous les rideaux étaient tirés sur les baies vitrés. Je compris que cela devait être les bureaux des membres les plus importants de la Knight Guild et qu’ils ne devaient pas vouloir que tout le monde sache ce qu’ils y trafiquaient. Seul l’un d’eux restait à la vue de tous, une sorte de salle d’attente. Il y avait des canapés, une machine à boissons et des magazines ainsi que Stanislas, Killian, Tabatha, Alexandre et Malcolm. La reine semblait surveiller tous les garçons du coin de l’œil, en particulier le roi rook qui paraissait vouloir se balader un peu partout dans le bâtiment (c’était un rook après tout). Ce fut lui qui nous aperçut le premier.
La Seconde leur fit signe de venir et de la suivre avant de reprendre sa marche.
- Jaaade !
- Alex, il y a des gens qui travaillent, le réprimanda gentiment Alice.
Elle aussi l’appelait par son diminutif ! Jusqu’à présent, je n’avais jamais entendu que Tabatha et Malcolm le nommer ainsi. Quelle relation entretenait-elle avec lui ?
- Tabatha !
Tout notre groupe se retourna en direction de la voix qui avait hélé cette dernière. Il s’agissait de Luna, la reine knight que j’avais eu l’occasion de rencontrer lors de ma première visite chez Shannon, accompagnée de son séduisant cavalier, Rey de son prénom.
- Alex, Malcolm ! Qu’est-ce que vous faîtes ici ? s’étonna-t-elle, visiblement heureuse de les voir. Oh ! Lilian, Morgan, Jade ! Je suis contente de vous revoir ! Pas vrai Rey ?
- Bien sûr.
Il posa sur elle un regard tendre et je crus deviné que …
- Et tu ramènes de beaux garçons avec toi …, murmura Luna à l’autre reine en jetant une œillade appuyée à Stanislas puis à Killian avant de repasser au roi.
Œillade qui n’échappa pas à Rey, qui décocha un regard furieux aux rooks.
- Ce sont des rooks, lui précisa Tabatha à voix basse.
Luna eut l’air surprise puis franchement dégoûtée. Je crus même l’entendre murmurer : "Berk !".
- Tu viens chercher un ordre de mission ? lui demanda ensuite Tabatha.
- Oui. Et toi ?
- Pas exactement. En fait, je …
Un raclement de gorge d’Alice la rappela toutefois à l’ordre et elle conclut sa discussion d’un "Je te rappelle". Tabatha avait-elle donc des amies ? Autre que ses cavaliers ?
Luna et Rey partis, nous tombâmes au détour d’un couloir sur Shannon, en larmes.
- Qu’est-ce qui t’arrive ? s’enquit immédiatement Alice, inquiète.
- C'EST UNE HONTE ! La comptabilité refuse de me laisser investir dans la Sabline à Grandes Fleurs !
Chaque dentelle de sa crinoline trembla et elle essuya ses larmes avec son mouchoir en soie.
- Ecoute, Shannon, je suis occupée là …, s’excusa Alice.
- La Sabline à Grandes Fleurs est une ESPECE EN VOIE DE DISPARITION ! s’indigna Shannon. Et qu’est-ce que me répond la comptabilité ? Que j’ai suffisamment de "trucs verts" chez moi !
- Calme-toi, lui conseilla Alice. Je m’en occuperai, je te le jure mais là il faut que tu partes …
- SI LA COMPTABILITE CROIT QUE JE VAIS ME LAISSER FAIRE COMME CA !
Elle s’éloigna en vociférant d’autres menaces contre la comptabilité et quand nous arrivâmes au bureau d’Alice, sa propriétaire paraissait épuisée.
La pièce était élégante mais relativement vide, j’en conclus que, peut-être, les autres jours, Alice siégeait ailleurs.
- Asseyez-vous, nous invita-t-elle. Alex, lâche Miss Takano.
Une fois que le calme fut à peu près installé, que la Seconde eut salué en bonnes et dues formes l’équipe rook, Alice commença son discours.
- Lilian, Morgan, Jade, j’ai demandé à vous rencontrer afin de discuter avec vous de certains points. Vous n’êtes pas sans savoir que vous avez été chacune attaquée par un membre de l’Ace Guild, qui a juré votre perte. Contrairement aux autres attaques que vous avez subies et qui étaient l’œuvre de la Rook Guild, les aces ne se préoccupent pas de faire les choses dans la plus grande discrétion. Ils s’en sont pris à vous dans des lieux publics, mettant en danger le reste de la population en plus de vous. Et il s’est avéré que les doués à qui nous avions confié votre protection rencontrent de grandes difficultés à …
- Ce n’est pas vrai ! s’écria Tabatha. Je …
- Ca suffit Tabatha, la coupa Alice. Nous en avons déjà discuté et je te demande de t’en tenir au fait. Face à l’assassin d’élite le plus faible de l’Ace Guild vous avez connu plus de dégâts que jamais auparavant, autant chez les knights que chez les rooks.
La reine grommela mais garda le silence, elle ne devait pas apprécié qu’on lui rappelle ses échecs. Lors du trajet dans ma voiture, Lilian avait parlé de l’attaque du trèfle et des trois autres assassins super puissants – le carreau, le cœur et le pique.
- Je disais donc, reprit la Seconde, que les doués assignés à votre protection ont du mal à remplir leur tâche. Personne ne peut les en blâmer toutefois. Nous ne connaissons quasiment rien d’essentiel sur l’Ace Guild et on ne peut pas battre un adversaire dont l’on ne connaît rien.
- Et … et l’ace qui ressemblait à Marylin Monroe ? intervins-je. Vous l’aviez capturé, non ? Il ne vous a rien appris ?
- Après quelques heures de captivité, il a explosé, m’informa Alice. Nous pensons que l’Ace Guild a posé sur ses membres un sceau qui les tuent à distance. Cela leur permet de s’assurer, justement, qu’ils ne révéleront rien.
Quelle horreur !
- Malgré la sécurité qui a été mise en place, vous courez beaucoup de trop de risques, ainsi que votre famille. L’Ace Guild s’est rendue à proximité des lieux de vie des familles Stevens et Takano. Nous ne pouvons pas vous laisser dans une telle situation.
Elle joignit ses mains ensemble sur son bureau avant d’inspirer un un grand coup.
- Avec le Conseil, nous avons décidé d’envoyer l’équipe 4-9 …
- Excusez-moi, qu’est-ce que c’est "l’équipe 4-9" ?
- C’est le nom donné à l’équipe jumelée de Tabatha et Stanislas, comme Tabatha est la quatrième reine et Stanislas le neuvième roi, m’expliqua gentiment Alice. Il a donc été décidé qu’ils seraient envoyés à Miami durant la période des vacances d’été pour enquêter sur l’Ace Guild qui a une base dans la ville. Ils pourront être assisté par la Rook Guild qui y possède elle aussi un centre.
" Je sais que c’est impoli de couper la parole, je sais que c’est impoli … "
Et qui allait se charger de nous assister si on nous retirait Tabatha et Cie ? Qui ?
- Comme nous avons jugé bon de ne vous laisser avec votre famille, pour sa propre sécurité, nous comptons vous envoyer avec eux à Miami.
Quoi ? C’était une blague ? La Knight Guild et la Rook Guild nous offraient des vacances à Miami pendant les vacances ?
- Vous serez en vacances à partir du 8 Juin, nous rappela Alice. Vous partirez le 10 et reviendrez le 10 Juillet.
Un mois à Miami ?
- Mes … mes parents ne voudront pas que je …, bafouilla Lilian.
- Je compte sur les talents de séduction de Tabatha pour convaincre les parents. Nous avons prévu une petite histoire pour ça, nous assura la Seconde.
Un mois à Miami avec Malcolm ? Dans ma tête, j’y étais déjà. Les palmiers … les plages … la mer … Malcolm … le soleil … Malcolm en maillot de bain …
- La Knight Guild et la Rook Guild se charge de tout. En bonnes lycéennes, occupez-vous seulement du bal de fin d’année, ajouta-t-elle en plaisantant.
Lexique
L'Union Station : En français, la Gare de l'Union est une gare historique de qui se situe dans le quartier de Lower Downtown.
Stardust : en anglais, cela signifie "poussière d'étoile".
Le kraken : il s'agit d'une créature fantastique issue des légendes scandinaves médiévales. Il s'agit d'un monstre de très grande taille et doté de nombreux tentacules. Il est souvent représenté sous la forme d’une pieuvre géante.
Et voilà le travail ! J'espère que cette petite découverte du monde de la Knight Guild vous a plu ^^
Le chapitre prochain, c'est le bal de promo !