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30 mars 2010 2 30 /03 /mars /2010 19:47

C'est avec une certaine émotion (et surtout un très grand plaisir !) que je vous annonce les résultats de mon concours, concours auquel j'ai déjà dédié un article il y a de ça quelques mois maintenant.

 

- Roulement de tambour -

 

- Autre roulement de tambour -

 

...

 

Oui, bon, d'accord, j'arrête.

 

Je tiens d'abord à préciser quelque chose : mon concours se déroulait en deux épreuves : une académique puis une nationale, seuls les premiers de chaque académie ou interacadémie peuvent participer au concours national. Les académies n'ayant pas reçu assez de nouvelles sont regroupées en interacadémie.

 

Mon académie a été regroupée dans une interacadémie.

 

 

Je suis arrivée 3ème de mon interacadémie ! Face à 218 autres nouvelles !

Wazaaïï ! Sortez le champagne ! Je suis trop trop trop heureuse ! Bien sûr, je ne m'avoue pas vaincue et entends bien ravir la première place l'année prochaine (étant née sous le signe du Lion, je dois ressentir le besoin de n'être que sur la première marche du podium, bien entendu, ça ne reste qu'une théorie). Et du coup, je suis également première de mon académie mais aussi première de mon département (encore mon côté Lion ! J'en arrive à me trouver des premières places ! Malheureusement, elles ne comptent pas) ! Toujours est-il que je ne participerai pas au concours national et que ma nouvelle ne sera pas publiée dans le recueil de nouvelles du concours Etonnants Voyageurs. Pas grave, je m'en sors tout de même avec 50€ de bon d'achat dans les centres culturels Leclerc (Ô joie ! Il y en a un tout près de chez moi, dont je suis une fervente cliente !).

Je dis donc "A l'année prochaine !" aux jurés du concours ! Clo# n'a pas l'intention d'en rester là !

Vous, mes chers lecteurs, vous pouvez lire ma nouvelle dans le module "Annexe", à la gauche de mon blog. Pour ceux qui l'auraient lue au moment où j'ai publié mon premier article sur le concours, sachez que j'ai mis la nouvelle définitive en même temps que cet article, elle n'est donc pas tout à fait identique.

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22 mars 2010 1 22 /03 /mars /2010 20:56
chapitre 24 - miami


    J’avais du mal à croire que le 10 juin ait pu arriver si rapidement. Il faut dire qu’après le bal de promo les jours avaient filé à une vitesse incroyable. D’abord la fin du lycée (marquée par le départ de nos biens aimés terminales, dont la regrettée Alexia Hilton) puis la préparation des bagages. Je ne revenais d’ailleurs toujours pas de la manière dont s’était pris Tabatha pour pousser mes parents à accepter de me laisser partir avec une fille dont je ne leur avais jamais parlé. Elle s’était déplacée en personne ! Elle leur avait expliqué le plus sérieusement du monde, et tout sourire, qu’elle invitait ses meilleures amies chez son oncle et sa tante dans les Rocheuses. Elle avait en un rien de temps conquis mes parents, qui l’avaient priée de revenir les voir bientôt. Le pouvoir de séduction de Tabatha ne semblait pas avoir de limites.

    Le 9 juin, je m’endormais en contemplant mes valises, comme si je n’avais jamais rien vu d’aussi beau de toute ma vie.
-   Tu n’oublieras pas le cadeau pour l’oncle et la tante de Tabatha ! Et de les remercier non plus !

   Mon impatience était telle que j’accueillais les énièmes conseils de ma mère avec le sourire.
-    Bien sûr.
-    Lilian ! Il y a une voiture qui vient de se garer devant la maison ! Ca doit être Tabatha ! s’écria Thomas.

   Le pauvre, depuis qu’il avait vu la reine il en était fou. J’attrapais mes bagages, posées à mes pieds, et me dirigeais vers la porte. Tabatha frappa et je lui ouvris. Je ne pus réprimer un élan de surprise tant j’étais surprise de la voir sourire, bien que je sache qu’elle n’était pas plus réjouie que d’habitude en réalité.
-    Salut Lilian !

   Elle me fit la bise avant de faire de même avec mes parents. Ils échangèrent les formules de politesse habituelles avant de se tourner vers moi. J’embrassais mes parents (et mon frère !) avant de franchir le seuil de la maison. J’avais du mal à réaliser que j’allais vraiment être à Miami dans quelques jours, occupée à dorer sur la plage.

   Quand nous fûmes installées dans la voiture de Tabatha (une voiture simple, ce qui était plutôt étonnant la connaissant), cette dernière soupira. Ses traits se décrispèrent et son visage reprit son air perpétuellement contrarié.

   Nous passâmes ensuite prendre Morgan, puis Jade. Morgan était radieuse mais Jade paraissait soucieuse. Je me promettais d’éclaircir la raison de son angoisse dès que je le pourrais.

Stanislas et Killian étaient eux aussi chez Tabatha quand nous arrivâmes, avec Malcolm et Alexandre.
-   Nash Slater ? ! s’écriait le cavalier blond, apparemment indigné. Qu’est-ce que c’est que ce nom pourri ? Qui a décidé de ce nom ? J’avais demandé à m’appeler Angus Young et Malcolm, Malcolm Young !
-    Nous n’avons pas le droit de nous approprier des patronymes célèbres ! le sermonna Tabatha.
-    Mais quand même ! plaida Malcolm. Justin Hurley ! Qui sait ce type ? Il n’est même pas connu !
-    Je viens de dire que nous ne pouvions pas prendre des patronymes célèbres ! répéta la reine.
-    Oui, enfin, Matt Barron …, marmonna Killian.  

   Tabatha serra les poings puis jeta un regard éloquent Stanislas.
-    Et toi, alors ? Ton nom aussi te déplaît ?
-    Non, non, non ! s’empressa de répondre le rook. Ian Savage c’est très bien …  

   Le prétendre était en effet l’attitude la plus intelligente à adopter. Bien que je ne comprenne pas l’origine de leur discorde. Tabatha se préoccupa de nouveau de mes camarades et de moi-même et nous invita à nous asseoir sur son canapé.
-    Il est bon, me semble-t-il, commença-t-elle, de vous rappeler que nous ne partons pas en vacances. Nous vous éloignons provisoirement de votre lieu de vie pour éviter les aces de rendre une visite de courtoisie à votre famille. Pendant que vous serez à Miami, neuf équipes de doués veilleront sur vos proches. Et nous même (elle désigna les garçons d’un mouvement de tête), nous avons une mission là-bas. Il arrivera peut-être que vous soyez obligées de rester seules pendant quelques instants. Dans ces moments-là, il vous faudra être vigilantes. Alors si vous pensiez vous prélasser sous les cocotiers pendant un mois vous vous trompiez.  

   Elle nous fixa l’une après l’autre dans les yeux, comme pour s’assurer que nous étions bien attentives.
-    Nous nous rendons à Miami avec deux voitures. Les garçons dans l’une, vous et moi dans l’autre. Le trajet prendra plus d’une journée. A Miami, nous rejoindrons l’hôtel où on nous a réservé des chambres. Il nous faut être parfaitement anonyme comme les aces ont une base à Miami, nous allons donc tous adopté de nouveaux noms. Ainsi, Alexandre répond désormais au nom de Nash Slater, Malcolm à Justin Hurley, Killian à Matt Barron, Stanislas à Ian Savage et moi à Juliet Hood.

   Une Juliet avec deux Roméo alors ...
-    Et vous, vous n’êtes plus Jade, Lilian et Morgan. Tenez.
   Elle nous tendit trois cartes d’identité dont nous nous emparâmes avec avidité. J’appris ainsi que j’avais dix-huit ans, et non plus dix-sept, et que je m’appelais Daisy Little. Il allait falloir que je m’habitue à ce qu’on m’appelle comme ça.
-    Pour ne pas attirer les soupçons, reprit Tabatha, nous allons passer les deux premiers jours de notre séjour comme des vacanciers normaux : plages, etc., etc. … Pour la suite, tout dépendra de l’avancé des opérations. C’est clair ?  

   Je m’aperçus qu’en plus de notre interlocutrice, tous les autres doués nous fixaient eux aussi. Que craignaient-ils ? Que l’une d’entre nous oblige Tabatha à tout répéter ? Nous acquiesçâmes toutes d’un mouvement de tête. La reine déclara ensuite :
-    Dans ce cas, tout le monde en voiture.  

   Nous empruntâmes de nouveau la porte pour regagner Denver et le garage qui dépendait de l’immeuble de Tabatha. Deux belles voitures nous y attendaient : une Mercedes (si je ne me trompais pas sur le logo présent sur le véhicule) et un 4x4 gris, de toute évidence neuf.
-    Une Mercedes Classe C ? s’étonna Stanislas. Tabatha ! Je me demande qui t’a donné l’idée !  

   Si je ne compris pas pourquoi il lui faisait une pareille réflexion, Tabatha si, puisqu’elle grommela des paroles inintelligibles. Nous entreposâmes nos bagages dans le 4x4, qui avait été désigné comme le véhicule des garçons. Alexandre et Malcolm donnaient eux aussi des conseils de dernière minute à leur reine : " Fais attention ", " Tu as des passagers ", " Elles doivent rester en vie ". Tout ceci n’était pas pour me mettre en confiance.

   Jade et Morgan s’installèrent à l’arrière, je fus ainsi reléguée sur le siège passager, à côté de Tabatha. Chez les garçons, ce fut Stanislas qui fut chargé de conduire, avec Alexandre à côté de lui, Killian et Malcolm sur la banquette arrière. La Mercedes Classe C était pour sa part plutôt spacieuse et confortable, et je me doutais qu’il allait falloir qu’elle le soie pour supporter toutes les heures que j’allais passer en sa compagnie.

   Après être sortis du garage, les deux véhicules – la Mercedes et le 4x4 – se retrouvèrent sur la même ligne de départ. Tabatha baissa la vitre et Stanislas fit de même.
-    On se retrouve à l’hôtel, dit-elle simplement.
-    On se retrouve à l’hôtel, répéta le roi en souriant.

 

 



   Le vent qui s’engouffrait par la vitre abaissée faisait virevolter mes cheveux en tout sens et me procurait une sensation de liberté que je n’avais encore jamais ressentie jusqu’à présent. Le vent balayait mes inquiétudes et mes peurs. Les aces ne me tourmentaient plus pour le moment. Seul m’importait la sensation de vitesse et le grondement du moteur. Contrairement à ce que j’avais craint, Tabatha conduisait on ne peut plus normalement, je n’étais donc plus préoccupée à ce niveau-là également. Dans cet état d’esprit, j’étais prête à traverser les Etats-Unis dans tous les sens, pourvu que la voiture ne s’arrête jamais. Mon mp3 dans les oreilles, je regardais les paysages avec la musique en fond sonore, comme si j’avais été en train de regarder un film. Mon portable ne cessait de vibrer, en raison des nombreux SMS que je recevais. Au bout d’une heure, ma mère m’en avait envoyé un : " J’espère que le voyage se passe bien ma puce. Envoie-moi un message quand vous serez arrivées. Gros bisous ". Mes amies aussi : " N’oublie pas de prendre plein de photos pour nous les montrer quand tu reviendras, surtout s’il y a de beaux mecs ". Anthony : " J’espère que le voyage n’est pas trop dur, passe de bonnes vacances. Appelle-moi si tu as un peu de temps. Je t’aime ". Anthony … Il était au moins aussi malade que moi d’avoir été absent pour le bal de fin d’année et il s’était répandu en excuses dès qu’il avait pu. Je n’avais pas eu le courage de lui raconter ma soirée et m’étais contentée d’accepter ses excuses. Heureusement, personne ne semblait vraiment avoir fait attention à Killian et moi, aucune information désastreuse n’était parvenue aux oreilles de mon petit ami. Anthony … Son visage était lui aussi balayé par le vent. Je ne voulais plus avoir à m’alarmer pour quoi que ce soit jusqu’à ce que je sois arrivée à Miami. Ce trajet était mon dernier havre de paix. Après, j’allais devoir surveiller mes arrières à chaque instant, ce que j’avais du mal à concevoir. Ces derniers temps, je m’étais sentie rassurée par la présence permanente de doués alliés à mes côtés et savoir que, malgré la protection de Tabatha et des autres, ma sécurité n’allait plus être aussi assurée à cause de la base de l’Ace Guild me terrifiait. J’augmentais encore un peu plus le volume de mon mp3 et fermais les yeux.

   Quand je me réveillais, je constatais que je n'avais pas été la seule. Morgan semblait dormir profondément et Jade somnolait. Tout comme moi, elles avaient les écouteurs de leur lecteur de musique dans les oreilles. Je jetais un regard en biais à notre chauffeuse. Imperturbable à l’atmosphère qui régnait, Tabatha avait le regard fixé sur la route. Probablement réfléchissait-elle à notre itinéraire. Quant à moi, je songeais à tout ce que j’ignorais sur elle. Après tout, elle n’était pas sortie de nulle part, elle avait elle aussi des parents. Peut-être même des frères et sœurs ? Ressemblait-elle plus à sa mère ou à son père ? L’un d’eux devait même certainement avoir les mêmes yeux émeraudes que sa fille. Avait-elle toujours eu aussi mauvais caractère que maintenant ? Ou bien était-ce le résultat d’une violente crise d’adolescence ? Et Alexandre et Malcolm ? Se connaissaient-ils tous les trois depuis longtemps ? Dans quelles circonstances s’étaient-ils rencontrés ? Seulement quand on leur avait annoncé que Tabatha allait être leur reine et les garçons ses cavaliers ? Avait-elle toujours été aussi possessive envers eux ? Je n’en savais rien et je me voyais mal poser aux concernés toutes ces questions. Je devais me contenter d’attendre pour obtenir mes réponses, en espérant que le temps délierait les langues ou que je deviendrais assez proche de la reine et de ses cavaliers pour que je leur fasse part de toutes mes interrogations.

Je m’aperçus alors que Tabatha me regardait.
-    Tu as faim ? me demanda-t-elle en regardant de nouveau la route.
-    Heu … Pas vraiment, non …
-    J’aimerais rouler le plus possible cette nuit afin d’avoir dépasser les zones de bouchons aux alentours de midi. Nous devrions nous arrêter sur une aire d’autoroute et acheter des sandwichs, que chacun mangera quand il aura faim. Et des boissons aussi. J’en profiterais pour mettre de l’essence et vous pourrez aller aux toilettes.

Je fronçais les sourcils.
-    Il y a un problème ? m’interrogea-t-elle en me jetant un coup d’œil.
-    Tu … tu es en train de me demander mon avis ? 

   Ce fut à son tour de froncer les sourcils.
-    Tss … D’habitude, Alex et Malcolm font plein de bruits en voiture. Comme Jade et Morgan dorment à l’arrière, je ne peux pas mettre de la musique. Je suis obligée de t’adresser la parole.  

   Tabatha ne cherchait donc pas à se rapprocher de moi. Mais en parallèle, j’étais ravie qu’elle me raconte une anecdote – aussi insignifiante soit-elle.
-    Et bien … d’accord. Arrêtons-nous.

   Quelques kilomètres plus tard, nous nous arrêtâmes sur une petite station essence pourvue d’une petite boutique. Je fus chargée de réveiller mes camarades et de commencer à choisir les sandwichs.
-    Flûte ! Pourquoi n’y a-t-il que des sandwichs avec des crudités ?  

   Morgan râlait depuis qu’elle avait mis un pied en dehors de la voiture alors que Jade continuait à dormir debout, je dus m’occuper de lui choisir quelque chose à manger. Quant Tabatha arriva pour payer l’essence et notre nourriture, elle se dirigea immédiatement vers le rayon des paquets de gâteaux et prit un lot de muffins. Ensuite, en guise de boisson, elle se prit une bouteille de lait à la fraise. Comme nous la dévisagions, elle s’énerva :
-    Ne me regardez pas comme ça !  

   Elle prit nos articles et passa à la caisse. J’étais étonnée, je me serais attendue à ce qu’elle choisisse des aliments plus … plus communs, genre un sandwich et une bouteille d’eau. Mais après tout, c’était elle qui payait.

   J’avalais la dernière bouchée de mon sandwich comme si je n’allais plus rien manger pendant des jours. Et qu’est-ce que j’avais mal aux fesses ! J’entendis Morgan remuer une fois de plus derrière moi, dans une tentative désespérée de trouver une position confortable pour dormir. Je consultais l’heure sur le tableau de bord : minuit et demie. Je posai mon coude sur le rebord de la vitre et soutins ma tête avec ma main. Je fermais les paupières.

" Il faut que je dorme maintenant si je ne veux pas avoir un rythme de vie trop irrégulier… "

   Inconsciemment, la chanson qui passait sur la station de radio qu’écoutait Tabatha me berça. Je m’inquiétais du sort des garçons, dont nous n’avions pas de nouvelle depuis que nous les avions quittés le matin même, mais ne me souciais pas de répondre aux SMS incessants de mes parents. Pas envie. Pas assez de force pour ça.

   Je m’endormis.

 



   La première chose qui me frappa quand mon cerveau se remit en marche, ce fut le silence. Ensuite, le sentiment de chaleur. Pour avoir déjà dormi en voiture, je savais que je n’aurais pas dû me sentir aussi bien. J’ouvris un œil. Je remarquais aussitôt la couverture dont l’on m’avait recouverte. Un rapide coup d’œil par la vitre confirma ce que je soupçonnais déjà : nous étions arrêtées, sur le parking d’une aire d’autoroute. Je me tournais vers Tabatha. Elle dormait, une couverture identique à la mienne posée sur elle. Le spectacle était splendide. La reine ne dégageait rien, contrairement à d’habitude. Son visage affichait un air neutre, typique d’une personne endormie. Elle était tellement immobile qu’on aurait pu la prendre pour une poupée grandeur nature ou morte, néanmoins les légers mouvements de la couverture au niveau de sa poitrine affirmaient bien qu’elle respirait. Je m’aperçus que la reine avait des cils incroyablement longs. Je m’intéressais ensuite à mes camarades installées à l’arrière et ne pus retenir un éclat de rire. Jade affichait une expression terrible, entre le dégoût et la déception. Je mis ma main devant ma bouche afin d’étouffer mon rire. Tabatha se retourna, comme dérangée par mon vacarme. Sa couverture glissa dans son mouvement et je décidais de bien la lui remettre, pour qu’elle ne prenne pas froid. Mais au moment même où ma main frôla son épaule, elle ouvrit les yeux et m’empoigna le poignet, comme pour me le tordre.
-    Aïe !
-    Lilian ?  

   Elle me relâcha et se redressa sur son siège avant de passer une main dans ses cheveux. Je massais mon articulation endolorie. Etait-elle donc toujours sur le qui-vive ?
-    Tu es complètement folle ! me murmura-t-elle. J’aurais pu te tuer !
-    Tout de même pas …
-    Bien sûr que si ! 
   Elle me montra ce qu’elle tenait dans l’une de ses mains : les clefs de la voiture.
-   Maintenant que je t’avais immobilisée, il ne me restait plus qu’à te l’enfoncer dans la gorge, jusqu’à te transpercer la carotide !
-    Pardon ! m’excusai-je à voix basse. Je ne le ferais plus !

   La reine se frotta les yeux puis consulta sa montre.
-    Hum … Je vais recommencer à conduire.
-    Ca fait longtemps que tu t’es arrêtée ?
-    … Ca va, ça fait déjà cinq heures …
-    A peine cinq heures ? ! Tu dois être complètement crevée !  

   Elle me fit signe de baisser d’un ton avant de désigner les deux autres passagères.
-    Enfin … Il vaut mieux que tu dormes, attends encore au moins deux heures, lui conseillai-je.  

   Tabatha opina et remonta sa couverture jusqu’à son cou. Elle ferma de nouveau les yeux et se rendormit quasiment aussitôt.

   Nous reprîmes la route environ deux heures et demie plus tard, après avoir été boire une boisson chaude au distributeur de boissons de la station. Je me dépêchais ensuite de répondre aux SMS de mes parents, leur inventant une rencontre amicale entre mes " amies " et l’oncle et la tante de Tabatha ainsi qu’une ballade prévue pour cet après-midi. Je leur promis de leur envoyer rapidement un autre message. J’espérais que celui-ci calmerait, un peu, leur crainte. Je décidais ensuite de prendre des nouvelles des cavaliers, de la tour et du roi.

" Alors, comment s’est passée cette première journée de route, hier ? " envoyai-je à Killian.

   Je dus attendre un quart d’heure avant de recevoir une réponse.

" Bien. C’était drôle. "

" Comment ça " drôle " ? "

" Tu m’excuses, j’ai envie de dormir. A + "

   … Qu’avaient bien pu faire les garçons hier ? Je craignais le pire. Il était bon de ne pas négliger le fait qu’Alexandre était dans leur groupe. Et je commençais à savoir que le cavalier attirait les situations … cocasses.
-    Miami ! s’écria Morgan en milieu d’après-midi. Miami !  

   En réalité, nous n’étions pas encore arrivées mais c’était le premier panneau que nous rencontrions avec l’indication " Miami ". Et il vrai qu’après toutes ces heures de trajet, savoir que le but de notre voyage n’était plus loin était réconfortant. Je crus même voir Tabatha sourire.

 



   Je n’en croyais pas mes yeux. J’y étais. J’étais dans les rues de Miami. Mon cœur battait à une vitesse folle. Mon excitation était à son comble. Nous étions en route pour l’hôtel où nous devions loger pendant tout notre séjour et j’étais impatiente de voir à quoi il ressemblait. Je me doutais bien qu’il serait certainement modeste – Tabatha avait précisé que nous nous rendions à Miami incognito – mais mon bonheur restait intact.

   Nous nous rapprochions de plus en plus de la plage. Le bruit des vagues commençait à s’entendre et l’odeur de la mer devenait de plus en plus forte. La ville de Miami en elle-même n’était pas si belle que ça, je devais le reconnaître, mais tout son charme résidait dans son nom. Miami. Il était difficile de croire, en voyant toutes les habitations de béton, que la ville avait été construite sur un marécage, asséché par les hommes. Je tâchais de repérer des lieux de tournage de la série " Les Experts, Miami ", que j’avais suivi assidûment ces dernières semaines, quand j’avais encore du mal à réaliser que je serais bientôt dans cette même ville.
-    Ah ! Nous y sommes, lâcha finalement la reine. Le Setaï.
-    Le quoi ? s’étonna Jade.
-    Le Setaï, c’est le nom de notre hôtel. Tu vois, c’est celui-là.  

   Elle nous désigna le gigantesque immeuble qui s’élevait devant nous. Je crus qu’elle plaisantait.
-    Celui-là ?

   Je tendis mon doigt dans la même direction que celui de Tabatha.
-    Oui. J’étais ravie quand j’ai appris que c’était là que nous allions séjourner. Alice y est déjà aller et elle m’a dit que l’intérieur était splendide. Il faut dire que c’est un cinq étoiles, ajouta-t-elle, apparemment ravie.
-    Un quoi ?  

   … Cinq … Cinq étoiles ?

   Tabatha se gara et sortit son portable.
-    Allô ? Oui, où êtes-vous ? (Pause) Comment ça, où nous sommes ? Devant le Setaï. (Silence) Quoi ? ! C’est une plaisanterie ? ! Qu’est-ce que vous avez fichu ? ! Je vous rappelle que les aces ont une base ici ! On a besoin de vous ! (Courte pause) JE M’EN FICHE ! DEPECHEZ-VOUS DE RAMENER VOS FESSES !  

   Elle raccrocha.
-    Quel est le problème ? s’enquit Morgan.
-    La bande de nuls qui nous accompagne n’arrivera qu’en fin d’après-midi ! Et c’est au nom de Stanislas qu’est la réservation … On ne nous laissera pas aller dans nos chambres tant qu’il ne sera pas là … Et c’est les garçons qui ont nos bagages …  

   Elle continua à grommeler, dépitée. Nous l’étions toutes.
-    On … on peut aller se balader en les attendant …, suggéra Jade.
-    Impossible. Je ne peux pas assurer votre sécurité seule. Tant que les garçons ne seront pas arrivés, nous ne sortirons pas de la voiture.  

   Sur ce, elle sortit un mp3, le sien, dans la boîte à gants, le mit en route et croisa les bras sur sa poitrine.

   Je détachais ma ceinture et me tournais vers l’arrière, de manière à pouvoir discuter avec mes camarades en attendant.
-    Dîtes, c’est quoi vos noms d’emprunt ? leur demandai-je. Il ne faudrait pas que je vous appelle " Morgan " ou " Jade " …
-    Désormais, je suis Ivy Jensen ! m’apprit Morgan. C’est sympa, je trouve.
-    C’est vrai. Moi, c’est Daisy Little. Et toi, Jade ?
-    Mitsuki Ishikawa. C’est un nom typiquement japonais. Et puis, Mitsuki est un joli prénom. Il veut dire " pleine lune " !  

   A cet instant, Tabatha tiqua. Je compris que, mine de rien, elle nous écoutait.
-    Je … je me demande qui a choisi les prénoms, poursuivis-je.
-    C’est moi.

   Tabatha retira les écouteurs de ses oreilles.
-    On m’a confié la tâche de vous choisir des noms pour le séjour.
-    Comment as-tu fait ? lui demanda Morgan.

   La reine eut un sourire un peu méchant.
-    C’est tout simple. La marguerite est une fleur banale. Quant à Ivy, c’est un hommage à Poison Ivy, l’une des méchantes de Batman.

   Après un dernier sourire en coin, elle remit ses écouteurs en place. Tabatha avait réussi à plomber l’ambiance.
-    Et Mitsuki ?

   Mais elle ne m’entendit pas. Ou tout du moins fit semblant.

 



   Quand le 4x4 pointa le bout de son pare-chocs, nous l’attendions toutes de pied ferme. Surtout Tabatha d’ailleurs. Nous attendîmes qu’il fut garé à son tour pour descendre – enfin ! – de la Mercedes. Nous nous précipitâmes sur lui, prêtes à faire comprendre à la gente masculine à quel point leur absence avait été douloureuse. Mais nous fûmes statufiées sur place quand nos compagnons sortirent de l’habitacle. Leur chemise était entièrement déboutonnée, leurs cheveux en bataille, leur air hagard et étrangement réjoui. Tabatha jeta un coup d’œil à l’intérieur du 4x4 et nous fîmes toutes de même. Le spectacle était répugnant : des amoncellements de détritus reposaient aux pieds des sièges, des restes de gâteaux et de chips trônaient dessus et on pouvait trouver des canettes de soda un peu partout. Alexandre et Killian se soutenaient mutuellement pour rester debout tandis que Stanislas et Malcolm ne pouvaient pas s’empêcher de rire.
-    Vous savez l’heure qu’il est ? gronda Tabatha.  

   Le roi et le cavalier châtain éclatèrent de rire.
-    Qu’est-ce que vous avez fait ?
-    Ne t’énerve pas, Tabatha …, la pria Stanislas. On a fait aussi vite qu’on a pu …
-    Aussi vite …, ricana Malcolm dans sa barbe.
-    C’est sûr qu’on les a draguées vite ! renchérit le punk en guettant l’approbation de Killian.
-    C’est sûr !

   Les quatre garçons rigolèrent, en chœur.
-    Donc, vous n’avez pas déboutonné vos chemises tout seul ? continua la reine.
-   Bien entendu ! lui assura Alexandre, presque outré. Soyons raisonnable ! Quatre beaux jeunes hommes comme nous …

   Nouvel éclat de rire général. Tabatha parcourut la courte distance qui la séparait des inconscients et leur colla généreusement une (violente) tape derrière la tête à chacun. Cela sembla les faire sortir de leur état second.
-    Soyons clair : c’est la première et dernière fois que je me contente simplement d’une tape. La prochaine fois, je vous explose les côtes.  

   La menace sembla produire son petit effet car ils se redressèrent et remirent un peu d’ordre dans leur chevelure.
-    Et rhabillez-vous ! leur ordonna-t-elle.

   Comme de gentils petits garçons, ils s’exécutèrent docilement. Quand ils eurent fini, nous entrâmes, non sans une certaine émotion pour Morgan, Jade et moi, dans le hall du Setaï.

 



   Le nez collé sur la vitre, je contemplais l’océan qui s’étirait devant moi. Elle était tellement bleue … Je n’avais qu’une seule envie : nager. Un remuement me fit sursauter et je me retournais. Il s’agissait de Morgan qui se réveillait. Elle se frotta les yeux et sortit de son lit. Elle me rejoignit.
-    C’est trop beau …, souffla-t-elle. 

   Tout ce qui était ici était beau de toute manière. Le Setaï était une véritable splendeur. Dans le style asiatique, il présentait des jardins tropicaux, des piscines spectaculaires et une plage privée, entre autre. J’avais cru comprendre qu’il y avait également un spa, un solarium et centre de remise en forme, avec les massages et tout ce qui allait avec. Je n’avais cessé de m’émerveiller de tout ce que je voyais depuis notre arrivée, la veille. Quant à notre chambre, c’était (" évidemment ", comme l’avait dit Tabatha) une suite. La plus chère des trois types de suite disponibles au Setaï. Nous avions hérité, avec mes camarades, de la suite préalablement protégée par des sceaux divers et variés, posés par la Rook Guild avant notre arrivée. Comme la suite ne disposait que d’un seul lit deux places, l’une d’entre nous devait dormir dans le canapé convertible. Pour cette nuit, j’avais dormi sur la canapé, suite à un tirage au sort. Tabatha étaient avec ses cavaliers, les rooks étaient ensembles.

    Notre suite était constituée d’une cuisine toute équipée, d’un salon agrémenté d’une salle à manger, d’une douche en granit noir (avec jacuzzi intégré) et d’une douche à " effet pluie ". Bien entendu, il y avait une télé, un mini-bar, un coffre-fort et de quoi écouter sa musique. Ce que je trouvais néanmoins le plus remarquable était la baie vitrée, située juste en face du lit, qui donnait sur l’océan. Quand je m’étais réveillée ce matin, j’avais cru rêver. Une fille de ma classe sociale n’aurait jamais dû avoir la moindre occasion de mettre un jour les pieds dans un hôtel comme celui-ci.

   Ayant dormi dans le canapé, Morgan me céda le droit d’utiliser la baignoire, elle devrait se contenter de la douche à " effet pluie ". Je constatais que de luxueux produits pour le bain m’attendaient, comme si je n’avais pas déjà été suffisamment comblée. Si ça continuait comme ça, j’étais d’accord pour me faire poursuivre par les aces toute ma vie.

   Quand je sortis de mon bain, Jade se réveillait doucement. Je l’invitais à se servir de la baignoire à son tour.

   Vers neuf heures et demie, on frappa à la porte. J’ouvris. C’était Tabatha.
-    Nash et les autres sont prêts. Ils voudraient que nous nous dépêchions de déjeuner pour profiter de la plage avant qu’il ne fasse trop chaud.

   Je mis quelques secondes à me rappeler qui était Nash.
-    D’accord ! Morgan finit se de préparer, elle ne devrait plus en avoir pour longtemps.  

   Comme pour confirmer mes paroles, Morgan sortit de la salle de bain, enchantée.


-    Je ne suis pas contre être une victime toute ma vie …, soupira Morgan.

   En attendant les doués, nous nous étions installées toutes les trois sur des banquettes disposées autour d’un point d’eau, en maillot de bain mais avec une serviette nouée sous les aisselles.
-    Je me suis dit la même chose ce matin !
-    Je ne veux pas …

   Je me tournais vers Jade.
-    Il y a un problème ? m’inquiétai-je.
-    Non, non, non … Enfin, si, si on considère que … Nash est un problème. 

   Je compris immédiatement où elle voulait en venir. Alexandre n’allait certainement pas manquer de faire des réflexions à " Mitsuki " en maillot de bain.
-    Pourquoi est-ce qu’on attend ici ? s’énerva Morgan. On pourrait plutôt aller réserver des places sur la plage.
-    Juliet ne veut pas que l’on se déplace seules, objectai-je.
-    Mais il y a déjà du monde sur la plage !  

   Je saisis son raisonnement, sous-entendu : les aces ne nous attaquaient plus en public. Tout comme la Rook Guild avant elle, l’Ace Guild prenait désormais soin de nous prendre à part. Elle apprenait.
-    Dans ce cas …

   Nous nous levâmes d’un bond et courûmes aussi vite que nous le pûmes.

   La plage était essentiellement occupée par des quinquagénaires, des septuagénaires et des octogénaires. Je crus apercevoir quelques gens de notre âge mais sans être vraiment sûre. Nous étendîmes nos serviettes de plage, tout en conservant nos serviettes autour de notre corps, les regards lubriques que nous adressaient les hommes présents ne nous incitant pas à les retirer. Nous nous enduisîmes mutuellement de crème solaire, sur les zones non-couvertes par nos serviettes. Nous bavardâmes ensuite ( toujours nos serviettes sur le dos…), en attendant les doués. Nous nous étions mises d’accord sur le fait d’enlever nos protections seulement quand Tabatha serait arrivée – nous étions persuadées qu’elle ne laisserait pas impudemment quelques voyeurs la regarder comme ils le faisaient actuellement avec nous.
-    Tout de même ! Qu’est-ce qu’ils fi …  

   La voix de Morgan s’étrangla alors qu’elle s’était retournée vers l’entrée de la plage. Je fis de même, suivie par Jade comme par toutes les femmes de la plage. Une bombe sexuelle venait d’être lâchée. Une bombe constituée de quatre garçons splendides, musclés tout en restant minces, aux sourires incroyablement charmeurs. Leur nom ? Au choix, Nash, Justin, Matt et Ian ou Alexandre, Malcolm, Killian et Stanislas. En maillot de bain. Je crus que plusieurs des quinquagénaires, des septuagénaires et des octogénaires allaient tomber dans les pommes. Quoique, moi aussi.

   Ils s’installèrent à côté de nous, insensibles aux multiples regards incendiaires des femmes mûres.
-    Pourquoi gardez-vous vos serviettes ?
-    Hum …  

   Je leur murmurais aussi bas que je le pus la raison à notre comportement. Nash éclata de rire.
-    C’est pas grave ! A l’eau !  

   Et sur ce, il enleva la serviette de Jade et la porta dans ses bras.
-    Ha ! Non !  

   Il sauta dans l'océan avec mon amie et leur tête disparurent de la surface des flots. Quand ils remontèrent, Jade le frappait avec son petit poing.
-    Ne m’approche plus jamais !  

   Elle se dégagea et regagna la terre ferme.
-    Tabatha n’est pas là ? remarqua alors Morgan en s’adressant aux garçons restés sur la plage.
-    Elle avait quelque chose à finir avant de descendre, lui répondit Justin (Malcolm). Elle ne devrait plus tarder je pense. Nash ! 

   Justin se leva et, imité par Killian-Matt, rejoignit son partenaire dans l’eau.
-     Bon, souffla Morgan.  

   Elle retira sa serviette, exposant ainsi son superbe corps de pom-pom girl aux regards pervers des vieillards. De plus, elle portait un minuscule bikini à étoiles bleues sur fond blanc.
-    Qui comptes-tu séduire dans cette tenue ? plaisanta Stanislas.  

   Elle s’empourpra.
-    Mais … personne !  

   Elle gagna l’océan et s’y enfonça jusqu’à mi-cuisse. Ne restait de notre groupe que Mitsuki et moi.
-    Hé ! Mitsuki ! la héla Nash. Tu devrais prendre exemple sur Ivy et t’acheter un bikini toi aussi !
-    Gna, gna, gna, pesta Jade. Mon une pièce est très bien.

   Ian-Stanislas ricana et Mitsuki lui accorda un regard haineux.
-    Et toi ? Qu’est-ce que tu fais encore ici ? Tu ne rejoins pas les autres sur la plage ? lui rétorqua-t-elle.
-    Nager ne m’intéresse pas.
-    Paolo ! 

   Je me retournais en direction de la voix. Elle provenait d’un couple de retraité, de la femme en l’occurrence. Cette dernière ne paraissait pas très contente.
-    Paolo !  

   Ledit Paolo était en ce moment même en train de reluquer, sans chercher à se cacher, une splendide créature qui venait d’arriver sur la plage. Je mis quelques secondes à réaliser qu’il s’agissait de Tabatha. Plus attirante que jamais avec son maillot de bain deux-pièces bandeau, je constatais que la reine avait plus de poitrine qu’elle ne le laissait deviner avec ses vêtements habituels. Quasiment à nu, je pouvais désormais affirmer que Tabatha Taylor était parfaite de partout. Je prêtais finalement attention à ce qu’elle traînait derrière elle : un impressionnant matelas gonflable de forme circulaire. Elle marcha jusqu’à nous puis siffla Nash, Justin et Matt, en pleine guerre sous-marine, avec Morgan qui riait aux éclats à côté. Ils rappliquèrent aussitôt.
-    Je vous préviens, commença-t-elle. Ces deux premiers jours que nous allons passer à Miami correspondent à mes deux seuls jours de repos annuels. Il est hors de question qu’un ramassis de mômes me les gâchent.  

   Même si elle était tournée vers les nageurs, elle eut un regard appuyé pour Stanislas. Elle partit ensuite en direction de l’océan, toujours en traînant son matelas. A ce propos, voir Tabatha tenter désespérément de monter sur son matelas gonflable sans se mouiller est un des spectacles les plus comiques qu’il m’ait été donné de voir. Par contre, Morgan revint à terre à la suite de l’événement et s’assit à côté de nous avec un air passablement énervé.
-    Qu’est-ce qu’il t’arrive ? s’inquiéta Mitsuki.
-    Comment veux-tu que j’arrive à quoi que ce soit avec l’autre en maillot ?  

    Je n’osais pas lui demander ce à quoi elle espérait arriver.


-    C’est une faute !
-    Non, ce n’en est pas une !
-    Pour toi, il est réglementaire de se prendre des balles en pleine face ?

   Je massais ma joue endolorie, laissant Killian crier tout son soûl sur Alexandre. Nous étions en pleine partie de beach-volley, en fin d’après-midi. Un magnifique après-midi avec un beau couché de soleil. Je m’étais retrouvée dans la même équipe que " Matt ", " Mitsuki " et " Ian ", l’équipe adverse étant composée de tous les autres, à savoir " Juliet ", " Justin ", " Ivy " et " Nash ".
-    Elle n’avait qu’à être plus rapide ! protesta Tabatha.
-    Il est bon de signaler que nous avons deux handicaps et que vous n’en avez qu’un, plaida Stanislas.

   En parlant de handicap, il voulait nous désigner, Jade, Morgan et moi.
-    Quand on est nul, on est nul ! affirma Malcolm. Seuls les meilleurs gagnent !
-    Mais tu lui as fait mal ! reprit Killian.
-    Moi aussi, je me suis pris plein de balles ! répliqua le punk.
-    Tu ne les sens même pas ! riposta la tour.
-    Et alors ? Un coup est un coup.

   La discussion aurait pu s’éterniser encore longtemps si Tabatha n’était pas intervenue.
-    Peu importe. Je décrète que mon équipe a gagné.

   Elle passa une main dans ses cheveux et tourna les talons, en direction de l’hôtel.
-    Tu ne comptes quand même pas t’en tirer comme ça ? ! explosa Killian.
-    Allez, ça vaut mieux comme ça …, lui dis-je pour le calmer. Je ne risque plus ma vie comme ça.

   La tour continua à grommeler mais commença à ranger le matériel.
-    Tu devrais te mettre un truc froid sur la joue, me conseilla Jade.
-    Je voulais continuer à nager encore un peu, lui avouai-je. Ca devrait suffire à faire passer la douleur.
-    Je t’accompagne.
-    Moi aussi !

   Morgan nous rejoignit et nous nous enfonçâmes dans l’eau bleue.

   Nous nous mîmes dans la position de " l’étoile de mer ", qui consiste à se faire flotter, le ventre à l’air. De loin, nous devions avoir fière allure.

   Je fermais les yeux. Je vivais en plein paradis.
-    Ca fait bizarre de se dire que c’est le dernier jour, lâcha Mitsuki.  

   Je rouvris soudainement les yeux, paniquée.
-    Mais nous ne sommes que le 13 Juin ! m’écriai-je.

   Je perdis l’équilibre et bus la tasse. Je me rétablis sur mes deux jambes. Jade fit de même, ainsi que Morgan, l’air attristé.
-    Justement … cela fait déjà deux jours que nous sommes ici …

   La réalité me rattrapa.

 



   Demain, Tabatha et les autres commençaient leur enquête sur l’Ace Guild.



Lexique
Angus et Malcolm Young : Angus Young et Malcolm Young sont les créateurs du groupe de rock AC/DC. Alexandre voulait profiter du fait que son ami et la star portent le même prénom.
"La marguerite est une fleur banale" : en anglais, "marguerite" se dit "Daisy", le nom d'emprunt de Lilian.

Et voilà ! Voilà Miami ! J'ai beaucoup détaillé le voyage en voiture parce que moi, quand on me parle de voyage, je pense immédiatement au trajet et c'est une étape que j'aime beaucoup, car associée dans mon esprit aux vacances. 
L'action devrait revenir au prochain chapitre ;)
Allez faire un tour dans le module "Annexe", sur la page "Le Setaï". Vous y trouverez des photos de l'hôtel pour vous le représentez (cari il existe vraiment !). 

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14 mars 2010 7 14 /03 /mars /2010 16:45

  Cet article va paraître, je le sais, bien futile et ridicule aux yeux de certains. Je tenais toutefois à le poster pour vous faire part de mon ressentiment.
  Alors, voilà : sur le dernier chapitre (le 23), je n'ai que trois commentaires provenant de deux lecteurs différents. Où est le problème me direz-vous ? Il y a que, en regardant mes statistiques depuis le publication de ce chapitre, je constate que bien plus de deux lecteurs ont lu ce chapitre. Je supplie donc ces lecteurs fantômes de faire un petit effort pour me prouver qu'ils ont bien lu ce chapitre et que je ne me suis pas empressée de terminer ce chapitre pour des personnes qui ne daignent pas par la suite donner leur avis. Vous pouvez même dire que c'est nul, si vous voulez. Que vous n'avez pas aimé. Que vous avez préféré les chapitres précédents. Tant que vous restez poli, votre avis m'intéresse. Mais, s'il vous plaît, donnez-le ! Si je publie sur un blog, c'est bien pour en avoir, des avis. Sinon, ça n'a pas le moindre intérêt, autant que je continue à écrire mon bouquin dans mon coin.
  Consacrez-moi moins de deux minutes de votre temps pour poster un commentaire, même petit, même négatif, pour un chapitre que j'ai mis plusieurs heures à écrire. S'il vous plait ! Et merci pour mes lecteurs qui commentent mes chapitres, vos réactions me font toujours très plaisir !
  En espérant que ce chapitre vous fera réagir,
  Clo#

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10 mars 2010 3 10 /03 /mars /2010 17:28
chapitre-23---pleine-lune.jpg

" Pour la resplendissante Mlle Taylor et son extraordinaire courage face à un rook en plein bal.

Son plus noble serviteur "

   Je respirais le parfum émanant du bouquet que m’avait envoyé le Grand Chef, avec son habituelle carte. Il avait cette fois opté pour un bouquet entièrement rouge. Je déterminais une à une la signification, dans le langage des fleurs, de chaque plante. La première rangée, la plus basse, était composée de camélias. Leur signification ? " Vous êtes la plus belle ". Je souris. La rangée du dessus était formée de freesias, incarnant " l’élégance et la grâce ". La troisième, et dernière rangée, d’asters : " l’élégance ". Au centre, trônaient de magnifiques orchidées rouges – " perfection de la beauté ".

" Flatteur " pensais-je.

   Je me préoccupais de nouveau du colis qui était joint au bouquet. Que pouvait-il bien contenir ? Je dénouais le ruban puis ouvris la boîte.
-    Oh !
   Je me saisis de la fleur qui avait été délicatement posé sur mon cadeau. Bien entendu. Le Grand Chef ne pouvait pas avoir oublié de m’offrir une immortelle blanche, signe d’un " amour éternel ". Si j’en avais eu la possibilité, je l’aurais serré contre mon cœur. Mais le blanc ne m’était pas autorisé. Je déposais le fragile végétal sur mon lit et découvris mon présent, plié dans sa boîte.

   Il s’agissait du cadeau qu’il m’avait promis. Celui qui devait remplacer l’ancienne tenue de ballet qu’il m’avait offerte plus jeune. C’était un justaucorps d’un noir brillant avec des manches ballons qui ne couvraient pas les épaules, créant un effet " bustier ". Les ouvertures pour les jambes avaient été cerné de tulles. Exactement ce que je voulais. Il faudrait que je lui renvoie un quelque chose en guise de remerciement. Peut-être une mauve – " affection pure et douce " ?

   Je consultais mon réveil réglé à l’heure américaine : parfait ! La nuit serait sombre à souhait. Quant au temps, mon baromètre m’indiquait qu’il ne faisait pas aussi froid que je le pensais. Je m’empressais donc d’enfiler ma nouvelle tenue ainsi qu’une paire de ballerines puis regagnais Denver via ma porte.

   Le froid me mordit cruellement une fois dehors mais ne fit que renforcer mon excitation. Je laissais sortir mes oreilles et ma queue de chat, m’assurant un équilibre un peu plus sûr, puis entrepris d’escalader mon immeuble. Arrivée en haut, je contemplais la ville qui s’étendait devant moi. Ce soir pourtant, si je sortais, ce n’était pas pour dérober un quelconque objet. Les journalistes n’auraient rien à se mettre sous la dent.

   Je m’élançais dans le vide.

 


   J’évoluais gracieusement entre les gratte-ciel, toujours plus hauts. Je dessinais un ballet dont j’étais la seule à entendre la musique. Peu importe. Ce n’était pas pour les autres que je dansais de toute manière. J’effectuais une série de pointes puis exécutais une pirouette. Je regrettais d’avoir dû abandonner mes cours de danse classique. Comme j’avais aimé ça ! Je m’amusais à inventer des chorégraphies sur la musique de Tchaïkovski, principalement celle de la Fée Dragée dans le ballet " Casse Noisette ". Et quand je les estimais parfaites, le Grand Chef réservait les plus belles salles de danse de la planète pour me voir les lui danser. Ce temps-là était désormais révolu, pour plusieurs raisons plus ou moins liées, et je ne cessais d’éprouver une grande nostalgie à leur souvenir.

   Je fermais les yeux. Me retrouver dans le noir m’aidait à mieux me rappeler …

   La mémoire …

 


   C’est une salle entièrement recouverte de miroirs. Il fait relativement sombre. Mais sans aucun doute est-ce fait exprès … Certaines personnes sont plus éblouissantes à la lumière de la lune qu’à celle du soleil …

   Il n’y a que deux êtres dans la pièce. L’une d’elle est assise par terre, simplement. Un homme. Adulte. L’autre est une petite fille. Elle danse, certes avec des mouvements simples mais avec tant de grâce et de beauté que cela éclipse toutes les petites maladresses dues à son jeune âge. La petite fille est tellement belle ! Sa peau pâle brille sous les rayons de la lune et contraste avec ses cheveux sombres. Elle dessine des arabesques presque parfaite en rythme avec la musique qui provient du magnétophone posé à côté de l’homme. Ce dernier regarde la petite fille. Il la fixe comme si elle était le centre de l’univers.  De son univers. A ses yeux, la Terre n’a été créé que pour être fouler un jour par ses pas délicats. La seule pour qui la vie mérite d’être vécue.

   L’enfant, après un dernier pas, termine sa danse d’une salutation gracieuse. L’homme applaudit. La petite fille s’élance alors vers lui et lui saute dans les bras.
-   C’était bien ?
-   Très.
   Elle fronce les sourcils.
-   Pourquoi fais-tu cette tête ? lui demande l’adulte.
-   J’ai l’impression que tu ne dis pas la vérité.
   L’homme rit et la prend dans ses bras.
-   Mais c’est vrai. Tu es la plus grande danseuse du monde.
-   Tu crois que je pourrais faire danseuse plus tard ?
-   Sans aucun doute.
-   Tu viendras me voir ?
-   Bien sûr. 
  L’homme regarde sa montre puis dit :
-    Il va falloir qu’on y aille.
-   On reviendra ? J’aime bien cet endroit.
-   Si tu veux.
   Il s’empare du magnétophone puis porte l’enfant avec un bras.
-   Mon prochain ballet sera mieux, déclare alors la petite fille, solennelle.
-   Je n’en doute pas.
-   Tellement mieux qu’Alex ne se moquera pas de moi.
-   Alexandre se moque de toi ?
-   Non. Mais je suis sûre que si je danse il se moquera, chuchote-t-elle.
   L’homme rit puis ferme derrière eux la porte.

   Dans la salle aux miroirs, il n’y a plus personne.

 


   Je rouvris les yeux. Tss … J’avais du mal à croire qu’un jour mon seul objectif avait été de devenir danseuse étoile … De toute manière, il n’était plus question que je me consacre à autre chose qu’à l’anéantissement complet de la Rook Guild. Je ne pouvais pas me permettre de mourir avant.

   Me souvenir m’épuisait, je m’arrêtais donc et m’assis sur le toit d’un immeuble de haute taille, de sorte que personne ne pouvait pas m’apercevoir. Je m’intéressais au ciel. Mon cœur se serra quand je constatais que c’était la pleine lune. Me rappelant du nom que l’on donnait au bâtiment sur lequel je me trouvais – " gratte-ciel " –, je tendis la main vers l’astre nocturne. Bien évidemment, je ne le touchais pas.

   La pleine lune … On m’avait dit un jour que l’on pouvait lui comparer la vie d’un être humain. La lune n’est pas toujours pleine. Parfois, elle est absente. La plupart du temps, incomplète. Et il lui arrive d’être complète. Tout comme le bonheur. Il peut être là, partiel et … absent. Pour moi toutefois, cela faisait longtemps que la pleine lune m’était interdite. J’étais perpétuellement dans la phase de la nouvelle lune. Celle où l’astre ne daigne pas faire l’honneur de sa présence au ciel.

   Ma vie était une nuit sans lune. Une nuit noire où les étoiles peinaient à briller. Seules deux parvenaient à percer : Alexandre et Malcolm … Imméditement, les visages de Morgan et de Jade m’apparurent. Ces têtes, comme je les détestais ! Elles ne devaient même pas savoir ce qu’était une vraie nuit sombre ! La pleine lune, elles devaient l’avoir souvent ! Les étoiles devaient se compter par milliers dans leur ciel ! Elles n’avaient pas besoin de me prendre les miennes pour être heureuses ! Alors pourquoi s’y intéressait-elle ? Me détestaient-elles au point de me piquer mes étoiles ? Mais il était hors de question qu’elles y parviennent. Je ne les laisserais pas faire. Et Malcolm et Alexandre ne se donneraient pas à elles. Ils m’aimaient bien trop pour ça et … une autre raison les poussaient à rester avec moi.
-    Tabatha … tu ne devrais pas pas sortir à une heure pareille toute seule.
   Je me retournais vers mes cavaliers. Je ne les avais pas entendu arriver dans mon dos.
-    Pourquoi ? Personne n’est capable de me battre.
-    Tu as déjà oublier les aces ? me rappela, ironiquement, Alex.
-    Non, m’énervai-je.
-    Ce n’est pas parce que tu as réussi à vaincre les membres les moins glorieux de l’Ace Guild que tu peux te croire en mesure de battre ne serait-ce que le Trèfle, me sermonna Malcolm. Pour le moment, elle ne nous envoie que des membres mineurs mais ce n’est que pour tester notre niveau. Dans peu de temps, le Trèfle reviendra à l’attaque. Et peut-être secondé par ses collègues.
-    Je sais tout ça !
   Je me relevais.
-    Dans quelques jours, nous partons pour Miami. Là-bas nous en apprendrons plus sur l’Ace Guild. Nous en saurons autant sur elle qu’elle en sait sur nous. A partir de cet instant, la défaite ne sera plus autorisée.
   Je serrais les poings puis regardais Alexandre et Malcolm. Ils étaient aussi sérieux que si je leur avais annoncé que nous allions mourir demain. Tant mieux. Ils prenaient les choses à cœur.
-    Le moindre écart de conduite non plus d’ailleurs.
   Alexandre sembla comprendre ce que je voulais dire par " écart de conduite ".
-    Je te l’ai déjà dit, Tabatha. Je n’avais pas prévu de la rejoindre au bal.
-    JE SAIS ! LE PROBLEME N’EST PAS LA !
   Ne se rendait-il donc pas compte à quel point je souffrais dès qu’il osait poser ses yeux sur cette fille ? A quel point je mourrais de jalousie ? Non ? ! L’idée ne l’effleurait-elle donc même pas ? !

   Je me serrais contre lui.
-    Je ne veux pas … que tu me délaisses pour elle …, sanglotai-je. Je ne veux pas que tu … m’abandonnes …
-    Personne ne t’abandonne, Tabatha. Je ne fais que jouer avec Jade. J’adore voir la tête qu’elle fait à chaque fois que j’ouvre la bouche.
   J’eus l’impression qu’il souriait.
-    Tu ne l’aimes pas ? m’assurai-je.
-    Bien sûr que non.
   Bien entendu.
-    Tu es et demeureras la seule fille qui m’importe, poursuivit-il.
   Je ronronnais de contentement. La seule qui compte …
-    Et toi, Malcolm, méfie-toi de Morgan. C’est évident qu’elle a le béguin pour toi.
-    J’avais cru comprendre. Mais ne t’inquiète pas.
   Il s’approcha de moi et me saisit la main avant de la baiser.
-    Tu es la seule pour qui je vis. Et vivrai. C’est toi ma reine.
   Oui. Ils m’aimaient. Je les aimais aussi. Ce n’était pas des insignifiants pucerons qui réussiraient à nous séparer.
-    Je vous aime tous les deux. Pour l’éternité, promis-je.

   Je renouvellais ainsi le pacte que nous avions passé il y a de ce ça deux ans. Celui de rester éternellement ensemble. Une compagnie pour l’éternité, c’était ce que promettait le pacte entre la reine et le cavalier. Les cavaliers.



Juste une indication : les souvenirs de Tabatha sont racontés d'un point de vue externe (ça rend mieux je trouve ^^) donc, non, elle ne s'amuse pas à parler d'elle à la troisième personne.
Avec ce chapitre, voilà enfin la première partie de l'histoire terminée !
Je voulais remercier mes lecteurs sans qui je n'aurais jamais été jusque là. Un grand merci. Je ne pensais pas un jour arriver à cette étape-là de Chess. Encore une fois, merci.
Au prochain chapitre, nous quitterons Denver pour nous rendre à Miami. Comme je dois effectuer pas mal de recherche pour situer l'aventure dans une nouvelle ville, le chapitre 24 se fera peut-être attendre. Mais pas tant que ça, j'ai trop envie d'écrire !
MERCI DE M'AVOIR LU JUSQUE LA !!!
N'hésitez pas à vous rendre à
cet article et à consulter, à la droite du blog, le module "Mes lieux de culte". Vous y trouverez de quoi assouvir votre soif de lecture.

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6 mars 2010 6 06 /03 /mars /2010 22:48
chapitre 22 - prom


Point de vue de Tabatha Taylor

   La vie est nulle. Et ça serait le bien le plus précieux de chaque être vivant ? Laissez-moi rire. La procréation devrait être interdite. C’est vrai, en mettant des enfants au monde on ne fait que leur promettre une vie de souffrances intolérables et, maintenant, un monde pourri, complètement pollué. La vie est nulle. On ne fait que survivre dans un monde nul. Mais il existe des jours où j’ai vraiment envi de sauter par la fenêtre. Celui du bal de fin d’année en fait parti. Quel dommage que je retombe systématiquement sur mes pattes ! Quoique, je suis sûre que même en morceau, il me traînerait jusqu’à la fête, histoire de m’embêter jusqu’au bout.

   Comment ça : " qui c’est il " ? N’est-ce pas une évidence ? Il s’agit évidemment de cet ignoble Stanislas Preston ! Cette ordure ! Ce monstre ! Ce cafard ! Je le revois encore, le sourire aux lèvres, m’annonçant que, pour donner une forme tangible à l’alliance entre la Knight Guild et la Rook Guild, ils (on avait refusé de me donner leur nom) avaient décidé de nous faire participer au bal de promo de mon lycée. Je m’étais empressée de téléphoner à Alice, qui m’avait confirmer la nouvelle. J’avais menacé de tout casser, d’étriper Stanislas, de quitter la Knight Guild mais rien n’avait marché. J’avais juste réussi à me faire convoquer par le Grand Chef.
-    Vous ne m’ordonnez quand même pas de me rendre au bal de promo avec Stanislas accrochée à son bras ? De sourire ? De poser à ses côtés sur les photos que voudront prendre des lycéens envieux ?
-    Non seulement tu iras au bal de promo avec Stanislas, mais en plus tu t’accrocheras à son bras et tu te feras prendre en photo par des lycéens envieux, m’avait répondu le Grand Chef. Et tu souriras autant qu’il est possible de le faire.
   Il avait ajouté que si je refusais, il mettrait son nez dans mes affaires. C’est ce qui m’avait poussé à capituler. S’il découvrait toutes mes activités, il ruinerait des années de travail. Il n’en était pas question. J’avais donc commandé à Shannon une robe et commencé à me préparer mentalement pour la séance de torture qui m’attendait le 22 mai.

   La robe était splendide. " A mon image " m’avait assuré Shannon. J’osais espérer qu’elle plaisantait. Un être humain normalement constitué ne pouvait pas me trouver belle. Rien que mes yeux me répugnaient.
-    Le vert … la couleur de l’enfer …, chuchotai-je à mon miroir.
   Aussitôt, l’envie de me les crever me reprit. Si les yeux étaient le reflet de l’âme, comme la mienne devait être abominable ! Oh que oui elle l’était ! Tellement noire ! Tellement méprisable ! Tellement affreuse qu’elle sortait par tous les pores de ma peau, rendant mon corps aussi affreux qu’elle !

   Pitié ! Ne me laissez pas toute seule !

   Malcolm ! Alexandre !

   Mes jambes me lâchèrent, m’obligeant à me traîner jusqu’au téléphone. Alexandre et Malcolm … oui … eux ils ne me laisseraient pas toute seule … Mais mon cœur me cloua au sol avant. Comme il pesait lourd ! Comme il me faisait mal ! S’il vous plaît, qu’on me l’arrache !
-    AAAAAAAAAAAH ! EMPECHEZ-LE DE BATTRE !
   Les seuls sons que je réussis ensuite à émettre ressemblèrent plus à des râles qu’à autre chose.

 


   Quelle heure était-il ? Je me relevais en m’appuyant sur un meuble et attrapai mon réveil. J’étais en retard. Tss … Je regagnai ma chambre, époussetai ma robe et me dépêchai de l’enfiler. Je me peignai rapidement les cheveux et leur accrochai une rose. Je mis ensuite mes chaussures et quittai la maison. J’avais en effet refusé que ce vermisseau de Stanislas pose un cm² de sa peau sur ma pelouse. Nous avions donc convenu de nous retrouver en bas de l’immeuble où se trouvait ma porte à Denver. J’osais espérer qu’il avait une voiture convenable pour me conduire au bal !

   Le roi m’attendait bien devant l’entrée de l’immeuble, au moins ne me faisait-il pas l’offense de me faire attendre ! Stanislas portait un traditionnel smoking noir, bien coupé, l’habituelle chemise blanche et la cravate usuelle assortie au costume. En fait, il aurait tout eu du cavalier parfait s’il n’avait pas oublié de rentrer sa chemise dans son pantalon. Mais bon … Disons que ça allait bien avec sa personnalité. Apparemment parfait mais en réalité … Non pas que je l’ai trouvé à un moment parfait ! Je le détestais. Rien que le fait qu’il soit un rook le rendait aussi monstrueux que moi. En me voyant, il écarquilla les yeux.
-    Tu as un problème ? lui sifflai-je en guise de salutation.
-    Non … Pas aujourd’hui.
-    Pourquoi cet air béat alors ?
-    Je sais que tu as dû l’entendre plus d’une centaine de fois mais … tu es vraiment splendide !
   Chose étonnante, il avait l’air sincère. Une preuve de plus qu’il était complètement fou. Moi ? Splendide ? Je sentis les coins de mes lèvres se retrousser en un sourire moqueur.
-    Passons. Tu as une voiture ?
-    Bien sûr.
   Il se retourna et me désigna la merveille qui attendait derrière lui.
-    Une Mercedes classe C ? m’écriai-je.
   Il acquiesça d’un signe de tête.
-    J’ai entendu que tu appréciais les belles et élégantes voitures noires …
-    Jusqu’à quelle vitesse peut-elle aller ? m’enquis-je en tâchant de contrôler les trémolos de ma voix dus à la joie.
-    231 km/h. Tu es contente ?
   Je me raidis.
-    Absolument pas.
-    Tu es d’une mauvaise foi incroyable ! s’esclaffa Stanislas.
-    Tss … Même si je l’étais, contente, ça serait à cause de la voiture. Te fréquenter ne me procure aucun plaisir.
-    J’avais cru comprendre.
-    Je peux conduire ?
   Il eut l’air surpris, air qui se mua rapidement en une expression un peu sadique.
-    Ce n’est pas au cavalier de le faire normalement ?
-    Normalement, la fille n’est pas obligée de venir au bal. Je peux conduire ?
-    Non. Nous devons tout faire ce soir comme un couple de lycéens normaux.
-    Personne ne le saura, prétextai-je.
-    Je ne crois pas, non. Depuis que tu as menacé d’attenter à ma vie pour échapper au bal, il a été décidé que des knights et des rooks nous surveilleront pendant toute la fête.
-    C’est une blague ?
-    Bien sûr que non.
   Ce n’était pas possible … J’avais prévu de tout faire pour écourter le plus possible la soirée et de m’éclipser avec Malcolm et Alex … Et on allait me surveiller pour que je ne le fasse pas ? C’en était trop ! On me traitait comme une gamine ! Alice allait avoir de mes nouvelles ! Dès la fin de ma corvée, je l’appelais !

   Devant mon air énervé, et craignant qu’il ne subsiste durant toute la soirée, le rook me proposa une alternative à ma situation.
-    Tu sais … Il faut que tu considères que m’accompagner au bal n’est qu’une mission comme une autre. Et ton attitude laisse supposer que tu la refuses …
   Je voyais parfaitement où il voulait en venir. Aucune mission avec mon équipe n’avait jamais échoué et il devait le savoir. Ne pas l’accompagner au bal marquerait mon premier échec … Il n’en était pas question. Je refusais de lui laisser le plaisir de se voir attribuer comme le responsable de ma première défaite.

" Pense aux cruches des séries télé … "

   Je lui offris mon plus beau sourire puis, avec une voix ridiculement fluette, lui minaudais un risible :
-    Je suis ravie d’aller au bal avec toi, Stanislas.
   Je conclu ma déclaration de quelques battements cils. Mon partenaire avait l’air à la fois satisfait et amusé.
-    Tout l’honneur est pour moi.


-    Regardez ! C’est Tabatha Taylor !
-    Ce qu’elle est belle !
-    Tu as vu sa robe ?
-    La voiture est super !
-    Le garçon qui l’accompagne est trop beau !
-    Est-ce qu’il est à notre lycée ?
-    Je ne l’ai encore jamais vu !
-    Je le connais ! C’est un mannequin étranger célèbre !
   Pff … Tout se passait exactement comme je l’avais prévu. Tout le monde sortait son appareil photo pour immortaliser la venue de Tabatha Taylor et du " mannequin étranger célèbre " avec lequel elle sortait. Heureusement, malgré mon sourire béat, personne n’osait s’approcher pour nous demander la permission de nous prendre en photo. De toute manière, le premier qui osait le faire, je lui dévissais la tête. Purement, simplement et sans me salir.

   A peine avais-je posé un pied à l’intérieur que j’eus avant de partir. On se trémoussait, se collait les uns aux autres … C’était d’un mauvais goût affreux. Tous ses couples me donnaient envie de vomir. On souriait, on riait … J’allais finir par avoir un terrible mal de crâne si je m’attardais trop. Finalement, le bras de Stanislas m’était utile : il m’empêchait de tomber par terre.
-    Tu veux danser ? me chuchota-t-il.
   Ma première réaction fut de lui dire qu’il en était hors de question avant de me souvenir que j’étais en mission.
-    Avec plaisir.
   Malheureusement, la chanson qui passait était un peu trop lente à mon goût et je me trouvais un peu trop collé à mon cavalier. Je continuais à lui sourire mais, en parallèle, lui écrasais les pieds avec mon talon. Excepté quelques crispations de douleur toutefois, il n’en laissa rien paraître. Impressionnant. J’augmentais encore un peu plus ma force.
-    Ca t’amuse ? me chuchota-t-il.
-    Je ne vois pas de quoi tu parles.
   J’accentuai mon sourire et il soupira.
-    Tu as soif ? s’enquit-il.
-    Oui.
   Nous arrêtâmes de danser et commençâmes à nous diriger vers le buffet.

   A peine mon verre en main, j’en renversais une partie malencontreusement sur la veste de costume de mon partenaire.
-    Oh ! Stanislas ! Je suis tellement désolée ! Tellement confuse !
   Le regard qu’il m’accorda me montra que j’avais vraiment fini par l’énerver. Les secondes qui suivraient lui seraient particulièrement pénibles.

   Je parlais pour deux tout en faisant de grands gestes qui ne manquaient jamais de blesser Stanislas : une fois dans les côtes, dans le bras … L’animosité qu’il dégageait m’était particulièrement agréable. Du coup, je m’amusais.
-    Ca suffit, finit-il par lâcher.
-    Pardon ?
   Je lui adressais un regard innocent qui parut accentuer un peu plus sa mauvaise humeur. Il soutint pendant quelques secondes mon regard avant de s’éloigner.
-    Hé ! l’apostrophai-je. Où vas-tu ?
-    Je pars.
   Comment ? J’osais espérer qu’il plaisantait.
-    Pardon ? répétai-je.
   Il se retourna vers moi.
-    Je déclare que tu as tout bonnement échoué à ta mission ! Tu as été incapable de faire rester ton cavalier !
   Je le rejoignis en trottinant sur mes talons hauts.
-    Ma mission était de t’accompagner au bal ! lui murmurai-je.
-    Pas que, il me semble. Nous devions passer toute la soirée ensemble. Mais tu es tellement exécrable que je me barre. Tu as échoué, ajouta-t-il.
    Et il recommença à s’éloigner.

   Je n’en croyais pas mes oreilles. Il partait ? ! Il me laissait sur place ? ! Je sentis nettement la colère s’infiltrée dans mes veines. De plus, on n’abandonnait pas une jeune fille – même comme moi – en plein milieu d’une fête ! J’étais vexée ! Tellement vexée que je me souciais à peine de savoir que son attitude compromettait ma mission !
-    Ca ne va pas se passer comme ça, promis-je à voix basse, autant pour moi que pour lui.
   Je reconnus alors la musique qui passait : " Hot N Cold ", de Katy Perry.

Je décidais de m’en servir. Je me mis à la poursuite de Stanislas qui, à cause de la foule, ne s’était pas échappé bien loin. Je l’empoignais par un pan de sa veste.
-    Quoi ? grogna-t-il en se retournant.
-    " Tu changes d'avis, Comme une fille change d'habits ", déclamai-je en grimaçant de dégoût, pour bien lui faire comprendre ce que je pensais de son comportement – abandonner une fille en plein bal !
-    C’est ton nouveau jeu ? persifla-t-il.
   J’ignorais sa remarque et poursuivis :
-    " Je devrais le savoir, Que tu n'est pas bien pour moi ".

   Je le fixais dans les yeux.
-    " Parce que tu es chaud puis tu es froid, Tu dis oui puis tu dis non, Tu es dedans puis tu es dehors, Tu es en forme puis tu es déprimé, Tu as tort quand c'est juste, C'est noir et c'est blanc, On se dispute, on se sépare, On s'embrasse, on se réconcilie ", récitai-je en adoptant une attitude dédaigneuse. 
   Stanislas me regardait, ébahi. Il faut dire que quelques instants plus tôt je ne pensais qu’à partir et que maintenant je le suppliais de rester.
-    " Tu, tu ne veux pas vraiment rester mais tu ne veux pas vraiment partir, Parce que tu es chaud puis tu es froid, Tu dis oui puis tu dis non, Tu es dedans puis tu es dehors, Tu es en forme puis tu es déprimé ", continuai-je en le pointant du doigt.
    Katy Perry allait poursuivre, et j’allais faire de même, quand Stanislas m’en empêcha.
-     Je ne te comprends pas. Tu veux que je reste ? Tu voulais partir, il me semble.

   Il paraissait incrédule.
-    Je veux partir. Mais j’ai une mission à accomplir. Et je te préviens, je n’ai pas l’intention de m’ennuyer.
   Stanislas soupira.
-    Tu veux qu’on discute ?
" Maintenant tu es totalement … "
-    … " ennuyeux " !, lui répondis-je. " J'aurais dû le savoir, Que tu n'allais pas changer ".

   Je lui souris, d’une manière que je voulais malicieuse.

   J’attrapais une de ses mains et la collais contre ma taille. Je me serrais ensuite contre lui et le poussais à danser, en rythme avec la chanson.
" Parce que tu es chaud puis tu es froid
    Tu dis oui puis tu dis non
    Tu es dedans puis tu es dehors
    Tu es en forme puis tu es déprimé
    Tu as tort quand c'est juste
    C'est noir et c'est blanc
    On se dispute on se sépare
    On s'embrasse on se réconcilie

  Tu, tu ne veux pas vraiment rester

    mais tu ne veux pas vraiment partir
    Parce que tu es chaud puis tu es froid
    Tu dis oui puis tu dis non
    Tu es dedans puis tu es dehors
    Tu es en forme puis tu es déprimé "

  Si mon cavalier, pendant le refrain, fut un peu coincé – étonné par ma démarche –, il se rattrapa pendant le pont. Il m’attira un peu plus contre lui.
-    Tu es franchement surprenante, m’avoua-t-il. 
 -    Pas plus que toi. 
   Il leva les yeux au ciel. Ensuite, il me sourit.
-    Tu veux vraiment danser ?
-    J’adore ça, lui confiai-je. Mais sais-tu seulement danser ?

   Stanislas me défia du regard.
-    Tu me sous-estimes.
   Ainsi, après :

" Que quelqu'un appelle le docteur
    J'ai un cas d'amour bipolaire
    Coincé sur des montagnes russes
    Et je ne peux pas sortir de ce tour de manège " 
  … et après un dernier regard complice et encore après que j’eus prononcé :
-    " Tu changes d'avis, Comme une fille change d'habits ".

   … je remontais le bas de ma robe et me collais de dos à mon cavalier en me frottant contre lui. Je me retournais ensuite et il me décolla du sol. Je passais mes jambes dans son dos, pour me maintenir puis lui exhibais, sans la moindre gêne, mon bustier. Il me prit de nouveau par la taille et me porta à bout de bras. Stanislas me reposa ensuite au sol où il me fit prit la main puis me fit tourner tout en me faisant passer sous son bras. Je souriais mais, cette fois, je ne jouais pas. Je m’amusais, un peu. Un tout petit peu. Si peu par rapport à ce que j’avais pu connaître ! Mais un peu tout de même. Et c’était déjà bien dans la mesure où je me trouvais en face d’un rook, ces êtres que je haïssais tant.
" Tu, tu ne veux pas vraiment rester, non

    Tu, mais tu ne veux pas vraiment partir

    Parce que tu es chaud puis tu es froid

    Tu dis oui puis tu dis non

    Tu es d'accord puis tu ne l'es plus

    Tu es en forme puis tu es déprimé "
   La chanson était finie et je lâchais la main de Stanislas. A cet instant, une foule d’applaudissements retentirent, provenant des lycéens qui avaient assisté à la scène entre Stanislas et moi. Je regrettais aussitôt d’avoir fait ce que j’avais fait.   Je n’avais pas le droit.

   Je n’eus qu’un regard glacial pour nos spectateurs et exhortais Stanislas à se dépêcher de s’éloigner.


-    Je vais aux toilettes, je reviens tout de suite.
   J’avais abandonné mon masque de lycéenne nunuche, qui m’épuisait. Je traitais donc Stanislas avec autant de mépris que me le permettait ma mission.

   Je pestais contre les danseurs quand je reconnus la tête blonde d’Alex. Enfin une présence amicale ! Je me précipitais à sa rencontre avant de m’apercevoir qu’il n’était pas seul.

   Jade Takano.

   J’entrais dans une rage folle.

   Elle n’avait pas le droit ! Alexandre était à moi !

   J’écartais deux ou trois couples de danseurs avant d’être vraiment à côté d’eux. Alexandre eut l’air particulièrement surpris de me voir. Avait-il oublié jusqu’à mon existence au profit de l’autre cruche ? La cruche cligna des yeux en me remarquant. A croire qu’il y avait un problème à ce que je sois là ! D’accord, je n’étais pas censée être là ce soir mais elle non plus !
-    Je croyais que tu ne devais pas venir au bal, sifflai-je à son intention.
-    Je … je ne voulais pas …
-    Alexandre ! Tu avais prévu de la rejoindre ? la coupai-je en la pointant du doigt.
-    Non, c’est de la faute de Shannon. C’est elle qui l’a amené au bal. De force, précisa Alexandre.
-    Je m’en fiche, crachai-je, je …
-    Chut, m’intima-t-il. Nous ne sommes pas seuls.
   Effectivement, nous n’étions pas seuls. Des knights et des rooks traînaient un peu partout dans cette pièce. Je ne pouvais pas me permettre de me laisser aller.
-    Nous en parlerons plus tard, conclu-je.
   Mon regard passa d’Alexandre à Jade. Comme il aurait été facile de la tuer … Si facile … Je m’imaginais très bien détacher sa tête du reste de son corps. Je n’aurais plus eu à supporter ses yeux en permanence apeurés. Craignant de céder à la tentation, je tournais les talons.

   Je croisais ensuite Malcolm. Lui, au moins, eut l’air content de me voir.
-    Tu t’amuses bien ? plaisanta-t-il. Très jolie performance avec Stanislas …
   Je lui donnais une tape sur la tête.
-    Ne dis pas de bêtises.
   Il rit et cela me détendit.
-    Ne t’attarde pas trop, me conseilla-t-il. C’est bientôt l’heure des slows, je ne voudrais pas te priver d’une occasion de danser avec Stanislas.
-    Tu es vraiment décider à m’énerver !
-     Je ne vois pas pourquoi ! Je ne danse avec personne moi !
   Je tiquais.
-    Tu sais qu’Alexandre … et Jade … ?
-    Ils n’ont pas été très discrets.
   Je grognais, involontairement.
-    Ce n’est pas ce que tu penses ! se reprit Malcolm. Disons qu’eux aussi ont fait une belle démonstration de danse sur Thriller.
-    Ah ? C’est tout ?
   Malcolm hocha la tête.
-    Bon, et bien, je vais rejoindre mon cavalier. Je …
   Cette musique … Malcolm se raidit lui aussi.
" Elle était plus comme une reine de beauté tirée d’une scène de film … "

   Mon cœur s’arrêta de battre. Avant de reprendre. De nouveau tellement lourd ! Tellement douloureux ! Tellement vite !
" Les gens m'ont toujours dit de faire attention à ce que je fais

   Et de ne pas circuler en brisant les cœurs des jeunes filles

   Et ma mère m'a toujours dit de faire attention à qui j'aime

   Et de faire attention à ce que je fais car le mensonge devient la vérité "

" Billie Jean n'est pas mon amoureuse

   Elle est juste une fille qui prétend que je suis le bon

   Mais le gosse n'est pas mon fils

   Elle dit que je suis le bon, mais le gosse n'est pas mon fils "

 


" Voyons chaton … Ne t’énerve pas ! "

 
   Je connaissais chaque parole, chaque note. Cette chanson n’avait aucun secret pour moi. Je l’avais tellement entendu …

   Je fermais les yeux et me concentrais sur les battements de mon cœur. Je haïssais cette source de vie un peu plus à chaque pulsation. Il aurait dû cesser de battre depuis longtemps.

   Quand je les rouvris, je constatais que Malcolm avait eu la même réaction que moi. Je posais ma main sur sa joue.
-    Je t’aime.
-    Moi aussi.
   Puis je partis rejoindre Stanislas.


-    Et maintenant le moment que vous attendiez tous ! clama l’un des élèves organisateurs, monté sur un podium. L’élection du roi et de la reine de la soirée !
    La foule s’écria et des sifflements retentirent un peu partout dans la salle.
-    Cette année, le choix a été particulièrement difficile … Il faut dire que la qualité des membres de notre cher lycée a énormément augmenté cette année.
    Pourquoi donc tout le monde se retourna vers moi ?
-    Mais il ne peut y avoir qu’un seul roi et reine par an !
   De nouveau, des cris de joie. Ne pouvaient-ils pas se taire, qu’on en finisse ? Stanislas m’avait promis de me raccompagner chez moi après cette satanée tradition. Qu’est-ce que c’était bête ! Le roi et la reine de la soirée ! Pff !
-    Du calme ! ordonna le présentateur. Sinon je ne pourrais jamais vous dévoiler les heureux élus !
   Alexia Hilton, qui était devant moi, commençait déjà à serrer les mains de gens venant lui présenter leurs félicitations. J’avais en effet cru comprendre qu’elle avait été toujours sacrée reine du bal depuis sa première année de lycée. Cette fois-ci, c’était la dernière année et elle devait vouloir finir en beauté.

   Un silence quasi religieux accueillit les dernières secondes avant le moment fatidique. Alexia commençait déjà à s’approcher de l’estrade.
-    Cette année … après maintes délibérations … ont été élus roi et reine de la soirée … Miss Tabatha Taylor et son mystérieux cavalier !
   Mes yeux s’écarquillèrent de stupeur. Une à une, toutes les têtes de l’assemblée se tournèrent vers moi. Alexia me fixait, l’air vide. Elle n’avait pas encore réalisé que j’avais été promue reine de la soirée. Moi non plus d’ailleurs.
-    Qu’est-ce que tu fais ? chuchotai-je à Stanislas alors qu’il commençait à se rapprocher de l’estrade.
-    Nous sommes les rois, non ? Nous devons aller chercher nos prix.
-    Il n’en est pas question. Partons.
-    Miss Taylor ? se risqua le présentateur.
   Il se congela sur place en croisant mon regard. Je jetais ensuite un coup d’œil circulaire autour de moi. Soucieuse de ne plus être l’attention du monde, je trottinais jusqu’à l’estrade, au bras de Stanislas. Je montais ensuite aux côtés du présentateur – j’étais plus grande que lui. Il me tendit un sceptre et une couronne en plastique et leur réplique parfaite à mon partenaire.
-    Un petit mot ? me demanda-t-il d’une voix chevrotante.
   Je pris le micro qu’il me tendait ainsi que mes " prix ".
-    Tu peux simplement dire " merci " …, me conseilla-t-il.
-    Tss …
   Réalisant que je venais d’émettre un son dans le micro, et que tout le monde s’attendait à une suite maintenant, je le rendis à son propriétaire.
-    On peut y aller ? demandai-je à Stanislas.
-    Bien entendu.
   On se retourna sur notre passage pour regagner la sortie. Personne ne s’était attendu à une élection pareille. Quelle idée de m’élire aussi !

   Nous montâmes rapidement dans la Mercedes Classe C. Un coup d’œil dans le rétroviseur m’informa que tout le lycée était sorti pour savoir ce que nous allions faire.

   Stanislas démarra en trombe et je jetais par la fenêtre mes attributs royaux plastifiés. Je fis de même avec ceux de mon partenaire.

 


   Le soulagement que j’éprouvais en distinguant la façade de mon immeuble me fit frémir. Enfin, j’allais être seule et pouvoir oublier cette affreuse soirée.

   Stanislas se gara. Je rassemblais mes jupons et m’apprêtais à quitter le véhicule quand mon cavalier d’un soir me posa une étrange question :
-    Avons-nous fait la paix ce soir ?
   Ma réponse fusa.
-    Non.
   Voyant qu’il semblait attendre quelque chose de ma part, des explications peut-être, je poursuivis :
-    Si demain, l’alliance entre nos deux camps est rompue je n’aurais pas la moindre hésitation à te tuer. Pas la moindre.
   Mon ton était particulièrement froid.
-   Je te remercie de ta franchise, me dit simplement Stanislas.
-    Je peux donc te poser une question à laquelle tu répondras toi aussi franchement ?
-   C’est la moindre des choses.
-    … Tu as fait exprès de te mettre en colère au bal ? Tu avais deviné que je te pousserais à rester ?
   Il sourit.
-   Comment l’as-tu compris ?
-    Tu ne fais rien sans rien. C’est pour ça que tu es si détaché et si calme. Te mettre en colère était donc forcément calculer.
-    Tu m’as bien cerné.
-    Je regrette de ne pas l’avoir compris avant.
   Il rit.
-    Moi pas.
   J’avais l’intention de sortir de la voiture mais je crus bon de clarifier la situation, une dernière fois.
-    Je te préviens Stanislas, ne crois pas que nous sommes " amis ". Dès que je pourrais te tuer, je le ferais.
   Il parut méditer ma question puis me sourit encore.

-    Si cela me donne une occasion de te revoir, je m’arrangerais pour t’échapper …

Tabatha


Voilà ! Le bal de promo est fini ! J'ose espérer que ce chapitre vous a plu !
La prochaine fois que nous nous reverrons, ce sera à Miami ! Sortez les bikinis ;)
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3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 21:37
Alexandre-saint-valentin.jpg

Prénom et nom : Alexandre Evans
Surnom : Alex (Tabatha, Malcolm, Shannon, Alice, Luna, Rey, ...), l'ignoble (Jade), l'affreux (Jade), la larve (l'auteur et une de ses amies)
Catégorie : doué  
Camp : Knight Guild  
Statut : 4ème cavalier - Reine : Tabatha Taylor- Partenaire : Malcolm Lewis
Don : Régénération ultra rapide-insensible à la douleur, ne peut pas être transpercé de part en part
Ce qu'il aime : les bonbons, les gâteaux, la nourriture en général, embêter Jade, la musique (Michael Jackson entre autre), ne rien faire, plaire aux filles
Ce qu'il déteste : que Tabatha se fâche, que son ordinateur tombe en panne, que son mp3 tombe en panne, qu'on l'oblige à retirer ses boucles d'oreille, ne rien avoir à grignoter, "Billie Jean" de Michael Jackson, se faire battre par Malcolm
Ce qui lui fait peur : Tabatha, sa mère, Terreur des Ténèbres, que Tabatha prenne le volant
Projet pour l'avenir : gagnez beaucoup d'argent sans rien faire

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2 mars 2010 2 02 /03 /mars /2010 21:38
chapitre 22 - prom


Point de vue de Jade Takano

-   Jaaade ! Comment je suis ? Répond-moi franchement.
   Karen tourna sur elle-même pour que je la voie sous toutes les coutures.
-    Super. Ta robe est vraiment très jolie.
-    N’est-ce pas ? Je trouve aussi.
    Elle s’était finalement décidée pour la robe que je lui avais conseillé. Ses cheveux étaient assez longs pour qu’elle puisse se faire la coiffure de ses rêves.

   La sonnette retentit à ce moment-là.
-    Darryl passe te prendre aussi tôt ? m’étonnai-je.
-    Non. Je vais aider Marisol pour sa tenue. Ca doit être elle.
   Elle se pencha à sa fenêtre pour confirmer son hypothèse.
-    Il va falloir que je te laisse … Tu es sûre que tu ne veux pas venir ?
   Karen me lança un regard suppliant.
-    C’est un peu tard pour moi, lui répondis-je.
-    On peut toujours s’arranger !
   Je poussais un soupir amusé.
-    Ne t’occupe pas de moi. Marisol va t’attendre.
-    Dans ce cas …
   Nous nous fîmes la bise et gagnâmes l’entrée de la maison.
-    Profite bien de ta soirée, lui dis-je une dernière fois. Et de Darryl.
-    Compte sur moi !
   Elle monta dans la voiture de Marisol et le véhicule s’éloigna. Je jetai un coup d’œil à ma montre. Si je partais maintenant, j’aurais un peu d’avance mais bon … c’était la dernière ligne droite. Je m’abritais des regards derrière un buisson du jardin des Parsons et sortis la porte miniaturisée qu’avait accepté de me prêter Stanislas jusqu’à aujourd’hui. Après, je devrais la lui rendre.

   Dans ma tête, je visualisais le château de Shannon puis appliquais mon pouce à la surface du miroir. Je quittais aussitôt Denver.

   Comme les fois précédentes, j’atterris dans la serre, celle où j’avais une fois pris mon petit-déjeuner déguisé en poupée Barbie. Shannon m’attendait, sirotant un thé dans une tasse en porcelaine sur la terrasse. Dès qu’elle me vit, elle reposa sa boisson et se précipita sur moi avant de me serrer dans ses bras.
-    Jade ! Je t’attendais ! Aujourd’hui c’est la dernière séance !
-    Oui. J’ai hâte de voir la robe finie.
-    Et moi donc ! Dépêchons-nous !
   Elle m’entraîna à sa suite, me tirant par le poignet. Elle me guida dans le château jusqu’à la salle qu’elle avait réquisitionnée pour la conception de la robe. J’avais en effet été embarquée dans une drôle d’aventure. Alexandre avait remarqué que, mes amies occupées par le bal de fin d’année, j’étais souvent seule et il avait plaidé – ou plutôt pleurniché - ma cause auprès de Shannon. Cette dernière avait été chargée de l’élaboration et la confection d’une robe de bal d’une jeune aristocrate knight et manquait cruellement de bras, ses couturières étant chargées d’autres tenues (les lycéennes knights se servaient de leur contact …), notamment une que j’avais eu le temps d’entrapercevoir et qui était tout simplement splendide. J’espérais que sa future propriétaire était à son image. Toujours est-il que Shannon m’avait proposé de l’aider et, n’ayant rien d’autre à faire, j’avais accepté. Quand j’avais un peu de temps, je passais et accomplissais quelques menus travaux qui semblaient néanmoins faciliter la vie de tout le monde. Aujourd’hui était la séance consacrée aux dernières retouches.
-    Vous avez avancé ? questionnai-je Shannon. Le voile posait problème aux couturières la dernière fois …
-    Ne t’inquiète pas, nous avons finalement réussi. Ce n’était pas le voile le problème mais le fil !
   Nous arrivâmes enfin à la salle. Les couturières s’affairaient autour de la robe telles des abeilles dans une ruche. Je n’aimais pas les robes et il aurait fallu qu’en porter une sauve la planète pour que j’accepte d’en enfiler. Mais la robe qui trônait en ce moment au centre de la pièce, je devais bien le reconnaître, était jolie. Elle était très simple, ce que j’avais trouvé étrange connaissant les goûts prononcés de Shannon pour les tenues compliquées (entre autre les crinolines dont elle semblait avoir fait son vêtement de tous les jours). D’un ravissant jaune bouton d’or, la robe s’arrêtait au niveau du genou et avait un haut à bretelle. La jupe, un peu évasée, était surmontée d’un voile qui lui donnait un côté pailleté. Elle était serrée au niveau de la taille par une sorte de ceinture, très fine, avec une discrète boucle. Un revers avait été fait sur le haut et était lui aussi pailleté. Il avait été décidé que la knight ne porterait pour tout autre accompagnement qu’un simple bracelet fin en or et une paire de ballerine.
-    Laura n’est pas encore arrivée ? demandai-je, m’attendant à ce que la propriétaire de la robe soit présente pour les retouches de dernières minutes.
   Elle avait pourtant été présente lors des séances précédentes pour rassurer sa mère sur l’avancé du travail.
-    Non, c’est vrai, remarqua Shannon. Elle ne va pas tarder à arriver certainement. Ne perdons pas de temps. Jade, tu peux te charger de vérifier que nous avons encore du fil jaune en stock ?
-    Bien sûr.
   Je saluais les couturières qui me répondirent en souriant et tâchais de m’acquitter de ma première mission de la soirée.

-    Un accro dans le voile ! s’écria Beth, couturière, alors que nous pensions avoir fini. Le fil, le fil !
   Chaque détail comptait, chaque élément de la robe serait minutieusement étudié lors de la soirée à laquelle Laura la porterait.
-    Et où est Laura ? Si nous n’envoyions pas les photos d’elle ce soit pour prouver à sa mère que la robe est bien finie, elle ne paiera pas ! s’exclama une autre.
   Je commençais moi aussi à m’inquiéter. Si Laura ne venait pas, tout ce travail n’aurait servi à rien. Même Shannon, optimiste dans l’âme, s’affolait. C’est à ce moment-là qu’une domestique frappa à la porte, un téléphone à la main.
-    Mademoiselle ? dit-elle en s’adressant à Shannon. Miss Laura vient d’appeler, elle prévient qu’elle est malade et qu’elle ne se sent pas la force de venir.
-    Comment ? s’étrangla sa maîtresse. C’est une plaisanterie !
-    Malheureusement, non.
   La domestique repartit, désolée d’avoir été porteuse d’une mauvaise nouvelle et toutes les couturières soupirèrent, déçues.
-    Que va-t-on faire, Miss MacKeon ? s’enquirent-t-elles. On ne nous paiera pas le travail !
-    Chut, leur intima la belle rousse. Nous allons trouver une solution, ne vous inquiétez pas.
-    Laquelle ? Tout est fichu !
   Leur désespoir faisait mal au cœur. Shannon semblait réfléchir à toute vitesse mais je ne voyais pas comment il était possible de rattraper le coup. Son regard se posa alors sur moi et s’illumina.
-    Jade ! Tu es sensiblement de la même taille que Laura et vous me paraissez être aussi épaisse l’une que l’autre ! Peut-être pourrais-tu enfiler la robe et te faire passer pour elle, le temps que nous prenions les photos ?
-    Non.
   Ma réponse avait fusé. Il était hors de question que je la mette.
-    Il … il doit bien avoir quelqu’un qui doit être de la même morphologie que Laura …, prétextai-je.
-    Cela m’étonnerait. Tu es la seule adolescente de tout le château. Aucune de nous (elle désigna les couturières, puis elle) ne pourra pas la porter sans que cela nécessite de nombreuses modifications.
    Je jetai un coup d’œil circulaire autour de moi et constatais bien ce que m’avait dit Shannon. Les couturières, et Shnnon comprise, avaient déjà un physique de femme. Elles me fixaient toutes, m’implorant du regard.
-    S’il vous plaît, Miss …, se risqua l’une d’elles. Si vous n’acceptez pas de la porter, aucune de nous ne touchera un salaire …
    Certaines devaient déjà avoir des enfants … elles devaient compter sur l’argent de la robe pour payer leur loyer, leur nourriture, leur facture …
-    Je t’en prie …, me supplia Shannon. On ne verra pas ton visage, si cela peut te rassurer…
-    Mais … mais, enfin non … Je ne peux …
-    … tu ne peux pas refuser ! me coupa-t-elle. Jade ! S’il te plaît !
" Je vais me couvrir de ridicule si j’accepte … "
-     Bon, bon, d’accord … mais c’est la première … et dernière fois …
-     Merci Jade ! Qu’on amène la robe ! Déshabille-toi !
-     Pas … pas devant tout le monde !
   De nouveau de bonnes humeurs, les couturières m’entraînèrent dans une cabine d’essayage, portant la robe à bout de bras pour ne pas l’abîmer.
-    Comme tu es belle ! C’est à croire qu’elle a été cousu pour toi !
   On me traîna devant le miroir.
-    Comment tu te trouves ?
    Pour toute réponse, je fis la grimace.
-    Amenez le fer à boucler, ordonna Shannon.
-    Pour quoi faire ? protestai-je.
-    Au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, Laura a les cheveux ondulés ! Puisque tu es sa doublure, tu dois les avoir toi aussi !
-    C’est une bla …
-    Je l’ai !
-    Parfait !
-    Non, Shannon ! Je ne …
   Mais on m’immobilisa et on commença à séparer ma chevelure en mèches.
-    Nooon ! Lâchez-moi !
-    Passez-moi la broche pour retenir ses cheveux !
-    Et le bracelet !
-    Et les ballerines noires !
   Quand je repassais devant le miroir, j’avais l’air d’une lycéenne s’apprêtant à se rendre au bal de promo, le sourire en moins. A vrai dire, je faisais la tronche.
-    Splendide ! s’écrièrent en chœur Shannon et ses couturières.
-    Dépêchez-vous de prendre les photos, grognai-je.
-    Sans aucun doute … mais d’abord, prend ma main, me demanda Shannon.
   Sans réfléchir, innocente, je m’exécutais. La rousse ferma alors les yeux puis, le sourire aux lèvres, déclama :
-    Jade Takano ! Bal de fin d’année du Cherry Creek High School, Denver !
-    Qu’est-ce que …
   Shannon lâcha alors précipitamment ma main et je me rendis compte qu’elle avait glissé dans la sienne la porte miniaturisée de Stanislas.
-    Désolée Jade ! Je n’ai pas pu m’en empêcher ! s’excusa-t-elle en riant.
-    MAIS JE NE VEUX PAS ALLER AU …
   Je disparus avant de terminer ma phrase.

-    … BAL ! !
   Je reconnus immédiatement le lieu où je me trouvais : c’était celui que j’avais vu imprimé sur les tracts du bal distribué au lycée.

" C’est … Ce n’est pas possible ! Je n’ai pas pu me faire piéger aussi facilement ! "

   Pourtant si.

" Je … Je ne peux pas rentrer chez moi en plus … je n’ai ni portable ni argent … "

   Je n’avais plus qu’à … attendre la fin du bal. A cette pensée, je sentis la colère me gagner un peu plus. Un coup de vent me fit frissonner et je me rendis compte que je n’avais aucun vêtement quelconque pour m’abriter du froid. Mon regard fut irrésistiblement attiré par l’entrée du bal. Il devait faire chaud à l’intérieur …

   Je n’étais rentrée que pour ne pas mourir de froid dehors. Seulement pour cette raison. Je n’avais pas l’intention de danser ou de m’amuser d’une manière ou d’une autre. Le bruit m’assourdissait, les lumières me faisaient mal aux yeux et devoir me coller au cœur des danseurs en tentant de me frayer un chemin au milieu de la foule me mettait mal à l’aise. Je comptais trouver Karen pour qu’elle puisse m’aider. Je devais juste inventer quelque chose pour justifier ma présence au bal.

   On me retint par l’épaule.
-    Hé ! Beauté, tu veux venir danser avec moi ?
-    Va voir ailleurs si j’y suis, tu veux ?
    Je décochais un regard furieux à l’importun, qui se figea sur place. Je me fichais de ce qu’il me reconnaisse ou pas. J’étais furieuse. Furieuse, furieuse, FURIEUSE, furieuse.
-    Oh ! Alexandre !
    Je me tournais en direction des gloussements. Alexandre était en galante compagnie, ce qui ne m’étonnait pas. J’avais fini par avoir connaissance du plan que nourrissait l’affreux en ne refusant pas tout net les propositions des filles. Il devait s’acheter un calepin d’abord. Oui, l’ignoble avait pensé qu’il serait cruel de briser le cœur de toutes ses filles, il avait donc projeté de toutes les faire danser à tour de rôle – d’où l’intérêt du calepin, pour y noter l’ordre de passage des filles. Quand il avait été trouvé Karen pour lui demander quel horaire lui plaisait le plus, elle l’avait regardé avec des yeux ronds puis lui aurait collé une gifle, s’il ne l’avait pas évité, tout en le traitant d’abruti. Mais d’autres filles, les pauvres, avaient accepté de se ruiner pour le bal rien que pour une danse avec le cavalier. Heureusement pour mon amie, Darryl Foster l’avait invité et elle avait accepté, les larmes aux yeux.
-    Tu es tellement drôle ! gloussa la partenaire d’Alexandre. 
   Je fixais le couple qui évoluait sur la piste de danse. Alexandre avait revêtu le traditionnel smoking noir pour l’occasion mais avait opté pour une cravate à motifs écossais rouge. Il avait également gardé toutes ses boucles d’oreille. La fille semblait aux anges. Je ne pus retenir un grognement. Pourquoi Tabatha n’avait-elle pas exigé qu’Alexandre ne se rende pas au bal, comme elle l’avait fait avec Malcolm ? Cela aurait évité à des dizaines de lycéennes de cruelles déceptions.

    La chanson qui passait depuis que j’étais entrée s’arrêta et je vis distinctement la cavalière d’Alexandre faire la moue. Je devinais que son temps avec le cavalier était fini. En effet, après quelques paroles et une bise, l’intéressé s’éloigna de sa partenaire, qui me parut sur le point de tomber dans les vapes sous le choc. Il se dirigea ensuite vers le buffet où on lui servit une boisson. Furieuse comme je l’étais, je me laissais emporter et décidais d’aller dire ses quatre vérités au punk. Il ne pouvait pas jouer avec les sentiments des filles comme ça !
-    Alexandre !
   Il se retourna immédiatement, surpris.
-    Jade ?
    Tiens ? Je me serais attendue à son " Jaaade ! " habituel. Quel était le problème ?

   Je piquais un fard en me souvenant de la tenue que j’arborais ce soir.
-    Je croyais que tu ne venais pas au bal ?
    Il était toujours aussi étonné.
-    Moi … moi aussi. Shannon m’a piégé.
   Il éclata de rire.
-    Ca ne m’étonne pas d’elle ! Et comment a-t-elle réussi à te faire porter une robe, à te boucler les cheveux et à t’amener ici ?
    Je lui contais toute ma mésaventure, qui l’amusa plus que mesure.
-    Ne rigole pas ! lui ordonnai-je.
-    Dé … désolé, hoqueta-t-il, mais … tu devrais voir ta tête …
   Je fronçais les sourcils. Il était temps que nous changions de sujet.
-    Tu n’as pas honte ?
-    De quoi ?
-    C’est cruel ce que tu fais avec les filles. Tu leur donnes l’impression d’être spéciale à tes yeux alors que tu veux juste t’amuser.
    Il avala une gorgée de sa boisson. Je n’étais pas même pas sûre qu’il m’écoute.
-    Alexandre, je suis sérieuse.
   Il soupira.
-    Ne m’appelle pas Alexandre, finit-il par lâcher.
-    Quoi ?
-    Tabatha m’appelle par mon prénom quand elle est fâchée après moi, s’expliqua-t-il.
-    Je suis fâchée. D’ailleurs, je ne suis pas sûre que Tabatha apprécierait que ton attitude. Et comment voudrais-tu que je t’appelle ?
   Il souffla de nouveau.
-    D’abord, pour le moment, Tabatha a autre chose à faire que de me surveiller et elle se fiche de ce que je fais avec les autres filles. Ensuite, tu pourrais m’appeler "Alex", comme tout le monde. Pour finir, je ne vois pas pourquoi tu es en colère.
-    Je viens de t’expliquer pourquoi !
   Le punk leva les yeux au ciel en souriant.
-    Jade … Sais-tu pourquoi je danse avec toutes ces filles ?
-    Bien sûr. Pour te prouver ta capacité à séduire.
-    En partie. Mais il aurait suffi qu’une certaine personne me demande de l’accompagner au bal pour que je repousse toutes les autres.
   Il fixa ses yeux dans les miens, m’adressa un sourire énigmatique et se dirigea vers la foule. Empourprée, je le suivis. Mon cœur s’était, malgré moi, emballé.
-    C’est … C’est Tabatha ? La fille avec qui tu voulais aller au bal …
-    Peut-être …
    Il n’avait pas le droit de me dire des choses pareilles ! J’allais finir par m’imaginer des choses …

   Alors que je croyais finir par le perdre de vue, il s’arrêta.
-    Qu’est-ce qui se passe ? m’inquiétai-je.
   Un bruit bruyant sorti des enceintes et je remarquais que la musique avait changé.

-    Alexandre ? Il y …
   Le cavalier fit alors un tour sur lui-même et s’approcha de moi en esquissant des pas de danse.
-    " Il est près de minuit et le mal menace dans l’ombre ", chanta-t-il en même temps que le chanteur. " Sous le clair de lune tu vois un regard qui te glace le cœur, Tu essayes de crier mais la terreur s’empare du son avant que tu ne l’exprimes, Tu commences à être gelé comme l’horreur te regarde droit dans les yeux, Tu es paralysé … "
   Il s’était discrètement rapproché de la table du buffet, m’emportant dans son sillage. Et quand ce que je compris être le refrain commença, il monta dessus puis, tout en adoptant la fameuse pose de John Travolta dans " La fièvre du Samedi soir ", il déclama :
-    " Parce que c’est un thriller, la nuit du thriller, Et personne ne pourra te sauver de l’attaque de la bête, Tu sais c’est un thriller, la nuit du thriller, Tu combats pour la vie à l’intérieur d’un tueur, thriller ce soiiiiiir "
    J’étais statufiée. Incapable de prononcer un mot. Alexandre Evans, punk de son état, était … un fan de Michael Jackson. Néanmoins, des cris retentirent dans toute la salle pour saluer sa performance. Sous les ovations de ses fans, il descendit de son perchoir et se trémoussa jusqu’à moi.
-     " Tu entends la porte claquer et réalise qu’il n’y a nul part où s’enfuir " reprit-il en faisant voleter ses doigts sur mon visage. " Tu sens la main froide et tu te demandes si tu reverras le soleil, Tu fermes tes yeux et espères que c’est juste ton imagination … "
    Il disparut dans mon dos et poursuivit :
-    " Mais tout ce que tu entends pour le moment est la créature qui rampe derrière, Tu es hors du temps … "
    Toutes les mimiques qui passaient successivement sur son visage me firent rire.
-    " Parce que c’est un thriller, la nuit du thriller, Il n’y a pas de seconde chance contre la chose aux quarante yeux, Tu sais c’est un thriller, la nuit du thriller, Tu combats pour la vie à l’intérieur d’un Tueur, thriller ce soiiiiir ! "
-    Tu chantes juste en plus ! le complimentai-je tout en riant.
-    " Les créatures de la nuit appellent, Et la mort commence à se joindre à leur mascarade, Cette fois aucune fuite des mâchoires de l'étranger n'est possible, C'est la fin de ta viiiiie ! "
   Ayant relâché ma garde, je ne réagis pas assez vite pour l’empêcher de me coller à lui, ses bras dans mon dos.
-    " Ils sont dehors pour t’avoir, les démons t'encerclent, Ils te possèderont à moins que tu changes le nombre sur ton cadran, C'est maintenant pour toi et moi le moment de se serrer l'un contre l'autre, En pleine nuit je te sauverai de la terreur sur l'écran, Je te montrerai … "
    Puis, sans me demander mon avis bien sûr, Alexandre me décolla du sol. Mon jupon se souleva un grand coup et je craignis que tous les lycéens puissent voir ma culotte. De plus, si je ne voulais pas tomber, je devais m’agripper à son cou.
-    Que c'est un thriller, la nuit du thriller, Parce que je peux te faire frémir bien plus que n'importe quel fantôme qui oserait essayer "
-    Arrête Alexandre !
-    " Jeune fille, c'est un thriller, la nuit du thriller, Laisse-moi donc te tenir serrée et partager un tueur, un frisson, C'est un thriller ici, ce soiiiiir "
    Tandis que le refrain était répété une seconde fois, mon cavalier improvisé s’amusa à me faire tournoyer dans les airs. Tous ceux qui nous entouraient, et qui connaissaient sans aucun doute Alexandre, s’interrogèrent sur mon identité. Vêtue comme je l’étais, populaire comme je l’étais, personne ne me reconnaissait. J’étais morte de honte. Mon rythme cardiaque était très, très élevé et j’étais très, très rouge. Heureusement pour moi, le rythme de la chanson ralentit et le cavalier daigna me reposer à terre. Je me mis ensuite à le taper sur les côtes et sur les bras pour lui montrer toute ma satisfaction tout en lui jetant des insultes.
-     Ca ne va pas bien, non ? m’écriai-je, ma voix couverte par la musique.
    Alexandre était plié en deux, de rire. Il s’arrêta toutefois en voyant qui avait surgi dans mon dos. Il me fallut pour ma part, cligner des yeux quelques fois pour atténuer le choc de la vision d’une fille dotée d’une beauté hors du commun.

    Tabatha Taylor était au bal, avec une tenue appropriée et dans une rage folle. Je reconnus la robe qu’elle portait, c’était l’une de celles qu’avaient confectionné les couturières de Shannon. Une robe bustier noir, qui était coupée à hauteur du genou. Le jupon était composé de deux épaisseurs, la supérieure était noire avec un liseré en dentelles avec une fente sur le côté gauche qui laissait voir l’épaisseur inférieure, plissée et vert émeraude. A la taille, un ruban assorti avait été noué et, au niveau de la fente, une rose verte avait été cousue. Son bustier avait quant à lui un revers en dentelle. Et ce qui faisait scintiller la robe au moins autant que sa propriétaire, c’étaient les centaines de perles couleur émeraude qui parsemaient le tissu noir. Tabatha portait également de longs gants noirs qui remontaient jusque sur ses avant-bras et des chaussures à talons sombres. Elle avait délaissé son collier habituel pour un autre, serré au cou auquel pendait un camé doré. Ses cheveux était restés naturels, la reine avait juste ajouté une fleur noire en tissu. Pas de maquillage, non pas qu’elle en ait besoin. Vêtue ainsi, Tabatha ressemblait à une splendide poupée de porcelaine. Tellement belle que ça faisait mal aux yeux.
-    Je croyais que tu ne devais pas venir au bal, siffla-t-elle à mon intention.
-    Je … je ne voulais pas …
-    Alexandre ! Tu avais prévu de la rejoindre ? me coupa-t-elle en me pointant du doigt.
-    Non, c’est de la faute de Shannon. C’est elle qui l’a amené au bal. De force, précisa-t-il.
-    Je m’en fiche, cracha Tabatha, je …
-    Chut, lui intima Alexandre. Nous ne sommes pas seuls.
    Sans doute ne devait-il pas uniquement désigné les danseurs car la reine se raidit. La colère qui semblait l’habiter me paraissait toutefois plutôt inhabituelle. D’habitude, elle se contentait, lorsque Morgan, Lilian ou moi adoptions une attitude qui ne lui plaisait pas, de nous lancer des regards furieux.
-     Nous en parlerons plus tard, finit-elle par conclure.
    Tabatha me jeta un dernier regard haineux avant de tourner les talons en continuant à vociférer à mon égard.
-    Elle … est vraiment très belle …
    Le cavalier se tourna vers moi.
-    Comme toujours, non ? Et désolé pour son comportement, elle n’est pas de bonne humeur ce soir. Plus que d’habitude s’entend.
-    Pourquoi ?
-    Hum … Entre autre parce que …
    Il laissa sa phrase en suspens, les yeux écarquillés. Je prêtais attention à la musique qui passait et la reconnus. C’était une de son idole.

-    Je la connais celle-là ! C’est Billie Jean !
    Je m’étais attendue à ce qu’il parte dans un nouveau délire, pourtant, il était étrangement calme.
-    Tu comptes encore faire des trucs bizarres ? m’enquis-je.
    Mais il resta immobile alors que Michael commençait à chanter : " Elle était plus comme une reine de beauté tirée d’une scène de film … "
-    Alexandre ?
   Je m’aperçus que, loin des yeux pétillants de malice qu’il arborait habituellement, un éclair de panique les traversait.
-    Alexandre ?
   Ses yeux devinrent ensuite vides lors du troisième couplet.
" Les gens m'ont toujours dit de faire attention à ce que je fais

    Et de ne pas circuler en brisant les cœurs des jeunes filles

    Et ma mère m'a toujours dit de faire attention à qui j'aime

    Et de faire attention à ce que je fais car le mensonge devient la vérité "
- Qu'est-ce qui se passe ?
   Mais seul Michael Jackson me répondit en entamant le refrain :

" Billie Jean n'est pas mon amoureuse

    Elle est juste une fille qui prétend que je suis le bon

    Mais le gosse n'est pas mon fils

    Elle dit que je suis le bon, mais le gosse n'est pas mon fils "
   Alexandre me parut sur le point de pleurer – attitude pour le moins étonnante.
-    Ex … Excuse-moi Jade …, balbutia-t-il. J’aimerais être seul … un peu …
-    Mais …
    Le cavalier s’éloigna dans la foule, me laissant plus perdue que jamais. La seule chose dont j’étais sûre à cet instant, c’était qu’il ne fallait pas qu’il reste isolé. Aussi, je me lançais à sa recherche.

   Je le trouvais accroupi, la tête cachée dans ses bras, dans un coin sombre. Je m’approchais de lui. Il ne réagit pas. Que je sois là ou pas ne semblait pas changer grand chose. Je m’accroupis à mon tour, à ses côtés en tâchant de ne pas abîmer la robe. Je n’avais jamais été très à l’aise pour réconforter les gens et n’avais pas la moindre idée de ce qu’il fallait que je fasse ou pas. Je finis par poser ma main sur son épaule dans une tentative de réconfort. Ne sachant pas ce qui se passait dans la tête d’Alexandre à ce moment-là, je ne savais pas quoi lui dire. Il n’eut aucune réaction et resta silencieux.

    Nous restâmes ainsi durant toute la chanson. Les seules paroles que finit par prononcer Alexandre furent les dernières de " Billie Jean " :
-    " Billie Jean n'est pas mon amoureuse, Billie Jean n'est pas mon amoureuse, Billie Jean n'est pas mon amoureuse, Billie Jean n'est pas mon amoureuse, Billie Jean n'est pas mon amoureuse… ", chantonna-t-il à voix basse avec des accents de tristesse.
    Le plus étrange, peut-être, dans cette histoire, c’est que durant toute la durée cette scène où aucun de nous ne parla, je me sentis bien plus proche d’Alexandre que quand il tentait de m’embrasser ou de me prendre dans ses bras. Peut-être parce qu’il me laissait entrevoir une facette de sa personnalité que je n’aurais jamais soupçonné.

-    " Bille Jean n’est pas mon amoureuse … "

Jade 1

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28 février 2010 7 28 /02 /février /2010 20:39
chapitre 22 - prom


Point de vue de Morgan Jones

   Quel mot pouvait bien résumer ma situation ? Ha oui, " merde ". C’était le seul terme convenable. La seule appellation qui disait à la fois que, premièrement : Malcolm avait refusé de m’accompagner au bal, et que, deuxièmement : j’avais accepté l’invitation de Jonathan – l’un de mes anciens pots de colle qui était bien plus attaché à moi que je ne l’aurais pensé. En ce moment d’ailleurs, j’étais dans sa voiture, en route pour le bal.

   La tronche que je tirais gâchait tout l’effet de ma robe. Une petite merveille bleu roi, dont le haut était retenu grâce à une attache derrière mon cou, avec un léger décolleté. Elle s’arrêtait à mi-cuisse et au niveau de ma taille était cousue une fleur blanche d’où partait un ruban noué en un nœud. J’arborais une cascade de boucles – résultat d’une heure de dure labeur – dont une partie était retenue vers l’arrière à l’aide d’une multitude de petites barrettes en forme de fleurs blanches. J’avais acheté pour l’occasion une nouvelle paire de chaussures bleues à talons aiguilles qui, je le savais, finiraient par me faire souffrir le martyr. J’avais mis mes discrètes boucles d’oreilles bleues, de simples boules, et mon collier serré en perles. Je m’étais peut-être un peu lâchée sur le maquillage mais je restais dans la norme, un peu de mascara, de gloss et de fard à paupières. Je m’étais également vernie les ongles. Si, habituellement, j’adorais m’habiller et me maquiller, aujourd’hui je m’étais préparée comme j’aurais résolu un exercice de maths : par obligation et avec mauvaise volonté. J’avais envisagé de feindre une maladie fulgurante puis m’étais ravisée en me disant qu’en restant chez moi, ma tristesse n’en serait que plus forte. Pourtant, quand Jonathan avait sonné à la porte, j’avais prié pour me tordre la cheville. Troquer une soirée au bal sans Malcolm contre un séjour aux urgences ne m’aurait pas dérangé. Surtout que, loin de me faire oublier mon malheur, cette sortie ne faisait que l’aggraver, tout compte fait.
-    Tout le monde va être ébahi en te voyant ! me complimenta mon cavalier tout en conduisant.
-    Mouais. Sûrement.
    Il ne releva pas mon manque de conviction. Tant mieux. Qu’il se taise. Je fermais les yeux, ressassant la scène fatale où Malcolm m’avait gentiment dit " Merci mais non ".

   C’était il y a deux semaines. Je m’étais spécialement apprêtée pour ce jour-là, comme si je m’étais déjà trouvé au bal. Je l’avais épié toute la journée pour trouver un moment où Tabatha ne serait pas avec lui ainsi qu’Alexandre. Ma chance s’était présentée quand il s’était rendu aux toilettes. Je n’étais pas sans savoir qu’il avait déjà repoussé quantité de filles mais je pensais naïvement avoir ma chance, plus que les autres en raison de notre proximité (il m’avait sauvé la vie plusieurs fois déjà !). Je l’avais interpellé en rassemblant tout mon courage.
-    Ha, Morgan ! Salut !
-    Sa … salut.
   Je m’étais approchée mais avais gardé le silence, timide.
-    Tu voulais quelque chose ? avait-il poursuivit.
-    Euh … oui ! Je … je voulais savoir si … éventuellement … tu n’es pas obligé, hein … enfin, je voulais te proposer de venir au bal avec moi …
    J’avais débité le tout les yeux rivés sur le sol, trop gênée pour le regarder droit dans les yeux et observer sa réaction.
-    Vraiment ?
    Il avait eu l’air ravi et ça m’avait encouragé à lever les yeux.
-    O-Oui …, avais-je bredouillé.
-    Et bien … c’est très sympa mais … Tabatha ne va pas au bal alors … je ne viens pas non plus.
    Il aurait aussi bien pu prendre mon cœur et le laisser s’écraser par terre.
-    Désolé, avait-il ajouté.
-    Oh, ce n’est pas grave ! Ne t’inquiète pas, je te demandais ça comme ça …
-    Malcolm !
   Nous nous étions tous les deux tournés vers la voix. Il s’agissait de Tabatha, Alexandre à ses côtés. En me reconnaissant, elle avait froncé un peu plus les sourcils. Elle s’était dépêché de nous rejoindre et de passer son bras autour de celui de Malcolm, comme si elle avait été sa petite amie. Elle me fixait d’un air furieux. Quand elle avait remarqué mon expression attristée toutefois, elle avait esquissé un semblant de sourire. Oui, elle m’était supérieure. Oui, Malcolm était son cavalier. Et oui, il avait décliné mon invitation pour rester avec elle. Elle avait très bien compris. Avec le sourire du vainqueur aux lèvres, elle s’était éloigné avec le cavalier. Bras dessus, bras dessous, ils m’avaient fait l’effet d’un prince et d’une princesse laissant sur place une pauvre souillon. Une souillon qui, entre nous, n’avait jamais autant voulu être à la place de quelqu’un d’autre alors qu’elle avait toujours revendiqué ne jamais vouloir être autre qu’elle-même.

 


   C’est avec un dégoût non dissimulé que je laissais Jonathan passer son bras autour de ma taille. Jamais je n’avais autant voulu m’éloigner de lui. Voir tous les autres couples aussi heureux d’être présent au bal ce soir me faisait ressentir encore plus profondément ma solitude. Les trois heures du bal allaient sans aucun doute être les plus longues de ma courte vie …

    Mon partenaire m’entraîna vers la piste de danse. En ce moment, c’était une chanson de Rihanna qui passait, " Don’t stop the music ". Jusqu’à aujourd’hui je l’avais toujours apprécié. A partir de maintenant, elle serait associée dans mon esprit à la fête la plus désolante de tous les temps. Jonathan gigotait tel un poulpe et il me fallut quelques temps pour comprendre qu’il dansait. Tous les lycéens qui nous entouraient nous regardaient d’un air étrange, leur regard passant successivement de Jonathan à moi. Arrivés à mon niveau, ils me fixaient d’un air plein de pitié.

" Tu me fais attendre
    Bébé je dois dire que ton aura est incroyable
    Si tu ne dois pas partir reste "

   Rihanna n’avait jamais dû rencontrer mon cavalier. Elle se serait sauvée en courant. Je me retenais de le sommer d’arrêter sa gesticulation.

" Bébé t'es près ? Parce que c'est proche
    Ne sens-tu pas la passion qui est prête à exploser ? "

   Ha, ha, ha. Laissez-moi rire. Comment ce truc pouvait-il inspirer une quelconque passion ? Je sautillais timidement d’un pied à l’autre, ne tenant pas à attirer encore plus l’attention sur nous.
-    C’était géant, tu trouves pas ? s’enquit mon cavalier quand la chanson fut finie. Cette musique est incroyable.
-     Incroyable c’est le mot, persiflai-je.
    Il ne nota pas la note ironique et me déballa de tête la biographie de la chanteuse.

" Pitié, pitié … " suppliai-je Dieu. " Si Tu m’écoutes, sache que Ta fille a besoin d’aide ".
-    Jonathan … j’aimerai aller aux toilettes pour redonner une beauté à mon maquillage … tu ne veux pas aller chercher des boissons ?
-    Si, si … euh … on se retrouve où après ?
-    Ici c’est parfait, tu ne trouves pas ?
-    Si. J’y vais.
-    C’est ça.
   Je fis mine de me diriger vers les toilettes puis changeai de direction et partis à l’autre bout de la salle.

   Une fois que j’estimais la distance entre le poulpe et moi suffisante, je m’appuyais contre un mur. Mes pieds me faisaient déjà mal, les sangles de ma chaussure ayant été mise à rude épreuve durant ma traversée de la foule. Je me baissai et entrepris de masser mes petons. Si cela n’avait tenu qu’à moi, j’aurais retiré sur le champ les instruments de torture que je portais aux pieds.
" Quelle plaie cette fête … "
-    Morgan ? entendis-je alors. Morgan ?
   Je relevai précipitament la tête et constatai que mon partenaire s’était mis à ma recherche. Ce crétin avait-il oublié que j’étais censée me trouver aux toilettes ? Bah, peu m’importait au fond. Je longeai le mur à petits pas, soucieuse de ne pas me faire repérer. Je ne quittais pas des yeux celui qui avait été mon cavalier et poursuivis mon évasion. Je me mêlais ensuite à la foule, courant malgré les protestations qui pleuvaient dès que je bousculais quelqu’un. Je jetais de tant à autre des coups d’œil derrière moi pour m’assurer que Jonathan ne me suivait pas. C’est à cause de ça que je finis par me cogner contre une malheureuse personne.
-    Excuse-moi ! Je ne regardais pas où j’allais …, commençai-je.
   … Avant de m’apercevoir que ma malheureuse victime n’était autre que Malcolm !
-    Morgan ? s’étonna-t-il. Mais ça ne veut pas de courir comme ça ?
-    Je … je suis vraiment désolée ! Je t’ai fait mal ?
-    Il faudrait que tu pèses le double de ton poids pour réussir à me faire quoi que ce soit, plaisanta-t-il. Je suis dur comme la roche ! Pourquoi tu courais comme ça ? enchaîna-t-il.
-    Ah … j’essayais d’échapper à un garçon un peu trop collant …, chuchotai-je.
   Malcolm éclata de rire.
-    Tu … tu ne devais pas rester avec Tabatha ? lui demandai-je, étonnée de sa présence ici.
-    Si. Et c’est ce que je fais.
-    Comment ça ?
    Il me jaugea du regard avant de déclarer :
-     Si ce que je présage est bon, tu comprendras pourquoi … plus tard dans la soirée.
   Je ne compris pas mais décidai de ne pas m’offusquer de son manque d’explications tellement j’étais heureuse de le voir.
-     Morgan !
    Argh ! Obnubilée par la présence du cavalier, j’avais complètement zappé Jonathan. Je le vis avec horreur trottiné jusqu’à moi. Pourquoi fallait-il que ça arrive devant Malcolm ?
-     C’est lui le " garçon un peu trop collant " ? s’enquit ce dernier.
   Timidement, j’opinai.
-     Morgan ! débuta mon partenaire quand il fut à mes côtés.
   Il toisa Malcolm du regard tout en passant son bras sur mes épaules. Le cavalier le dégagea aussitôt et empoigna Jonathan par le col.
-     Je t’interdis de l’approcher, le menaça-t-il.
-     C’est ma cavalière ! protesta mon partenaire.
-     Plutôt que de prendre tes désirs pour des réalités, va voir ailleurs si j’y suis.
    Un éclair de peur traversa les yeux de Jonathan, que Malcolm relâcha.
-    Dégage, lâcha celui-ci.
   Avec un dernier regard pour moi, Jonathan partit sans demander son reste. Je soupirais d’aise intérieurement, ravie de me voir débarrassée de lui, me félicitant de ne pas avoir préciser à Malcolm qu’il avait vraiment été mon cavalier.
-    Vous voilà tranquille, gente dame, conclut Malcolm.
-    Merci beaucoup monsieur, répondis-je sur le même ton.
   Je lui adressais ce que je voulais être mon plus beau sourire.
-    Tu es venue seule au bal ? poursuivit-il.
-    Euh … oui. Je voulais voir à quoi ressemblait la fête. Et toi ?
-    Non.
    Mon cœur se serra. Bien sûr, Malcolm était venu avec sa princesse – et quelle princesse en plus !
-    J’ai emmené Alexandre avec moi.
    Mon sourire dut doubler d’intensité car il ajouta, moqueur :
-    A quoi tu pensais ?
-    A rien ! me défendis-je en rougissant un peu.
-    Parce que tu penses vraiment que je vais te croire ! s’esclaffa-t-il.
   Je voulais lui répondre une remarque subtile mais sa présence m’empêchait de réfléchir comme je l’aurai voulu.
-    Je pense surtout que tu t’es retrouvé obligé d’inviter ton meilleur ami pour ne pas venir seul, plaisantai-je.
-    Tu blagues ? Des dizaines et des dizaines de filles m’ont supplié de les accompagner !
-    Mais oui, mais oui … Je dois bien être la seule !
-    Je t’assure !
   Je ris.
-    Vraiment ? continuai-je. Je ne vois pourtant pas ce que toutes ces filles peuvent bien te trouver.
   Malcolm me regarda avec une interrogation dans les yeux : " Tu veux vraiment jouer à ça ? ". Mon sourire complice le lui confirma.
-    Et bien … c’est peut-être parce que je suis beau …, supposa-t-il.
-    Si peu alors !
-    Gentil.
-    Peut mieux faire.
-    Prévenant.
-    Pff !
-    Ou tout bêtement parce que je suis un garçon.
-    Je ne vois pas en quoi.
   Zut ! J’avais répondu sans réfléchir, emportée dans mon élan. Cette fois, Malcolm me dévisageait, l’air très surpris.
-    Je … je ne voulais pas dire ça ! bredouillai-je.
   Il se rapprocha de moi.
-    Je ne suis pas un garçon ?
   Ma voix me lâcha et ma bouche s’ouvrit sans émettre un son. Devant mon silence, et voyant là l’occasion de reprendre en main la partie, Malcolm enchaîna :
-    Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
   Je demeurais muette.
-    Bon, alors … dis-moi ce qu’il faudrait que je fasse pour te prouver le contraire.
   Une idée de génie me vint et je lui assénais un conseil terrible :
-    Invite-moi à danser.
   Malcolm fronça les sourcils, non pas en signe d’énervement mais d’incompréhension.
-    En quoi t’inviter à danser m’avancerait ?
-    Normalement, c’est aux hommes de le faire.
    Le cavalier baissa le regard et, un instant durant, je crus avoir commis une maladresse.
-    Si je t’invite …, reprit Malcolm, tu ne remettras plus en question mon statut de " garçon " ?
-    Non.
    Il réfléchit encore un peu avant de se décider.
-    D’accord. Mais rien qu’une alors.
   Je compris sa condition – il ne devait pas vouloir prendre le risque que se répande le bruit comme quoi Malcolm Lewis avait dansé avec Morgan Jones et qu’il arrive aux oreilles de Tabatha. Pour moi, l’occasion était trop belle. La souillon allait pouvoir prendre un instant la place de la princesse.
-    Et maintenant, hurla alors le DJ, place aux slows !
   Quoi ?

   Mais aussitôt, la salle fut plongée quasiment dans le noir, seules quelques petites lumières subsistaient. Malcolm me fixait d’un regard paniqué.
-    Les … les slows ? bégaya-t-il.
   Non ! Pas question de laisser passer mon unique chance de danser, ne serait-ce qu’une fois, avec Malcolm. Résolue, je lui pris la main et le regardais droit dans les yeux.
-    Ce n’est qu’une danse. Et toute la salle est dans le noir, personne ne nous verra.
    Je m’empourprais tout en disant cela. J’espérais de tout mon cœur que Malcolm allait céder. Plus que des mots, il me prit par la taille avec l’un de ses bras et saisit l’une de mes mains avec l’une des siennes. Il se pencha ensuite vers moi.
-    Une danse, me chuchota-t-il au creux de l’oreille. Rien qu’une.
-    O … Oui.
-    Et nous commençons immédiatement avec " Love Story " de Taylor Swift ! reprit le DJ.    


" Nous étions jeune quand je t'ai vu pour la première fois 

    Je ferme les yeux " 
   Je fis de même, ne pouvant voir le visage de mon cavalier, je tenais à ce que toutes mes sens soient au maximum de leur capacité, afin de récupérer le plus de sensations possibles. Cette danse devait rester graver dans ma mémoire pour l’éternité. 

 " Je vois les lumières,
     Je vois la fête,
     Les robes du soir 

     Je te vois te frayer un chemin dans la foule
     Et dire "Bonjour"
     J'étais loin de savoir
    Que tu étais mon Roméo, "

   Doucement, Malcolm me plaqua contre lui. Mon cœur battit un peu plus fort. Puis nous commençâmes à danser. J’inspirais à plein poumon l’odeur qui émanait de son costume. Malgré son smoking, j’entendais battre son cœur. Il ne battait pas aussi vite que je l’aurais voulu. Le mien, sans aucun doute, Malcolm devait en percevoir le moindre battement.
" Et mon père a dit "reste loin de Juliet"
    Et j'ai pleuré dans les escaliers
    Te suppliant: "s'il te plait, ne pars pas"
    et j'ai dit :"
   Je respirais profondément, connaissant la chanson, je savais la suite des paroles. 
" Roméo emmène moi quelque part où nous pourrons être seuls

    Je t'attendrai, tout ce qu'il reste à faire c'est s'enfuir

    Tu seras le prince et je serais la princesse

    C'est une histoire d'amour bébé, dis juste oui "
   Je me blottie un peu plus contre Malcolm. S’il savait tout ce que j’aurai donné pour être vraiment sa princesse ! Moi aussi, je voulais partir avec lui. Pourquoi donc d’ailleurs ?
" Nous sommes restés silencieux car nous serions morts s'ils avaient su
    Alors ferme tes yeux
   On s'échappe de cet ville pour un court instant "

   Il est vrai que, durant cet instant, j’avais l’impression d’être dans un univers totalement à part, où j’étais seule avec Malcolm. Et où Tabatha n’était pas là. Mais pourquoi tenais-je à ce point à évincer la reine ?
" Mais tu étais tout pour moi

    Je t'en prie, s'il te plait, ne pars pas

    et j'ai crié "
   Juliet suppliait Roméo de ne pas s’éloigner parce qu’elle était amoureuse de lui. Mais moi ? Pourquoi ? Que représentait réellement Malcolm à mes yeux ?
" Roméo emmène moi quelque part où nous pourrions être seuls
    Je t'attendrai, tout ce qu'il nous reste à faire c'est s'enfuir
    Tu seras mon prince et je serais ta princesse
    C'est une histoire d'amour Bébé, dis juste oui "

   Et puis, Malcolm avait une particularité que j’avais toujours rejeté : il n’était pas le garçon le plus normal. Mon garçon idéal était ordinaire aux yeux des autres, ne devait être spécial que pour moi ! Oui, parce que … être la copine d’un type comme Malcolm ? C’était … Mon cœur me cria " Fantastique ! " tandis que mon esprit me hurlait " Inconcevable ! ". Les petites voix me dirent simplement " Dangereux ". C’était peut-être elles qui avaient raison en fait. Car Tabatha ne disparaîtrait pas pour me laisser sa place de princesse aux côtés de Malcolm. Et puis je lui avais promis …

   Qui devais-je écouter : cœur, raison ou instint ?
" Roméo sauve moi, ils essaient de me dire ce que je dois ressentir

    Cet amour est difficile, mais il est réel

    N'ai pas peur

    nous ferons cela, même si ça dérange

    C'est une histoire d'amour Bébé, dis juste oui "
 
    J’arrêtais de réfléchir. L’amour ? Est-ce que je souhaitais partir loin de Tabatha avec Malcolm parce que je la considérais bêtement comme ma rivale ? Non … non .. Impossible … Je ne pouvais pas être amoureuse … de Malcolm. Mais comme pour discréditer mes paroles, mon cœur accéléra.

   A l’inverse, le tempo de la chanson ralentit. Je levais la tête vers Malcolm, il me regardait. Je plongeais dans ses yeux gris, espérant y trouver la réponse à ma question. Est-ce que j’étais amoureuse de lui ?
" Je suis fatiguée d'attendre

    Me demandant si tu ne viendras jamais jusqu'à moi

    Ma foi en toi s'est fanée " 
    Si le mien était désespéré, le regard de mon partenaire était indéchiffable. Une autre question me vint à l’esprit cependant : y avait-il la moindre chance qu’un jour il m’aime ? Avec Tabatha pour rivale (dans l’hypothèse où j’étais amoureuse de lui toujours), cela me paraissait impossible. Et ce pour plusieurs raisons. Je baissais de nouveau la tête.
" Roméo sauve-moi je me suis sentie si seule
    Je suis restée à t'attendre mais tu n'es jamais venu "

   Qu’est-ce que je deviendrais si, amoureuse de lui, il continuait à ne jurer que par Tabatha ? A cette pensée, je sentis les larmes me monter aux yeux. 
 " Il s'est agenouillé et il a sorti une bague
    Et il a dit 

    Epouse-moi Juliet tu ne seras plus jamais seule
    Je t'aime et c'est tout ce que je sais vraiment
    J'ai parlé à ton père, va te choisir une robe blanche
    C'est une histoire d'amour bébé, dis juste Oui "
   " Je t’aime et c’est tout ce que je sais vraiment " … Suffisait-il vraiment de dire oui à l’histoire d’amour pour qu’elle se réalise ? Certainement pas.

" Mais si on ne dit pas oui ", réalisai-je, " rien ne risque de commencer . Et que je l’aime ou non, Tabatha sera toujours là, donc … "
" Tu l'aimes ? "
me chuchotèrent les voix.

-    Oui …, soufflai-je.

   Ce fut comme si je plongeais dans un torrent de joie. Le rouge me monta un peu plus aux joues et mon cœur battit de plus belle, comme porté par une brise.
 
" Car nous étions jeunes

     quand je t'ai vu pour la première fois "
   C’était la conclusion de l’histoire entre Roméo et Juliet et de la chanson. A peine la dernière note se fut elle évaporé que Malcolm me relâcha. Il s’évanouit à son tour dans la foule. J’avais été prévenue, il ne m’accordait qu’une danse. Mais pour une simple souillon, une danse avec le prince vallait bien tout le reste.

    Et ce n’était que la fin de la danse. Mon histoire d’amour, elle, ne faisait que commencer.

" Malcolm ... je t'aime." 

Morgan 1

 

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27 février 2010 6 27 /02 /février /2010 17:26
chapitre 22 - prom


Point de vue de Lilian Stevens



" Inspire, expire. Inspire, expire. "

   Si je continuais à ne respirer qu’un coup sur trois, j’allais finir par mourir avant d’avoir fait quoi que ce soit. J’examinai une nouvelle fois d’un coup d’œil dans le miroir les bleus que m’avaient coûté la dernière attaque ace sur mes avants bras mais ne les vis pas. Ils s’étaient heureusement estompés pour la soirée du 22 mai, celle du bal de fin d’année. Je me remis à tripoter nerveusement mon collier, cadeau d’Anthony.
-   Lilian, tiens-toi tranquille ! me réprimanda ma mère. Je n’arriverais jamais à te poser ce fard à paupières sinon !
   Je tâchais de me calmer.
" Inspire, expire. Inspire, expire. "

-   Lilian !
   Je faisais ce que je pouvais, mince ! Comment elle s’était comportée, elle ? C’était mon premier bal ! Celui de l’année dernière avait connu des complications et avait été réservé pour les terminales. Quelques-uns uns des autres années avaient réussi à s’incruster mais pour la majorité des adolescents de mon âge, ce serait le premier. Morgan avait-elle réussi à y aller ? L’année dernière, elle était encore membre de la bande des populaires. Quelle dégringolade elle avait connu cette année ! Mais elle paraissait heureuse comme ça. Je me demandais juste pourquoi elle n’avait pas abandonné l’équipe des cheerleaders alors qu’elle avait manifesté une forte envie de le faire.
-   Voilà ! J’ai fini !
    Je pus enfin me voir en intégralité dans mon miroir en pied. 
   Ma mère m’avait choisi une robe bleu foncé qui m’arrivait au-dessus des genoux et était resserré sous la poitrine à l’aide d’un ruban fin. Le col carré et les manches trois-quarts me donnaient un air de petite fille. Enfin, de toute façon, je n’avais pas un corps de rêve à mettre en valeur, autant faire avec le peu que j’avais. Et puis, la robe était quand même jolie. En guise d’accessoires, j’avais mon collier – une fleur bleue métallique –, mes boucles d’oreilles – encore des fleurs bleus – et mon serre-tête assorti. Aux pieds, je portais de bêtes ballerines noires. Ma mère me passa un châle bleu vaporeux, pensant sans doute qu’il me tiendrait un peu chaud comme je ne porterai pas de veste durant la fête (je n’osais pas lui dire qu’avec un millimètre d’épaisseur il ne me protégerait pas de grand chose, y compris du froid). J’inspectais ensuite mon maquillage. Ma mère ne tenant pas à ce que je ressemble un pot de peinture, l’idée me répugnait également, elle m’avait simplement appliqué un peu de fard à paupières (bleu, pour continuer sur sa lancée) et du gloss. Je n’avais pas touché à mes cheveux, trop courts pour oser une coiffure un peu sophistiquée.

   Je n’étais pas si mal au final. Restait à espérer que ça plairait aussi à Anthony.
-    Il est bientôt neuf heures ! nous rappela, à ma mère et moi, mon père.
   Car, contrairement à la coutume, ce n’était pas Anthony qui était chargé de me conduire au bal mais mon père. La raison était simple : mes parents craignaient que je m’éclipse un peu plus tôt de la fête avec mon cavalier à l’aide de sa voiture pour faire des cochonneries. Je rougis un peu à cette pensée. Mes géniteurs avaient oublié que cette activité était réservée aux terminales, en principe. Ils avaient fait promettre aux parents d’Anthony qu’ils se chargeraient eux-mêmes de le conduire à la fête, histoire que nous n’ayons – nous, pauvres lycéens épris de désir – aucun moyen de partir du bal seuls.
-   On arrive ! chantonna ma mère. Viens Lilian, allons montrer aux hommes de la maison comme tu es belle !
    Par  "les hommes de la maison", elle voulait dire mon paternel et mon frère. En me voyant, le premier n’émit qu’un grognement approbateur et le deuxième lâcha un "Ca peut aller". 
   Ca peut aller.
- Bon, ben on y va, conclut mon père. Il ne faudrait pas qu'elle soit en retard.
   Ma mère m’embrassa et j’adressais un petit signe de la main à Thomas.

 


   Quand mon père se fut garé sur le parking, il y eut un silence gêné. Devais-je le saluer et sortir du véhicule ou attendre qu’il parle ?
-    Et bien … amuse-toi bien, me dit-il simplement.
   Je pris ça comme une autorisation. Je le rassurais une dernière fois puis sortit.

  L’air froid du dehors me mordit cruellement et j’espérais qu’Anthony serait déjà là. Nous avions prévu de nous rejoindre devant l’entrée, pour être sûr de ne pas se louper. Mais j’eus beau scruter les alentours, je dus me rendre à l’évidence : il n’était pas encore arriver.
" Dépêche-toi, dépêche-toi, dépêche-toi … " 

   N’ayant ni montre ni portable, je ne sus combien de temps je patientais devant l’entrée. Le bal était déjà en pleine activité, quelques couples continuaient d’arriver à intervalles réguliers. Et moi j’étais dehors, comme une pauvresse. Ce n’était pourtant pas le style d’Anthony d’être en retard. Je me remis à triturer son cadeau.
-    Lilian ?
   Je me tournai en direction de la voix, pleine d’espoir mais réalisais qu’il s’agissait simplement de Gabriel Shaw, l’un des amis d’Anthony. Il avait l’air très étonné.
-    Qu’est-ce que tu fais ici ? poursuivit-il.
-    Je … j’attends Anthony …
-    Quoi ? Mais il ne t’a pas prévenu ? Il est malade.
   Ce fut à mon tour d’être surprise.
-    Comment ?
-    Il est cloué au lit, il a un mal de tête atroce. Ca m’étonne qu’il ne t’ait rien dit …
-    Je n’ai pas mon portable sur moi …
   Gabriel me fixa pendant quelques secondes avec un regard plein de pitié puis remarqua que la fille pendue à son bras semblait s’impatienter.
-    Euh … à plus, Lilian. Désolée.
    Et il partit.

   Maintenant, en plus d’avoir froid à l’extérieur, je gelais intérieurement aussi. J’avais le cœur complètement glacé. Qu’est-ce que j’avais fait pour mériter ça ? Une divinité m’en voulait-elle ? J’avais tellement rêvé de cette soirée … Et voilà qu’elle partait en fumée.

 


   Je regrettais amèrement qu’on ne propose pas d’alcool en guise de rafraîchissement. J’en aurais bien eu besoin. Je m’étais décidée à rentrer, n’ayant aucun moyen de prévenir mon père de venir me chercher.

   Je m’installais avec mon verre de jus de fruit dans un coin sombre, les yeux fixés sur la piste de danse sans la voir. Je sentis les larmes roulées sur mes joues et remerciais intérieurement ma mère d’avoir eu la présence d’esprit de ne pas me m’avoir mis du mascara. J’aurais vraiment ressemblé à un épouvantail.

   Normalement, les filles de mon genre n’étaient pas conviées au bal de fin d’année – personne ne pensant à les inviter. J’étais condamnée à faire partie de ces filles qui attendaient, alignées tels des bonbons colorés, adossées au mur de la salle de réception qu’une âme solitaire leur propose, au comble du désespoir, de partager avec elle une danse ou deux, voir un verre. Mais moi, prétentieusement, je pensais pouvoir échapper à ce supplice puisque j’avais la chance d’avoir un petit ami. Ce qui m’arrivait n’était pas la fatalité en fait, juste un retour à la normale. Pourquoi donc n’avais-je pas choisi, comme Jade, ou encore comme Tabatha, de ne pas me rendre au bal ? Hein ? Qu’est-ce qui m’était passé par la tête ?

   J’avalais une gorgée de ma boisson pour étouffer le bruit de mes sanglots, ne tenant pas à gâter le plaisir des autres.
-    C’est la merde ces bals …, entendis-je grogner à ma droite.
    Curieuse de voir qui partageait mes sentiments, je fus néanmoins stupéfaite de voir Killian, en costume.
-    Killian ?
   Il se retourna vers moi.
-    Lilian ?
   Heureuse de trouver un peu de compagnie (je ne me sentais pas le courage de chercher Megan, Ruby ou Diane dans la foule pour leur faire partager mes malheurs), je m’approchais de lui.
-    Qu’est-ce que tu fais ici ? m’étonnai-je. Tu es le cavalier d’une fille de ce lycée ?
   Cela faisait longtemps que je n’avais pas revu la tour, plusieurs semaines déjà. La dernière fois que j’avais vraiment discuté avec lui remontait à cette funeste nuit où le Trèfle nous avait attaqué.
-    Nan ! grogna-t-il. Tout mais pas ça ! Je suis là pour le boulot !
-    Tu viens pour nous surveiller ?
-    Ca aurait pu … mais non.
-    Quoi alors ?
-    J’ai promis de ne rien dire.
   Je n’étais pas d’humeur à voir les autres me cacher des choses ce soir.
-    Allez ! le suppliai-je. Ce n’est pas comme si j’allais le répéter à tout le monde !
-    Bon …
   Il se pencha et me murmura à l’oreille la raison de sa présence ici.
-    Non ? ! m’écriai-je.
-    Si. Mais ne répète rien surtout.
-    Quand même … Ce n’est pas possible !
   J’éclatai de rire.
-    Et toi alors ? Tu es toute seule ?
   J’arrêtai immédiatement de rigoler et sentis les larmes me monter de nouveau aux yeux.
-    Anthony n’est pas là ? enchaîna-t-il.
-    Non … non, Anthony n’est pas là.
   Je serrais mon verre entre mes mains.
-    Il devait. Mais il n’a pas pu.
-    Et il ne t’a pas prévenu ?
-   Pas pu. J’avais pas mon portable.
   Les larmes commencèrent à jaillir.
-    Il n’est pas là … et je suis là comme une pauvre cruche avec mon jus d’orange !
    Killian parut un peu décontenancé par mes pleurs.
-    Ce crétin ! Tomber malade un jour pareil ! Comme si c’était le moment ! Je suis toute seule … toute seule ! Et quand je vais le revoir, je suis sûre qu’il va me sortir un "Désolé Lilian, si tu savais comme je regrette …" et gna, gna, gna ! Mais il aura beau s’excuser ça ne changera rien au fait que j’aurais patienté les trois heures que durent le bal toute seule !
    " Pleurnicharde ! " m’insultai-je. Anthony n’avait pas fait exprès de tomber malade aujourd’hui ! Et pourtant … J’essuyais mes larmes, un peu confuse de m’être laissée aller devant Killian, qui n’avait rien demandé. Ce dernier garda le silence pendant deux, trois minutes avant de lâcher, à l’écoute des premières notes de la nouvelle chanson crachée par les enceintes :
-    Tiens, c’est "The Great escape".

-    Pardon ?
-    Tu ne connais pas ? C’est une chanson du groupe "Boys like girls".
" Des sacs de papiers et des cœurs en plastiques
    Tous sont des affaires dans des chariots "

-    Et alors ? dis-je tout en reniflant.
-    C’est une de mes chansons préférées.
    Sur ce, il me prit mon verre des mains et m’entraîna vers la piste de danse.
-    Killian !
-    Quoi ? Tu es toute seule et moi aussi. Tu peux bien danser avec moi !
    Il m’offrit un large sourire et se mit à danser, juste à côté de moi.
" Jetez-le !
    Oubliez hier !
    Nous ferons la grande évasion "
-    Enfin … je …
-    Allez ! m’encouragea-t-il. Je ne suis pas le pire danseur de la soirée et sans doute pas le plus moche ! Ca ne te coûte rien !
-    Ca me gêne de danser …
-    Et qu’est-ce que tu comptais faire avec Anthony ?
    Il me colla contre lui, me forçant à suivre le moindre de ses mouvements. Je commençais d’abord par protester puis fis prise d’un fou rire incontrôlable. Mes pensées se perdirent parmi les paroles de la chanson
" Ce soir changera nos vies
    Il est si bon d’être à vos côtés
    Mais nous pleurerons

    Nous ne renoncerons pas au combat
    Nous crierons fort à plein poumons "

   Killian aussi riait. Ses yeux étrangement sombres brillaient et il souriait comme je ne l’avais jamais vu faire auparavant.
" Jetez-le !
    Oubliez hier !
   Nous ferons de La Grande Évasion
   Nous n’entendrons pas les mots qu’ils disent
   Ils ne nous connaissent pas de toute façon
   Regardez le brûler
   Laissez le mourir
   Car nous sommes finalement libres ce soir "

    Alors que j’avais toujours eu l’esprit plutôt rationnel, je me surpris à croire que la chanson ne s’arrêterait jamais, que je continuerai éternellement à danser et à rire. C’était une sensation absolument fantastique. Seule la voix du chanteur comptait vraiment à cet instant. Je devais juste suivre le rythme.
" Jetez-le !
    Oubliez hier !
    Nous ferons la grande évasion
    Nous n’entendrons pas les mots qu’ils disent
    Ils ne nous connaissent pas de toute façon "

   La cadence se calma, avec Killian, nous dansâmes au ralentit. J’étais littéralement scotchée à celui qui avait été mon ennemi. A celui qui m’avait kidnappé. A celui qui n’était pas mon petit ami. Mais je m’en fichais. J’aurai tout le temps de penser à la réalité plus tard. A la fin du bal par exemple.
" Jetez-le !
    Oubliez hier !
    Nous ferons la grande évasion
    Nous n’entendrons pas les mots qu’ils disent
    Ils ne nous connaissent pas de toute façon
    Regardez le brûler
    Laissez le mourir
    Car nous sommes finalement libres ce soir "

    Les dernières notes me firent l’effet des douze coups de minuit dans Cendrillon. Excepté le fait que le charme n’était pas rompu. Je n’avais pas besoin d’un miroir pour savoir à quoi je ressemblais : les joues rouges de plaisir, le sourire aux lèvres, les yeux illuminés et, détail moins glamour, toute en sueur. Je me préoccupais de mon cavalier, il n’était pas dans un meilleur état que moi, je devinais sans mal qu’il suait lui aussi à grosses goutte sous sa veste de smoking.
-    Pfiou ! souffla-t-il. Géniale cette chanson, pas vrai ?
-    Oui, haletai-je.
-    Je te passerai l’album si tu veux.
    Nous nous regardâmes dans les yeux en silence, sans être gênés pour autant.
-    Tu veux boire quelque chose ? me proposa Killian.
-    Oui, merci.
-    Qu’est-ce que tu veux ?
-    Un jus de fruit, s’il te plaît. N’importe lequel.
-    Une bière donc …
-    Gros malin, va, le charriai-je.
    Il s’éloigna tout en riant. J’en profitais pour souffler, mon cœur continuant à battre à un rythme effréné. Je songeais que je ne m’étais jamais sentie aussi libre que lors de ma danse sur "The Great Escape". Cette chanson portait bien son nom : je m’étais, durant les quelques minutes de la musique, échappée de mon monde habituellement si étriqué. Le froid qui m’avait saisi le cœur quelques instants plus tôt était oublié, tout comme Anthony et la rancœur douloureuse que j’avais éprouvée à son égard.

    Je distinguai le silhouette de Killian portant nos verres à bout de bras, évitant le plus habilement possible les danseurs fous.
-    Tiens, me dit-il en me tendant ma boisson.
-    Merci.
    Je bus le rafraîchissement à grosses goulées, comme si j’avais passé les dernières années de ma vie en plein milieu du Sahara. Mon verre vidé, ma soif avait disparu mais j’avais toujours aussi chaud.
-    Tu veux aller dehors ? me suggéra alors Killian en hurlant pour que je l’entende malgré la musique. Je vais mourir sinon.
-    Ca marche !
    Nous posâmes nos verres où nous pûmes et nous précipitâmes vers la sortie.

   Le froid me saisit aussi brutalement qu’au début de la soirée, hormis que cette fois, il ne me fit pas mal. Il apaisait ma peau en feu. Je retenais ma robe pour éviter qu’elle ne se soulève malencontreusement.
-    Alors, heureuse ?
    Je me tournai vers la tour, il avait retiré sa veste et remonté les manches de sa chemise.
-    Oui.
    J’étais vraiment sincère.
-    Merci, ajoutai-je.
-    Je n’ai rien fait, éluda-t-il.
-    Si. Si tu n’avais pas été là, j’aurai passé ma soirée à déprimer, lui assurai-je.
    Il eut une moue un peu gênée. Me sentant proche de lui en cet instant, j’osais lui poser une question qui me turlupinait, un peu :
-     Dis … pourquoi … pourquoi as-tu été … pourquoi m’as-tu détesté la fois où nous nous sommes … rencontrés … le jour où … tu m’as traité d’"intello" et de "mijaurée" …
-     Hum …
    Il réfléchit avant de finalement me dire :
-     C’est un secret.
    Déconcertée par cette réponse, je ne savais pas quoi en penser. Je la reliais toutefois inconsciemment à la couleur bien trop sombre de ses yeux pour être vraie, sans lien apparemment entre elles.
-     Tu me le confieras un jour ?
-     Peut-être.
-     Ca dépend de quoi ?
-     Je ne sais pas.
    Il fit quelques pas tout en s’étirant.
-     On retourne danser ? finit-il par lâcher.
-     O.K.
    Et nous retournâmes à l’intérieur.

 


    Minuit arriva vite. Trop vite. J’avais l’impression que la soirée venait de commencer. Je riais toujours, depuis que j’avais assisté à l’élection du roi et de la reine du bal. Killian m’accompagna dehors et attendit avec moi que mon père arrive. Nous discutâmes beaucoup et je l’invitais à me rendre visite s’il était de garde autour de chez moi. Il déclina l’invitation, ne pouvant pas se permettre de se relâcher, pour ma propre sécurité.
-    Ha … c’est mon père, remarquai-je au bout d’une dizaine de minutes.
-    Salut, alors.
    Je fus un peu vexée par la rapidité de son au revoir et, décidant de lui apprendre les bonnes manières, je lui fis la bise. Chose étonnante, il devint rouge comme une pivoine.
-    Mais … mais qu’est-ce que tu fais ? ! s’écria-t-il.
-    C’est comme ça que les amis se disent au revoir, lui expliquai-je.
    Il paraissait complètement abasourdi et me fixait avec des yeux grands comme des soucoupes.
-    Bonne nuit !
    Je le quittais en m’esclaffant.
-    Tu t’es bien amusée ? s’enquit mon père une fois que j’eus mis un pied dans l’habitacle de l’automobile.
-    Oui ! C’était super !
    Pour une fois, c’était la réalité. Quand nous dépassâmes Killian en voiture, je lui adressais un signe de la main ainsi qu’un grand sourire.

    Toujours aussi rouge, il me sourit aussi.

Lilian bal de promo 1

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27 février 2010 6 27 /02 /février /2010 11:45


Précision :
Comme vous l'aurez deviné, le bal sera rythmé à l'aide de chansons (sélectionnées suivant des playlists de vrais lycéens américains dénichées sur le net). Elles ont été choisies pour 1) la musique (il fallait que la chanson me plaise) et 2) les paroles (histoire qu'elles ne détonnent pas avec l'histoire). J'ai écrit le chapitre en écoutant ses chansons et je me suis dit que mes lecteurs apprécieraient peut-être de faire de même - la chanson créant l'ambiance - j'ai donc décidé de vous mettre les différentes musiques au cours du chapitre. J'ai mis les traductions des paroles pour que vous puissiez les comprendre. Vous pouvez vous amuser à retrouver les passages des musiques dans l'histoire (j'ai fait en sorte que ça soit possible en tout cas ^^) par contre, il faudra attendre un peu qu'elles chargent. Rien de bien méchant et ça fera durer le plaisir ;)

Le chapitre 22 étant très long (il n'est pas fini et fait déjà 24 pages en raison des différents points de vue), j'ai décidé de publier un par un chaque point de vue.

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Présentation

  • : Chess-Moonless Night
  • : Lilian Stevens, Morgan Jones et Jade Takano sont trois lycéennes américaines, se rendant au même lycée. Elles ne se connaissent pas, ou peu, mais vont être amenées à se rapprocher suite à l'arrive de la splendide et mystérieuse Tabatha Taylor ... Ce qu'elles ne savent pas encore, c'est qu'elles vont être emportées dans des aventures qu'elles n'avaient jamais imaginé ... Prêt à franchir le point de non-retour avec elle ?
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